1894 Deux pages et demie sur un feuillet double (129 X 140 mm) de papier vergé bleuté, rédigées à l'encre noire.
BELLE LETTRE AUTOGRAPHE signée par le poète symboliste et romancier belge Georges RODENBACH (1855-1898) adressée au poète, romancier et journaliste français Jules BOIS (1868-1943). Ce dernier vient de publier "La Porte héroïque du ciel" (1894), dont Rodenbach fait l'éloge avec un certain lyrisme: «Maintenant que j'ai pu refaire du silence autour de moi et me reculer hors de la vie, avec quelle émotion d'art j'ai lu votre beau poème nouveau, La Porte héroïque du ciel, d'une conception si noble et si personnelle qui eût été digne de Vigny. [...] Comme votre poète a de hautes paroles devant la tentation, les amants, les courtisanes, l'exaltation solitaire de l'orgueil d'Apollonius de Tyane. On pourrait dire de Corneille qu'il fut l'avocat de l'héroïsme. Votre poète en est le prêtre. Le débat avec Jésus sur le mal est de la plus sévère beauté; et votre conclusion: La Peur c'est l'Enfer, clôt magnifiquement ces crises d'âme et de pensée. Dans l'exécution, que de trouvailles, de vers envolés et tout d'une pièce vibrant dans le blanc de la page, comme certains volatiles qui se mettent à nager en naissant. [Etc.]» Auteur d'ouvrages sur l'ésotérisme, personnalité sulfureuse proche de Joris-Karl Huysmans et ami notoire de l'abbé Boullan qui fut condamné pour escroquerie et satanisme, Jules BOIS est aussi l'auteur d'un ouvrage intitulé "Le Satanisme et la magie" (1895), qui contient une étude sur Huysmans. DOCUMENT EN BEL ÉTAT. FINE COPY. PICTURES AND MORE DETAILS ON REQUEST.
Phone number : 06 21 78 12 79
1914 Une page sur un feuillet double (124 X 167 mm), «Ce mardi matin [septembre 1914 - mars 1917]/ 32 avenue du Trocadéro ».
LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DE JULES BOIS, rédigée probablement durant la première guerre mondiale. «Cher Monsieur ami, je vais tout à l'heure à Clermont (Oise) et de Clermont vers le front pour puiser là une inspiration directe de l'héroïsme de nos soldats et mieux édifier les Américains chez qui je retourne en mission. Je serai rentré vendredi. Samedi me serait-il possible de vous voir à l'heure qui vous conviendrait ? Merci encore et tout à vous. Jules Bois. Ce mardi matin. 32 Avenue du Trocadéro ». Jules BOIS (1868-1943) est un écrivain, poète et journaliste français, auteur d'ouvrages sur l'ésotérisme. Ami de Georges Rodenbach et de J.-K. Huysmans, il participa avec ce dernier à l'affaire Boullan, ce qui lui valut deux duels avec Papus et Stanislas de Guaita. Autographe en PARFAIT ÉTAT. FINE COPY. PICTURES AND MORE DETAILS ON REQUEST.
Phone number : 06 21 78 12 79
Paris, Dorbon-Ainé, s.d. (vers 1911), gr. in-8vo, frontispice-portr. + 313 p., 17 ill. photogr. sur planches h.-t., cachèt - Traugott Widmer- sur faux-titre, reliure en d.-cuir d’époque, dos à 4 nerfs avec titre, auteur et vignette d’orée, tache d’eau, couverture orig. de la brochure cons., gardes en papier marbré veiné. (Pièce en papier de: R. Gleizes relieur-doreur. Rabat, à l’int du 1er plat).
Très bon exemplaire. Des obligations de la France "envers le Maroc immoral, ignorant et dégénéré, telles qu’elles découlent des révélations apportés par ce livre" (Jules Bois). L’auteur, médecin du gouvernement français au Maroc, assassiné à Marrakech en 1911 dans des circonstances restées mystérieuses. Le mss. de l’ouvrage est parvenu au père de l’auteur après la mort de son fils et avec ses feuilles lacérés et tachées de sang, ils avaient été ramassés après le pillage dans la maison du docteur. L’ouvrage a été mis en ordre et est présenté par M. Jules Bois, dont la compétence en ces matières est bien connue. (Caillet). Caillet 7246. Image disp.
Phone number : 41 (0)26 3223808
Envoi adressé à l'éditeur Ollendorf, ...l'ami des premiers jours...Ami de J.K. Huysmans, Jules Bois est l'auteur de nombreux ouvrages comme la pièce Hippolyte couronné (drame donné au théâtre Romain en 1904) ou le roman L'Eternel retour (1914).Paul Ollendorf (1851-1920) était un éditeur parisien. Il édita notamment les œuvres de Guy de Maupassant, Jules Renard, Octave Mirbeau, Willy, Paul Adam et Paul Féval.
P., Eugène Fasquelle, 1908, in-12, 433 pp, reliure demi-percaline verte à la bradel, dos lisse, pièce de titre basane vermillon, fleuron et double filet dorés en queue (rel. de l'époque), bon état. Edition originale
"Le Vaisseau des Caresses navigue mollement vers des paradis que je ne connais pas. Ses passagers sont en proie au rut qui domine les traversées. Les captives autrefois ne devaient pas résister longtemps aux désirs des pirates qui les avaient enlevées. Le Vaisseau des Caresses enferme une foule cosmopolite. Nul ne peut s'évader de l'arche langoureuse. Et comme tous les coeurs y battent pour l'amour, il en est de méprisés qui deviennent méprisables par la haine et dans le mal. M. Jules Bois a voulu écrire, lui aussi, son roman de la foule. Il a choisi une foule enclose et ce minuscule Etat flottant ne s'est point constitué en république. C'est un royaume qu'une reine amoureuse gouverne : Glatie, la petite hollandaise de Java. Les savants seuls, jusqu'à présent, s'étaient occupé d'océanographie, mais M. Jules Bois est un poète..." (Guillaume Apollinaire, La Phalange, 15 août 1908)
Paris, Société d'Editions Littéraires et Artistiques, Paul Ollendorff, 1902 ; in-12, broché ; XVI, 387 pp., couverture kaki imprimée en bleu-pétrole.
(Caillet, 1334). Edition originale avec mention fictive de 2e édition. "Enquête" auprès de Victorien Sardou, Mme Auguta Holmès, J.K. Huysmans, François Coppée, Paul Verlaine, Jean Lorrain, Mistral, Paul Adam, Alphonse Daudet, Albin Valabrèque, Victorin Joncières, Alexandre Hepp, Albert Besnard, Jean Rameau, Jules Lemaitre, Crémence Royer, Lionel Dauriac, Aristide Bruant, Th. Ribot, Jean Grave, Dr Toulouse, Henri Becque, Rémy de Gourmont, Emile Gautier, Marc Nordau, Binet Sanglé, Jules Sourry, Charcot, Jules Claretie, Cesare Lombrosco, Mgr Meric, Charles Richet, Kraft-Ebing, Jean Finot, Dr Luys, Stanislas de Guaita, Dr Liebadt, Francisque Sarcey, Juliette Adam, Anatole France, Paul Bourget, Sully Prudhomme, etc, sur tous les aspects de l'au-delà et de l'occultisme (spirites, monde invisible, spectre, fantôme, esprits, miracles, possession, satanisme, occultisme diabolique, envoutement, revenants, métempsychose, écriture devineresse, surnaturel, maison hantée, magnétisme, spiritisme, télépathie, hystérie, hypnose, médium, apparition, psychiatrie, folie, somnambulisme, sciences psychiques, magie, autosuggestion, prophéties, etc.). Couverture défraichie avec dos factice, sinon bon exemplaire de cet ouvrage passionnant.
Phone number : 06 60 22 21 35
Paris, Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelle 1908 In-12 18 x 11,5 cm. Reliure demi-basane brune, dos à faux-nerfs ornés de filets dorés, XII-433 pp. Coupes légèrement frottées. Exemplaire en bon état.
L’un des meilleurs ouvrages de Jules Bois (1868-1943) : le reporter de l'occultisme, le poète et le féministe de la belle époque. Bon état d’occasion
L'Etoile L'Etoile Relié 1891 TRES RARE ; In-4 (18.5x28 cm), reliure papier imitation demi-chagrin, 330 pages, du n°1 (janvier 1891) au n°12 (décembre 1891) de la troisième année de la revue 'l'Etoile', chroniques de Jules Bois, ouvrage très rare ; dos bruni, coiffes usées 'enfoncées et frottées), mors, coins, coupes et bords frottés, plats frottés (manques papier), intérieur assez frais, état moyen. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
1896 Paris, Chailley, 1896; in-8 de (4) - 381pp. Reliure à la bradel, demi-maroquin rouge à long grain, couverture et dos conservés, marge externe non rognée. Imprimé sur papier vergé. Bel exemplaire de l'édition originale.
Bon exemplaire de ce texte consacré aux femmes et à un féminisme très daté. Jules Bois n'essaie pas de se détacher d'une vision "maternante" de la femme, même quand il lui accorde indépendance, force physique et intellectuelle. (CO1)
ADELSWÄRD-FERSEN Jacques d' & TAILHADE Laurent & VERHAEREN Emile & VIVIEN Renée & COLETTE & MOREAS Jean & BARBUSSE Henri & SYMONS Arthur & BERRICHON Paterne & BOIS Jules & DEREME Tristan & DEUBEL Léon & FRESNOIS André du & GHIL René & KLINGSOR Tristan & LA JEUNESSE Ernest & LEGRAND-CHABRIER & MANDIN Louis & MARINETTI Filippo Tommaso & MIOMANDRE Francis de & NAU John-Antoine & NOISAY Maurice de & OCHSE Julien & PILON Edmond & RAYNAUD Ernest & SALMON André & SAINT-POINT Valentine de & SCHEFFER Robert & VISAN Tancrède de ARMFIELD Maxwell & CIOLKOWSKI Henri Saulnier & SARLUIS Léonard & LUINI Bernardino & BAZZI Giovanni Antonio & MOREAU Gustave & VINCI Léonard de & RAPHAEL & RIBERA José de & GOYA Francisco de & RUBENS Pierre Paul & LE CORREGE
Reference : 82965
(1909)
Albert Messein, Paris 15 janvier 1909-15 décembre 1909, 22x25cm, 12 livraisons reliées en quatre volumes.
| «Akademos restera donc une création éphémère, geste précurseur qui marquera l'histoire du mouvement homosexuel et le début du xxe siècle. » |<br>* Édition originale complète des 12 livraisons de cette luxueuse et éphémère revue fondée et dirigée par Jacques d'Adelswärd-Fersen, un des rarissimes exemplaires sur japon, seuls grands papiers, comportant quatre états des gravures en couleurs. Reliures en demi-percaline sable, pièces de titre en maroquin brun, plats de papier marbré, dos et couvertures conservés pour chaque numéro, bel exemplaire à toutes marges. Notre exemplaire comporte bien les quatre états en couleurs réservés aux exemplaires de luxe, tirés sur divers papiers, de chacune des 23 héliogravures d'esthétique Arts & Crafts, symboliste, Renaissance, Art Nouveau et antique, d'après Maxwell Armfield, Henri Saulnier Ciolkowski, Léonard Sarluis, Bernardino Luini, Giovanni Antonio Bazzi, Gustave Moreau, Raphaël, Léonard de Vinci, Pollaiolo, le Corrège, Piero de la Francesca, Rubens, Jose de Ribera, Francisco Goya, Mederhausem Rodo, Cardet, et des statues et stèles du musée de Naples et d'Athènes. L'élégante maquette de couverture est signée George Auriol, maître de la typographie Art Nouveau. Contributions de Laurent Tailhade, Émile Verhaeren, Renée Vivien, Colette Willy, Joséphin Peladan, Jean Moréas, Henri Barbusse, Arthur Symons, Jacques d'Adelswärd-Fersen, J. Antoine-Orliac, Paterne Berrichon, Jules Bois, Jean Bouscatel, Tristan Derème, Léon Deubel, André du Fresnois, Maurice Gaucher, René Ghil, Henri Guilbeaux, J.-C. Holl, Tristan Klingsor, Ernest La Jeunesse, Gabriel de Lautrec, Abel Léger, Legrand-Chabrier, Louis Mandin, Filippo Tommaso Marinetti, Francis de Miomandre, John-Antoine Nau, Maurice de Noisay, Julien Ochsé, Edmond Pilon, Ernest Raynaud, André Salmon, Valentine de Saint-Point, Robert Scheffer, Tancrède de Visan... Très bel exemplaire sur japon, d'une extrême rareté, de la première revue homosexuelle française. Ce n'est qu'en 1869 qu'apparaît le terme « homosexuel », dans les échanges épistolaires entre les journalistes et juristes allemands Karl Heinrich Ulrichs et Karl-Maria Kertbeny. Leurs écrits attestent des premières tentatives de décrire l'attraction physique envers le même sexe, non pour condamner l'acte, mais pour faire accepter une autre forme de sexualité aux yeux de la société. En effet, si les relations homosexuelles sont un élément constitutif des sociétés humaines depuis l'origine, elles ont longtemps été abordées sous l'angle unique de la relation charnelle. Stigmatisé, l'acte sexuel inverti est tour à tour codifié, toléré ou sévèrement condamné à travers les époques et les cultures, mais jamais interprété sous l'angle d'une attirance exclusive. Ainsi, la France, premier pays à dépénaliser l'homosexualité, supprime en 1791 le « crime de sodomie » dans le Code pénal, mais il faudra attendre la seconde partie du XIXe siècle pour qu'émerge la conscience d'une véritable identité homosexuelle comme le décrit Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité : « L'homosexuel du XIXe siècle est devenu un personnage : un passé, une histoire et une enfance, un caractère, une forme de vie ; une morphologie aussi, avec une anatomie indiscrète et peut-être une physiologie mystérieuse. Rien de ce qu'il est au total n'échappe à sa sexualité. Partout en lui, elle est présente [...] Elle lui est consubstantielle, moins comme un péché d'habitude que comme une nature singulière. Il ne faut pas oublier que la catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l'homosexualité s'est constituée du jour où on l'a caractérisée [...] moins par un type de relations sexuelles que par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d'intervertir en soi-même le masculin et le féminin. L'homosexualité est apparue comme une des figures de la sexualité lorsqu'elle a été rabattue de la pratique de la sodomie sur une sorte d'androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l'âme. Le sodomite était un relaps, l'homosexuel est maintenant une espèce. » LES PRÉCURSEURS C'est dans ce contexte que naissent, sous la plume de Balzac, des personnages assumant pleinement leur autre sexualité, notamment Zambinella, Seraphita et surtout Vautrin, considéré comme le premier homosexuel de la littérature française. Cependant que Baudelaire qui voulait initialement titrer ses Fleurs du Mal : « les Lesbiennes » est condamné pour ses poèmes, Lesbos et Femmes damnées, célébrant les amours féminines. Car en sortant de la marginalité et en obtenant une forme de reconnaissance, les hommes et femmes homosexuels se trouvent confrontés aux regards critiques et aux stigmatisations caricaturales. Quelques écrivains, tels que Georges Eekhoud ou Renée Vivien, proclament littérairement leur homosexualité. D'autres, comme Oscar Wilde, l'assument publiquement, mais ne laissent que discrètement transparaître leur orientation dans leur uvre. Plusieurs continuent à taire leurs véritables appétences, pour s'assurer respectabilité et reconnaissance littéraire. Parmi eux, Proust et Montesquiou deviennent alors la cible de la plume assassine et fière de Jean Lorrain, « en-philanthrope » proclamé : « Mort, Yturri te salue, tante » écrit-il à Montesquiou, par voie de presse, à la mort de son amant, Gabriel Yturri. De pareilles - et véridiques - insinuations sur Lucien Daudet vaudront à Lorrain un célèbre duel avec Marcel Proust. CHASSE AUX SORCIÈRES D'Adelswärd-Fersen, né en 1880, grandit au cur de cette révolution des murs et vit les terribles conflits intérieurs entre désir personnel et morale institutionnelle, entre représentation sociale et liberté intime. Si la France représente un espace de liberté bien supérieur à ses voisines, le jugement de la société reste profondément hétéronormé. Le fameux paragraphe 175 du nouveau Code pénal allemand condamnant en 1871 les « actes sexuels contre nature » dans tout l'Empire ou la condamnation d'Oscar Wilde aux travaux forcés en 1895, soulèvent l'indignation des homosexuels déclarés et l'inquiétude silencieuse des autres. Le monde littéraire n'est pas épargné. En 1900, G. Eekhoud est poursuivi pour Escal-Vigor, premier roman à parler ouvertement et positivement d'amours masculines. En 1902 Friedrich Alfred Krupp se suicide à la suite du scandale de présumées « orgies sexuelles » de Capri. L'année suivante, d'Adelswärd-Fersen, tout juste majeur, est accusé à son tour de pratiquer des « messes noires » avec de jeunes adolescents et la participation de l'aristocratie. De la chasse aux sorcières médiévale aux théories complotistes modernes, l'accusation de rite satanique est un topos des constructions fantasmatiques des sociétés confrontées aux différentes expressions de l'altérité. Fersen avait d'ailleurs offert à ses juges le modèle littéraire de leur accusation. C'est en effet par la publication en 1902, de L'Hymnaire d'Adonis : à la façon de M. le marquis de Sade, qu'il attire l'attention du Parquet. Et s'il n'écope que de six mois de prison, pour des faits qui seraient aujourd'hui bien plus sévèrement jugés, c'est qu'on lui reproche plus l'expression publique et littéraire de sa sexualité que ses malsaines mises en scène érotiques d'adolescents en tenues antiques. Profondément affecté par le déchaînement médiatique et le violent rejet de l'homosexualité dont il témoigne, Fersen publie en 1905 : Messes noires. Lord Lyllian, roman à clefs s'inspirant de son histoire et mettant en scène les sommités homosexuelles de la fin du XIXe siècle : Oscar Wilde, Lord Alfred Douglas, John Gray, Jean Lorrain, Joséphin Peladan, Achille Essebac, Robert de Montesquiou, Friedrich Krupp et Fersen lui-même. L'intention du jeune poète de 25 ans n'est plus seulement artistique, elle est devenue politique. D'Adelswärd-Fersen devient ainsi l'un des précurseurs du combat pour la reconnaissance et l'acceptation de l'homosexualité dans la société moderne. C'est ainsi que naît le projet d'Akademos. S'il s'inspire ostensiblement de la revue allemande d'Adolf Brand, Der Eigene, Fersen est bien plus ambitieux et souhaite entraîner avec sa revue, une mutation des mentalités. Aussi s'intéresse-t-il à des figures plus engagées comme le scientifique allemand Magnus Hirschfeld, qui crée en 1897 avec l'écrivain Franz Joseph von Bülow, le Comité scientifique humanitaire (« Wissenschaftlich humanitäre Komitee », WhK), première organisation de défense des droits des homosexuels. À la fin de l'année 1907, de la Villa Lysis à Capri, Fersen écrit ainsi à Georges Eekhoud : « La permission fort aimable que vous m'avez donnée d'écrire à Hirschfeld sous votre égide sera mise à profit. Je ne connaissais après mes passages en Allemagne que Brand et son Eigene. D'autre part, j'attendais, afin de correspondre avec les chefs allemands du parti, la réalisation d'un projet à moi, que j'ose vous confier : je voudrais, n'ayant d'ailleurs comme titre suffisant que l'orgueil de nos idées et une ardeur indicible à les savoir moins méconnues, fonder à Paris, en février prochain, une revue d'art, de philosophie, de littérature, dans laquelle petit à petit pour ne pas faire d'avance un scandale, on réhabilite l'autre Amour. J'espère, cher monsieur Eekhoud, que vous nous ferez l'honneur, un jour, de votre compagnie et de ce talent, universel aujourd'hui, qui vous range parmi les apôtres du « mouvement ». Dans tous les cas, je vous remercie pour la sympathie si délicatement exprimée, pour les espoirs que nous partageons, pour les bonheurs décrits, que tous les deux, nous avons, en marge des autres, savourés. » DER EIGENE : L'ANTI-MODÈLE Si Der Eigene, publiée dès 1896, est la première revue homosexuelle européenne et le modèle proclamé d'Akademos, elle ne poursuit pas les mêmes buts, et ne se construit pas sur le même modèle artistique et politique. Présentée comme une source de documentation des activités de nudisme et de l'histoire de l'art, la revue de l'activiste Adolf Brand ne prône pas un bouleversement social, mais une réinterprétation historique des relations hommes/femmes. Se proclamant d'un nouvel hellénisme, il s'appuie sur les usages de la pédérastie antique grecque pour réunir une communauté d'esprit viriliste, et tente de démontrer, au fil des contributions, la supériorité esthétique et érotique du corps masculin dans l'histoire de l'art et des murs. « Didier Eribon souligne de quelle manière les thèses masculinistes de Brand relèvent d'une conception universaliste de la sexualité [...], mais aussi d'une vision misogyne peu encline au changement social. L'étude du masculinisme homosexuel renvoie aussi à la construction d'une image de l'homme pensée comme outil de domination sociale envers les minorités de genre, de classe et de race. [...] la domination masculine se traduit [...] par l'exaltation des vertus morales et physiques de l'homme-machine ». Paradoxalement, la première revue homosexuelle épouse les codes de l'idéologie émergente. Dès 1903, « Brand quitte l'organisation du WhK d'Hirschfeld et fonde la Communauté des spéciaux (« Gemeinschaft der Eigenen », GdE). Influencé par le contexte de la Lebensreform, il exalte la virilité adolescente et la maîtrise de soi dans la nature. Il organise des camps collectifs, des marches sportives et des séances de nudisme, en accord avec les pratiques des Wandervogel, ces regroupements d'adolescents qui alimenteront les rangs des jeunesses hitlériennes à la fin des années 1920. » (Damien Delille, Homoérotisme et culture visuelle dans les revues Der Eigene et Akademos) AUTRE AMOUR, AUTRE CULTURE Akademos procède d'une tout autre philosophie. Pour Fersen il est moins question d'exalter la virilité issue de l'Antiquité que d'explorer une vision littéraire de l'homosexualité héritée du symbolisme décadentiste. La ligne éditoriale de la revue est parfaitement exprimée dans une nouvelle lettre à Eekhoud. « Villa Lysis, 4 août 1908 « Cher Monsieur Eekhoud, « En décembre ou en janvier dernier, je crois, nous avons parlé d'un projet de revue que nous voulions fonder des amis et moi avec l'aide de l'éditeur Messein. Il s'agissait - sans donner de prime abord à la publication un parti pris, une étiquette, une allure de combat - d'arriver à mettre en lumière la question de la liberté passionnelle - les différentes théories sensuelles. Il s'agissait en quelques mots de défendre l'Autre Amour, par le souvenir des temps passés, par les espoirs des temps présents. Akademos est maintenant une chose décidée. Revue mensuelle (que nous espérons plus tard faire paraître tous les quinze jours) elle comprendra dans chaque numéro un roman (à suivre), deux ou trois nouvelles, deux poèmes, deux pages de musique, un courrier de Paris, critique des livres, critique des théâtres, une critique d'art [et] une lettre de l'étranger. De temps à autre un article de philosophie, de médecine, de jurisprudence. Akademos enfin, contiendra outre la couverture, deux hors texte, reproduction d'une uvre antique ou moderne (sculpture, architecture, peinture ou paysage). » Akademos s'affirme dès l'origine comme une revue humaniste et un espace de tolérance, à travers lequel la figure de l'homosexuel(le), sa sensibilité spécifique, son art de vivre et l'expression artistique de sa différence puisse s'inscrire dans une quête de modernité esthétique et littéraire. ADAM L'ANDROGYNE Si Fersen et ses contributeurs cherchent dans l'art antique une légitimité historique, c'est plus pour en extraire une source d'inspiration et offrir une ascendance esthétique à la nouvelle figure artistique que promeut Akademos : l'Androgyne. À l'opposé de la polarité sexuelle défendue par Eigene, la figure de l'androgyne se pose comme une réconciliation entre les genres et une défense de l'indétermination sexuelle. Au-delà de la représentation mêlant féminin et masculin, l'androgyne acquiert dans la revue de Fersen une dimension nouvelle, politique et avant-gardiste. C'est ainsi dans Akademos que l'on trouve, sous la plume de Joséphin Peladan, la première remise en question de l'identité de genre, et les prémices d'une théorie du non-binaire. « L'Amour n'est donc plus pour le lecteur "un sentiment d'affection d'un sexe pour l'autre", mais le sentiment d'affection de l'être humain pour lui-même, qui se manifeste communément, mais non essentiellement, selon la polarisation sexuelle. Sans doute pour la correspondance des formes, l'amour peut se nommer l'attraction d'un sexe pour l'autre. Mais l'âme, quelle part a-t-elle dans la division sexuelle ? Nous avons aperçu Elohim, prenant un côté d'Adam, par une section verticale [...] Adam androgyne avait donc une âme et un esprit androgyne : et la femme serait la moitié animique et la moitié spirituelle de l'homme, comme elle est sa moitié physique ? Les théologiens, en concile, se sont posé cette question. En isolant Aïscha de Aisch, Iohah lui a-t-il donné une âme personnelle, ou a-t-il dédoublé l'âme, comme il a fait pour le corps ? Ce dédoublement a-t-il été radical, isolant le passif de l'actif ? Ou bien l'âme a-t-elle conservé son androgynisme ? En ce cas l'esprit seul attesterait le sexe intérieur. » (Joséphin Peladan, « Théorie amoureuse de l'androgyne. De l'amour », Akademos, n° 6, juin 1909) UNE ACADÉMIE SANS EXCLUS Là où Brand prônait la guerre des sexes, Fersen célèbre leur consubstantialité. Refusant tout clivage, il ouvre, dès le premier numéro, sa revue aux écrivaines lesbiennes et libérées, dont Colette, Renée Vivien et Annie de Pène, mais également aux écrivains de toutes sensibilités. Des auteurs aussi disparates que Maxime Gorki, André Salmon, Marinetti, J.-H. Rosny aîné, Arthur Symons, Henri Barbusse et Léon Tolstoï côtoient les écrivains explicitement engagés dans la cause homosexuelle. Comme l'écrit Nicole G. Albert : « Certes Fersen s'adresse aux membres de « l'Autre Amour » et conçoit Akademos comme un lieu de ralliement, voire de résistance, mais il ne veut pas les cantonner à la marginalité et vise, de façon utopique, à créer une académie sans exclus, c'est-à-dire à attirer un lectorat beaucoup plus large afin de dédiaboliser, faute de la banaliser, l'homosexualité. » (Albert, Nicole G. « Réédition d'Akademos : la renaissance d'une revue pionnière », La Revue des revues, vol. 68, no. 2, 2022) ICONOGRAPHIE D'UNE SUBCULTURE L'iconographie de la revue joue ici un rôle fondamental. Affranchie de toute fonction illustrative, elle développe sa propre identité et définit les nouveaux codes de l'homoérotisme créant des images qui « alimente[nt] la création d'une subculture homosexuelle, à même de soutenir le partage des sensibilités et d'imaginer des alternatives aux normes sociales de genre. » Le soin apporté à la réalisation de ces gravures à pleines pages, sur un papier spécial et tirées en quadruple état dans les exemplaires de luxe, témoigne de la particulière attention portée par Fersen à cette autre expression de la sensibilité homosexuelle. De futures icônes de la culture gay sont ainsi, pour la première fois, présentées dans une optique homoérotique, comme l'Antinoüs Farnèse, le Saint Sébastien de Ribera ou Le Jeune Violoniste de Raphaël. Mais c'est dans les uvres modernes que la nouvelle imagerie homosexuelle prend véritablement forme : le poignet cassé et les costumes dandy du caricaturiste Moyano, la gestuelle du fascinant androgyne de Léonard Sarluis intitulé Inquiétude, dont l'uvre originale n'a pas été retrouvée, le Iacchos de Maxwell Armfield et surtout les compositions d'Henri Saulnier Ciolkowski dont « le style ou le pinceau effilé aux doigts - les soies furent sûrement arrachées à la perruque d'une irréprochable poupée d'Asie - attaque, ô consciencieux, la tablette blanche. » (André Thévenin, « Un adepte du noir et blanc : Ciolkowski », Akademos, n°9). «L'homoérotisme devient un moyen de contourner l'interdit sexuel et de le sublimer par l'art» (Damien Delille) Parallèlement, et en réaction directe à la revue de Fersen, prend forme dans les médias réactionnaires, une imagerie violente, caricature de celle d'Akademos. C'est notamment en février 1909 qu'apparaissent dans un numéro spécial de la revue de L'Assiette au beurre intitulé « Les p'tits jeun' hommes » et portant en couverture une caricature de Fersen, plusieurs des stéréotypes visuels scellant la rhétorique naissante de l'homophobie. LE SUICIDÉ DE LA COMMUNAUTÉ La plus signifiante et émouvante de ces gravures est cependant une simple photographie qui illustre le premier numéro d'Akademos. Il s'agit du portrait de Raymond Laurent, jeune poète et amant de Longhorn Whistler, neveu présumé d'Oscar Wilde, qui s'est donné la mort le 24 septembre 1908 à Venise. Plus qu'un hommage, la photographie de ce Phbus moderne s'offre en figure tutélaire de la revue, Christ païen portant tout à la fois l'espoir et la tragédie du « troisième sexe » : « Mais ne faites point de ce suicide un crime à la littérature. Laurent s'est tué. Le revolver lui a été mis au poing par une époque où la maison Tellier est la seule expression d'âme permise. Il y a des façons de syvetonner les âmes d'élite : c'est par les préjugés » (d'Adelswärd-Fersen, sous le pseudonyme de Sonyeuse, Akademos, n° 1). Dès son premier numéro, Akademos fut accueilli avec respect et admiration par le monde littéraire, comme en témoigne cet éloge de Charles-Henry Hirsch dans le Mercure de France : « Akademos [...] est une revue somptueuse, imprimée avec luxe et bon goût. Toutes les belles choses n'ont heureusement pas un destin court et il faut souhaiter la durée à ce nouveau recueil. ». Malgré la confiance et la volonté de Fersen, sa revue ne survivra qu'une année, non en raison d'une censure ou d'une campagne de dénigrement, mais du fait même des principaux intéressés par cette courageuse, mais trop précoce tentative de révolution des murs : « Les abonnements sont d'une rareté dérisoire, et pour la raison simple que l'on considère dangereux de s'abonner... Au lieu de m'aider, toute une catégorie bien peu indulgente et nullement intellectuelle d'adonisiens me tourne le dos - est-ce par habitude ? dirait un plaisantin. [...] il reste la volonté de continuer la tâche, et l'espoir de former un parti. » (Lettre à G. Eekhoud, 9 mai 1909) - Photos sur www.Edition-originale.com -
Eugène Figuière, Paris 1903, 11,5x18,5cm, relié.
Edition originale sur papier courant, mention de deuxième édition, poinçon de service de presse en pied du premier plat de couverture. Reliure en demi basane vert sapin, dos lisse décoloré et éclairci, dos orné de filets et de fleurons dorés, pièce de titre de chagrin rouge, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier à la cuve, copuvertures illustrées conservées, reliure de l'époque. Envoi autographe signé de Jules Bois à Charles Bernard. - Photos sur www.Edition-originale.com -
. Librairie des annales politiques et littéraires Paris, sd, in-12 br., 454pp., très bon état sauf légères rousseurs sur le dos.
Paris Grasset 1911 1 vol. broché in-8, broché, IV + 59 pp. Edition originale de cette réinterprétation du "Hélène" d'Euripide. Coupure de presse jointe. Dos usé. Sinon bon état.
Paris Fasquelle 1910 1 vol. relié in-12, bradel cartonnage de papier décoré violet, couvertures conservées, non rogné, XXX + 340 pp. Edition originale de ce recueil de vers, précédé d'un sonnet de Paul Bourget en fac-simile. Envoi de l'auteur (nom découpé).
Belle lettre à propos de son drame antique « Hippolyte Couronné ». Il informe son correspondant que ce drame a été accepté par Mr Ginisty [Paul Ginisty était le directeur de l’Odéon à cette époque, 1855-1932] « Je sais l’intérêt que vous avez bien voulu porter à cette tragédie et je compte puisque vous m’y avez autorisé lors de votre dernière conversation, vous porter bientôt ma nouvelle œuvre « La Furie » [drame en 5 actes joué pour la première fois à la Comédie française en février 1909]. Je serais donc très heureux d’obtenir une audience pour la semaine prochaine… ».
Librairie des Annales, Paris 1912, 12x19cm, relié.
Edition originale sur papier courant. Reliure à la bradel en demi percaline grise, dos lisse orné d'un motif floral doré, double filet doré en queue, plats de papier marbré, reliure de l'époque. Envoi autographe signé de Jules à monsieur et madame Schmokel. Agréable exemplaire. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris, Ancienne librairie Kolb, Léon Chailley successeur Relié 1894 In-12 (11,5 x 17,4 cm), reliure demi-toile, 215 pages, envoi de l'auteur à Jules Gilbert Augustin Thierry, romancier et poète et neveu de l'historien Augustin Thierry ; mors, coiffes et coupes frottés, papier reliure un peu gondolé, assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Couverture souple. Broché. 138 pages. Grandes marges. Rousseurs.
Livre. Librairie des annales, 1912.
Couverture souple. Broché. 138 pages. Couverture défraîchie. Rousseurs.
Livre. Librairie des annales, 1912.
Paris, Flammarion, 1902. 431 pages. (19x13 Cm). Demi-toile bleue à coins. Dos lisse à lettres dorées. Plats légèrement frottés. Couverture imprimée d'origine conservée. Exemplaire dédicacé par l'auteur. Papier bruni. Exemplaire en bon état.
BOIS (Jules) poète et romancier français, auteur d’ouvrages sur l’ésotérisme, proche de Georges Rodenbach et de J.K. Huysmans. Il fut lié avec ce dernier à l’affaire « Boullan », ce prêtre français condamné pour satanisme, ce qui lui valut deux duels avec Papus et Stanislas de Guaita. (1868-1943)
Reference : 72C29
Très belle lettre. Il la remercie « vivement de l’indulgence et de la bonté » qu’elle a bien voulu lui témoigner. Il garde un bon souvenir de ses conseils « pour un art dramatique élevé et émouvant. Me permettez-vous encore de vous demander si cela ne vous dérange pas, les recommandations pour "Une Nouvelle Douleur" ? Vous aviez eu la délicate attention de protéger "l’Eve Nouvelle" dans différentes feuilles s’adressant particulièrement aux femmes. Mon nouveau livre y trouverait certainement grand avantage encore… ».
Paris, Eugène Fasquelle, éditeur, 1908. In-8°, 433 pp., intérieur frais. Reliure demi-basane bordeaux, plats de papier marbré, dos lisse titré doré avec filets dorés (petite craquelure en tête de dos, coins émoussés). Bel exemplaire sinon.
Paris, Librairie des Annales, 1912. In-8°, 450 pp., intérieur frais (qqs. rares rouss.). Reliure demi-percaline noire à petits coins, plats de papier marbré, dos lisse titré doré, tr. jaspées (reliure très lég. frottée).
Paris, Librairie Paul Ollendorff 1907 411pp., 23cm., br.orig. peu tachée, texte frais (très peu de rousseurs), bon état, Q81453
Opinion de l'lite sur le mystre). Lettre-prface de Jean Izoulet. Sixime dition. Socit D'ditions Littraires Et Artistiques, Paris, 1903. In-16 gr., brossura editoriale (picc. manc.), pp. XVI,387. Pagine leggermente ingiallite per la qualit della carta, peraltro ben conservato.