Rouen, Raphaël du Petit Val, 1604. Petit in-8 de 604-(32) pp, en plein veau moucheté, dos plat, triple listel doré en encadrement des plats, coiffe supérieure usée, quelques trous de vers (reliure début XIXe).Plusieurs passages soulignés à la plume par un contemporain (p174, 159p) et quelques notes marginales, en fin de volume.Un livre d’une importance capitale, responsable de façon directe, de la mort d’un nombre considérable de sorcières et de sorciers. De sa parution en 1580 jusqu’au début du XVIIe siècle, ce fut le traité de Bodin qui, pour citer Lucien Febvre « (…) ranima les bûchers des sorcières dans toute l’Europe (…) ». Un livre paradoxal et énigmatique car l’auteur est considéré comme l’un des plus brillants esprits de son temps : on l’a nommé l’Aristote et le Montesquieu du XVIe siècle. Ce génie aurait-il par excès de crédulité cédé aux superstitions de son époque? Il n’en demeure pas moins que Bodin a mis dans la rédaction de ce livre funeste toute la persuasion et le talent dont il fit preuve dans son maître ouvrage « Les six livres de la république » Paris, 1576. « La Démonomanie des Sorciers » s’est ainsi substitué dans le monde laïc au Maleus Maleficarum et s’est imposé comme un véritable manuel lors des procès en sorcellerie. Les deux dernières éditions de format in-8 étaient ainsi imprimées en format réduit afin de pouvoir être transportées aisément et être tenues sur les genoux lors des interrogatoires ainsi qu’il était d’usage de faire avec le Maleus Maleficarum. Doté d’une table analytique, cette version comporte également la réfutation de l’ouvrage de Jean Wier qui mettait en doute la pertinence des aveux obtenus sous la torture. Les éditions successives de la « démonomanie des Sorciers » furent au fil des temps, pour des raisons évidentes, supprimées des bibliothèques publiques et privées.Toutes de nos jours sont d’une égale rareté. Cette édition imprimée à Rouen en 1608, la dernière en date, est la version la plus complète. «Une des plus rares des éditions de Bodin. Avec la ‘Refutation des opinions de Jean Wier’ à la fin (p. 523-604).» Caillet 1272.