PUF, 1985, gr. in-8°, 598 pp, biblio, index, broché, bon état (Publications de l'Université de Poitiers, XX). Edition originale, envoi a.s.
''Du tableau de la production littéraire et artistique auquel Elie-Catherine Fréron consacra les quelques deux cents volumes de ses périodiques, j'ai voulu dégager la figure de celui qui fut le témoin averti et sensible de son temps, mais surtout rendre justice à sa grande valeur de critique. Il fut l'un des premiers à proclamer la dignité d'un genre qui appartient à la littérature. Son esthétique classique, rebelle à la raison des géomètres, occupe une place essentielle dans l'histoire du goût en France. Les ruptures et les conflits, dus à la mise à l'épreuve des principes par les expériences critiques du journaliste confronté au surgissement de la nouveauté littéraire et à l'évolution du public, éclairent d'une manière nouvelle la crise de l'esthétique dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.'' — "... Il me plaît de saluer la publication d'un si bel ouvrage sur l'esthétique de Fréron : enfin il ne sera plus possible de méconnaître le rôle et la valeur de Fréron en tant que critique de l'Europe des Lumières. L'auteur a réussi, non sans risques, après une première partie où elle situe et explique l'entrée de F. dans la carrière, à mener de front l'étude des genres et la chronique journalistique. La seconde partie, la plus longue et la plus importante, porte sur la masse des poètes et l'insuffisance poétique ; la troisième, sur le théâtre et, en particulier, le drame que F. prônait dès 1750 ; la quatrième, sur le roman... Tout dix-huitiémiste y trouvera, à chaque instant, sa pâture..." (Jean Balcou, Dix-Huitième Siècle 1986) — En 1754, Fréron fonda « l'Année littéraire », qui fut l'oeuvre de sa vie et qu'il dirigea jusqu'à sa mort en 1776. Il y critiquait vivement la littérature de son temps en la rapportant aux modèles du XVIIe siècle et combattait les philosophes des Lumières au nom de la religion et de la monarchie. Il s'attaqua principalement à Voltaire qu'il avait déjà décrit dans les Lettres sur quelques écrits du temps « sublime dans quelques-uns de ses écrits, rampant dans toutes ses actions. » La critique fut ensuite reprise à chaque numéro de « l'Année littéraire », souvent mordante mais toujours exprimée avec sang-froid et sur un ton de courtoisie.