BOURDELAIS (Patrice) et Jean-Yves RAULOT.
Reference : 15767
(1987)
ISBN : 9782228551007
Payot, 1987, in-8°, 310 pp, une gravure, 11 cartes, tableaux, annexes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Médecine et sociétés)
Épidémiologique et médicale, l'histoire du choléra est aussi l'histoire sociale d'un grand fléau. En 1832, lors de sa première manifestation en France, il a tant frappé les esprits, qu'un néologisme, inspiré par le teint du malade, en est issu, celui de peur bleue. Affolés par les premières atteintes du mal, les gens s'enfuient alors loin des villes ou se terrent dans leurs maisons. Les boutiques ou les ateliers se vident, les travaux des champs sont délaissés, et les marchés ne sont plus guère fréquentés. Les pouvoirs publics tentent de maintenir les règles essentielles de la vie sociale : ils dirigent la prévention et la lutte contre la maladie, et ils organisent les secours portés aux victimes. Depuis le XIXe siècle, favorisées par les relations multipliées entre les continents, sept grandes pandémies se sont ainsi succédé. L'analyse de leurs itinéraires et de leurs vecteurs a conduit les auteurs à privilégier certaines hypothèses de propagation, puis à les vérifier dans le cadre français. Ils illustrent ainsi comment l'étude d'un passé-laboratoire peut rejoindre les plus récentes recherches épidémiologiques, qu'il s'agisse du rôle des porteurs-sains dans la contagion, ou du débat sur une prédisposition génétique au choléra. Face à un danger énigmatique, la permanence des comportements humains apparaît avec évidence, mais les mêmes angoisses et les mêmes questions contribuent aussi à l'évolution de l'hygiène privée et publique, ainsi qu'à la médicalisation accrue de la société. — "Le travail de Bourdelais et Raulot s’inscrit dans la lignée des travaux de Biraben sur la peste. A ceci près que les auteurs ont circonscrit leur étude à un pays – la France – et à une époque – 1832-1854. Mais, grâce à une bonne introduction, on peut suivre l’histoire des sept pandémies de choléra de 1817 à nos jours, avec de très utiles cartes et tableaux synoptiques ; quelques pages sont également consacrées aux vecteurs du choléra. L’aspect médical du problème est abordé à travers la pratique et les débats des milieux médicaux dans la première moitié du XIXe siècle. L’étude du choléra en France est ensuite abordée à travers le dépouillement systématique des fonds des AN et l’étude de plusieurs départements à travers les fonds des AD. L’utilisation de la cartographie permet de présenter un véritable « film » de la diffusion du choléra en 1832 et en 1854 – développement plus rapide et plus septentrional, et notamment plus parisien, en 1832, plus long et plus méridional en 1854. Les quatre chapitres suivants sont consacrés à la médecine face au choléra : comment le traiter – les remèdes restent très empiriques et la question permet, là encore, de beaux débats, notamment sur le problème de l’insalubrité ; la comparaison entre passé et présent s’avère très instructive pour l’histoire des mentalités, et donne aussi tout son éclat à la médecine du XIXe siècle qui, par la seule observation, avait déjà deviné nombre de points importants, comme le rôle de l’eau, de la sueur..." (Jean-Claude Caron, Revue d'Histoire du XIXe siècle-1848, 1988)