Belle lettre de recommandation en faveur d’Édouard Gardet, futur exécuteur testamentaire de Charles Asselineau, adressée au directeur de la Revue contemporaine. Son intention est de le rencontrer, « car je ne veux vous voir qu'avec le paquet complet et prêt pour l’imprimerie, demain ou après-demain soir », afin de se charger d’une commission. « Vous verrez prochainement sans doute un de mes bons amis, M. Edouard Gardet, qui désire faire un travail pour vous. Je ne sais pas en vérité quel besoin avait Gardet de se faire recommander; car il se recommande très bien lui-même. Vous verrez un homme instruit et plein d'esprit. Ancien élève de l’Ecole des Chartes, il revient de Pétersbourg où il a consulté des masses de documents, ayant trait à l’histoire de France. C'est probablement de cela qu’il sera question [….] Les matières historiques sont son affaire; mais à travers la conversation, il m'a beaucoup parlé de toutes les peintures françaises qui sont à l'Hermitage. Il n'y a donc pas d’écrivain français qui les ait vues ? Car je n'en ai jamais lu de description. ». En post-scriptum, avant d'indiquer à Calonne l'adresse de Gardet, Baudelaire le remercie de la recension de sa traduction des Aventures de Gordon Pym parue dans la Revue contemporaine le 15 août: « Elle est excellente et, pour ainsi dire, caressante. Remerciez bien M. Hervé. » Il s’agit de la première traduction du roman d’Edgar Allan Poe, donnée par Baudelaire, en 1858. Élève de l'École des chartes, Édouard Gardet (1818-1892) avait été chargé d'une mission en Russie en 1858: il rapporta de la Bibliothèque impériale la copie d'une lettre inédite de Mézeray à Séguier qu'il publia chez Poulet-Malassis en 1859. C'est sa seule publication. Ami fidèle de Charles d'Asselineau, qui en fit son exécuteur testamentaire, « il a joué un rôle essentiel dans la transmission des objets baudelairiens », dit Claude Pichois : il reçut le portrait du poète par Deroy, les lettres de Mme Aupick à Asselineau et les notes de ce dernier sur Baudelaire qu'il communiqua à Crépet.
(Correspondance Claude Pichois, tome 1, pages 511/512).
Baudelaire voulait faire copier les notices destinées à l’anthologie des poètes français. « Ayez l’obligeance de donner pour moi à M. Albert le nom, l’adresse et le prix du plus rapide et du plus intelligent de vos copistes. Belle écriture et pas trop de bêtise. Veuillez présenter mes respects à Mme Crépet. ».