1907 books for « baudelaire ch »Edit

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‎BAUDELAIRE (Charles)‎

Reference : 10644

(1963)

‎Le spleen de Paris‎

‎Paris, Les Cent-Une, 1963. 2460 g In-4, en feuilles sous couverture, chemise et étui, [2] ffb., 160-[7] pp., [2] ff., [2] ffb.. Illustré de 15 lithographies originales en couleurs à pleine page de Jansem gravées sur pierre en noir et en couleurs par l'artiste, tirées sur presse à bras par Détruit. Ouvrage tiré à 140 exemplaires sur vélin d'Arches à la forme, signés par l'artiste, la présidente et la vice-présidente de la société des Cent-Une. . (Catégories : Livres illustrés, Littérature, )‎


Phone number : 06 17 93 27 81

EUR350.00 (€350.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 82409

(1861)

‎Les Fleurs du mal‎

‎Poulet-Malassis & de Broise, Paris 1861, 12,1x18,8cm, relié sous étui.‎


‎Seconde édition originale. Reliure en demi maroquin marron chocolat à coins, dos très légèrement éclairci à cinq nerfs orné de fleurons dorés, encadrement d'un double filet dorés sur les plats de papier peigné, gardes et contreplats de papier à la cuve, tête dorée. Rousseurs. Notre exemplaire est enrichi d'un portrait de Charles Baudelaire par Félix Bracquemond gravé sur chine, ici en deuxième état. Cette édition, entièrement recomposée par l'auteur, enrichie de 35 nouveaux poèmes et de 55 poèmes «profondément remanié[s]» est considérée à tort comme une édition «en partie originale». Véritable nouvelle édition originale, cette version des Fleurs du mal est l'aboutissement de la grande uvre baudelairienne et la seule version retenue par l'Histoire et la littérature. Longtemps considérée comme une simple réédition enrichie, cette édition majeure n'a pas eu, comme la précédente, les faveurs de l'étude bibliographique, bien qu'elle offre un champ de recherche important et instructif. Soulignons à ce propos les différents états de la gravure de Bracquemond, mais également les coquilles des tout premiers exemplaires, en partie corrigées pendant le tirage dont, dans notre exemplaire, deux initiales absentes (p.20 et 49) ajoutées à l'encre à l'époque qui font un étrange écho à cette remarque de Charles Baudelaire à l'éditeur, en janvier 1861: « Sans doute le livre est d'un bon aspect général ; mais jusque dans la dernière bonne feuille, j'ai trouvé de grosses négligences. Dans cette maison-là, c'est les correcteurs qui font défaut. Ainsi, ils ne comprennent pas la ponctuation, au point de vue de la logique ; et bien d'autres choses. Il y a aussi des lettres cassées, des lettres tombées, des chiffres romains de grosseur et de longueur inégales, etc.... ». Poulet-Malassis s'est en effet séparé de De Broise et ces nouvelles fleurs ont été imprimées par Simon Raçon à Paris. Doit-on également voir une corrélation avec le nombre d'exemplaires comportant des rousseurs sur cette seconde édition, qui s'expliquerait par une moins bonne qualité de papier et qui rend ceux dépourvus de rousseur d'une grande et précieuse rareté? «Les Fleurs du Mal ont deux visages. Au troisième il est permis de rêver» Lorsque Claude Pichois rassemble les uvres de Baudelaire pour La Pléiade, il doit faire un choix entre les trois éditions des Fleurs du mal, la première de 1857, celle revue par l'auteur en 1861 et la dernière parue juste après la mort de Baudelaire en 1868. Bien qu'étant la plus complète, comprenant 25 poèmes de plus que la seconde, la troisième édition ne peut être prise pour modèle, car son architecture et peut-être le choix même des poèmes inédits ne sont pas, avec certitude, le résultat d'une volonté auctoriale. L'édition de 1868 est donc «en partie originale», car augmentée de poèmes composés par Baudelaire après 1861 en vue d'une nouvelle édition. Mais cette édition "définitive" sera établie après la mort du poète et, en l'absence de ses directives, les nouveaux poèmes seront sélectionnés et disposés par son ami Théodore de Banville. La première édition de 1857, mythique, historique, ne peut, bien entendu, être détrônée de son statut d'édition princeps. Riche de ses célèbres coquilles (soigneusement corrigées à la main sur les premiers exemplaires offerts par l'auteur), de ses poèmes condamnés (et donc absents de la seconde édition), mais surtout de sa mise en forme pensée, travaillée, modifiée et corrigée sans cesse jusqu'aux dernières épreuves (et jusqu'à rendre fou son bienveillant éditeur, le pauvre «Coco mal perché» que Baudelaire épuisa de remarques et de critiques), la «1857» est sans conteste un inaltérable monument de l'histoire littéraire et poétique universelle, dont les exemplaires non expurgés des poèmes condamnés constituent une des pièces maitresses des collections bibliophiliques. Pourtant, elle ne pouvait être désignée comme représentante unique du chef-d'uvre de Baudelaire, tant le poète devait la repenser entièrement dans les années suivantes. Loin d'un simple recueil de poèmes, Les fleurs du mal est une uvre construite selon une logique narrative unique dans l'histoire de la poésie. Poulet-Malassis l'a appris à ses dépens, Baudelaire conçoit son livre comme une uvre plastique autant que littéraire. Divisée en sections explicites, Spleen et idéal, Fleurs du mal, Révolte, Le Vin, La mort mais également en cycles implicites (notamment consacrés aux femmes aimées), l'uvre de Baudelaire se déploie au fil de poèmes liés entre eux par une invisible filiation pour composer un récit autant qu'un tableau. La suppression des poèmes condamnés rompt cette subtile diégèse picturale et contraint Baudelaire à repenser entièrement son uvre. La seconde édition devient ainsi l'occasion d'une uvre entièrement nouvelle. Baudelaire conçoit donc un agencement différent, écrit de nouveaux poèmes d'articulation, modifie la plupart des poèmes anciens et compose une nouvelle fin. C'est cette édition de 1861 que le lecteur moderne connait. C'est elle qui sera choisie par les éditeurs de la Pléiade, dès la première publication des uvres de Baudelaire en 1931. Elle restera le modèle de toutes les éditions ultérieures. Entre 1857 et 1861, Baudelaire travaille intensément sur son uvre majeure. Il entreprend d'abord de simplement remplacer par six nouveaux poèmes ceux amputés par la censure, mais dès novembre 1858, il écrit à Poulet-Malassis: «Je commence à croire qu'au lieu de six fleurs, j'en ferai vingt.». C'est le début d'une véritable réécriture du recueil et d'une recomposition complète de sa structure. Des poèmes aussi importants que La musique, La servante au grand cur, La Beauté ou Quand le ciel bas et lourd, ne sont aujourd'hui connus que sous leurs formes définitives de 1861 très différentes de la première composition. Mais Baudelaire entreprend surtout d'augmenter son uvre de plus d'un tiers et ajoute ainsi entre 1857 et 1861 trente-cinq nouveaux poèmes dont certains figurent parmi les plus importants de Baudelaire. Ainsi l'Albatros, symbole intemporel du poète maudit, fut en partie composé durant la jeunesse de Baudelaire, mais ne parait que dans cette édition de 1861 où il prend la place du fade Soleil, (relégué aux tableaux parisiens). Il devient ainsi le troisième poème du recueil et le pilier de l'uvre nouvelle. Réponse directe à la censure de 57, il forme avec ses deux prédécesseurs, Au lecteur et Bénédiction, l'infernal cercle baudelairien: Souffrance, malédiction et incompréhension. De même, l'absence des Bijoux, dont la sensualité insulta les censeurs, fut habilement voilée par l'ajout du Masque, dans lequel la femme, devenue statue, pleure son esthétisation statique «dans le goût de l'antique». Cependant, il fallait à Baudelaire un plus sulfureux Hymne à la beauté. C'est sous ce titre qu'il introduit cette apologie d'une divinité affranchie du bien, du mal et des censures bigotes. Pourtant, il semble que pour Baudelaire ces deux poèmes ne remplacent pas entièrement «la candeur unie à la lubricité» des Bijoux. Ils ne sont que l'annonce d'une nouvelle «toison, moutonnant jusque sur l'encolure», qui s'épanouira sur deux pages à la suite du Parfum exotique. La chevelure, cet autre chef-d'uvre de la poésie sensuelle, est ainsi née, à l'instar de l'Aphrodite de Botticelli, de cette nouvelle vague de fleurs. Puis, sans autre excuse de poème à remplacer, apparaît un court Duellum suivi d'un Possédé capital et de quatre Fantôme[s]. Les Fleurs de 61 prend alors son essor et acquiert sa personnalité propre, indépendante de son aînée. C'est d'ailleurs en adressant le sulfureux Possédé à Poulet-Malassisque Baudelaire décide que la réédition des Fleurs deviendra une uvre nouvelle, qui ne tirera aucune leçon des déboires judiciaires de son aînéecomme en témoigne la réaction du poète à la légitime inquiétude de son éditeur: «Je ne croyais pas que ce misérable sonnet pût ajouter quelque chose à toutes les humiliations que Les Fleurs du mal vous ont fait subir. Il est possible, après tout, que la tournure subtile de votre esprit vous ait fait prendre 'Belzébuth' pour le con et le 'poignard charmant' pour la pine ». Libéré de la tâche aride de commettre de simples poèmes de substitution, Baudelaire repense entièrement son uvre à l'aune de sa maturité poétique et de ses amours pathétiques. La rupture avec la Présidente, la déchéance de Jeanne Duval, la trahison de Marie Daubrun, transforment sa conception du Spleen et de l'Idéal. Se jouant de la censure, il remplace la sexualité criminelle de Celle qui est trop gaie par une autre blessure, celle du poignard phallique du Possédé. Puis il règle ses comptes avec Madame Sabatier en concluant le cycle qu'il lui a consacré par un Semper Eadam (toujours la même) très explicite: «Quand notre cur a fait une fois sa vendange, / Vivre est un mal (...) et bien que votre voix soit douce, taisez-vous!». Baudelaire avait lui-même avoué à la vénérée Présidente que son amour pour elle était tout entier révélé dans Les Fleurs de 57: «Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 [de Tout entière au Flacon] vous appartiennent.» (Lettre à Mme Sabatier, 18 août 1857) et que deux d'entre eux étaient «incriminés» par «les misérables» magistrats (Tout entière, finalement épargné et À celle qui est trop gaie). Déjà, il lui reprochait sa «malicieuse gaieté» qui devient dans Semper «taisez-vous ignorante! âme toujours ravie». La joie, leitmotiv de la représentation de la Présidente est ainsi, pour la première fois, condamnée. Ce nouveau poème étant, de surcroît, placé en tête du cycle, il imprime sa marque sur tous les autres. Ainsi, contrairement à l'édition de 1857, dans laquelle la sacralisation de la femme idéale culmine en une profanation sacrificielle, le cycle Sabatier dans l'édition 1861 est marqué par la déception qui suit la possession de cette déesse qui se révèle trop humaine. Et l'uvre se fait reflet de la confession de Charles à Apollonie, à peine leur relation consommée : «Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant» (Lettre à Madame Sabatier, 31 août 1857). Cette dualité entre idéalisation et déception, marque du poète, trouve alors sa complète réalisation dans la composition des Fleurs du mal de 1861. Le plus explicite témoignage de cette mutation radicale se relève sur les exemplaires offerts à Madame Sabatier. L'édition de 1857 portait cette dédicace: «À la Très Belle, à la Très-Bonne, à la Très Chère. / Que ce soit dans la Nuit et dans la Solitude, / Que ce soit dans la rue et dans la multitude, / Son fantôme dans l'air danse comme un Flambeau / Tout mon Être obéit à ce vivant Flambeau ! / C.B.». L'exemplaire de 1861 témoignera d'une toute autre relation: «À Madame Sabatier, Vieille amitié, C.B» Ce vent de désacralisation souffle également sur les poèmes anciens du cycle qui se trouvent transformés par de subtiles mais signifiantes modifications: Un passé simple remplaçant le passé composé fige le poèmeTout entière dans un temps révolu. L'«Ange Gardien» de Que diras tu ce soir perd une majuscule, modifiant drastiquement le sens de ce 'gardien'. Enfin, dans Le Flambeau Vivant qui servit avec le précédent à composer la dédicace de 1857, les «feux diamantés» des yeux de l'aimée se «secou[e]nt», mais ne «suspend[e]nt» plus le regard du poète, tandis que le soleil perd son unicité pour n'être plus qu'un synonyme d'étoiles. Sa Confession se fait plus explicite encore: Les tirets, signes typographiques chers à Baudelaire marquant l'intervention du poète, disparaissent, remplacés par des parenthèses et de simples virgules, et l'analogie avec la «danseuse (...) froide» se mue en identité: 57: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya; sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli. (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Qu'il ressemble au travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; 61: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli); (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Et que c'est le travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; Par cette réécriture, Baudelaire ne modifie pas le sens de ses poèmes au gré de ses déboires amoureux, il insuffle au sein même de l'idéal la fêlure du Spleen, et sa poésie affranchie des désirs du poète se libère de son pesant modèle vivant pour devenir universelle. À la cristallisation stendhalienne autour de la Présidente répondait une diabolisation tout aussi fantasmatique de l'autre grande passion de Baudelaire, Jeanne Duval. Frappée d'hémiplégie en 1859, elle n'est plus désormais «le vampire» qui, dans l'édition de 1857, «comme un hideux troupeau de démons, vin[t], folle et parée». Devenue en 61 «forte comme un troupeau», elle conquiert une place majeure dans le recueil par l'ajout de poèmes puissants dont Duellum, par lequel Charles, sans renoncer à la constitutive violence de leur amour, suit l'infortunée en enfer: «Roulons-y sans remords, amazone inhumaine, Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine!». Mais c'est surtout à travers la suite Un Fantôme, nouvellement composée, que le poète rend le plus bel et tragique hommage à son amante déchue. Les ténèbres, où il «reconnai[t] [s]a belle visiteuse: C'est Elle! noire et pourtant lumineuse». Le parfum, au «Charme profond, magique, dont nous grise /Dans le présent le passé restauré!». Le cadre, dans lequel l'aimée conserve «Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté / En l'isolant de l'immense nature». Et enfin Le portrait, par lequel le poète, perdant sa naïve ironie d'Une charogne, observe la réalité de la mort qui s'installe dans le corps de son amante: «De ces baisers puissants comme un dictame, De ces transports plus vifs que des rayons, Que reste-t-il? C'est affreux, ô mon âme! Rien qu'un dessin fort pâle, aux trois crayons» Alors que Baudelaire, se délectait de la contemplation de «la vermine qui vous mangera de baiser» et cependant «gard[ait] la forme et l'essence divinede [s]es amours décomposés », Charles, confronté à la déchéance réelle de Jeanne, se révolte contre la mort: «Noir assassin de la Vie et de l'Art, Tu ne tueras jamais dans ma mémoire Celle qui fut mon plaisir et ma gloire!» C'est enfin au tour de Marie Daubrun de déployer ses ailes féminines sur les fleurs maladives de son malheureux amant, avec l'apparition d'un des plus beaux poèmes du recueil: Chant d'automne. Rendu notamment célèbre par l'Opus 5 de Gabriel Fauré, ce poème emblématique de l'univers baudelairien deviendra une source d'inspiration d'uvres majeures de la littérature dont La Chanson d'automne de Verlaine et L'Automne de Rainer Maria Rilke. Mais c'est sans doute Marcel Proust, grand lecteur des Fleurs, qui doit à ce Chant sa plus grande émotion poétique. «Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.» sont, d'après Antoine Compagnon, les vers les plus cités à travers toute l'uvre de Proust. Ainsi dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs: «Me persuadant que j'étais «assis sur le môle» ou au fond du «boudoir» dont parle Baudelaire, je me demandais si son «soleil rayonnant sur la mer» ce n'était pas biendifférent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze». C'est encore un poème de 1861 qui apparaitra dans Sodome et Gomorrhe: «leurs ailes de géant les empêchent de marcher» dit Mme de Cambremer confondant les mouettes avec les albatros». Mais Marie l'infidèle ne peut pas être circonscrite à «la douceur éphémère d'un glorieux automne», et Baudelaire devait également lui «bâtir (...) un autel souterrain au fond de [s]a détresse». C'est ainsi que nait le poème À une Madonne qui, en 1861, clôt par le crime le cycle Daubrun: «pour mêler l'amour avec la barbarie, Volupté noire! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux Bien affilés, et, comme un jongleur insensible Prenant le plus profond de ton amour pour cible Je les planterai tous dans ton Cur pantelant, Dans ton Cur sanglotant, dans ton Cur ruisselant!» C'est donc dans l'édition de 1861 que les trois grandes figures féminines des Fleurs, l'ange Apollonie, le démon Jeanne et la trop humaine Marie, acquièrent leur pleine dimension poétique, cependant que Charles, amant maudit, rejetait l'une, perdait l'autre et n'attendait plus rien de la dernière. Cette triple rupture poétique ouvre la voie à d'autres formes amoureuses et poétiques. Le cycle des autres muses s'enrichit ainsi de trois nouveaux poèmes dont Chanson d'après-midi, le seul entièrement composé en heptasyllabes. Ce mètre impair, véritable révolution poétique qui avait disparu depuis le moyen-âge (à l'exception de deux poèmes de La Fontaine), sera repris par Rimbaud («Honte») et célébré par Verlaine («De la musique avant toute chose, / Et pour cela préfère l'Impair». Enfin, le mystérieux Sonnet d'Automne achevant ce cycle semble réunir en une marguerite (la fleur de l'incertitude amoureuse), tous les pétales des femmes aimées: Les yeux de Marie, «clairs comme le cristal», l'agaçante gaieté de la Présidente «sois charmante et tais-toi» et le «spectre fait de grâce et de splendeur» de Jeanne Duval devenue «ma si blanche (...) ma si froide marguerite». Cette alchimie qui fait de toutes les femmes un seul poème, traduit la maturité poétique de Baudelaire et libère ses fleurs de leurs pesantes racines. Parmi les autres poèmes nouveaux de Spleen et Idéal, chacun mériterait une attention particulière: -Une gravure fantastique qui fut écrit sur presque dix ans. -Obsession dont la dernière strophe semble avoir directement inspiré Mon rêve familier de Verlaineparu cinq ans plus tard : «Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon il par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers.» -Le goût du néant, «l'une des pièces les plus désespérées de Baudelaire» selon Claude Pichois. -Alchimie de la Douleur, inspirée par Thomas De Quincey dont Baudelaire venait de traduire Un mangeur d'opium -Horreur Sympathique, en référence à Delacroix. Et c'est encore avec un nouveau poème composé en 1860 que Baudelaire choisit de clore cette section : -L'Horloge, superbe memento mori, l'un des plus anciens thèmes poétiques, revu par l'alchimie baudelairienne, c'est-à-dire sans aucun hédonisme autre que la création artistique: «Remember! Souviens-toi, prodigue!Esto memor! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!» La section Tableaux parisiens, aujourd'hui considérée comme constitutive des Fleurs du mal et une spécificité de la poésie de Baudelaire, est absente de l'édition de 1857. Elle fut créée par le poète pour l'édition de 1861 et composée de 18 poèmes dont la majorité étaient inédits. C'est dans cette nouvelle section qu'apparaît «le plus beau peut-être des poèmes de Baudelaire par sa profondeur et ses résonnances», Le Cygne. Dans l'édition de la Pléiade, Pichois consacre cinq pages d'étude à ce chef-d'uvre de modernité. Cependant les poèmes suivants ne sont pas en reste puisqu'on compte pami euxplus d'un diamant: Les petites vieilles et les sept vieillards, dédiés à Victor Hugo, À une passante, Danse macabre, poème le plus diffusé du vivant de Baudelaire, et Rêve parisien, avant-dernier poème qui structure la section des Tableaux et plus éclatant modèle du romantisme urbain créé par Baudelaire. Enfin, si nul ne peut envisager Les Fleurs du Mal sans sa fin d'apothéose, c'est grâce à cette seconde édition et aux trois poèmes inédits que Baudelaire ajoute après La mort des artistes. La fin de la journée (qui n'est jamais paru en revue), Le rêve d'un curieux et surtout Le Voyage dont les 144 vers nourriront la glose des chercheurs et l'imaginaire des poètes du XXème siècle. Alors que l'édition de 57 s'achevait sur une triple mort, Les Fleurs de 61 annoncent une triple résurrection. Ces trois poèmes signent en effet la victoire du poète sur le terrible «Ennui» qui ouvre le recueil «dans un bâillement [qui] avalerait le monde». En 1861, la mort n'est plus une fin. Le poète s'y précipite: «Je vais me coucher sur le dos / Et me rouler dans vos rideaux, / Ô rafraîchissantes ténèbres!», mais ce n'est que pour se relever: «J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore / M'enveloppait. Eh quoi! n'est-ce donc que cela? / La toile était levée et j'attendais encore.». Dès lors commence pour le poète le véritable voyage, au-delà des limites de la vie réelle et des artifices du rêve, dont il a cueilli toutes les fleurs : «Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos curs que tu connais sont remplis de rayons! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe? Au fond de l'Inconnu pour trouver dunouveau!» Considérer l'édition de 1861 comme une simple édition enrichie consiste à lire Les fleurs du mal, «auquel [il a] travaillé 20 ans» (lettre à sa mère, 1er avril 1861) comme un simple recueil de poèmes. C'est surtout ignorer la volonté même du poète comme il l'a clairement exprimée auprès d'Alfred Vigny, en lui adressant cette seconde édition: «Voici les Fleurs, (...). Tous les anciens poèmes sont remaniés. (...) Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin. Tous les poèmes nouveaux ont été faits pour être adaptés à un cadre singulier que j'avais choisi.». (12 décembre 1861) Comme l'écrivent Claude Pichois et Jean Ziegler dans la biographie qu'ils consacrent au poète: «Les Fleurs de 1861 constituent une édition originale presque au même titre que celles de 1857. Elles ne contiennent pas seulement un tiers de poèmes en plus. Leur structure a été réorganisée et souvent la valeur de situation des pièces a changé; enfin les sections passent de cinq à six, selon un ordre qui a été modifié.(...) Ce sont les Fleurs du mal de 1861 qui constituent Baudelaire en l'un des chefs de file des nouvelles générations ». À eux seuls, les nouveaux poèmes et la restructuration de l'uvre élèvent ainsi cette nouvelle édition au rang d'uvre originale. Mais derrière l'importance des nouveaux poèmes se cache une autre révolution poétique, comme l'annonce Charles à sa mère,révélant l'importance de cette nouvelle uvre : «Les Fleurs du mal sont finies. On est en train de faire la couverture et le portrait. Il y a 35 pièces nouvelles, et chaque pièce ancienne a été profondément remaniée.» (1er janvier 1861) L'annonce de la réécriture des poèmes anciens est à peine exagérée. Sur les 94 poèmes de la première édition, 55 ont été remaniés. Certains comportent des corrections d'apparence discrètes: lettres, tirets, pluriels, ponctuations. Elles exercent pourtant une influence majeure sur le rythme et la lecture du poème. Les tirets cadratins en particulier qui structurent beaucoup de poèmes de 1857, disparaissent en grande partie dans l'édition de 1861. Ces multiples «voix» sont ainsi abandonnées et seuls les possesseurs de l'édition de 1857 connaissent aujourd'hui leur importance dans la construction primitive de la poésie baudelairienne. Confessions (sept tirets dans la 57), Harmonies du Soir (six tirets), Le Flacon (neuf tirets), n'en comportent plus dans l'édition de 61. Le Balcon conserve l'un de ses trois tirets, mais s'enrichit de nombreux points qui rompent la fluidité du poème. D'autres poèmes présentent de véritables mutations de sens et de symbolique par la substitution d'un mot ou d'un vers entier, tels que la majuscule à «juive» qui transforme l'amante Sara en représentante absolue de l'altérité, miroir du poète et de Jeanne, son autre amante à laquelle elle est comparée, mulâtresse à «la triste beauté». Dans Le poison, ce sont les propriétés même du plus important paradis artificiel qui sont repensées par la modification d'un verbe. 57: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Projette l'illimité, 61: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, A côté de ces subtils glissements de sens, certains poèmes subissent un profond remaniement stylistique sans lequel Les Fleurs du mal ne serait sans doute pas devenu ce chef-d'uvre intemporel. Des poèmes comme « J'aime le souvenir de ces époques nues », « Bénédiction » ou « À une mendiante rousse » ne sont véritablement aboutis que dans la version de 61. Pareillement, le si bien nommé poème La beautécomporte en 57 quelques étonnantes faiblesses: 57: Les poètes devant mes grandes attitudes, Qu'on dirait que j'emprunte aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai pour fasciner ces dociles amants De purs miroirs qui font les étoiles plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! 61: Les poëtes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! Parfois, Baudelaire transforme également l'organisation des strophes, passant ainsi d'une rime croisée à une rime embrasséedans Je te donne ces vers : 57: Je te donne ces vers afin que, si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et, navire poussé par un grand aquilon, Fait travailler un soir les cervelles humaines, 61: Je te donne ces vers afin que si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et fait rêver un soir les cervelles humaines, Vaisseau favorisé par un grand aquilon, Et dans Le Jeu, modifiant ici la rime elle-même. 57: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier, Qui s'en vont brimbalant à leurs maigres oreilles Un cruel et blessant tic-tac de balancier; 61: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l'il câlin et fatal, Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles Tomber un cliquetis de pierre et de métal; Mais c'est véritablement à travers quelques-unes des pièces majeures de son uvre que les plus significatives réécritures font mesurer l'importance de cette «seconde» édition originale: La musique: 57: La musique parfois me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un pur éther, Je mets à la voile; La poitrine en avant et gonflant mes poumons De toile pesante, Je monte et je descends sur le dos des grands monts D'eau retentissante; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur le sombre gouffre Me bercent, et parfois le calme, grand miroir De mon désespoir! 61: La musique souvent me prend comme une mer! ?Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, ?Je mets à la voile; La poitrine en avant et les poumons gonflés ?Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés ?Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions ?D'un vaisseau qui souffre; Le bon vent, la tempête et ses convulsions ?Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autre fois, calme plat, grand miroir ?De mon désespoir! Quand le ciel bas et lourd, dernier et plus emblématique poème du «Spleen» baudelairien, auquel le linguiste Roman Jakobson a consacré une longue analyse structuraliste, est également profondément remanié. La puissance symbolique de sa fin doit ainsi beaucoup à la réécriture de 61: 57: Et d'anciens corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; et, l'Espoir Pleurant comme un vaincu, l'Angoisse despotique Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. 61: Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Le premier vers de La servante au grand curqu'Apollinaire, selon Cocteau, qualifiait de «vers événement» eut-il reçu cette suprême reconnaissance d'un pair, si Baudelaire avait conservé la strophe de 57: 57: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse? Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, 61: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Lorsque Baudelaire écrit à Alfred de Vigny que «Tous les anciens poèmes sont remaniés», Claude Pichois note l'exagération. En effet, 39 poèmes sur les 129 des Fleurs du mal de 1861 restent strictement conformes à ceux de l'édition de 1857. Pourtant cette affirmation même du poète souligne la profonde métamorphose que les nouvelles pièces, les nouvelles sections, la restructuration complète de l'ordre des poèmes et l'intense réécriture imposent aux Fleurs de mal de 1857. Cette «seconde édition» est véritablement l'achèvement de la grande uvre baudelairienne, comme Les Misérables de 1862 le sont duLivre des Misères annoncé en 1848, La Tentation de Saint-Antoine de 1874 de sa première version rédigée dès 1849, Le Horla publié en 1887 de La lettre d'un fou écrite en 1885 ou du premier Horla parut en 1886 dans Gil Blas. Comme, avant lui, Sade avait écrit deux Justine et, plus tard, Blanchot publiera deux Thomas l'Obscur, Baudelaire, sous un titre similaire, offre aux lecteurs deux uvres fondamentalement liées et profondément distinctes. Sans doute, comme Baudelaire, tous ces écrivains ressentirent-ils à la publication de leur uvre définitive, ce sentiment avoué par Charles à sa mère le 1er janvier 1861, son uvre nouvelle tout juste achevée: «Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien, et il restera, ce livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses.» L'importance capitale de cette uvre dans l'histoire littéraire, bien au-delà de la francophonie, autant que l'histoire particulière de sa publication, ont contribué à l'intérêt porté très tôt à l'édition originale et les deux éditions suivantes en partie originales. En 1860, lors de la vente à l'encan de tous les biens de Custine, mort en août 1857, il était encore fait peu de cas des poésies d'un poète graveleux et de mauvaises murs. Mais, en 1865, Baudelaire lui-même constate que «?depuis deux ans on demande partout [Les Fleurs du Mal], et dans les ventes, elles se vendent même assez cher?». - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

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(1861)

‎Les Fleurs du mal‎

‎Poulet-Malassis & de Broise, Paris 1861, 12,5x19cm, relié.‎


‎| Parce que les Fleurs c'est impérissable... |<br>* Seconde édition originale sur papier courant, dont il aurait été tiré 1500 exemplaires après 4 chine, quelques hollande et quelques vélin fort. Notre exemplaire bien complet du portrait de Charles Baudelaire par Félix Bracquemond sur chine contrecollé, qui manque souvent, ici en premier état, avant la mention L'artiste au dessus du portrait, pâles rousseurs. Reliure à la bradel en demi percaline orange, dos lisse orné de doubles filets dorés, date dorée en queue, pièce de titre de chagrin marron, plats de papier à la cuve, reliure de l'époque. Cette édition, entièrement recomposée par l'auteur, enrichie de 35 nouveaux poèmes et de 55 poèmes «profondément remanié[s]» est considérée à tort comme une édition «en partie originale». Véritable nouvelle édition originale, cette version des Fleurs du mal est l'aboutissement de la grande uvre baudelairienne et la seule version retenue par l'Histoire et la littérature. Longtemps considérée comme une simple réédition enrichie, cette édition majeure n'a pas eu, comme la précédente, les faveurs de l'étude bibliographique, bien qu'elle offre un champ de recherche important et instructif. Soulignons à ce propos les différents états de la gravure de Bracquemond, mais également les coquilles des tout premiers exemplaires, en partie corrigées pendant le tirage dont, dans notre exemplaire, deux initiales absentes (p.20 et 49) ajoutées à l'encre à l'époque qui font un étrange écho à cette remarque de Charles Baudelaire à l'éditeur, en janvier 1861: « Sans doute le livre est d'un bon aspect général ; mais jusque dans la dernière bonne feuille, j'ai trouvé de grosses négligences. Dans cette maison-là, c'est les correcteurs qui font défaut. Ainsi, ils ne comprennent pas la ponctuation, au point de vue de la logique ; et bien d'autres choses. Il y a aussi des lettres cassées, des lettres tombées, des chiffres romains de grosseur et de longueur inégales, etc.... ». Poulet-Malassis s'est en effet séparé de De Broise et ces nouvelles fleurs ont été imprimées par Simon Raçon à Paris. Doit-on également voir une corrélation avec le nombre d'exemplaires comportant des rousseurs sur cette seconde édition, qui s'expliquerait par une moins bonne qualité de papier et qui rend ceux dépourvus de rousseur d'une grande et précieuse rareté? «Les Fleurs du Mal ont deux visages. Au troisième il est permis de rêver» Lorsque Claude Pichois rassemble les uvres de Baudelaire pour La Pléiade, il doit faire un choix entre les trois éditions des Fleurs du mal, la première de 1857, celle revue par l'auteur en 1861 et la dernière parue juste après la mort de Baudelaire en 1868. Bien qu'étant la plus complète, comprenant 25 poèmes de plus que la seconde, la troisième édition ne peut être prise pour modèle, car son architecture et peut-être le choix même des poèmes inédits ne sont pas, avec certitude, le résultat d'une volonté auctoriale. L'édition de 1868 est donc «en partie originale», car augmentée de poèmes composés par Baudelaire après 1861 en vue d'une nouvelle édition. Mais cette édition "définitive" sera établie après la mort du poète et, en l'absence de ses directives, les nouveaux poèmes seront sélectionnés et disposés par son ami Théodore de Banville. La première édition de 1857, mythique, historique, ne peut, bien entendu, être détrônée de son statut d'édition princeps. Riche de ses célèbres coquilles (soigneusement corrigées à la main sur les premiers exemplaires offerts par l'auteur), de ses poèmes condamnés (et donc absents de la seconde édition), mais surtout de sa mise en forme pensée, travaillée, modifiée et corrigée sans cesse jusqu'aux dernières épreuves (et jusqu'à rendre fou son bienveillant éditeur, le pauvre «Coco mal perché» que Baudelaire épuisa de remarques et de critiques), la «1857» est sans conteste un inaltérable monument de l'histoire littéraire et poétique universelle, dont les exemplaires non expurgés des poèmes condamnés constituent une des pièces maitresses des collections bibliophiliques. Pourtant, elle ne pouvait être désignée comme représentante unique du chef-d'uvre de Baudelaire, tant le poète devait la repenser entièrement dans les années suivantes. Loin d'un simple recueil de poèmes, Les fleurs du mal est une uvre construite selon une logique narrative unique dans l'histoire de la poésie. Poulet-Malassis l'a appris à ses dépens, Baudelaire conçoit son livre comme une uvre plastique autant que littéraire. Divisée en sections explicites, Spleen et idéal, Fleurs du mal, Révolte, Le Vin, La mort mais également en cycles implicites (notamment consacrés aux femmes aimées), l'uvre de Baudelaire se déploie au fil de poèmes liés entre eux par une invisible filiation pour composer un récit autant qu'un tableau. La suppression des poèmes condamnés rompt cette subtile diégèse picturale et contraint Baudelaire à repenser entièrement son uvre. La seconde édition devient ainsi l'occasion d'une uvre entièrement nouvelle. Baudelaire conçoit donc un agencement différent, écrit de nouveaux poèmes d'articulation, modifie la plupart des poèmes anciens et compose une nouvelle fin. C'est cette édition de 1861 que le lecteur moderne connait. C'est elle qui sera choisie par les éditeurs de la Pléiade, dès la première publication des uvres de Baudelaire en 1931. Elle restera le modèle de toutes les éditions ultérieures. Entre 1857 et 1861, Baudelaire travaille intensément sur son uvre majeure. Il entreprend d'abord de simplement remplacer par six nouveaux poèmes ceux amputés par la censure, mais dès novembre 1858, il écrit à Poulet-Malassis: «Je commence à croire qu'au lieu de six fleurs, j'en ferai vingt.». C'est le début d'une véritable réécriture du recueil et d'une recomposition complète de sa structure. Des poèmes aussi importants que La musique, La servante au grand cur, La Beauté ou Quand le ciel bas et lourd, ne sont aujourd'hui connus que sous leurs formes définitives de 1861 très différentes de la première composition. Mais Baudelaire entreprend surtout d'augmenter son uvre de plus d'un tiers et ajoute ainsi entre 1857 et 1861 trente-cinq nouveaux poèmes dont certains figurent parmi les plus importants de Baudelaire. Ainsi l'Albatros, symbole intemporel du poète maudit, fut en partie composé durant la jeunesse de Baudelaire, mais ne parait que dans cette édition de 1861 où il prend la place du fade Soleil, (relégué aux tableaux parisiens). Il devient ainsi le troisième poème du recueil et le pilier de l'uvre nouvelle. Réponse directe à la censure de 57, il forme avec ses deux prédécesseurs, Au lecteur et Bénédiction, l'infernal cercle baudelairien: Souffrance, malédiction et incompréhension. De même, l'absence des Bijoux, dont la sensualité insulta les censeurs, fut habilement voilée par l'ajout du Masque, dans lequel la femme, devenue statue, pleure son esthétisation statique «dans le goût de l'antique». Cependant, il fallait à Baudelaire un plus sulfureux Hymne à la beauté. C'est sous ce titre qu'il introduit cette apologie d'une divinité affranchie du bien, du mal et des censures bigotes. Pourtant, il semble que pour Baudelaire ces deux poèmes ne remplacent pas entièrement «la candeur unie à la lubricité» des Bijoux. Ils ne sont que l'annonce d'une nouvelle «toison, moutonnant jusque sur l'encolure», qui s'épanouira sur deux pages à la suite du Parfum exotique. La chevelure, cet autre chef-d'uvre de la poésie sensuelle, est ainsi née, à l'instar de l'Aphrodite de Botticelli, de cette nouvelle vague de fleurs. Puis, sans autre excuse de poème à remplacer, apparaît un court Duellum suivi d'un Possédé capital et de quatre Fantôme[s]. Les Fleurs de 61 prend alors son essor et acquiert sa personnalité propre, indépendante de son aînée. C'est d'ailleurs en adressant le sulfureux Possédé à Poulet-Malassisque Baudelaire décide que la réédition des Fleurs deviendra une uvre nouvelle, qui ne tirera aucune leçon des déboires judiciaires de son aînéecomme en témoigne la réaction du poète à la légitime inquiétude de son éditeur: «Je ne croyais pas que ce misérable sonnet pût ajouter quelque chose à toutes les humiliations que Les Fleurs du mal vous ont fait subir. Il est possible, après tout, que la tournure subtile de votre esprit vous ait fait prendre 'Belzébuth' pour le con et le 'poignard charmant' pour la pine ». Libéré de la tâche aride de commettre de simples poèmes de substitution, Baudelaire repense entièrement son uvre à l'aune de sa maturité poétique et de ses amours pathétiques. La rupture avec la Présidente, la déchéance de Jeanne Duval, la trahison de Marie Daubrun, transforment sa conception du Spleen et de l'Idéal. Se jouant de la censure, il remplace la sexualité criminelle de Celle qui est trop gaie par une autre blessure, celle du poignard phallique du Possédé. Puis il règle ses comptes avec Madame Sabatier en concluant le cycle qu'il lui a consacré par un Semper Eadam (toujours la même) très explicite: «Quand notre cur a fait une fois sa vendange, / Vivre est un mal (...) et bien que votre voix soit douce, taisez-vous!». Baudelaire avait lui-même avoué à la vénérée Présidente que son amour pour elle était tout entier révélé dans Les Fleurs de 57: «Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 [de Tout entière au Flacon] vous appartiennent.» (Lettre à Mme Sabatier, 18 août 1857) et que deux d'entre eux étaient «incriminés» par «les misérables» magistrats (Tout entière, finalement épargné et À celle qui est trop gaie). Déjà, il lui reprochait sa «malicieuse gaieté» qui devient dans Semper «taisez-vous ignorante! âme toujours ravie». La joie, leitmotiv de la représentation de la Présidente est ainsi, pour la première fois, condamnée. Ce nouveau poème étant, de surcroît, placé en tête du cycle, il imprime sa marque sur tous les autres. Ainsi, contrairement à l'édition de 1857, dans laquelle la sacralisation de la femme idéale culmine en une profanation sacrificielle, le cycle Sabatier dans l'édition 1861 est marqué par la déception qui suit la possession de cette déesse qui se révèle trop humaine. Et l'uvre se fait reflet de la confession de Charles à Apollonie, à peine leur relation consommée : «Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant» (Lettre à Madame Sabatier, 31 août 1857). Cette dualité entre idéalisation et déception, marque du poète, trouve alors sa complète réalisation dans la composition des Fleurs du mal de 1861. Le plus explicite témoignage de cette mutation radicale se relève sur les exemplaires offerts à Madame Sabatier. L'édition de 1857 portait cette dédicace: «À la Très Belle, à la Très-Bonne, à la Très Chère. / Que ce soit dans la Nuit et dans la Solitude, / Que ce soit dans la rue et dans la multitude, / Son fantôme dans l'air danse comme un Flambeau / Tout mon Être obéit à ce vivant Flambeau ! / C.B.». L'exemplaire de 1861 témoignera d'une toute autre relation: «À Madame Sabatier, Vieille amitié, C.B» Ce vent de désacralisation souffle également sur les poèmes anciens du cycle qui se trouvent transformés par de subtiles mais signifiantes modifications: Un passé simple remplaçant le passé composé fige le poèmeTout entière dans un temps révolu. L'«Ange Gardien» de Que diras tu ce soir perd une majuscule, modifiant drastiquement le sens de ce 'gardien'. Enfin, dans Le Flambeau Vivant qui servit avec le précédent à composer la dédicace de 1857, les «feux diamantés» des yeux de l'aimée se «secou[e]nt», mais ne «suspend[e]nt» plus le regard du poète, tandis que le soleil perd son unicité pour n'être plus qu'un synonyme d'étoiles. Sa Confession se fait plus explicite encore: Les tirets, signes typographiques chers à Baudelaire marquant l'intervention du poète, disparaissent, remplacés par des parenthèses et de simples virgules, et l'analogie avec la «danseuse (...) froide» se mue en identité: 57: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya; sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli. (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Qu'il ressemble au travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; 61: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli); (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Et que c'est le travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; Par cette réécriture, Baudelaire ne modifie pas le sens de ses poèmes au gré de ses déboires amoureux, il insuffle au sein même de l'idéal la fêlure du Spleen, et sa poésie affranchie des désirs du poète se libère de son pesant modèle vivant pour devenir universelle. À la cristallisation stendhalienne autour de la Présidente répondait une diabolisation tout aussi fantasmatique de l'autre grande passion de Baudelaire, Jeanne Duval. Frappée d'hémiplégie en 1859, elle n'est plus désormais «le vampire» qui, dans l'édition de 1857, «comme un hideux troupeau de démons, vin[t], folle et parée». Devenue en 61 «forte comme un troupeau», elle conquiert une place majeure dans le recueil par l'ajout de poèmes puissants dont Duellum, par lequel Charles, sans renoncer à la constitutive violence de leur amour, suit l'infortunée en enfer: «Roulons-y sans remords, amazone inhumaine, Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine!». Mais c'est surtout à travers la suite Un Fantôme, nouvellement composée, que le poète rend le plus bel et tragique hommage à son amante déchue. Les ténèbres, où il «reconnai[t] [s]a belle visiteuse: C'est Elle! noire et pourtant lumineuse». Le parfum, au «Charme profond, magique, dont nous grise /Dans le présent le passé restauré!». Le cadre, dans lequel l'aimée conserve «Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté / En l'isolant de l'immense nature». Et enfin Le portrait, par lequel le poète, perdant sa naïve ironie d'Une charogne, observe la réalité de la mort qui s'installe dans le corps de son amante: «De ces baisers puissants comme un dictame, De ces transports plus vifs que des rayons, Que reste-t-il? C'est affreux, ô mon âme! Rien qu'un dessin fort pâle, aux trois crayons» Alors que Baudelaire, se délectait de la contemplation de «la vermine qui vous mangera de baiser» et cependant «gard[ait] la forme et l'essence divinede [s]es amours décomposés », Charles, confronté à la déchéance réelle de Jeanne, se révolte contre la mort: «Noir assassin de la Vie et de l'Art, Tu ne tueras jamais dans ma mémoire Celle qui fut mon plaisir et ma gloire!» C'est enfin au tour de Marie Daubrun de déployer ses ailes féminines sur les fleurs maladives de son malheureux amant, avec l'apparition d'un des plus beaux poèmes du recueil: Chant d'automne. Rendu notamment célèbre par l'Opus 5 de Gabriel Fauré, ce poème emblématique de l'univers baudelairien deviendra une source d'inspiration d'uvres majeures de la littérature dont La Chanson d'automne de Verlaine et L'Automne de Rainer Maria Rilke. Mais c'est sans doute Marcel Proust, grand lecteur des Fleurs, qui doit à ce Chant sa plus grande émotion poétique. «Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.» sont, d'après Antoine Compagnon, les vers les plus cités à travers toute l'uvre de Proust. Ainsi dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs: «Me persuadant que j'étais «assis sur le môle» ou au fond du «boudoir» dont parle Baudelaire, je me demandais si son «soleil rayonnant sur la mer» ce n'était pas biendifférent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze». C'est encore un poème de 1861 qui apparaitra dans Sodome et Gomorrhe: «leurs ailes de géant les empêchent de marcher» dit Mme de Cambremer confondant les mouettes avec les albatros». Mais Marie l'infidèle ne peut pas être circonscrite à «la douceur éphémère d'un glorieux automne», et Baudelaire devait également lui «bâtir (...) un autel souterrain au fond de [s]a détresse». C'est ainsi que nait le poème À une Madonne qui, en 1861, clôt par le crime le cycle Daubrun: «pour mêler l'amour avec la barbarie, Volupté noire! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux Bien affilés, et, comme un jongleur insensible Prenant le plus profond de ton amour pour cible Je les planterai tous dans ton Cur pantelant, Dans ton Cur sanglotant, dans ton Cur ruisselant!» C'est donc dans l'édition de 1861 que les trois grandes figures féminines des Fleurs, l'ange Apollonie, le démon Jeanne et la trop humaine Marie, acquièrent leur pleine dimension poétique, cependant que Charles, amant maudit, rejetait l'une, perdait l'autre et n'attendait plus rien de la dernière. Cette triple rupture poétique ouvre la voie à d'autres formes amoureuses et poétiques. Le cycle des autres muses s'enrichit ainsi de trois nouveaux poèmes dont Chanson d'après-midi, le seul entièrement composé en heptasyllabes. Ce mètre impair, véritable révolution poétique qui avait disparu depuis le moyen-âge (à l'exception de deux poèmes de La Fontaine), sera repris par Rimbaud («Honte») et célébré par Verlaine («De la musique avant toute chose, / Et pour cela préfère l'Impair». Enfin, le mystérieux Sonnet d'Automne achevant ce cycle semble réunir en une marguerite (la fleur de l'incertitude amoureuse), tous les pétales des femmes aimées: Les yeux de Marie, «clairs comme le cristal», l'agaçante gaieté de la Présidente «sois charmante et tais-toi» et le «spectre fait de grâce et de splendeur» de Jeanne Duval devenue «ma si blanche (...) ma si froide marguerite». Cette alchimie qui fait de toutes les femmes un seul poème, traduit la maturité poétique de Baudelaire et libère ses fleurs de leurs pesantes racines. Parmi les autres poèmes nouveaux de Spleen et Idéal, chacun mériterait une attention particulière: -Une gravure fantastique qui fut écrit sur presque dix ans. -Obsession dont la dernière strophe semble avoir directement inspiré Mon rêve familier de Verlaineparu cinq ans plus tard : «Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon il par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers.» -Le goût du néant, «l'une des pièces les plus désespérées de Baudelaire» selon Claude Pichois. -Alchimie de la Douleur, inspirée par Thomas De Quincey dont Baudelaire venait de traduire Un mangeur d'opium -Horreur Sympathique, en référence à Delacroix. Et c'est encore avec un nouveau poème composé en 1860 que Baudelaire choisit de clore cette section : -L'Horloge, superbe memento mori, l'un des plus anciens thèmes poétiques, revu par l'alchimie baudelairienne, c'est-à-dire sans aucun hédonisme autre que la création artistique: «Remember! Souviens-toi, prodigue!Esto memor! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!» La section Tableaux parisiens, aujourd'hui considérée comme constitutive des Fleurs du mal et une spécificité de la poésie de Baudelaire, est absente de l'édition de 1857. Elle fut créée par le poète pour l'édition de 1861 et composée de 18 poèmes dont la majorité étaient inédits. C'est dans cette nouvelle section qu'apparaît «le plus beau peut-être des poèmes de Baudelaire par sa profondeur et ses résonnances», Le Cygne. Dans l'édition de la Pléiade, Pichois consacre cinq pages d'étude à ce chef-d'uvre de modernité. Cependant les poèmes suivants ne sont pas en reste puisqu'on compte pami euxplus d'un diamant: Les petites vieilles et les sept vieillards, dédiés à Victor Hugo, À une passante, Danse macabre, poème le plus diffusé du vivant de Baudelaire, et Rêve parisien, avant-dernier poème qui structure la section des Tableaux et plus éclatant modèle du romantisme urbain créé par Baudelaire. Enfin, si nul ne peut envisager Les Fleurs du Mal sans sa fin d'apothéose, c'est grâce à cette seconde édition et aux trois poèmes inédits que Baudelaire ajoute après La mort des artistes. La fin de la journée (qui n'est jamais paru en revue), Le rêve d'un curieux et surtout Le Voyage dont les 144 vers nourriront la glose des chercheurs et l'imaginaire des poètes du XXème siècle. Alors que l'édition de 57 s'achevait sur une triple mort, Les Fleurs de 61 annoncent une triple résurrection. Ces trois poèmes signent en effet la victoire du poète sur le terrible «Ennui» qui ouvre le recueil «dans un bâillement [qui] avalerait le monde». En 1861, la mort n'est plus une fin. Le poète s'y précipite: «Je vais me coucher sur le dos / Et me rouler dans vos rideaux, / Ô rafraîchissantes ténèbres!», mais ce n'est que pour se relever: «J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore / M'enveloppait. Eh quoi! n'est-ce donc que cela? / La toile était levée et j'attendais encore.». Dès lors commence pour le poète le véritable voyage, au-delà des limites de la vie réelle et des artifices du rêve, dont il a cueilli toutes les fleurs : «Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos curs que tu connais sont remplis de rayons! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe? Au fond de l'Inconnu pour trouver dunouveau!» Considérer l'édition de 1861 comme une simple édition enrichie consiste à lire Les fleurs du mal, «auquel [il a] travaillé 20 ans» (lettre à sa mère, 1er avril 1861) comme un simple recueil de poèmes. C'est surtout ignorer la volonté même du poète comme il l'a clairement exprimée auprès d'Alfred Vigny, en lui adressant cette seconde édition: «Voici les Fleurs, (...). Tous les anciens poèmes sont remaniés. (...) Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin. Tous les poèmes nouveaux ont été faits pour être adaptés à un cadre singulier que j'avais choisi.». (12 décembre 1861) Comme l'écrivent Claude Pichois et Jean Ziegler dans la biographie qu'ils consacrent au poète: «Les Fleurs de 1861 constituent une édition originale presque au même titre que celles de 1857. Elles ne contiennent pas seulement un tiers de poèmes en plus. Leur structure a été réorganisée et souvent la valeur de situation des pièces a changé; enfin les sections passent de cinq à six, selon un ordre qui a été modifié.(...) Ce sont les Fleurs du mal de 1861 qui constituent Baudelaire en l'un des chefs de file des nouvelles générations ». À eux seuls, les nouveaux poèmes et la restructuration de l'uvre élèvent ainsi cette nouvelle édition au rang d'uvre originale. Mais derrière l'importance des nouveaux poèmes se cache une autre révolution poétique, comme l'annonce Charles à sa mère,révélant l'importance de cette nouvelle uvre : «Les Fleurs du mal sont finies. On est en train de faire la couverture et le portrait. Il y a 35 pièces nouvelles, et chaque pièce ancienne a été profondément remaniée.» (1er janvier 1861) L'annonce de la réécriture des poèmes anciens est à peine exagérée. Sur les 94 poèmes de la première édition, 55 ont été remaniés. Certains comportent des corrections d'apparence discrètes: lettres, tirets, pluriels, ponctuations. Elles exercent pourtant une influence majeure sur le rythme et la lecture du poème. Les tirets cadratins en particulier qui structurent beaucoup de poèmes de 1857, disparaissent en grande partie dans l'édition de 1861. Ces multiples «voix» sont ainsi abandonnées et seuls les possesseurs de l'édition de 1857 connaissent aujourd'hui leur importance dans la construction primitive de la poésie baudelairienne. Confessions (sept tirets dans la 57), Harmonies du Soir (six tirets), Le Flacon (neuf tirets), n'en comportent plus dans l'édition de 61. Le Balcon conserve l'un de ses trois tirets, mais s'enrichit de nombreux points qui rompent la fluidité du poème. D'autres poèmes présentent de véritables mutations de sens et de symbolique par la substitution d'un mot ou d'un vers entier, tels que la majuscule à «juive» qui transforme l'amante Sara en représentante absolue de l'altérité, miroir du poète et de Jeanne, son autre amante à laquelle elle est comparée, mulâtresse à «la triste beauté». Dans Le poison, ce sont les propriétés même du plus important paradis artificiel qui sont repensées par la modification d'un verbe. 57: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Projette l'illimité, 61: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, A côté de ces subtils glissements de sens, certains poèmes subissent un profond remaniement stylistique sans lequel Les Fleurs du mal ne serait sans doute pas devenu ce chef-d'uvre intemporel. Des poèmes comme « J'aime le souvenir de ces époques nues », « Bénédiction » ou « À une mendiante rousse » ne sont véritablement aboutis que dans la version de 61. Pareillement, le si bien nommé poème La beautécomporte en 57 quelques étonnantes faiblesses: 57: Les poètes devant mes grandes attitudes, Qu'on dirait que j'emprunte aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai pour fasciner ces dociles amants De purs miroirs qui font les étoiles plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! 61: Les poëtes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! Parfois, Baudelaire transforme également l'organisation des strophes, passant ainsi d'une rime croisée à une rime embrasséedans Je te donne ces vers : 57: Je te donne ces vers afin que, si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et, navire poussé par un grand aquilon, Fait travailler un soir les cervelles humaines, 61: Je te donne ces vers afin que si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et fait rêver un soir les cervelles humaines, Vaisseau favorisé par un grand aquilon, Et dans Le Jeu, modifiant ici la rime elle-même. 57: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier, Qui s'en vont brimbalant à leurs maigres oreilles Un cruel et blessant tic-tac de balancier; 61: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l'il câlin et fatal, Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles Tomber un cliquetis de pierre et de métal; Mais c'est véritablement à travers quelques-unes des pièces majeures de son uvre que les plus significatives réécritures font mesurer l'importance de cette «seconde» édition originale: La musique: 57: La musique parfois me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un pur éther, Je mets à la voile; La poitrine en avant et gonflant mes poumons De toile pesante, Je monte et je descends sur le dos des grands monts D'eau retentissante; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur le sombre gouffre Me bercent, et parfois le calme, grand miroir De mon désespoir! 61: La musique souvent me prend comme une mer! ?Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, ?Je mets à la voile; La poitrine en avant et les poumons gonflés ?Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés ?Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions ?D'un vaisseau qui souffre; Le bon vent, la tempête et ses convulsions ?Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autre fois, calme plat, grand miroir ?De mon désespoir! Quand le ciel bas et lourd, dernier et plus emblématique poème du «Spleen» baudelairien, auquel le linguiste Roman Jakobson a consacré une longue analyse structuraliste, est également profondément remanié. La puissance symbolique de sa fin doit ainsi beaucoup à la réécriture de 61: 57: Et d'anciens corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; et, l'Espoir Pleurant comme un vaincu, l'Angoisse despotique Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. 61: Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Le premier vers de La servante au grand curqu'Apollinaire, selon Cocteau, qualifiait de «vers événement» eut-il reçu cette suprême reconnaissance d'un pair, si Baudelaire avait conservé la strophe de 57: 57: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse? Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, 61: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Lorsque Baudelaire écrit à Alfred de Vigny que «Tous les anciens poèmes sont remaniés», Claude Pichois note l'exagération. En effet, 39 poèmes sur les 129 des Fleurs du mal de 1861 restent strictement conformes à ceux de l'édition de 1857. Pourtant cette affirmation même du poète souligne la profonde métamorphose que les nouvelles pièces, les nouvelles sections, la restructuration complète de l'ordre des poèmes et l'intense réécriture imposent aux Fleurs de mal de 1857. Cette «seconde édition» est véritablement l'achèvement de la grande uvre baudelairienne, comme Les Misérables de 1862 le sont duLivre des Misères annoncé en 1848, La Tentation de Saint-Antoine de 1874 de sa première version rédigée dès 1849, Le Horla publié en 1887 de La lettre d'un fou écrite en 1885 ou du premier Horla parut en 1886 dans Gil Blas. Comme, avant lui, Sade avait écrit deux Justine et, plus tard, Blanchot publiera deux Thomas l'Obscur, Baudelaire, sous un titre similaire, offre aux lecteurs deux uvres fondamentalement liées et profondément distinctes. Sans doute, comme Baudelaire, tous ces écrivains ressentirent-ils à la publication de leur uvre définitive, ce sentiment avoué par Charles à sa mère le 1er janvier 1861, son uvre nouvelle tout juste achevée: «Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien, et il restera, ce livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses.» - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles & HUGO Victor‎

Reference : 68622

(1859)

‎Théophile Gautier. Notice littéraire précédée d'une lettre de Victor Hugo‎

‎Poulet-Malassis et de Broise, Paris 1859, 11,5x18cm, relié.‎


‎| Envois de Baudelaire & Hugo : la tempétueuse rencontre littéraire de l'Albatros et de l'Homme Océan | * Édition originale, dont il n'a été tiré que 500 exemplaires. Portrait de Théophile Gautier gravé à l'eau forte par Emile Thérond en frontisipice. Importante lettre préface de Victor Hugo. Reliure en plein maroquin rouge, dos à cinq nerfs sertis de filets noirs, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à la cuve, ex-libris baudelairien de Renée Cortot encollé sur la première garde, couvertures conservées, tête dorée. Pâles rousseurs affectant les premiers et derniers feuillets, bel exemplaire parfaitement établi. Rare envoi autographe signé de Charles Baudelaire?: «?à mon ami Paul Meurice. Ch. Baudelaire.?» Un billet d'ex-dono autographe de Victor Hugo adressé à Paul Meurice à été joint à cet exemplaire par nos soins et monté sur onglet. Ce billet, qui ne fut sans doute jamais utilisé, avait été cependant préparé, avec quelques autres, par Victor Hugo pour offrir à son ami un exemplaire de ses uvres publiées à Paris, pendant son exil. Si l'histoire ne permit pas à Hugo d'adresser cet ouvrage à Meurice, ce billet d'envoi, jusqu'à lors non utilisé, ne pouvait être, selon nous, plus justement associé. Cette exceptionnelle dédicace manuscrite de Charles Baudelaire à Paul Meurice, véritable frère de substitution de Victor Hugo, porte le témoignage d'une rencontre littéraire unique entre deux des plus importants poètes français, Hugo et Baudelaire. Paul Meurice fut en effet l'intermédiaire indispensable entre le poète condamné et son illustre pair exilé, car demander à Victor Hugo d'associer leurs noms à cette élégie de Théophile Gautier fut une des grandes audaces de Charles Baudelaire et n'aurait sans doute eu aucune chance de se réaliser sans le précieux concours de Paul Meurice. Nègre de Dumas, auteur de Fanfan la Tulipe et des adaptations théâtrales de Victor Hugo, George Sand, Alexandre Dumas ou Théophile Gautier, Paul Meurice fut un écrivain de talent qui se tint dans l'ombre des grands artistes de son temps. Sa relation unique avec Victor Hugo lui conféra cependant un rôle déterminant dans l'histoire littéraire. Plus qu'un ami, Paul se substitua, avec Auguste Vacquerie, aux frères décédés de Victor Hugo?: «?j'ai perdu mes deux frères ; lui et vous, vous et lui, vous les remplacez ; seulement j'étais le cadet ; je suis devenu l'aîné, voilà toute la différence.?» C'est à ce frère de cur (dont il fut le témoin de mariage au côté d'Ingres et Dumas) que le poète en exil confia ses intérêts littéraires et financiers et c'est lui qu'il désignera, avec Auguste Vacquerie, comme exécuteur testamentaire. Après la mort du poète, Meurice fondera la maison Victor Hugo qui est, aujourd'hui encore, une des plus célèbres demeures-musées d'écrivain. En 1859, la maison de Paul est devenue l'antichambre parisienne du rocher anglo-normand de Victor Hugo, et Baudelaire s'adresse donc naturellement à cet ambassadeur officiel. Les deux hommes se connaissent assez peu mais partagent un ami commun, Théophile Gautier, avec lequel Meurice travailla dès 1842 à une adaptation de Falstaff. Il est donc l'intermédiaire idéal pour s'assurer la bienveillance de l'inaccessible Hugo. Baudelaire avait pourtant déjà brièvement rencontré Victor Hugo. à dix-neuf ans, il sollicita une entrevue avec le plus grand poète moderne, auquel il vouait un culte depuis l'enfance?: «?Je vous aime comme on aime un héros, un livre, comme on aime purement et sans intérêt toute belle chose.?». Déjà, il se rêvait en digne successeur, comme il lui avoue à demi-mot?: «?à dix-neuf ans eussiez-vous hésité à en écrire autant à [...] Chateaubriand par exemple?». Pour le jeune apprenti poète, Victor Hugo appartient au passé, et Baudelaire souhaitera rapidement s'affranchir de ce pesant modèle. Dès son premier ouvrage, Le Salon de 1845, l'iconoclaste Baudelaire éreinte son ancienne idole en déclarant la fin du Romantisme dont Hugo est le représentant absolu?: «?Voilà les dernières ruines de l'ancien romantisme [...] C'est M. Victor Hugo qui a perdu Boulanger - après en avoir perdu tant d'autres - C'est le poète qui a fait tomber le peintre dans la fosse.?» Un an plus tard, dans le Salon de 1846 il réitère son attaque plus férocement encore, destituant le maître Romantique de son trône?: «?car si ma définition du romantisme (intimité, spiritualité, etc.) place Delacroix à la tête du romantisme, elle en exclut naturellement M. Victor Hugo. [...] M. Victor Hugo, dont je ne veux certainement pas diminuer la noblesse et la majesté, est un ouvrier beaucoup plus adroit qu'inventif, un travailleur bien plus correct que créateur. [...] Trop matériel, trop attentif aux superficies de la nature, M. Victor Hugo est devenu un peintre en poésie?». Ce meurtre du père ne pouvait se réaliser pleinement sans une figure de substitution. C'est Théophile Gautier qui servira de nouveau modèle à la jeune génération, tandis que Victor Hugo, bientôt exilé, ne devait plus publier d'autres écrits que politique pendant près de dix années. Ainsi, lorsque Baudelaire adresse un exemplaire de ses Fleurs du mal à Victor Hugo, il sait qu'il lui inflige cette terrible dédicace imprimée en tête «?Au poète impeccable au parfait magicien ès Lettres françaises à mon très cher et très vénéré maître et ami Théophile Gautier?». L'animosité du jeune poète ne pouvait échapper à Victor Hugo. Et sans doute, Baudelaire ne s'attendait-il pas à la lumineuse réponse d'Hugo?: «?Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles?». Avec son article sur Théophile Gautier paru dans L'Artiste du 13 mars 1859, Baudelaire poursuit toujours le même but?: refermer la page «?Victor Hugo?» de l'histoire de la littérature française. Plus adroite et plus respectueuse que ses écrits précédents?: «?Nos voisins disent Shakespeare et Gthe, nous pouvons leur répondre Victor Hugo et Théophile Gautier?!?», la prose de Baudelaire se veut pourtant claire et définitive?: Hugo est mort, vive Gautier, «?cet écrivain que l'univers nous enviera, comme il nous envie Chateaubriand, Victor Hugo et Balzac.?» Les critiques ne s'y trompèrent pas et l'accueil de l'article fut glacial. Baudelaire eut alors l'idée folle d'associer Victor Hugo lui-même à sa propre destitution et de faire ainsi publier sous leur deux noms l'avènement d'une nouvelle ère poétique dont ce fascicule est le manifeste. De son propre aveu, l'impertinent poète avait déjà «?commis cette prodigieuse inconvenance [d'envoyer son article à Victor Hugo sur] papier imprimé sans joindre une lettre, un hommage quelconque, un témoignage de respect et de fidélité.?» Nul doute que le désir de Baudelaire fut alors d'adresser un soufflet à son aîné. L'affaire en serait sans doute restée là sans l'intervention de Paul Meurice. Il informa le fougueux poète de l'appréciation bienveillante du maître qui se serait fendu d'une lettre sans aucun doute aimable mais définitivement perdue. Apprenant cela, Baudelaire rédige à son tour une lettre à Victor Hugo d'une incroyable audace et sincérité?: «?Monsieur, J'ai le plus grand besoin de vous, et j'invoque votre bonté. Il y a quelques mois, j'ai fait sur mon ami Théophile Gautier un assez long article qui a soulevé un tel éclat de rire parmi les imbéciles, que j'ai jugé bon d'en faire une petite brochure, ne fût-ce que pour prouver que je ne me repens jamais. J'avais prié les gens du journal de vous expédier un numéro. J'ignore si vous l'avez reçu ; mais j'ai appris par notre ami commun, M. Paul Meurice, que vous aviez eu la bonté de m'écrire une lettre, laquelle n'a pas encore pu être retrouvée?». Sans fard, il expose ses intentions, ne niant ni l'impertinence de son article, ni la raison profonde de sa demande?: «?J'ai voulu surtout ramener la pensée du lecteur vers cette merveilleuse époque littéraire dont vous fûtes le véritable roi et qui vit dans mon esprit comme un délicieux souvenir d'enfance. [...] J'ai besoin de vous. J'ai besoin d'une voix plus haute que la mienne et que celle de Théophile Gautier, de votre voix dictatoriale. Je veux être protégé. J'imprimerai humblement ce que vous daignerez m'écrire. Ne vous gênez pas, je vous en supplie. Si vous trouvez, dans ces épreuves, quelque chose à blâmer, sachez que je montrerai votre blâme docilement, mais sans trop de honte. Une critique de vous, n'est-ce pas encore une caresse, puisque c'est un honneur???» Il n'épargne pas même Gautier, «?dont le nom a servi de prétexte à mes considérations critiques, je puis vous avouer confidentiellement que je connais les lacunes de son étonnant esprit?». C'est naturellement à Paul Meurice qu'il confie sa «?lourde missive?». Ne doutant pas d'une réponse positive, «?la lettre de Hugo viendra sans doute mardi, et magnifique je le crois?» (lettre à Poulet-Malassis, le 25 septembre 1859), Baudelaire apporte un soin particulier à la mise en valeur du prestigieux préfacier dont le nom sera imprimé dans la même taille de police que le sien. Pourtant la lettre tarde à arriver et c'est encore auprès de Meurice que se plaint Baudelaire?: «?Il est évident que si une raison quelconque empêchait M. Hugo de répondre à mon désir, il me l'aurait fait savoir. Je dois donc supposer un accident.?» (Lettre à Paul Meurice du 5 octobre 1859). En effet, Victor Hugo a bien envoyé sa réponse-préface, elle arrive peu après et Baudelaire la fait intégralement imprimer en tête de son Théophile Gautier. Il ne s'agit pourtant pas d'une simple préface, mais d'une véritable riposte, rédigée avec toute l'élégance du maître. Hugo ne se contente pas des lourds attributs que lui prête Baudelaire qui, dans ce même ouvrage, qualifie ainsi le poète des Contemplations?: «?Victor Hugo, grand, terrible, immense comme une création mythique, cyclopéen, pour ainsi dire, représente les forces énormes de la nature et leur lutte harmonieuse.?» Au manifeste de Baudelaire?: «?Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l'aspiration humaine vers une Beauté supérieure. [...] Si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique (..) La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de déchéance, s'assimiler à la science ou à la morale ; elle n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même.?» Hugo oppose ses propres préceptes?: «?Vous ne vous trompez pas en prévoyant quelque dissidence entre vous et moi. [...] Je n'ai jamais dit l'Art pour l'Art ; j'ai toujours dit l'Art pour le Progrès. [...] Le poète ne peut aller seul, il faut que l'homme aussi se déplace. Les pas de l'Humanité sont donc les pas même de l'Art.?» N'en déplaise à Baudelaire, l'écrivain qu'il rangeait dans les «?délicieux souvenirs d'enfance?» est loin d'avoir achevé son uvre immense. C'est dans ce petit fascicule de l'un de ses féroces adversaires, qu'il annonce la voie de son écriture à venir?: La Légende des siècles, qui doit paraître ce même mois, et surtout trois ans plus tard, Les Misérables, la plus importante fresque sociale et humaniste de la littérature mondiale. Baudelaire adressa des exemplaires dédicacés de son Gautier aux artistes qu'il admirait dont Flaubert, Manet ou Leconte de Lisle, preuve de l'importance qu'il accordait à cette profession de foi esthétique. Malgré sa si précieuse collaboration, Victor Hugo reçut une lettre de remerciements mais aucun exemplaire dédicacé de «?leur?» opuscule. Cependant, une récente étude à la lumière noire a permis de déceler un envoi à son intention «?en témoignage d'admiration?» gratté puis recouvert d'une dédicace palimpseste à M. Gélis. Ce repentir est symbolique de la relation d'amour-haine qu'entretiendront les deux poètes leurs vies durant. C'est donc à travers cet exemplaire offert à «?[s]on ami Paul Meurice» que Baudelaire choisit de remercier le clan Hugo de cette exceptionnelle rencontre littéraire. Le Théophile Gautier de Baudelaire et Hugo est donc, sous son apparente modestie, un double manifeste des deux grands courants de la poésie?: «?L'Albatros?» de Baudelaire, contre l'«?Ultima verba?» de Hugo. Tandis que «?les ailes de géants [du premier] l'empêchent de marcher?», le second «?reste proscrit, voulant rester debout?». Et s'il n'en reste que deux, ce seront ces deux-là?! Provenance?: Paul Meurice, puis Alfred et Renée Cortot. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 65117

(1859)

‎Lettre autographe signée à Poulet-Malassis à propos de Sainte-Beuve : « voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller»‎

‎Honfleur 28 février 1859, 13,1x20,5cm, 3 pages sur un feuillet remplié.‎


‎Précieuse lettre autographe signée de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, éditeur des Fleurs du Mal, datée du 28 février 1859 et écrite à Honfleur. 64 lignes à l'encre noire, quelques passages soulignés, présentée sous une chemise en demi-maroquin noir moderne. Baudelaire semble obsédé par «?l'affaire Sainte-Beuve/Babou?». Il s'agit d'une des innombrables querelles qui suivirent le procès des Fleurs du Mal, dans laquelle l'écrivain Hippolyte Babou accuse Sainte-Beuve de ne pas avoir pris la défense de Baudelaire lors du procès. Des passages de cette lettre furent cités par Marcel Proust dans son célèbre Contre Sainte-Beuve, déplorant la lâcheté de Sainte-Beuve dans l'affaire du procès des Fleurs du Mal et l'attachement immérité que Baudelaire portait à l'écrivain. Le poète écrit à son éditeur de Honfleur, où il s'est retiré depuis janvier auprès de sa mère, figure sacrée «?qui hante le cur et l'esprit de son fils?». La lettre est écrite huit jours après un autre rebondissement dans l'affaire du procès des Fleurs du mal. Baudelaire, en proie à des sentiments complexes, se confie à Malassis alors que le 20 janvier, son ami Hippolyte Babou avait attaqué Sainte-Beuve dans un article de La Revue française. Il l'accusait de ne pas avoir défendu Baudelaire lors du procès du recueil?: «?Il glorifiera Fanny [d'Ernest Feydeau], l'honnête homme, et gardera le silence sur Les Fleurs du Mal?» écrivit-il. Car malgré les prières de Baudelaire, Sainte-Beuve n'avait finalement jamais publié d'article défendant Les Fleurs du Mal. à la suite de cette attaque de Babou, Baudelaire reçut une «?lettre épouvantable?» de Sainte-Beuve?: «?Il paraît que le coup [...] avait frappé vivement [Sainte-Beuve]. Je dois lui rendre cette justice qu'il n'a pas cru que je puisse insinuer de telles choses à Babou?». Bien qu'indigné par de telles accusations, Sainte-Beuve n'en tint pas Baudelaire responsable. La virulence dont fait preuve Sainte Beuve étonne Baudelaire, qui déclare à Poulet-Malassis?: «?Décidément, voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller [...] Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que c'est que la lettre de Sainte-Beuve. Il paraît que depuis douze ans il notait tous les signes de malveillance de Babou?». Baudelaire assiste, impuissant, à la querelle entre deux hommes estimés, et témoigne surtout de son attachement à Sainte-Beuve, qui est mis en danger par l'article de Babou?: «?Ou Babou a voulu m'être utile (ce qui implique un certain degré de stupidité), ou il a voulu me faire une niche; ou il a voulu, sans s'inquiéter de mes intérêts, poursuivre une rancune mystérieuse?». Baudelaire vouait en effet une admiration sans bornes à «?l'oncle Beuve?», sénateur, académicien et maître incontesté de la critique, dont l'avis faisait loi dans les cénacles littéraires parisiens. Il guettait depuis des années un encouragement officiel de Sainte-Beuve, qui aurait conforté sa carrière chancelante, entachée par le scandale des Fleurs du Mal. Le poète se trouve donc tiraillé entre sa vénération pour Sainte-Beuve et son amitié de longue date pour Hippolyte Babou - qui, selon la légende, lui aurait suggéré le titre Les Fleurs du Mal. Il confie son désarroi à Poulet-Malassis?: «?Ce qu'il y avait de dangereux pour moi là-dedans, c'est que Babou avait l'air de me défendre contre quelqu'un qui m'a rendu une foule de services?». On peut se demander à quels services Baudelaire pouvait faire référence, sachant que Sainte-Beuve fit en somme assez peu pour sa carrière. Cette lettre fut citée dans le Contre Sainte-Beuve, célèbre et terrible réquisitoire de Marcel Proust publié à titre posthume en 1954. Proust y accuse Sainte-Beuve de méconnaître l'incontestable génie poétique de Baudelaire, et souligne sa lâcheté durant le procès des Fleurs du Mal. En effet, afin de protéger ses fonctions sénatoriales, Sainte-Beuve n'avait rien écrit en faveur de Baudelaire à l'exception d'un «?plan de défense dont l'avocat était autorisé à se servir, mais sans nommer Sainte-Beuve?». Presque deux ans après le verdict, le désastreux procès des Fleurs du Mal continue de hanter Baudelaire, qui vit encore dans l'angoisse de la critique, très sévère à son égard?: «?Voyez donc comme cette affaire Babou peut m'être désagréable, surtout si on la rapproche de cet ignoble article du Figaro, où il était dit?: que je passais ma vie à me moquer des chefs du romantisme, à qui je devais tout d'ailleurs?». Cet article du Figaro, paru le 6 juin 1858, l'accusait ironiquement de n'être qu'un personnage échappé d'un roman de Théophile Gautier évoluant dans la réalité sous le pseudonyme de Charles Baudelaire. Baudelaire entretient également Poulet-Malassis des affaires d'argent qu'il avait vainement tenté d'oublier en rendant visite à sa mère, et lui réclame une avance supplémentaire?: «?je n'ai pas encore eu de nouvelles de vos 1035 francs.?». Sa lettre s'achève sur un long post-scriptum concernant Théophile Gautier, sur lequel Baudelaire écrit un article. Arsène Houssaye, directeur du journal l'Artiste, exigeait une relecture préalable de l'article par Gautier avant de publier?: «?Et les uns veulent communiquer les épreuves à Gautier, et les autres veulent attendre son retour fin avril?! Lui [Théophile Gautier], avant de partir, m'a dit qu'il se reposait de tout sur moi.?» Après Sainte-Beuve, il témoigne à nouveau d'une amitié littéraire marquante de sa vie, et se targue de la confiance que lui accorde Théophile Gautier qui se trouvait alors en Russie. Le soutien de ces grandes figures du Paris littéraire encourage Baudelaire, assailli par la misère et les scandales, à poursuivre son cheminement poétique qui aboutira un an plus tard au recueil Les Paradis artificiels. Exceptionnelle confession de Baudelaire à son éditeur, dans la tourmente suivant le procès de son plus célèbre recueil. Baudelaire réunit dans cette lettre deux de ses plus grandes influences littéraires, Sainte-Beuve et Théophile Gautier, le «?poète impeccable?» à qui il avait dédié ses scandaleuses Fleurs du Mal. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 59356

(1864)

‎Lettre autographe signée adressée à sa mère par un Baudelaire crépusculaire : «L'état de dégoût où je suis me fait trouver toute chose encore plus mauvaise.»‎

‎Biponti (Aux deux ponts) Dimanche matin 14 [août 1864], 13,4x20,6cm, 3 pages sur un feuillet remplié.‎


‎Lettre autographe signée, en partie inédite, rédigée à l'encre noire, adressée à sa mère et datée du «?dimanche matin 14?». Quelques soulignements, biffures et corrections de l'auteur. Ancienne collection Armand Godoy, n°188. Baudelaire crépusculaire?: «?L'état de dégoût où je suis me fait trouver toute chose encore plus mauvaise.?» Attiré par la promesse d'une glorieuse renommée, Baudelaire se rend en Belgique en avril 1864 pour quelques conférences et l'espoir d'une rencontre fructueuse avec les éditeurs des Misérables, Lacroix et Verboeckhoven. Ceux-ci ne se déplaceront pas, les conférences seront un échec et Baudelaire nourrira contre la «?Pauvre Belgique?» une rancur démesurée. Pourtant, malgré les multiples sollicitations de retour, le poète passera le reste de ses jours dans ce pays honni, menant une vie de bohème mélancolique. Hormis quelques courts séjours à Paris, Baudelaire ne rentrera en France que le 29 juin 1866 - terrassé par une attaque cérébrale qui le laisse hémiplégique - pour une dernière année d'agonie silencieuse en maison de santé. Rédigée seulement quelques mois après son arrivée à Bruxelles et ses premières déceptions, cette lettre laisse transparaître tous les principes de la mystérieuse haine passionnelle qui retiendra définitivement le poète en Belgique. Durant ses dernières années françaises, éreinté par le procès des Fleurs du Mal, humilié par le refus de sa candidature à l'Académie, orphelin littéraire après la faillite de Poulet-Malassis et auteur déshérité par la vente des droits de ses traductions à Michel Lévy, Baudelaire est surtout très affecté sentimentalement par la déchéance inéluctable de Jeanne Duval, son éternel amour, alors que s'est tarie sa passion pour la Présidente, dont la poétique perfection n'a pas résisté au prosaïsme de la possession physique. Aussi, le 24 avril 1864, décide-t-il de fuir ces «?amours décomposés?» dont il n'a su «?garder la forme et l'essence divine?». La Belgique, ce très jeune pays qui semble né d'une révolution romantique francophone contre le joug financier hollandais, s'offre fantasmatiquement aux yeux du poète comme le lieu d'une possible reconnaissance de sa propre modernité. Page vierge sur laquelle il voudrait imprimer la puissance de sa langue en affirmant son indépendance économique, le plat pays est un miroir sur lequel Baudelaire projette son puissant idéal mais qui lui renverra plus violemment encore le spleen de ses ultimes désillusions. Publiée dans la Revue de Paris de novembre 1917, amputée du délicat paragraphe sur ses lavements froids, cette lettre emblématique évoque tous les travaux poétiques, littéraires, artistiques et pamphlétaires de Baudelaire?: d'abord à travers la figure tutélaire et rassurante de l'éditeur des Fleurs du Mal, Poulet-Malassis?: «?Si je ne demeurais pas si loin de lui, je crois vraiment que je lui paierais une pension pour manger chez lui?»; puis par l'évocation concrète de la «?valeur vénale?» de ses Curiosités esthétiques?: «?tous ces articles que j'ai si douloureusement écrits sur la peinture et la poésie?». Baudelaire confie ensuite à sa mère les espoirs de publication de ses dernières traductions de Poe qui, à son grand dam, «?ne paraissent pas à L'Opinion, à la Vie Parisienne, au Monde illustré?». Il conclut enfin sur ses Lettres belges, dont Jules Hetzel lui fait annoncer qu'après négociation avec le Figaro, «?[s]es lettres sont acceptées avec joie?». Cependant, souligne littéralement Baudelaire, celles-ci sont «?à ne publier que quand je serai revenu en France?». Leitmotiv de sa correspondance belge, ce retour en France sans cesse imminent?: «?Décidément, je crois que j'irai à Paris jeudi?» et sans cesse repoussé («?je retarde mon voyage à Paris jusqu'à la fin du mois?», corrige-t-il, huit jours plus tard), semble exciter la férocité du poète contre ses nouveaux concitoyens auprès desquels il se plaît à répandre lui-même les pires rumeurs le concernant (espionnage, parricide, anthropophagie, pédérastie et autres activités licencieuses?: «?Exaspéré d'être toujours cru, j'ai répandu le bruit que j'avais tué mon père, et que je l'avais mangé [...] et on m'a cru?! Je nage dans le déshonneur comme un poisson dans l'eau.?» - Pauvre Belgique, in uvres complètes, II p.855) Cette tentative éminemment poétique d'explorer les profondeurs du désespoir, en s'abreuvant de haine, est peut-être plus lumineuse encore à travers le partage de ses déboires gustatifs, avec cette «?très chère mère?», unique figure nourricière qui, elle, lui offre «?plus qu['il] n'attendai[t]?». Mise en regard avec certaines des plus belles pages des Fleurs du Mal, cette attention excessive aux misères de son palais, révèlent bien plus qu'un exercice de critique gastronomique. Il n'est ainsi pas innocent que Baudelaire entame ses récriminations par un rejet exhaustif de toute nourriture à une notable exception?: «?Tout est mauvais excepté le vin.?» L'assertion n'est évidemment pas sans faire écho à la «?végétale ambroisie?», élixir consacré dans tant de poèmes et surtout compagnon d'abjection qui noie le crime sublime du poète?: «?Nul ne peut me comprendre. Un seul / Parmi ces ivrognes stupides / Songea-t-il dans ses nuits morbides / À faire du vin un linceul???» «?Le pain est mauvais?». Si le vin est l'âme incorruptible du poète, le pain, ici souligné par l'auteur, est sa chair innocente et meurtrie. «?Dans le pain et le vin destinés à sa bouche / Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats?», comme dans Bénédiction, c'est le poète-enfant qui partout «?dans l'hôtel, le restaurant, la taverne à l'anglaise?», souffre de l'impossible communion élémentaire et offre ainsi à sa mère le spectacle d'une misère plus symbolique encore. L'homme, cependant, est toujours présent et ses désirs charnels sont tapis sous la misère de sa condition?: «?La viande n'est pas mauvaise par elle-même. Elle devient mauvaise par la manière dont elle est cuite.?» Comment, derrière le prosaïsme de ce jugement culinaire, ne pas reconnaitre la plus constante des métaphores baudelairiennes, traversant l'uvre du poète - Une charogne, À celle qui est trop gaie, Une martyre, Femmes damnées... - le corps féminin transfiguré par la mort?? «?Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint.?» «?Les gens qui vivent chez eux vivent moins mal?», enchaîne-t-il, mais Baudelaire ne souhaite pas le confort, et ses plaintes ne sont que l'expression de la corrélation parfaite entre sa condition physique et cet ultime expérience poétique. Car la Belgique n'est, bien entendu, pas réellement en cause, mais ce n'est qu'à sa mère que Baudelaire peut en faire l'émouvant et rare aveu?: «?Je dois dire du reste que l'état de dégoût où je suis me fait trouver toute chose encore plus mauvaise.?» En effet, toute la violence qu'il déchaînera contre ces frères maudits n'est que l'écho d'une rancur plus ancienne qui, en 1863, rongeait son «?cur mis à nu?». Déjà, aux récriminations de sa mère découvrant les notes de son fils, Baudelaire répondait, le 5 juin?: «?Eh bien?! oui, ce livre tant rêvé sera un livre de rancunes. [...] Je tournerai contre la France entière mon réel talent d'impertinence. J'ai un besoin de vengeance comme un homme fatigué a besoin d'un bain.?» Les «?lavements froids avec laudanum?» de Belgique seront ce bain du poète fatigué qui trouvera ici l'occasion de combattre par une colère sublime, ce «?dégoût?» existentiel. Au détour d'un paragraphe - celui-là même qui fut amputé par la Revue Française - Baudelaire l'attribue, sans la nommer, à la syphilis?: «?Ce qu'il y a d'insupportable dans ces affections d'intestins et d'estomac, c'est la faiblesse physique et la tristesse d'esprit qui en résulte.?» L'inquiétude immédiate de Madame Aupick à la suite de ces confidences trop abruptes, incite Baudelaire à lui mentir désormais sur son réel état de santé, qui ne cessera pourtant de se dégrader. Ainsi dès la lettre suivante?: «?J'ai eu le plus grand tort de te parler de ma santé belge, puisque cela t'a tellement émue. [...] D'une manière générale, j'ai une excellente santé [...] Que je souffre de quelques petites infirmités [...] qu'importe?? C'est le lot commun. Quant à ce désagrément, je te répète que j'ai vu d'autres Français pris comme moi, et ne pouvant pas s'accoutumer à ce vilain climat. [...] D'ailleurs, j'ai peu de temps à rester.?» Superbe lettre autographe du fils à sa mère révélant, à demi-mot, les raisons poétiques de son ultime exil volontaire, miroir inversé du premier périple forcé de sa jeunesse à l'archipel des Mascareignes, les deux seuls voyages de l'écrivain. Si le jeune homme put, on ne sait comment, s'échapper de la lointaine île Bourbon, le vieux poète n'osera plus quitter la si proche Belgique et cette lettre mélancolique augure un crépuscule en Mer du Nord aussi sombre que fut lumineuse l'initiatique traversée des Mers du Sud. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 65388

(1857)

‎Les Fleurs du mal‎

‎Poulet-Malassis & de Broise, Paris 1857, 12,1x18,8cm, relié sous étui.‎


‎Édition originale, imprimée sur vélin d'Angoulême, avec les coquilles habituelles et comportant les six poèmes condamnés, un des quelques exemplaires remis à l'auteur et «?destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires?». Reliure en plein maroquin émeraude, dos janséniste à quatre nerfs, contreplats doublés de maroquin grenat encadrés d'un filet doré, gardes de soie dorée brochée à motifs de fleurs stylisées japonisantes, les suivantes en papier à la cuve, couvertures dite de troisième état (comportant deux restaurations marginales au second plat) et dos conservés, toutes tranches dorées sur témoins, étui bordé de maroquin. Reliure signée de Marius Michel. Précieux exemplaire enrichi d'un envoi autographe signé de l'auteur au crayon sur la page de faux-titre?: «?à M. Tenré fils, souvenir de bonne camaraderie, Ch. Baudelaire?» et de trois corrections autographes, au crayon pages 29 et 110 et à l'encre page 43. Exceptionnelle dédicace à un ami d'enfance, banquier et intellectuel, un des rares envois d'époque qui ne soient pas motivés par les nécessités judiciaires ou par les intérêts éditoriaux. En effet, même les quelques exemplaires sur hollande furent en grande partie consacrés à des offrandes stratégiques afin de contrer ou d'atténuer les foudres de la justice qui, en juin 1857, n'a pas encore rendu son jugement. Poulet-Malassis en gardera un souvenir amer?: «?Baudelaire a mis la main sur tous les exemplaires papier fort et les a adressés comme moyens de corruption à des personnages plus ou moins influents. Puisqu'ils ne l'ont pas tiré d'affaire, je crois qu'il ferait bien de les leur redemander.?» La correspondance de Baudelaire permet de cerner assez précisément les différents types de dédicaces que fit le poète à la parution de son recueil. Il adresse lui-même une liste à de Broise pour mentionner les dédicataires des envois de presse, principalement de possibles intercesseurs judiciaires et des critiques littéraires influents. Le poète requiert ensuite «?vingt-cinq [exemplaires] sur papier ordinaire, destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires?». Une lettre à sa mère nous apprend qu'il n'en a obtenu que vingt. Quelques-uns furent adressés dès juin 1857 à ses amis, dont celui de Louis-Ludovic Tenré. D'autres furent conservés par le poète ou offerts tardivement comme ceux d'Achille Bourdilliat et Jules de Saint-Félix. Si Tenré, cet ami d'enfance que Baudelaire vient de retrouver en décembre 1856, est honoré, dès la publication des Fleurs du Mal, d'un des rares exemplaires personnels du poète, soigneusement corrigé des trois coquilles qu'il a immédiatement repérées, ce n'est pas en considération d'un service rendu ou en vue d'un bénéfice immédiat. Cependant, comme toujours chez Baudelaire, ce n'est pas non plus en simple «?souvenir de bonne camaraderie?» qu'il adresse son uvre maîtresse à ce compagnon de pension du collège Louis-le-Grand. Dès 1848, Louis-Ludovic Tenré a pris la succession de son père, l'éditeur Louis Tenré qui, à l'instar de quelques autres grands éditeurs, s'est reconverti dans l'investissement, le prêt et l'escompte exclusivement adressé aux métiers du livre. Ces libraires banquiers ont joué un rôle essentiel dans la fragile économie de l'édition et ont contribué à l'extrême diversité de la production littéraire du XIXè siècle, soutenant l'activité de petits mais audacieux éditeurs et en liquidant d'autres à grand fracas judiciaires. En décembre 1856, Baudelaire annonce à Poulet-Malassis qu'il a déposé chez cet «?ancien camarade de collège?» un billet à ordre périmé que Tenré, par amitié, a bien voulu accepter. Il s'agit justement du premier acompte pour «?le tirage à mille exemplaires [d'un recueil] de vers intitulé Les Fleurs du Mal?». Avec cet exemplaire tout juste sorti des presses, Baudelaire offre ainsi à Tenré le précieux fruit du travail escompté par son nouveau banquier. C'est le début d'une longue relation financière. Parmi tous les créanciers de Baudelaire, Louis-Ludovic Tenré sera le plus favorable au poète et le seul auquel soit adressée une uvre dédicacée. Dans son ouvrage Les Patrons du Second Empire, banquiers et financiers parisiens, Nicolas Stokopf consacre un chapitre à Louis-Ludovic Tenré et évoque la relation privilégiée entre le poète et ce financier atypique et érudit, consul du Paraguay et spécialiste de l'Amérique latine, également auteur d'un important ouvrage Les états américains publié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1867 dont il était un des commissaires. Même les innombrables aléas financiers du poète ne terniront jamais durablement leur entente. La confiance que lui accorde ce fils d'éditeur n'est pas étrangère à son intérêt pour la littérature comme en témoigne l'excellent état de conservation de l'exemplaire que lui offre Baudelaire. Cité à de nombreuses reprises dans sa correspondance, et dans son «?carnet?» - sorte d'agenda poétique rédigé entre 1861 et 1863 - Louis-Ludovic Tenré devient rapidement le principal interlocuteur financier du poète dont la vie est pourtant marquée par la crainte de ses créanciers. «?Il y a une formidable incohérence entre l'intelligence éblouissante de Baudelaire et le chaos de sa vie matérielle. Il passe son temps dans sa correspondance à courir après l'argent, ses lettres ne parlent presque que de cela. Il est incapable de gérer un budget de 200 francs par mois et fait des dettes partout, alors qu'il n'en a pas le droit, puisqu'il est sous tutelle. Pire encore?: sa rente lui sert uniquement à payer les intérêts des emprunts qu'il contracte à des taux très élevés. C'est le cercle vicieux?: il creuse lui-même son propre gouffre financier.?» (Baudelaire, Marie-Christine Natta) Les exemplaires des Fleurs du Mal de 1857 dédicacés comptent parmi les plus prestigieuses pièces bibliophiliques et occupent depuis longtemps une place de choix dans les grandes collections privées (Marquis Du Bourg de Bozas, Jacques Doucet, Sacha Guitry, Pierre Berès, Colonel Sickles, Pierre Bergé, Bernard Loliée, Pierre Leroy, Jean Bonna...). L'importance capitale de cette uvre dans l'histoire littéraire, bien au-delà de la francophonie, autant que l'histoire particulière de sa publication, ont contribué à l'intérêt porté très tôt à l'édition originale et plus encore aux rares exemplaires offerts par l'auteur. En 1860, lors de la vente à l'encan de tous les biens de Custine, mort en août 1857, il était encore fait peu de cas des poésies d'un poète graveleux dédicacées à un écrivain de mauvaises murs. Mais, en 1865, Baudelaire lui-même constate que «?depuis deux ans on demande partout [Les Fleurs du Mal], et dans les ventes, elles se vendent même assez cher?». Et déjà en 1873 et 1874, les ventes des bibliothèques de Gautier et de Daumier mentionnent leurs précieux exemplaires et «?l'ex-dono autographe?» dont ils sont ornés. Dès lors, les exemplaires dédicacés sont décrits et référencés, ce qui a permis aux bibliographes de dénombrer et d'attribuer 55 exemplaires de la première édition des Fleurs du Mal enrichis d'un envoi de Baudelaire. Parmi ceux-ci, certains ont été détruits (comme celui de Mérimée, lors de l'incendie de sa maison), d'autres ne sont attestés que par la correspondance du dédicataire, mais ne furent jamais connus (notamment les exemplaires de Flaubert, Deschamps, Custine et Molènes), plusieurs d'entre eux ne firent qu'une brève apparition au XIXè siècle avant de disparaitre (on compte parmi eux les exemplaires de Honoré Daumier, Louis Ulbach et Champfleury). Enfin, quelques grandes institutions internationales, bibliothèques et musées en acquirent très tôt pour leur collections (dont ceux de Saint-Victor, Le Maréchal, Nadar, Pincebourde...). Depuis la Seconde Guerre mondiale, seule une trentaine d'exemplaires des Fleurs du Mal comportant une dédicace de Baudelaire est apparue en bibliothèque, vente publique ou catalogue de libraire, faisant chaque fois l'objet d'une attention particulière de tous les professionnels, institutions internationales et bibliophiles avertis. Parfaitement établi, avec ses couvertures, dans une reliure janséniste par un des grands relieurs de la fin du XIXè siècle, le très bel exemplaire de Louis-Ludovic Tenré, un des vingt réservés à l'auteur, enrichi des précieuses corrections autographes et offert par Baudelaire dès la parution, apparaît comme un remarquable témoin des conditions particulières de la parution de cette uvre mythique. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎(BAUDELAIRE Charles) NADAR Félix Tournachon dit‎

Reference : 74488

(1862)

‎Photographie de Charles Baudelaire les mains dans les poches : "Vu de face, il paraît plus souffrant et plus triste qu'à la précédente épreuve."‎

‎Nadar, Paris 1862, Photographie : 5,1x8,5cm / Carton : 6,3x10,3cm, une photographie.‎


‎Rarissime photographie originale représentant Charles Baudelaire sur papier albuminé, tirage d'époque au format carte de visite, contrecollée sur un carton de l'atelier Nadar 35 boulevart (sic) des Capucines?: «?Portrait photographique à nous communiqué par Nadar. Fait le même jour que le précédent, mêmes dimensions avec même costume. Le gilet est toujours déboutonné, mais Baudelaire cache ses mains dans les poches de son pantalon. Vu de face, il paraît plus souffrant et plus triste qu'à la précédente épreuve.?» (Ourousof, 1896) «?Autre carte de visite du même jour que le n°4.1 précédent [...] un tirage d'époque albuminé se trouve dans les collections du Musée d'Orsay (Provenance?: collection Braive puis collection Marie-Thérèse et André Jammes, 1991, acquis par les Musées Nationaux avec le concours du fonds du Patrimoine [...] musée d'Orsay, fiche 39389)?» (S. Plantureux, Charles Baudelaire ou le Rêve d'un curieux). Ce cliché, réalisé en 1862, a été commercialisé entre 1862 et 1871, comme en témoigne l'adresse du photographe au dos du carton. Seules deux poses de Baudelaire semblent avoir été retenues lors de cette séance. «?S'il est permis à la photographie de suppléer l'art dans quelques-unes de ses fonctions, elle l'aura bientôt supplanté ou corrompu tout à fait, grâce à l'alliance naturelle qu'elle trouvera dans la sottise de la multitude?» écrivait Charles Baudelaire dans le Salon de 1859. On ne connaît que quinze portraits photographiques différents de Baudelaire, réalisés entre 1855 et 1866 (trois séances chez Nadar, trois chez Carjat et une chez Neyt), dont il ne subsiste pour certains qu'un seul exemplaire. Baudelaire et Nadar se rencontrèrent en 1843 et leur amitié perdura jusqu'à la mort du poète en 1867. Le photographe réalisa au total sept portraits de son ami entre 1855 et 1862. Les deux hommes, plein d'admiration l'un pour l'autre, se rendirent d'émouvants hommages dans leurs uvres respectives?: Baudelaire dédia «?Le rêve d'un curieux?» (in Les Fleurs du mal) au portraitiste qui lui consacra pour sa part, outre des caricatures et des portraits photographiques, un ouvrage sans fard intitulé Charles Baudelaire intime?: le poète vierge (1911). Rarissime et bel exemplaire de cette photographie peu connue de Baudelaire par le photographe français le plus important du XIXè siècle. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 62164

(1858)

‎Lettre autographe signée adressée à sa mère : «Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise.»‎

‎[Paris] 13 [juillet] 1858 (mal datée « juin »), 13,3x20,6cm, 2 pages sur un feuillet remplié.‎


‎Lettre autographe signée de Charles Baudelaire, rédigée au crayon de papier, adressée à sa mère. Papier en-tête à tampon sec du Grand Hôtel Voltaire, Faubourg Saint-Germain. Adresse de Madame Aupick à Honfleur (Calvados) de la main de l'auteur ainsi que plusieurs tampons postaux en dates des 13 et 14 juillet 1858. Quelques soulignements, biffures et corrections de l'auteur. Trace de sceau de cire avec initiales de Charles Baudelaire au crayon, probablement de la main de l'auteur. Un morceau de papier du second feuillet a été amputé, sans atteinte au texte. Cette lettre a été publiée pour la première fois dans la Revue de Paris le 15 septembre 1917. Ancienne collection Armand Godoy, n°102. Précieux document, témoignage d'un moment décisif de la vie du poète?: la réconciliation avec la désormais veuve Aupick, cette mère sacrée «?qui hante le cur et l'esprit de son fils?». Baudelaire, victorieux, a surmonté l'obstacle que représentait l'encombrant beau-père, dont il a même souhaité la mort?: il est prêt à reprendre sa place auprès de sa mère dont il s'est souvent senti délaissé. Après le décès de son mari en avril 1857, cette dernière invite son fils à venir vivre à ses côtés dans sa «?maison-joujou?» de Honfleur. Cette lettre nous montre un Baudelaire en proie à des sentiments complexes?: déchiré entre son aspiration à un idéal fusionnel et son inexorable attraction vers le spleen. Pour le «?bas bohème?» (comme l'appellent les Goncourt) harcelé par les créanciers, Honfleur et l'attention exclusive de sa mère, sont les promesses de l'accomplissement de sa destinée poétique. C'est en ces termes que le poète fait part de cet espoir à ses amis, notamment Antoine Jaquotot (d'ailleurs cité à la fin de la lettre que nous proposons)?: «?Je veux décidément mener cette vie de retraite que mène un de mes amis, [...] qui, par la vie commune qu'il entretient avec sa mère a trouvé un repos d'esprit suffisant pour accomplir récemment une fort belle uvre et devenir célèbre d'un seul coup.?» (20 février 1858) «?Tu vas, dans peu de jours, recevoir le commencement de mon déménagement [...]. Ce seront d'abord des livres - tu les rangeras proprement dans la chambre que tu me destines.?» Avec ses livres, il confie à sa mère le soin de lui composer un univers de création idéal. Mais en marge de ses promesses et espoirs d'une vie enfin paisible et sereine, Baudelaire laisse transparaître son attachement à sa vie de poète maudit?: «?Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise.?» Au-delà de ses «?nouveaux embarras d'argent?» c'est bien son uvre qui le retient à la capitale?: «?Si mon premier morceau à la Revue contemporaine a été retardé, c'est uniquement parce que je l'ai voulu; j'ai voulu revoir, relire, recommencer et corriger.?» Le «?premier morceau?» évoqué par Baudelaire n'est autre «?De l'Idéal artificiel, le Haschisch?», premier texte des Paradis artificiels à venir (1860), qui ne paraîtra que dans le numéro du 30 septembre 1858 de la revue. Ce passage de la lettre, montrant l'acharnement perfectionniste de Baudelaire, rappelle la complexité tentaculaire des brouillons et épreuves du poète qui, jusqu'au dernier instant (jusque sur les premiers exemplaires de ses Fleurs du Mal, voir notre exemplaire), n'a de cesse de le corriger méticuleusement. En dépit de ses problèmes financiers, le poète corrige et modifie sans relâche, ne pouvant alors proposer qu'un nombre d'articles très restreint. Pourtant Baudelaire croit plus que jamais à son enrichissement par l'écriture et promet: «?Cette fois-ci je m'en tirerai à moi tout seul, sans emprunter un sol.?» Baudelaire ne quittera finalement Paris pour Honfleur qu'en janvier 1859 et n'y restera pas. Au bout de quelques semaines, il s'ennuiera de l'effervescence parisienne et surtout de Jeanne Duval qui le réclame?: il quitte sa mère pour son amante et regagne sa Babylone, inexorablement attiré par le spleen. Il n'effectuera alors plus que de brefs séjours à Honfleur jusqu'à son exil pour la Belgique, mais ces parenthèses normandes, loin des tentations de la capitale, sont des plus profitables pour le poète?: «?Les séjours à Honfleur durant l'hiver et au printemps correspondent à une étonnante période de fécondité et à un état physiologique relativement satisfaisant. [...] C'est le second apogée de sa vie créatrice, le premier devant être situé entre 1842 et 1846.?» (Claude Pichois & Jean Ziegler, Baudelaire, p. 385) C'est en effet auprès de sa mère que le poète raccommode ses Fleurs du Mal?: il rééquilibre le recueil en compensant la disparition des pièces condamnées par la composition de plusieurs «?Fleurs?» nouvelles. Il offre ainsi à ses lecteurs son monumental «?Voyage?», mais aussi «?L'albatros?» ou encore «?La chevelure?». À travers cette émouvante annonce d'un retour au bercail, le poète redevient pour un temps l'enfant prodigue promettant à sa «?chère petite mère?» de mériter son affection «?Il faut des miracles et je les ferai?» et clamant sa nécessité vitale d'exister à ses yeux?: «?Seulement, admire-moi?!?» - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE (Charles).‎

Reference : 24302

‎Richard Wagner et Tannhäuser à Paris. ‎

‎Paris, E. Dentu [impr. L. Tinterlin et Cie], 1861, in-12 (17,2 x 11,5 cm), relié demi basane verte, dos à 5 nerfs rehaussés de filets doré et de double filets de part en part (reliure de l'époque), 70 p., (1) f. blanc. Edition originale. Sur le faux-titre, envoi autographe signé au crayon : à M. Gaston de Saint Valry témoignage d'amitié C B. Baudelaire connaissait et appréciait la musique de Wagner depuis plusieurs années, il le jugeait déjà être " celui que l'avenir consacrera le plus illustre parmi les maîtres ". En janvier et février 1860 il assista aux concerts que Wagner donna au Théâtre-Italien, dirigeant lui-même l'orchestre et les chœurs. Il confia à Poulet-Malassis : "Si vous aviez été à Paris, ces jours derniers, vous auriez entendu les ouvrages sublimes de Wagner; ç'a été un événement dans mon cerveau" puis " cette musique, une des grandes jouissances de ma vie ; il y a bien quinze ans que je n'ai senti pareil enlèvement. " Les fortes émotions éprouvées par la rencontre des deux grands artistes, Baudelaire les analyse dans ce volume. La première de Tannhäuser, eut lieu à l'Opéra le 13 mars 1860. L'hostilité du public et des critiques obligea Wagner à retirer sa partition après trois représentations. Au lendemain Baudelaire s'attela à sa défense. Le texte parut dans la Revue européenne en avril 1861, puis Dentu le publiera au mois de mai en librairie remanié et augmenté d'un épilogue, célébrant en Wagner la recherche d'un art total qu'il identifie avec ses propres théories poétiques (correspondances). Le compositeur lui exprima sa gratitude ; " immense satisfaction ". " Ne serait-il possible de vous dire bientôt, à haute voix, comment je m'ai senti enivré en lisant ces belles pages qui me racontaient comme le fait le meilleur poème... "Gaston de Saint-Valry (1828-1881), critique littéraire et journaliste - il dirigea le journal " La Patrie " jusqu'en 1870 - il collabora aussi à plusieurs journaux dont La Gazette de Paris dans laquelle il donna, le 28 septembre 1856, un compte-rendu favorable des Histoires extraordinaires d'Egard Poe dans la traduction de Baudelaire*.Saint-Valry fut, avec Poulet-Malassis, à l'origine de la refonte du Journal d'Alençon qui, transformé en journal littéraire, allait publier dans le numéro 49 du 18 juin 1857, le poème Le Vin des chiffonniers extrait des Fleurs du Mal. C'est avec ce dernier que Charles Baudelaire signe le contrat de publication des Fleurs du mal, le 30 décembre 1856. Le recueil est publié en 1857. Raymond Poggenburg note dans sa chronologie Baudelairienne que le poète et Saint-Valry se rencontrent juste après la parution du volume, en juillet-août 1857 et que, le 21 août, Emile Deschamps écrit à Baudelaire pour lui exprimer l'admiration que lui porte Gaston de Saint-Valry.*POE (Edgar Allan), Édition d'Ellerbrock (Karl Philipp), Classiques Garnier, Double assassinat dans la rue Morgue ! Edgar Allan Poe en traduction française, " Gaston de Saint-Valry. Extrait de : Critique littéraire (1856) ", p. 309-312 Claude Pichois et Jean Ziegler, Baudelaire. Fayard, 2005, pp. 517-521.Correspondance, I (1832-1860), 1973, pp. 666, 670-71L'exemplaire des Fleurs du mal dédicacé à Gaston de Saint-Valry contenant une strophe inédite manuscrite de Baudelaire au poème Les Bijoux, a été vendu le 22 Novembre 2019chez Art Valorem sous le n°102.L'exemplaire de Richard Wagner et Tannhäuser d'Auguste Poulet-Malassis a figuré dans la vente de la bibliothèque Pierre Bergé sous le n°387 le 9 novembre 2016.‎


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‎Avec 5 eaux-fortes originales dont 2 de Manet. [BAUDELAIRE (Charles)] - ASSELINEAU (Charles).‎

Reference : 12837

(1869)

‎Charles Baudelaire, sa vie et son oeuvre.‎

‎ 1869 P., Alphonse Lemerre, 1869, 1 vol. in-12 (182 x 115 mm), relié 1/2 basane marron époque, dos lisse, auteur, titre et série de 6 double-filets dorés, plats de papier marbré lie-de-vin, de (2) ff. (faux-titre et titre) - 109 pp. - (1) f. (table).Dos légèrement insolé, pâles rousseurs éparses. ‎


‎Edition originale de la première biographie de Charles Baudelaire parue 2 ans après sa mort. Exemplaire sur papier fort.5 eaux-fortes originales représentant des portraits de Baudelaire : 1. gravé par Bracquemond daprès Emile Deroy (1844) en frontispice - 2. gravé par Bracquemond daprès un autoportrait de lauteur (1848) - 3. gravé par Bracquemond daprès Gustave Courbet (1848) - 4. Baudelaire de profil en chapeau peint et gravé par Manet (1862) - 5. Baudelaire de face peint et gravé par Manet (1865).Réf. biblio. : Vicaire, I-129 ; Clouzot, 9 : "Recherché surtout pour les 5 portraits de Baudelaire (). Assez souvent piqué et peu commun en reliure dépoque" ; Berès, Manet, dessins, aquarelles, eaux-fortes, lithographies1978, fiche 41 : Baudelaire de profil en chapeau - Eau-forte originale en 2e état, Manet ajoute son initiale M sur un petit rectangle hachuré - fiche 46 : Baudelaire de face III - Eau-forte, 4 états (?) : 1e tirage dans Asselineau en 1869. ‎

Bouquinerie Aurore - Belmesnil
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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 76795

(1865)

‎Lettre autographe signée adressée à Narcisse Ancelle. "Je suis très attendu à Paris et à Honfleur"‎

‎30 mai 1865, 13,7x21,1cm, une page sur un feuillet.‎


‎Lettre autographe signée de Charles Baudelaire adressée à Narcisse Ancelle, rédigée à l'encre noire sur un feuillet de papier bleu. Pliures inhérentes à l'envoi, trois infimes petits trous sans atteinte au texte. Cette lettre a été retranscrite dans les Oeuvres complètesvolume 11 publiées en 1949 parL. Conard. Emouvante missive bruxelloise adressée au célèbre notaire familial devenu en 1844 le conseil judicaire de Charles chargé de gérer sa rente et ses dettes exponentielles. Une relation complexe s'établit entre le poète et son tuteur, mêlant nécessité et défiance, mais témoignant néanmoins d'un véritable respect mutuel entre les deux hommes. Cette correspondance, dépourvue de l'affectivité des lettres à sa mère ou des circonvolutions dans ses échanges avec les créanciers, constitue une des plus précieuses sources biographiques du poète. En effet, la dépendance financière de Baudelaire le contraint à une très grande transparence avec son tuteur et chacune de ses lettres à Ancelle résume admirablement ses pérégrinations. Ainsi, cette lettre évoque-t-elle le terrible enlisement du poète en Belgique et son retour sans cesse reporté à Paris: . Lorsqu'il écrit, Baudelaire est encore à Bruxelles à l'Hôtel du Grand Miroir, «28 rue de la Montagne» (mais il ne faut pas écrire le nom de l'hôtel, sinon les lettres ne lui parviennent pas directement), où il se meurt d'ennui, de maladie et de rancur contre un pays dans lequel, innocemment, il croyait trouver la gloire. Cette annonce de départ imminent pour Paris,"Deux ou trois jours après votre réponse je partirai", fait écho à toutes les promesses similaires que le poète adresse depuis près d'un an à ces correspondants. Celle-ci sera avortée, comme toutes les autres car, comme il l'avoue à Ancelle un quelques mois plus tôt, Paris lui «fait une peur de chien». Ce n'est qu'en août 1865 qu'il accomplira un ultime et court séjour en France avant son apoplexie fatale. Son retour, "Je suis très attendu à Paris et à Honfleur"était pourtant motivé par une raison impérieuse: négocier avec un éditeur, grâce à l'intervention de Manet, la publication de son recueil de réflexions sur ses contemporains qu'il a déjà intitulé «mon cur mis à nu» et dont le manuscrit est en partie chez sa mère à Honfleur. Nouvel échec, l'uvre ne paraîtra qu'en 1897, 30 ans après la mort de Baudelaire. Mais c'est sans doute la référenceaux «deux grands tableaux [qu'il veut] expédier à Honfleur», qui donne tout son sel à cette lettre. Baudelaire évoque en effet sa volonté de rapatrier des peintures de sa collection déposés chez divers prêteurs ou restaurateurs, et dont il avait déjà envoyé une liste à Ancelle quelques mois plus tôt. Parmi ceux-ci, quels sont ceux qu'il voulait ramener à sa mère? Le portrait de son père, le Boilly, le Manet, un Constantin Guys? Il n'est fait aucune mention dans les autres lettres de ce transport artistique et du «reste» auquel seront joints les tableaux. Cette volonté d'"expédier à Honfleur" ses biens précieux,témoigne pourtant du désir du poète affaibli de s'installer définitivement dans la «maison-bijou» de sa mère à Honfleur, ilot de sérénité dans lequel Baudelaire rêve d'une paisible retraite où tout ne serait à nouveau «qu'ordre et beauté,luxe, calme et volupté». Il y retournera en effet, paralysé et muet, mais pour une dernière année d'agonie après sa crise syphilitique. L'hôtel du Grand Miroir, quant à lui, restera sa dernière véritable demeure comme cela sera noté le mardi 3 avril 1866, sur le registre des entrants à la Clinique Saint-Jean : « Nom et prénoms : Baudelaire Charles. « Domicile : France et rue de la Montagne, 28. « Profession : homme de lettres. « Maladie : apoplexie. » Belle lettre à celui qui fut à la fois le persécuteur et le protecteur de Baudelaire. Il accompagna le poète jusqu'à sa mort, avant de devenir l'éxécuteur testamentaire de la famille. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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‎ BAUDELAIRE (Charles) : ‎

Reference : E134

(1855)

‎Les fleurs du mal. Paris, Revue des Deux-Mondes, 1855. Deux volumes in-8, pagination continue, 1336 pp.[dont faux-titre, titre et table des matières] demi-veau brun, dos lisse orné de faux- nerfs dorés encadrés à froid, filets, palettes, titre et tomaison dorés (reliure de l’époque ; infimes accrocs au dos ; à l’intérieur, petits manques en marge supérieure (pp.719-722) ; rousseurs, rares et discrètes, en début et fin des volumes ; assez bel exemplaire). Détails sur la reliure : sont frappés sur les dos: le titre « Revue des Deux-Mondes », l’année « 1855 », le trimestre « 2 ». « 1. [2.] Partie » [du (1er avril) au 30 juin 1855]. ( tome X de la Nouvelle série). La coupure, arbitraire, est faite au 15 mai. ‎

‎ ÉDITION PRÉ-ORIGINALE de XVIII poèmes (pp.1079 à 1093) [note1, in fine], dans lesquels Baudelaire décrit la misérable humanité soumise au Diable : « Sur l’oreiller du mal c’est Satan trismégiste » (I,9), « qui tient les fils qui nous remuent » (I,13) ; ainsi, « Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas » (I,16), toujours en compagnie de Lucifer : « Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon » (VI,1), tentateur refoulé avec ses promesses de Paradis artificiel(s) qui « Accoutume ma lèvre à des filtres infâmes » (VI,8). Par ailleurs, pur hasard, coïncidence, éditoriale, voire diabolique, on notera que la première page chiffrée du second volume est frappée du sceau du Malin: "666", nombre satanique par excellence, inspirateur des paradis artificiels, annonciateur des démêlés de Baudelaire avec la « Justice » des hommes ; par la justice « Divine », Baudelaire se sait condamné d’avance [note 2] : « Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? » (VIII, 31). Elucubrations fumeuses de ma part? Ce commentaire méphistophélique a déjà été étudié dans un texte au titre racoleur : Baudelaire’s Satanic Verses , par Jonathan D. CULLER, éminent professeur à la Cornell University [note3] . Jusqu’en 1855, seules quelques poésies éparses avaient été imprimées dans la presse ; dix ans auparavant, Baudelaire pensait donner à son recueil de poésies à venir, ce titre aussi provocateur que sulfureux: « Les Lesbiennes », projet aussitôt dénoncé… même par ses amis. Il fallut donc trouver autre chose : « Les Limbes » aussi furent très vite abandonnées. La « tradition attribue à Hippolyte Babou, écrivain et critique, la trouvaille du nouveau titre », au café Lemblin (ou Lamblin, au Palais Royal), après de longues palabres. Seulement voila : toute mystique entraîne le doute qui, lui-même, conduit à la révision… Bernard Delmay [note4] dénonce l’absence de documents probants et montre que « Les Fleurs du Mal » sont directement issues de la préface de Philippe de Chennevières aux poèmes d’Ernest Prarond ( Impressions et Pensées d’Albert. Paris, Michel Lévy, 1854), dans laquelle il dénonçait « les fleurs étiolées ou impures, d’un parfum affadissant ou malsain ». La paraphrase semble évidente. Ainsi donc disparaîtrait le malheureux Babou, dont c’est, de nos jours, le seul « titre » de gloire ! [note1] ce recueil est imprimé « à cheval » sur les cahiers 68 et 69 : - feuillet 68/8 [pp. (1079)-1080, titre et premier poème], - feuillets 69/1-7, le poème XVIII (et dernier) recto du septième feuillet (p.1093), le verso (p.1094) occupé par le début de la « chronique de la quinzaine). [note 2] Perdu ! Baudelaire ne sera jamais mis à l’Index. Quoique… Un demi-siècle plus tard, en 1917, les démons de la Censure agitèrent le Vatican : le Saint-Office se pencha sur le cas de quelques auteurs sulfureux, décédés (Baudelaire, bien sûr, Barbey d’Aurevilly, Bloy, Huysmans, Verlaine) ou contemporains (Claudel, Mauriac et même le très catholique Francis Jammes) ; la procédure ne dura que dix ans et aboutit, après une lutte acharnée entre les pro- et les anti- condamnation, le 3 mai 1927, à la publication d’une « Instruction intitulée « De sensuali et de sensuali-mystico litterarum genere » [qui] ne mentionne aucun titre d’ouvrages, aucun nom d’auteur ». On y dénonce le côté immoral des œuvres [empreintes] d’une « sensualité maladive » sans fournir d’exemple » ; ce texte fut traduit dans quelques bulletins diocésains. (d’après Jean-Baptiste Amadieu, in L’année Baudelaire, Paris, Champion, 2018, hal.archives-ouvertes.fr) . [note 3] Diacritics, , volume 28 n°3, 1998, pp. 86-100, publié par The Johns Hopkins University Press. [note 4] in « persee.fr » (Littératures, 1987/ 16 / pp. 115-121) . B. Delmay : Deux notes sur Baudelaire (II-Les Fleurs du mal : Naissance d’un titre). ‎


‎ . Que penser de ces beaux découpages, montrant une fausse plaquette qui se termine joliment (p.1094), sur un fragment de texte, mieux encore, sur une césure (cf. note 1) , souvent richement reliés, quelquefois par des Maîtres ; parfois, le mal est moindre : on propose un tome X, seconde partie, débutant à la page (665)… Dans tous le cas, ce sont des « canards boiteux ». [note 5] [ note 5] Explications : un client pointilleux, quelque peu heurté par ce dernier propos m’a demandé de le justifier. Pour ce faire, j’ai utilisé, en bon Béarnais, une autre métaphore culinaire : comparaison –osée- avec un jambon de Bayonne, façon détournée de balancer mon porc… Dans cette image, le véritable intégriste exigerait la possession de la totalité du cochon, soit la collection complète de la Revue ! Plus modestement, un cochonnet pourrait figurer l’année complète. Je me limiterai au jambon : - la plaquette, forcément bricolée, représente la chiffonnade, tranche très, très fine [cf. note 1] ; - plus épaisse, une belle tranche de jambon, quasiment une rouelle : la livraison du premier juin 1855 (pp.889-1336), avec sa couenne (pardon, avec sa couverture d’origine) ; - enfin, demi-cuisseau, demi-cuissot, demie-cuisse, par mutilation du tome X. Le « canard » est bien boiteux ! Bel exemplaire, décoratif, très rare dans sa présentation d’origine : les mentions frappées sur les dos des reliures sont strictement utiles, nécessaires et suffisantes à la présentation de ces deux fragments de la Revue des Deux Mondes. BUR (H3/2) ‎

Roland Gautier - Jurançon

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EUR980.00 (€980.00 )

‎BAUDELAIRE, Charles. ‎

Reference : 4098

‎Lettre autographe signée à Noël Parfait. ‎

‎ (Bruxelles) datée du Jeudi 27 Oct[obre], [18]64. 3 pp. (210 x 135 mm), à l'encre brune sur un doublefeuillet. (Pliures anciennes). Elle porte sur la publication prochaine des « Histoires grotesques et sérieuses » d'Edgar Allan Poe.Baudelaire, avec une nervosité et une impatience croissantes, insiste pour que lui soient envoyées desépreuves qu'il veut corriger de toute urgence. Via Noël Parfait, il veut faire pression sur l'imprimeur Raçonet l'éditeur Michel Lévy: « Quinze jours, trois semaines, UN MOIS, - Combien de jours se sont écoulésdepuis que j'attends la 2e EPREUVE de la 9e feuille ». Le 24 avril 1864, très endetté et malade, Baudelaire part pour la Belgique afin d'y entreprendre une tournéede conférences. Cependant, ses talents de critique d'art éclairé rencontrent peu de succès. Il se fixe àBruxelles, où il rend plusieurs visites à Victor Hugo, exilé politique volontaire. Il prépare un pamphletcontre son éphémère pays d'accueil qui représente, à ses yeux, une caricature de la France bourgeoise. Leféroce « Pauvre Belgique » restera inachevé. Souhaitant la mort d'un royaume qu'il juge artificiel, il en résumel'épitaphe en un mot : Enfin ! C'est en Belgique que Baudelaire rencontre Félicien Rops, qui illustreraquelques bribes condamnées ou soustraites des « Fleurs du mal » en son titre « Les Épaves » éditées àBruxelles par Auguste Poulet-Malassis en 1866. Lors d'une visite à l'église Saint-Loup de Namur,Baudelaire perd connaissance. Cet évanouissement est suivi de troubles cérébraux, en particulier d'aphasie.À partir de mars 1866, Baudelaire souffre d'hémiplégie. En juillet 1866, on le ramène à Paris. Cest donclors de ce long séjour à Bruxelles que Baudelaire écrivit la lettre que nous proposons. Noël Parfait quant à lui était un écrivain et homme politique français, né le 28 novembre 1813 à Chartres(Eure-et-Loir) et mort le 19 novembre 1896 à Paris. Après le collège de Chartres, Noël Parfait est étudiantà Paris et prend une part active à la Révolution de 1830. Il se range dans l'opposition à la Monarchie deJuillet et comparaît trois fois devant les tribunaux pour ses pamphlets contre le régime, les « Philippiques» (1832-1834). En mai 1833, Noël Parfait publie « L'aurore d'un beau jour » : épisodes des 5 et 6 juin 1832,un appel à l'insurrection qui le fera condamner à deux ans de prison et 500 francs d'amende. Journaliste àLa Presse en 1836, il y rédige pendant cinq ans le feuilleton dramatique avec Théophile Gautier, collaborantégalement au Siècle et au National. En 1844, Honoré de Balzac lui apporte le manuscrit de « Les Paysans »pour une éventuelle publication dans La Presse, car il est chargé de lire les manuscrits avant leurpublication, ou non, dans le journal. Noël Parfait s'enthousiasme pour loeuvre et obtient du directeurlittéraire Alexandre Dujarrier son accord de publication du roman. En 1848, il est commissaire dugouvernement provisoire à Chartres, et député d'Eure-et-Loir de 1849 à 1851, siégeant à la Montagne.Exilé après le coup d'État du 2 décembre 1851, il est accueilli à Bruxelles par Alexandre Dumas, quil'héberge chez lui, dans son hôtel particulier du 73, boulevard de Waterloo et en fait son secrétaire. Satâche consiste notamment à recopier les textes qu'Alexandre Dumas écrit en abondance et à recopier deslivres que l'écrivain emprunte et dont il veut conserver le texte. Noël Parfait corrige également lesépreuves des livres de poésie de Victor Hugo, alors exilé à Guernesey, avec lequel il a une abondantecorrespondance. Il rentre en France lors de l'amnistie de 1859 et collabore à plusieurs journaux, notamment Le Siècle. Ildevient correcteur pour l'éditeur Michel Lévy et, à ce titre, échange une correspondance avec GustaveFlaubert au sujet de « L'Éducation sentimentale », lui signalant des fautes de style. Il est de nouveau éludéputé d'Eure-et-Loir en 1871 et le reste jusqu'en 1893, étant réélu en 1876, 1877, 1881, 1885 et 1889.Inscrit au groupe de la Gauche républicaine, il est signataire du manifeste des 363 députés qui refusent laconfiance au gouvernement de Broglie, le 16 mai 1877. Réf. : Lettre publiée in Baudelaire, Correspondance, NRF/Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, II, pp.414-415. ‎


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‎BAUDELAIRE (Charles).‎

Reference : 30222

(1890)

‎Petits poèmes en prose -Les Paradis artificiels [in Oeuvres complètes].‎

‎ Paris, Calmann-Lévy, s.d. [circa 1920]. Un vol. au format in-12 (188 x 123 mm) de 471 pp. Reliure de l'époque de demi-chagrin maroquiné aubergine, dos à nerfs orné de filets gras en noir, larges fleurons dorés, titre doré, tête mouchetée, premier plat de couverture conservé.‎


‎ Exemplaire revêtu d'une agréable reliure du temps. “Petits Poèmes en prose” (ou encore Le Spleen de Paris, ou Poèmes nocturnes, ou Poèmes en Prose) est un recueil posthume établi par Charles Asselineau et Théodore de Banville. Les cinquante pièces qui le composent ont été rédigées entre 1855 («Le crépuscule du matin») et 1864. Une quarantaine d’entre elles ont paru dans divers journaux de l’époque; les dix suivantes furent posthumes entre 1867 et 1869. Selon une lettre de 1862, Baudelaire a été inspiré en les écrivant par l’exemple d’Aloysius Bertrand. Le titre Petits Poèmes en prose est souvent suivi d’une forme de sous-titre Le Spleen de Paris (qui se rapproche des titres de deux parties des Fleurs du Mal: «Spleen et Idéal» et «Tableaux parisiens»). En effet, de son vivant, Baudelaire évoqua cette expression pour désigner son recueil qu’il complétait à mesure de son inspiration et de ses publications. D’ailleurs, le 7 février 1864, le journal Le Figaro publia quatre pièces appartenant aux Petits Poèmes en prose sous le titre «Le Spleen de Paris». Ceci explique l’association étroite des deux titres. Depuis lors, le recueil porte ces deux noms. Le Figaro a choisi d’arrêter son choix sur un des titres proposés par Baudelaire, mais c’est bien au terme de «Spleen» qu’il faut surtout prêter attention plus qu’au lieu dit de Paris. Comme on le voit à la lecture du recueil, Paris n’est pas le décor principal de l’experience poétique. Cependant le Spleen de Paris ne se trompe pas de lieu, le Spleen de Baudelaire est bel et bien un mal de «vauriens» de Paris, Baudelaire nous présente le diagnostic d’un malaise social lié à une ville plus qu’une simple indication de carte pour situer son épanchement poétique. Seule la dernière pièce du recueil («Épilogue») est en vers. Il est aujourd’hui établi que Baudelaire n’avait pas prévu de l’y inclure. Si l’auteur est libéré de la contrainte de la rime, il se doit tout de même de donner un rythme, une structure proche de la poésie à son écriture, de crainte de tomber dans le récit classique. Dos légèrement passé présentant en outre de légers frottements. Quelques rousseurs concentrées aux feuillets liminaires. Nonobstant, belle condition. ‎

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‎Charles BAUDELAIRE‎

Reference : 000325

(1918)

‎Les Fleurs du Mal. "Dix burins originaux et un portrait"‎

‎Charles BAUDELAIRE. Les Fleurs du Mal. "Dix burins originaux et un portrait" [Texte imprimé] / par DENIS VOLX. (Cet exemplaire contient 9 gravures + une gravure d'un autre artiste représentant un portrait de Baudelaire sur papier Japon). 1918, chez Rouam, Paris. 1 vol. petit in-folio. Couverture un peu salie, quelques tâches sur les marges de certaines gravures (voir photos) Suite rarissime et par conséquent très recherchée. L'eau-forte représentant le portrait de Baudelaire est signée au crayon de la main de Denis Volx. Incroyable ensemble au style remarquable. Moyen‎


Voyage au bout du quai - Saint quentin

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‎[BAUDELAIRE (Charles)]; LEVAVASSEUR (Gustave); PRAROND (Ernest); ARGONNE (A.) [DOZON (A.) pseud.]‎

Reference : 19841

‎Vers‎

‎ Paris, Herman frères, 1843. In-12, 222 pp., demi-maroquin bleu moderne, dos à nerfs, tête dorée, couverture conservée (couverture empoussiérée, rousseurs). ‎


‎Édition de ce recueil à trois mains qui originalement aurait dû comprendre des contributions de Charles Baudelaire. Il contient 40 pièces de Levavasseur, 41 de Prarond et 54 d'Argonne. Les 4 poètes se sont rencontrés à la pension de Lévêquet et Bailly de Paris en 1837. C'est Lavavasseur et Pararond qui eurent l'idée du présent ouvrage, ils proposèrent à Baudelaire de contribuer, ce qu'il accepta. C'est lui qui proposa aux deux premiers de collaborer avec Auguste Dozon dit Argonne. Baudelaire remit son manuscrit à Levavasseur qui non seulement lui fit son commentaire mais entreprit de le corriger. Ce qui poussa Baudelaire à se retirer du projet. Levavasseur expliqua par la suite qu'il s'agissait de premières ébauches de pièces qui parurent dans Les Fleurs du mal. La trace de Baudelaire est pourtant là : deux des sonnets de Prarond lui sont dédiés (le XXVIIIe p. 125 et le XXXIIIe p. 133). Levavasseur conclut que Baudelaire avait bien fait de se retirer car "son étoffe était d'une autre trame que notre calicot". Peu commun. Ex-libris manuscrit de monsieur Nion (le libraire ?) sur le premier plat de couverture. Brunet, Dictionnaire des ouvrages anonymes, 5e; Vicaire, V, 305; Mouquet, "Manoël [...]" in Le Figaro - Supplément littéraire, n°466, 10 mars 1928, p. 1 [en ligne]. Voir photographie(s) / See picture(s) * Membre du SLAM et de la LILA / ILAB Member. La librairie est ouverte du lundi au vendredi de 14h à 19h. Merci de nous prévenir avant de passer,certains de nos livres étant entreposés dans une réserve. ‎

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‎BAUDELAIRE (Charles).‎

Reference : 28445

(1890)

‎Petits poèmes en prose -Les Paradis artificiels [in Oeuvres complètes].‎

‎ Paris, Alphonse Lemerre, (1949). Un vol. au format gd in-16 (163 x 96 mm) de 442 pp., broché.‎


‎ “Petits Poèmes en prose” (ou encore Le Spleen de Paris, ou Poèmes nocturnes, ou Poèmes en Prose) est un recueil posthume établi par Charles Asselineau et Théodore de Banville. Les cinquante pièces qui le composent ont été rédigées entre 1855 («Le crépuscule du matin») et 1864. Une quarantaine d’entre elles ont paru dans divers journaux de l’époque; les dix suivantes furent posthumes entre 1867 et 1869. Selon une lettre de 1862, Baudelaire a été inspiré en les écrivant par l’exemple d’Aloysius Bertrand. Le titre Petits Poèmes en prose est souvent suivi d’une forme de sous-titre Le Spleen de Paris (qui se rapproche des titres de deux parties des Fleurs du Mal: «Spleen et Idéal» et «Tableaux parisiens»). En effet, de son vivant, Baudelaire évoqua cette expression pour désigner son recueil qu’il complétait à mesure de son inspiration et de ses publications. D’ailleurs, le 7 février 1864, le journal Le Figaro publia quatre pièces appartenant aux Petits Poèmes en prose sous le titre «Le Spleen de Paris». Ceci explique l’association étroite des deux titres. Depuis lors, le recueil porte ces deux noms. Le Figaro a choisi d’arrêter son choix sur un des titres proposés par Baudelaire, mais c’est bien au terme de «Spleen» qu’il faut surtout prêter attention plus qu’au lieu dit de Paris. Comme on le voit à la lecture du recueil, Paris n’est pas le décor principal de l’experience poétique. Cependant le Spleen de Paris ne se trompe pas de lieu, le Spleen de Baudelaire est bel et bien un mal de «vauriens» de Paris, Baudelaire nous présente le diagnostic d’un malaise social lié à une ville plus qu’une simple indication de carte pour situer son épanchement poétique. Seule la dernière pièce du recueil («Épilogue») est en vers. Il est aujourd’hui établi que Baudelaire n’avait pas prévu de l’y inclure. Si l’auteur est libéré de la contrainte de la rime, il se doit tout de même de donner un rythme, une structure proche de la poésie à son écriture, de crainte de tomber dans le récit classique. Petits défauts affectant les coiffes. Dos légèrement ridé. Nonobstant, très belle condition. ‎

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‎BAUDELAIRE (Charles)‎

Reference : 28032

(1851)

‎Notice sur Pierre Dupont‎

‎ Paris, [Houssiaux], [août] 1851. 1 plaquette (130 x 195 mm) de [5] f. Broché, couverture illustrée. Le texte de Baudelaire constituera la vingtième livraison des Chants et Chansons de Pierre Dupont : un recueil de chansons politiques - mais aussi des pastorales et des chants dits "symboliques", qui forme une détonante vision sur les événements de 1848, vus par un écrivain engagé. Socialiste, Pierre Dupont fut avant tout connu pour avoir été le chansonnier de la Révolution de 1848. Fils d'artisans de Provins, il fut racheté de la conscription par cette ville, qui lui fournit les moyens d'éditer ses premières oeuvres dès 1842. Il évoquait dans ses oeuvres la vie et le labeur des paysans et ouvriers, son travail mêlant à la fois des pastorales, des chants dits « symboliques » et des chansons politiques. Ses Chants des ouvriers constituèrent un véritable hymne à la Révolution de 1848 et le Chant des paysans, fortement hostile à Napoléon III, lui valut d'être condamné à trois années de déportation.‎


‎Baudelaire admira beaucoup ce « poète qui se met en communication permanente avec les hommes de son temps ». Dans sa préface, le poète dit du chansonnier Dupont : « Raconter les joies, les douleurs et les dangers de chaque métier, et éclairer tous ces aspects particuliers et tous ces horizons divers de la souffrance et du travail humain par une philosophie consolatrice, tel était le devoir qui lui incombait, et qu'il accomplit patiemment ». Ou encore « Ce sera l'éternel honneur de Pierre Dupont d'avoir le premier enfoncé la porte. La hache à la main, il a coupé les chaînes du pont-levis de la forteresse ; maintenant la poésie populaire peut passer ». Rare exemplaire en fascicule broché, tel que paru, à toutes marges. Il est complet du portrait gravé de Pierre Dupont placé en frontispice, d'après un dessin de Gigoux et gravé sur acier par Charles Colin. Il a été tiré et imprimé chez Furne fils et Delamain, rue gît-le-coeur. Rarissime tirage de première émission : la couverture est bien celle du premier état, imprimée dès avril 1851 pour la première livraison. Cette couverture contient une faute à la parenthèse non fermée au sous-titre [poésie et musique)], elle est de couleur crème (et non rose), avec le cartouche vierge par défaut : imprimées à grand nombre, elles portent l'adresse des différents libraires dépositaires : Martinon sera le principal, rue du Coq-saint-Honoré, mais on trouvera aussi Lécrivain et Toubon, Dutertre, Havard, Ledoyen, Giret, Bellue fils (à Marseille),... Au gré de la livraison des éditions, l'éditeur (il s'agit d'Houssiaux, rue de L'École-de-médecine) appliquait dans le cartouche le détail de la livraison, ce qui permettait l'utilisation des couvertures vierges à différentes dates pour n'importe quel contenu, nouveau ou ancien. Les retirages de ces couvertures de livraisons, une fois les premières épuisées, seront faites sur un papier rose, puis corrigeront ensuite la faute de la parenthèse, puis annonceront, pour les dernières livraisons, en dernière page, l'édition Voltaire-Rousseau. Toutes les couvertures seront imprimées, quel que soit le tirage, chez Martinet, avec mention de ce dernier en quatrième de couverture. Elle portent toutes la gravure au médaillon dessinée par T. Johannot et gravée sur bois par Pisan en tête (sauf quelques livraisons qui diffèrent avec une autre bois, bien décrites par Vicaire). C'est également ce même imprimeur Martinet qui se chargera d'imprimer les feuillets de texte, soit 8 pages chiffrées 1-8, à la suite du portrait, pour la version finale. Le verso de la couverture contient un "Avis aux soucripteurs", la dernière les "Conditions de la souscription". Ces 8 pages de la Notice de Baudelaire seront reprises à l'identique pour l'édition en volume (Vicaire, III, 516). Notre exemplaire est la véritable première version imprimée de la Notice sur Pierre Dupont, dont on ne connaît qu'une poignée d'exemplaires à ce jour : Elle ne contient pas encore l'avis au souscripteurs, qui s'ajoutera postérieurement au verso de la couverture dans les exemplaires destinés aux livraisons : le verso de la couverture Martinet est ici blanche, non imprimée de cet "avis" ; la pagination de la notice n'est pas imprimée (1-8) ; elle se compose ici de 6 feuillets de texte (au lieu de 4), soit 12 pages à la suite du portrait (au lieu de 8), donnant donc une composition différente. Le texte est identique, mais la signature de Charles Baudelaire diffère, en cela qu'elle apparaît seule en fin, plus détachée et sans mention de l'imprimerie Martinet. La note de bas de page du feuillet précédent est également plus détaillé : (1) Avertissement aux propriétaires, 1842 (in-12 Garnier), p. 97 deviendra (1) Avertissement aux propriétaires dans l'édition définitive de la Notice. On notera également quelques autres différences d'ordre typographique ; pour le reste, le texte de Baudelaire est identique. Dans notre exemplaire, une main anonyme a porté à l'époque, à la plume, la pagination (2-11) des feuillets du texte de Baudelaire. Cette version ne semble pas avoir été diffusée : l'absence de l'avis aux souscripteurs lui enlève d'une part son caractère informatif et commercial, et le recomposition de 12 à 8 p. a sans doute permis une économie de papier, et l'absence de pagination signifie enfin une version sans doute "non aboutie" typographiquement. Les livraisons commercialisées le sont enfin au format in-8, massicotées à la taille de la couverture : notre exemplaire est lui à toutes grandes marges des feuillets de texte. Cet état n'est décrit par aucune des bibliographies de référence, qui citent toutes la pagination en 8 p. chiffrées. La couverture est, faussement, donnée comme rose par Carteret, Clouzot et Oberlé (elles doivent être de couleur crème) ; seul Vicaire mentionne l'existence de couvertures "non imprimées sur les plats extérieurs"; selon lui destinées à prendre place en tête du tome premier pour l'édition en volume, ce qui est pertinent. Elles ont pu être faites à cet usage. En revanche, aucune des bibliographes ne signale la faute à la parenthèse, ni les variantes du bois gravés de Pisan en tête. Elles permettent pourtant de situer l'édition, quand l'exemplaire contient encore sa couverture. Carteret I, 117 (en donnant l'adresse de Lécrivain, la couverture rose et une collation de 8 p.) ; Clouzot, p. 43 (reprenant Carteret) ; Oberlé, Poulet-Malasis, 223 (adresse de Martinon et couverture rose, en 8 p. également) ; Vicaire, 516-518. ‎

Librairie Walden - Orléans
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Phone number : 09 54 22 34 75

EUR1,500.00 (€1,500.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 013432

(1872)

‎Souvenirs - correspondances. Bibliographie. Suivie de pièces inédites.‎

‎Paris Chez René Pincebourde 1872 In-8 Broché ‎


‎EDITION ORIGINALE. Un des quelques exemplaires sur vergé d'un tirage non précisé, celui-ci à grandes marges, non rogné. On a monté en frontispice un portrait de Baudelaire, qui a proprement marqué le titre. >>Le volume contient des lettres de Baudelaire à son éditeur Auguste Poulet-Malassis, à Charles Asselineau, des correspondances adressées à Baudelaire par Delacroix, Victor Hugo, Joséphin Soulary, Barbey d'Aurevilly, Paul de Saint-Victor, etc., et quelques poèmes. Bon 0‎

Phone number : 01 42 66 38 10

EUR350.00 (€350.00 )

‎Poe, Edgar Allan / Baudelaire, Charles‎

Reference : 15781

(1856)

‎Histoires extraordinaires..Baudelaire, Charles (1821-1867). Traducteur‎

‎ 1856 Paris, Michel Levy Freres, 1856.ou Paris, 1857. 1é-3e éd. In-18,reliure demi veau dos lisse passe,titre Edgar POE, sans la page de titre,dedicace imprimee a Marie CLEMM,poeme,pp. xxxi (1) 330 (1).‎


‎correspond a la collation de l’edition originale et à celle de Gallica,Le premier ouvrage de Poe traduit par Baudelaire, avec sa préface Sa vie, son oeuvre, premier maillon dans la conquête par Baudelaire de son double littéraire en prose, destiné à asseoir définitivement le nom de Charles Baudelaire aux côtés de Poe. ‎

Livres Anciens Komar - Meounes les Montrieux

Phone number : 33 04 94 63 34 56

EUR180.00 (€180.00 )

‎POE Edgar Allan & BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 73805

(1857)

‎Nouvelles histoires extraordinaires‎

‎Michel Lévy frères, Paris 1857, In-12 (11,2x18cm), 287pp., relié.‎


‎Edition originale. Reliure en demi chagrin tabac d'époque. Dos à nerfs orné de filets. Titre doré. Traces de frottement en bordures. Rousseurs éparses. Bon exemplaire. Cette traduction de Poe est publiée quelques mois avant le premier recueil de poèmes de Baudelaire: les Fleurs du mal. Si l'on sait ce que doit E.A Poe à Baudelaire, dont la superbe traduction dépasse l'uvre originale, on omet souvent la dette littéraire du français envers son modèle américain. Car, plus qu'un exercice de traduction, Baudelaire a trouvé dans la lecture des histoires extraordinaires, l'âme même de ses poèmes encore tout justes ébauchés. Après le succès de sa première traduction des Histoires Extraordinaires en 1856, Baudelaire ajoute à ses Nouvelles histoires extraordinaires, une préface unique qui, bien au-delà d'une simple présentation du «génie sombre et étrange» d'Edgar Allan Poe, se révèle une véritable profession de foi artistique de cet humble traducteur qui s'apprête à devenir un des plus grands poètes de la littérature mondiale. «Du sein d'un monde goulu, affamé de matérialités, Poe s'est élancé dans les rêves. Étouffé qu'il était par l'atmosphère américaine, il a écrit en tête d'Eureka : « J'offre ce livre à ceux qui ont mis leur foi dans les rêves comme dans les seules réalités ! » [...] Aristocrate de nature plus encore que de naissance, le Virginien, l'homme du Sud, le Byron égaré dans un mauvais monde, a toujours gardé son impassibilité philosophique, et, soit qu'il définisse le nez de la populace, soit qu'il raille les fabricateurs de religions, soit qu'il bafoue les bibliothèques, il reste ce que fut et ce que sera toujours le vrai poète, une vérité habillée d'une manière bizarre, un paradoxe apparent, qui ne veut pas être coudoyé par la foule, et qui court à l'extrême orient quand le feu d'artifice se tire au couchant.» Henry de la Madelène, écrivain et ami de Baudelaire ne s'y trompe pas, lorsqu'il enjoint ses contemporains à la découverte du poète au travers de ses traductions de Poe : «Lisez-les avec attention, et vous aurez du même coup le secret de l'âme de Baudelaire et le secret de ses uvres» Le recueil recèle de contes célèbres dont "La chute de la maison Usher". - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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Phone number : 01 56 08 08 85

EUR1,000.00 (€1,000.00 )

‎CLADEL Léon; BAUDELAIRE Charles:‎

Reference : 5799

(1862)

‎Les martyrs ridicules. Avec une préface de Charles Baudelaire.‎

‎Paris, Poulet-Malassis, 1862. In-8 de [2]-XII-[2]-350-[2]p. demi-percaline chocolat à la Bradel, dos lisse orné d'un fleuron doré, pièce de titre en maroquin prune, premier plat de couverture conservé, coins à peine frottés. ‎


‎ Édition originale du premier livre de Léon Cladel, et de l'importante préface de douze pages de Charles Baudelaire. Selon le témoignage de l'auteur, rapporté par sa fille Judith Cladel, Baudelaire aida à mettre en forme le roman, qui manquait de style et de syntaxe: “Huit mois durant, il daigna me pétrir de ses mains savantes et me rendre ductile et modéré, mois si dur de pâte et si violemment excessif... ” (Maître & Disciple, Paris, 1951, cité par G. Oberlé). L'éditeur: "Les Martyrs ridicules ont été entièrement remaniés et refaits sur les indications de Baudelaire. Je doute même que la collaboration n'ait pas été plus loin". (Poulet-Malassis; Bulletin du Bibliophile, avril 1923). De là à considérer ce texte comme le seul roman de Baudelaire il n'y a qu'un pas. On joint à l'exemplaire un poème manuscrit autographe de Léon Cladel dédicacé "A mon ami Alphonse Daudet" intitulé Palinodia, signé et daté du 5 janvier 1868. Il semble avoir été publié dans La Plume en 1892. Sans le faux-titre. Le tirage en a été limité à 500 exemplaires et un seul exemplaire sur Wathman, pour Baudelaire. Vicaire II, 402. ‎

Phone number : +4122 310 20 50

CHF1,450.00 (€1,484.07 )

‎MALLARME (Stéphane), BAUDELAIRE (Charles).‎

Reference : 38780

‎Le Tombeau de Charles Baudelaire. Ouvrage publié avec la collaboration de Stéphane Mallarmé, Michel Abadie, Émile Blémont, Viviane de Brocélyande (...); précédé d'une étude sur les textes de 'Les Fleurs du Mal', Commentaires et Variantes, par le prince Alexandre Ourousof, et suivi d'oeuvres posthumes, interdites ou inédites de Charles Baudelaire (...). Frontispice de Félicien Rops.‎

‎ In-4 (284 x 200 mm), demi-maroquin olive à grands coins à la Bradel, dos lisse orné d'une composition mosaïquée en long d'une tête de mort encadrée de deux feuilles de chêne, filet de mors et filet de coin dorés, tête dorée, couvertures et dos conservés (reliure signée Charles Meunier), 125 p., (1) f. d'achevé d'imprimer. Paris, Bibliothèque Artistique et Littéraire (La Plume), 1896.‎


‎Edition originale, un des 30 exemplaires de tirage de tête sur japon impérial (n°14), sur un tirage total limité à 245 exemplaires. Celui-ci à l'intention de Bernoux et Cumin, libraires à Lyon spécialisés en "beaux livres de luxe et raretés de bibliophiles" Lillustration comprend une reproduction du frontispice de Félicien Rops pour "les Épaves" en double épreuve, dont sanguine avant la lettre, la reproduction dune photographie de Baudelaire par Nadar et un portrait du poète en médaillon, une page de dessins de Baudelaire en double épreuve dont une avant la lettre, plusieurs fac-similés dont le contrat d'édition des "Fleurs du mal" et le manuscrit du "Possédé", lettrines historiées et ornements typographiques.Cette luxueuse publication renferme 40 contributions, dont une trentaine de poèmes, par les écrivains de la génération symboliste qui rendent hommage au maître disparu: Mallarmé, dont le nom est annoncé en grands caractères en tête du titre, Léon Dierx, Gustave Kahn, Pierre Louÿs, Edmond Picard, Nadar, Henri de Regnier, Jean Richepin, Emmanuel Signoret, Francis Vielé-Griffin, etc.On y trouve également des notes et commentaires sur les 'Fleurs du Mal' par Alexandre Ourousof, ainsi que des uvres posthumes et des Notes par des spécialistes et des proches de Baudelaire.(Carteret, I, 132. Galantaris, 362. Talvart & Place, I, 296).Reliure légèrement insolée, quelques rousseurs sur la couverture.Bel exemplaire, grand de marges, couverture et dos conservés, bien relié en maroquin mosaïqué par Charles Meunier (1865-1948), important relieur de la période. Il est considéré comme l'apôtre de la reliure dite "emblématique". ‎

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Phone number : 33 01 47 07 40 60

EUR2,500.00 (€2,500.00 )

‎[BAUDELAIRE] RAYNAUD (Ernest).‎

Reference : L6324

‎Le cinquantenaire de Charles Baudelaire.‎

‎ Maison du Livre, 1917. In-8 br. En frontispice " Statuette de Christophe " ayant inspiré à Baudelaire la " Danse Macabre ". Texte d'E. Raynaud, suivi de Baudelaire et la critique avec de nombreux extraits de textes et des opinions sur Baudelaire par G. Apollinaire, E. Jaloux, G. Kahn, Peladan, F. de Miomandre, R. de Montesquiou, etc. Bibliographie. E.O.‎


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