P., K éditeur, 1947, in-12, br., couv. rempl., 85 p. 1ère édition non illustrée. 1/800 ex. num. sur bouffant, envoi a.s. : “à Austryn WAINHOUSE que j'aime beaucoup Georges Bataille”. Austryn Wainhouse, écrivain et traducteur américain, lié à Maurice Girodias, a participé à l'aventure des éditions Olympia Press en adoptant divers pseudonymes. Il est également le premier traducteur des 120 Journées de Sodome ainsi que de Georges Bataille (notamment d'Histoire de l'œil : A tale of satisfied desire, sous le nom de Audiart), Pierre Klossowski, Jean Cocteau ou Simone de Beauvoir. Par ailleurs il est également l'auteur d'un ouvrage ébouriffant et inclassable : Hedyphagetica (inédit en français, avis aux éditeurs). Bataille semble avoir entretenu de bons rapports avec son traducteur comme l'atteste une assez importante correspondance, et même la teneur de cette dédicace.
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Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1966, in-8,reliure plein chagrin tramé gris et noir, doslisse avec titre poussé à froid, couverture rempliée illustrée et dos conservés, gardes papier, non rogné, étui bordé assorti (reliure moderne), 206 pages.Édition originale. Livre posthume de Georges Bataille donné comme une suite à Madame Edwarda et devant s’intégrer selon un plan de l’auteur dans une tétralogie sous le titre général de Divinus Deus.1/50 ex. num. sur vélin blanc Lana, seul grand papier. Dans une reliure, non signée, plutôt agréable, l’exemplaire est non coupé.
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Documents précédés d’une introduction par Georges Bataille. Le plumitif latin du procès d’église a été traduit par Pierre Klossowski. P., Le Club Français du Livre, Essais, 1959, in-8, reliure toile de l’éditeur, 364 p. édition originale num. (pas de grand papier). Bien complet de la carte géographique volante. Envoi autographe signé à Gaëtan Picon.
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Doctrines, archéologie, beaux-arts, ethnographie. Magazine illustré paraissant dix fois par an. Secrétaire général: Georges Bataille. Paris, 1929-1930. In 8 gr., 2 voll., mz. pergamena con ang., fregi e titolo oro su tassello al dorso, pp. 391,(9) + 7 Supplementi in lingua inglese; pp. 440,(8),55,(9); riccamente illustrati in bianco e nero nel testo (foto e riproduzioni). Offriamo tutto il pubblicato in 15 fascicoli, dal n. 1 al n. 7 dellAnno I (aprile-dicembre 1929) e dal n. 1 al n. 8 dellAnno II (gennaio-ottobre 1930), della leggendaria rivista lanciata da Georges Bataille. Testi di: Babelon, Baron, Bataille, Carpentier, Dandieu, Desnos, Carl Einstein, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Zdenko Reich, Paul Rivet, Georges Ribemont-Dssaisignes, Georges-Henri Rivière, André Schaeffner, Roger Vitrac, e numerosi altri. Contributi grafici di: Hans Arp, Constantin Brancusi, Giorgio de Chirico, Alberto Giacometti, Juan Gris, Henri Laurens, Fernand Léger, André Masson, Joan Miró, Pablo Picasso, Joseph Sima, ecc. Numerosissime le fotografie etnografiche (maschere, pietre, esseri umani, ecc.), nonché foto di Jacques-André Boiffard (le più famose, in particolare la serie degli alluci) e di Éli Lotar (i due fotografi ufficiali della rivista), ma anche Karl Blossfeldt , etc., etc. Un numero speciale Omaggio a Picasso (n. 3 del 1930). Georges Bataille, scrittore e filosofo francese (Billom, Puy-de-Dôme, 1897 - Parigi 1962). Intellettuale di vasti interessi, attratto dal cattolicesimo per un breve periodo, collaborò alla rivista La critique sociale (1931-34) e animò con A. Breton il gruppo antifascista Contre-Attaque (1935-36). Fu tra i fondatori del Collège de sociologie (1937-39); diresse le riviste Documents (1929-30), Acéphale (1936-37) e Critique, da lui creata (1946-62); scrisse saggi, poesie e romanzi erotici.Documents era una rivista d'arte surrealista diretta da Georges Bataille. Pubblicata a Parigi tra l'aprile 1929 e il gennaio 1931, uscì per 15 numeri, ognuno dei quali conteneva un'ampia gamma di scritti originali e fotografie. Fu fondata dal filosofo francese Georges Bataille (segretario generale) assieme a Carl Einstein (direttore) e Georges Henri Rivière (fondatore del Musée national des arts et traditions populaires, da lui diretto dal 1937 al 1967). Il titolo della rivista fu proposto da Bataille: Pierre d'Espezel gli scrisse: "Il titolo scelto è giustificato quasi solo dal fatto che fornisce documenti sul vostro stato d'animo; che è molto, ma non è abbastanza". Comunque non fu cambiato. Bataille la considerava una "macchina da guerra contro le idee già pronte".Bataille, che era stato alla École des chartes, diede alla raccolta del materiale una direzione nuova: tutti gli elementi contribuiscono a connessioni di pensiero inaspettate: fotografie a volte sorprendenti, taccuini e pagine sparse (di Ingres, Delacroix, Seurat), riproduzioni (di Picasso, Matisse, Gaston-Louis Roux, ecc.) e molte storie e fotografie etnografiche, ma anche scritti di jazz, numismatica, archeologia ecc.Vi si trovano opere di Michel Leiris (da un certo punto segretario di redazione), André Masson, Joan Miró, Duke Ellington, Robert Desnos, Henri-Charles Puech, Eli Lotar, Fernand Léger, Juan Gris, Jacques-André Boiffard, Simon Arbellot, André Schaeffner, Marcel Griaule, Georges Monnet e altri.Nonostante il lancio promettesse di offrire al lettore un'antologia di documenti tra i "più caratteristici e sinceri sulla vita umana" e di fornire un'analisi dei "fatti più inquietanti", indagati con "metodi talvolta assurdi" per ottenere risultati imprevedibili e giammai conformi alle piatte "regole della bienséance", il sommario dei contenuti dei primi tre numeri di Documents il cui sottotitolo fino al quarto numero era composto dalle voci doctrines, archéologie, beaux-arts, ethnographie non presentava, apparentemente, particolari sorprese. Per cogliere il carattere violentemente polemico e intrinsecamente interdisciplinare di Documents, secondo cui i diversi contributi avrebbero dovuto eccedere sin dal principio il ristretto ambito della rivista d'arte, occorre attendere il quarto numero apparso nel settembre del 1929 e segnato dalla sostituzione della voce doctrines con quella di variétés , a partire dal quale sarà sempre più evidente la pratica del montaggio conflittuale adottata da Bataille per l'intera struttura della rivista.La rivista si concentrava su una serie di tradizioni culturali, che abbracciavano le discipline della poesia, della sociologia, della fotografia, della scultura, della musica, dell'archeologia e della pittura. Era supervisionata dallo scrittore-filosofo Georges Bataille, che divenne sempre più la sua unica figura guida man mano che i numeri progredivano. Principalmente attraverso le pagine di questa rivista, Bataille sfidava con forza i principi del Surrealismo sposati da André Breton a favore di un modello alternativo, in cui l'umanità poteva abbracciare l'informe, il sordido, lo scartato e il trascurato. A tal fine, presentava articoli e immagini i cui soggetti spaziavano dai mattatoi alle arti tribali non occidentali. Ogni numero includeva anche una serie di voci di "dizionario" che trattavano oggetti e concetti disparati e spesso banali con precisione scientifica.Mancano le copertine di tutti i numeri. Collezione molto ben conservata..
In-12 (186 × 118 mm) de 284-[4] pp. ; broché, couverture imprimée.
Édition originale. Exemplaire du service de presse sur papier d’édition. Précieux volume offert par l’auteur à Sylvia Bataille et à Jacques Lacan. Il porte cet envoi de Georges Bataille à l’encre bleue sur le faux-titre : à Sylvia et à Jacques affectueusement Georges Après avoir épousé l’auteur d’Histoire de l’œil en 1928, Sylvia Bataille partagea la vie de Jacques Lacan de 1938 jusqu’à la mort de ce dernier en 1981. Bataille gardera de bonnes relations avec son ex-épouse, et fut très proche de Lacan dans les années 1940. Sur le cercle intellectuel de Georges Bataille à cette époque, fréquenté entre autres par Jacques Lacan, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, voir Élisabeth Roudinesco. Sur Nietzsche est un des livres fondamentaux de Bataille, peut-être même la clef de tous les autres. «Si toute la pensée athéologique repose en effet tout entière sur la notion de système, elle en est en même temps l’excès. Des textes comme Madame Edwarda, Le Mort, Le Petit représentent sans conteste cet excès. Le Coupable, L’Expérience intérieure, d’une certaine façon aussi. Bataille ne les a-t-il pas sciemment expurgés de ce qui justifiait cet excès à en ruiner le système ? Mais le système existe, et Sur Nietzsche, le dernier des grands livres de cette somme, le met à nu... » (Michel Surya) «À peu d’exceptions près, ma compagnie sur terre est celle de Nietzsche...», a écrit Bataille, et aussi : « Je suis le seul à me donner, non comme un glossateur de Nietzsche, mais comme étant le même que lui.» Benoît Goetz s’est interrogé sur cette «mêmeté» de Nietzsche et de Bataille, «qui n’est pas identité, dont l’origine n’est pas d’ordre mimétique... Ou si identité il y a, elle est peut-être du même ordre que celle dont parlait Deleuze : “la grande identité” de Spinoza et de Nietzsche ». Cette « mêmeté », poursuit-il, « n’est pas sans rapport avec ce que Nietzsche a nommé “éternel retour du même”, et qui n’a rien à voir, comme Deleuze l’a bien souligné, avec la très vieille hypothèse de cycles cosmiques répétitifs. À travers la répétition tout change et varie. Bataille n’est donc pas un clone de Nietzsche, qui ne réclamait ni disciples ni épigones, mais un écho. Bataille fait écho à Nietzsche. On peut nommer ce phénomène “parodie”, même si le mot n’est plus à la mode. Cela signifie qu’une pensée et une écriture, un mode de vie, un ethos glissent le long d’autres textes et d’autres pensées, au point de les épouser, comme un anneau un autre anneau, mais sans confusion aucune. Noces contre nature, celles de la guêpe et de l’orchidée. Mélodie éternelle qui se chante elle-même.» Le saut nietzschéen dont il faut faire l’expérience, consisterait, pour Bataille, «à mordre la tête du serpent de l’esprit de vengeance (pour reprendre l’image du Zarathoustra), et à se débarrasser du ressentiment contre le temps et le “il était”. C’est le fond sans fond de la pensée du retour. [...] Comme Nietzsche, Bataille est un penseur du plus grand sérieux qui se renverse en jeu et en danse. » La pensée de Nietzsche, saisie à travers le prisme de l’œuvre de Bataille, « est por- teuse d’une affirmation qui n’est affirmation que de l’affirmation, et non d’une doctrine particulière. La “doctrine” de l’éternel retour est sans contenu, à la différence, sans doute, de la doctrine de la volonté de puissance. Pour parler comme Heidegger, cette dernière énonce quelque chose concernant l’être de l’étant. La “doctrine” de l’éternel retour, la “grande pensée” n’énonce rien de tel. Elle est l’affirmation d’une manière d’être, d’une manière de l’être lui-même, qui ne comporte rien de fixe, donc rien d’étant et qui par conséquent nous emporte nous-même...» Comme l’écrit Nietzsche dans Le Gai savoir, « L’impérieux jeu du monde / mêle l’être et l’apparence / L’éternelle extravagance / Nous y mêle pêle-mêle. » (trad. de Pierre Klossowski). Marges un peu jaunies, infimes traces d’usure à la couverture. Provenance : Sylvia Maklès (1908-1993) et Jacques Lacan (1901-1981), puis par descendance. – Sotheby’s, cat. Livres et manuscrits, 15 décembre 2020, lot 86. Références : Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan, Paris, Fayard,1993, pp.172-229, passim.– Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012), p. 390, passim. – Benoît Goetz, « Éternel retour de Nietzsche », in Le Portique, revue de philosophie et de sciences humaines, no 29, 2012 (en ligne).
Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1963, in-8 format oblong, broché, 38 p. Première édition sous le nom de Bataille.
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P., Pauvert, 1957, in-12, br., 215 p. Edition originale. 1/3000 ex. num. sur Alfama (pas de grand papier). Envoi autographe signé à Guy Dupré. Joint le fascicule de 8 pages (avec deux photos) édité par les éditions de Minuit, Pauvert et Gallimard à l’occasion de la publication simultanée de trois ouvrages de Bataille: La Littérature et le mal, L’Erotisme et Le Bleu du ciel. Belle provenance. L’auteur des “Fiancés sont froides” a laissé quelques notes intéressantes sur la page de faux-titre.
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In-8 de [4]-205-[5] pp. ; maroquin noir, dos à nerfs orné de fers dorés dans l’esprit Belle Époque et en accord avec le cadre temporel du récit : des cercles évidés flanqués de palmettes évoquant un œil (ou orifice), doublure de maroquin rouge, gardes de suédine noire, plat supérieur de la couverture illustrée conservé, non rogné, tête dorée (Régine Deforges).
Édition originale. Le premier et le plus important des écrits posthumes de Bataille, Ma mère, est aussi son dernier roman, demeuré inachevé : un long ressassement érotique et incestueux, à la fois anachronique, répétitif, troublant, élusif, impossible – et surtout magnifiquement écrit. Un des 50 exemplaires sur vélin blanc de Lana (no 46), seul grand papier. C’est l’exemplaire personnel de Régine Deforges (1935-2014), «papesse» de l’édition érotique française, revêtu par elle d’une voluptueuse reliure en maroquin noir doublée de maroquin rouge. « Écrit en 1954 et 1955, Ma mère est le dernier roman de Georges Bataille ; publié pour la première fois en 1966, il est aussi la plus importante de ses œuvres posthumes. On lui attribue, à ce titre, une sorte de valeur testamentaire qu’il assume de fait pleinement, puisqu’il brasse la totalité des grands thèmes batailliens, dramatise nombre des réflexions théoriques de l’auteur et, par-dessus tout, explore son matériel fantasmatique le plus intime, depuis le roman familial le plus lointain jusqu’au rapport le plus immédiat à l’érotisme et à la passion amoureuse. [...] Il constitue le deuxième, et – par sa longueur – le plus important volet de cette autobiographie de Pierre Angélique qu’inaugurait, en 1941, un récit bien plus bref, Madame Edwarda. » Roman de la répétition érotique, et en cela d’une obédience toute sadienne, «Ma mère est aussi paradoxalement un romand’éducation (ou plutôt le roman d’une déséducation, si l’on se réfère à la célèbre lecture qu’en avança Mishima), et donc le récit d’une métamorphose. C’est bien sûr celle que Bataille lui-même a connue lorsque de jeune homme pieux il est devenu explorateur de la volupté souveraine, et le récit transpose nombre de traits autobiographiques : Bataille s’est longtemps senti coupable de la déchéance d’un père incompris, mort dans une ville lointaine (l’auteur avait alors l’âge de Pierre); il a nourri pour sa mère les fantasmes les plus crus, et pour Colette Peignot une passion à la fois pure et voluptueuse, comme celle qui lie Pierre à Hansi. » Cf. Gilles Philippe, op. cit. Provenance : Régine Deforges, 1935-2014 (reliure). Références : Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, notice de Gilles Philippe, pp. 1295-1311. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012). Un des 50 exemplaires sur vélin blanc de Lana (no 46), seul grand papier. C’est l’exemplaire personnel de Régine Deforges (1935-2014), «papesse» de l’édition érotique française, revêtu par elle d’une voluptueuse reliure en maroquin noir doublée de maroquin rouge. «Écrit en 1954 et 1955, Ma mère est le dernier roman de Georges Bataille ; publié pour la première fois en 1966, il est aussi la plus importante de ses œuvres posthumes. On lui attribue, à ce titre, une sorte de valeur testamentaire qu’il assume de fait pleinement, puisqu’il brasse la totalité des grands thèmes batailliens, dramatise nombre des réflexions théoriques de l’auteur et, par-dessus tout, explore son matériel fantasmatique le plus intime, depuis le roman familial le plus lointain jusqu’au rapport le plus immédiat à l’érotisme et à la passion amoureuse. [...] Il constitue le deuxième, et – par sa longueur – le plus important volet de cette autobiographie de PierreAngélique qu’inaugurait, en 1941, un récit bien plus bref, Madame Edwarda. » Roman de la répétition érotique, et en cela d’une obédience toute sadienne, «Ma mère est aussi paradoxalement un roman d’éducation (ou plutôt le roman d’une déséducation, si l’on se réfère à la célèbre lecture qu’en avança Mishima), et donc le récit d’une métamorphose. C’est bien sûr celle que Bataille lui-même a connue lorsque de jeune homme pieux il est devenu explorateur de la volupté souveraine, et le récit transpose nombre de traits autobiographiques : Bataille s’est longtemps senti coupable de la déchéance d’un père incompris, mort dans une ville lointaine (l’auteur avait alors l’âge de Pierre); il a nourri pour sa mère les fantasmes les plus crus, et pour Colette Peignot une passion à la fois pure et voluptueuse, comme celle qui lie Pierre à Hansi. » Cf. Gilles Philippe, op. cit. Provenance : Régine Deforges, 1935-2014 (reliure). Références : Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, notice de Gilles Philippe, pp. 1295-1311. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012).
In-8 (212 × 140 mm) de 1 f. blanc, 86-[1] pp. et 3 ff. blancs ; broché, couverture rempliée imprimée en rouge et noir.
Édition originale. L’achevé d’imprimer est du 15 décembre 1945 ; le copyright porte la date de 1946. Tirage limité à 260 exemplaires sur papier nacré teinté, dont 175 mis dans le commerce, 25 hors commerce et 60 réservés aux souscripteurs : celui-ci, un des 175, porte le no 114. On joint : Fragment du manuscrit autographe. D’un format à peine inférieur à celui du livre, ces 9 feuillets in-8 contiennent autant de poèmes de L’Orestie, dont trois non retenus dans le recueil et un avec variantes ; encre noire ou bleue sur papier crème (6), ligné en rouge (2) ou ligné en gris (1). La poésie au risque de la folie : le célèbre recueil « antipoétique » de Bataille. Les textes qui le composent furent rédigés vers 1942. Quatre poèmes, regroupés sous le titre de «La discorde», furent publiés dans la revue Les Quatre vents, dirigée par Henri Parisot (achevé d’imprimer du 25 septembre 1945), soit moins de trois mois avant la publication de L’Orestie sous forme de livre. En 1947, l’ouvrage formera, avec les récits en prose Histoire de rats et Dianus, un triptyque publié par les Éditions de Minuit sous le titre La Haine de la poésie (la première section du volume porte d’ailleurs ce titre, deuxautres sections étant intitulées, respectivement, «Être Oreste» et «Appendice. Poèmes disparates »). La Haine de la poésie sera réédité par les Éditions de Minuit en 1962 avec un nouveau titre, L’Impossible, et une préface spécialement composée par Georges Bataille pour cette édition définitive, ordonnée différemment. Reprenant à son compte la figure tragique d’Oreste – un Oreste passé de la création poétique à la critique de la poésie, et un Oreste qui aurait perdu l’esprit –, Bataille en fait « le porte-parole (le prête-nom) pour une entreprise vraiment “post-hégélienne” où s’instaure, au-delà de la négation du “donné naturel” (opération hégélienne), la rupture qu’opère la “poésie” – comprenons : la littérature arrivée dans le domaine effroyable qui est le sien », celui de l’im-possible. À la première section, dans laquelle s’exprime «l’impossibilité où est l’écrivain d’accéder au cœur de la poésie et la nécessité qu’il sent de reformuler cette impossibilité », succède Être Oreste, au sujet duquel Gilles Ernst, que nous venons de citer, écrit : « Il faut pourtant vivre. Et assumer la folie puisqu’on ne revient pas intact de la première expérience de la poésie. Être Oreste où la “parole en vers” s’est définitivement tue, et qui est imprimé en italique pour signaler le passage au grand trouble, décrit cette seconde expérience, affreuse parce que absolument sans échappée possible. » Exemplaire de Jacques Lacan, accompagné d’une partie du manuscrit : 9 feuillets autographes contenant des poèmes du « cycle » d’Oreste. Écrits entre la fin de l’année 1942 et le début de 1943, ces poèmes manuscrits, destinés à L’Orestie de 1945, furent donc donnés par l’auteur à son ami Jacques Lacan. À cette époque, Lacan était proche de Georges Bataille, qui était toujours le mari de sa compagne Sylvia. (Georges et Sylvia Bataille, séparés depuis 1934, divorcèrent en 1946 et Sylvia n’épousa Lacan que sept ans plus tard.) Au début de l’année 1943, quand les rafles nazies s’intensifièrent, Bataille proposa même à Lacan et à Sylvia, d’origine juive, de les héberger à Vézelay, mais cette offre ne se concrétisa pas. Le cercle intellectuel de Georges Bataille, fréquenté entre autres par Jacques Lacan, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre ou Simone de Beauvoir, a été longuement évoqué par Élisabeth Roudinesco, op. cit. Dans la préface insérée en 1961 dans la réédition de L’Impossible, Bataille déclarait : « Je ne suis pas de ceux qui voient dans l’oubli des interdits sexuels une issue. Je pense même que la possibilité humaine dépend de ces interdits : cette possibilité, nous ne pouvons l’imaginer sans ces interdits. [...] Je ne crois d’ailleurs pas que ce livre pourrait jouer dans le sens d’une liberté sexuelle invivable. Au contraire : ce que la folie sexuelle a d’irrespirable en ressort ». Propos que Michel Surya, le biographe de Bataille, commente ainsi: «Peut-on imaginer que sur ce point Georges Bataille et Jacques Lacan étaient profondément d’accord ? Il n’est pas invraisemblable que ç’ait été entre eux un sujet de conversation capital. Il ne faut pas oublier en effet qu’ils se voyaient régulièrement, entre autres à Guitrancourt, chez Jacques Lacan. » Lire la suite de la description sur le site de la Librairie Métamorphoses : https://librairiemetamorphoses.com/boutique/manuscrits-et-autographes/nom/lorestie/
s.l. s.d (1943), 13,5x20,8 cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 46 lignes à l'encre noire sur un feuillet, mouillure en haut à droite sans atteinte au texte. La recherche d'une maison à Vézelay est l'objet de la majeure partie de cette lettre : « J'ai déjà vu une maison et un appartement. » En 1943, Georges Bataille a le projet de louer à Vézelay une maison où le couple va s'installer avec Laurence, la fille de Georges et Sylvia, et Jean (alias Bepsy), le fils de Denise Rollin. Les amants viennent de se séparer : « Cela me déchire toujours de me séparer de vous. Hier je sentais un terrible malaise. Je n'en suis guère sorti qu'en me rendant compte que, sans doute, je ne serai pas venu pour rien et que nous devrions pouvoir nous installer ici. » Pour l'aider à faire son choix, il décrit à Denise les différents avantages et inconvénients des deux habitations : « La maison est vraiment bien avec malheureusement un inconvénient sérieux : le jardin se termine par un mur bas sur lequel Jean pourrait grimper et il pourrait tomber de l'autre côté qui est plus bas. On domine la campagne de très haut et de très loin. Le jardin est joli, l'intérieur un peu triste, un peu délabré. L'appartement n'est pas mal mais sans jardin et sans aucune vue sur la campagne. » Le couple met un grand soin à choisir l'endroit idéal pour accueillir leur famille recomposée. Il est même question de faire venir Sylvia Bataille et Jacques Lacan à Vézelay pour les y installer. L'appartement avec lequel hésite Bataille : « il n'y a rien d'autre à louer que ce que j'ai vu » est peut-être celui qu'il réserve pour Jacques Lacan et Sylvia Bataille. Bataille et son ex-épouse Sylvia s'étaient séparés en 1934 et cette dernière avait retrouvé l'amour avec le psychanalyste Jacques Lacan qu'elle épousera en 1953. Après ces considérations immobilières, Bataille s'inquiète d'un autre problème, la nourriture : « Pour le ravitaillement, c'est certainement dur mais, à tout prendre, on devrait se sortir d'affaires de façon ou d'autre. » En effet, la Seconde guerre mondiale en est à son tournant, les nazis sentant leur emprise menacée redoublent de fermeté. Couplé à une augmentation des prélèvements agricoles, il en résulte une raréfaction de la nourriture : « Je dis qu'on se tirerait sûrement d'affaire pour le ravitaillement en ce sens qu'on a de la viande à volonté. Les légumes sont difficiles à trouver. On peut peut-être avoir du lait, pas de beurre. Selon les gens, ici, si les Zervos le veulent, ils pourraient très bien nous débrouiller. » Christian et Yvonne Zervos furent des figures importantes dans la ville de Vézelay où ils achetèrent une maison de campagne en 1937. Il était l'éditeur des Cahiers d'art dans lesquels Bataille a publié et elle fut la directrice de la galerie du même nom. Au début de la guerre, ils décidèrent de s'y installer de façon permanente et profitèrent de l'isolement de la propriété pour cacher leurs amis Paul Éluard et Nusch. Le couple Zervos est donc bien installé à l'époque de cette lettre et Bataille en a été prévenu par les gens de la région : « Ils pensent que connaître les Zervos serait un grand avantage sur des gens qui viennent s'installer ici sans connaître personne. » Mais il ne semble pas avoir mis ce conseil à profit, sans doute absorbé par ses sentiments et par la rédaction de son ouvrage Le Coupable. L'installation de Diane Kotchoubey, future amante de Bataille, à Vézelay quelques temps après cette missive scellera le destin du couple Bataille-Rollin. Avant la fin de l'année 1943, Bataille quittera Denise Rollin pour sa nouvelle passion. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Paris, s.e., 1934 [Georges Hugnet, 1943], in-12, br., 46 p. Edition originale de ce rare livre où l’auteur revient notamment sur des épisodes de son enfance et de son adolescence. Dans l’argot des bordels le petit désigne l’anus. Tirage unique à 63 exemplaires. 1/5 ex. de tête num. sur Hollande (n° IX), tirage de tête avec 5 Vidalon, sous couvertures vertes (les 40 sur vélin sont sous couvertures couleur brique), justifié à l’encre de la main de l’éditeur.
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Paris, s.e., 1934 [Georges Hugnet, 1943], in-12, br., 46 p. Edition originale de ce rare livre où l’auteur revient notamment sur des épisodes de son enfance et de son adolescence. Dans l’argot des bordels le Petit désigne l’anus. Tirage unique à 63 exemplaires. 1/40 ex. num. sur vélin crème du Marais et justifié à l’encre de la main de l’éditeur.
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Paris s.d. [3 ou 4 juin 1940], 20,9x26,9 cm, 2 pages sur un feuillet.
Touchante lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 37 lignes à la mine de plomb, petite mouillure en haut à droite, sans atteinte au texte. Georges Bataille tente de rassurer sa compagne Denise Rollin?: «?Je t'en supplie. Il ne faut pas t'inquiéter, mais pas du tout.?» Elle est partie s'installer à Vézelay où Bataille la rejoindra bientôt. Il est resté à Paris où les bombardements ne perturbent en rien la vie des parisiens?: «?Tu n'imagines point à quel point les petits dégâts qu'on voit paraissent insignifiants à côté de la place intacte qu'il y a de tous les côtés. Pendant toute l'alerte, j'ai déjeuné bien tranquille avec mon chef de service de passage à Paris (il vit au front)?» Bataille n'a pas renoncé à son emploi de bibliothécaire à la Bibliothèque nationale. Tuberculeux, il n'est pas envoyé au front et il en profitera pour rédiger plusieurs textes à cette époque tels que Madame Edwarda ou Le Coupable. Plus loin, il évoque une visite?: «?Un peu après, Henri Michaux est venu me voir?» Les deux hommes avaient participé à la revue Mesures et avaient en commun d'être à part de la nébuleuse surréaliste. Il se retrouve dans leurs uvres respectives une violente indépendance et la même tension vers la spiritualité, une forme de mysticisme. Bataille avait fréquenté le séminaire dans sa jeunesse et Michaux a plaisamment dit de lui?: «?Il donne l'impression d'un séminariste sortant furtivement d'une pissotière.?» Après ces nouvelles presque triviales, Bataille se lance dans une analyse de ses sentiments?: «?Ce que tu me dis dans ta lettre, c'est pour moi ce qui délivre, c'est comme la nudité, tout ce qui se déchire entre toi et moi. Mais, encore une fois, je ne me suis jamais senti aussi près de toi.?» Il demande à sa correspondante?: «?il faut me dire tout. C'est très doux que j'aie vu où tu es, que je connaisse les chemins que tu prendras, les ponts par où tu passeras.?» La sensualité n'est jamais loin du sentiment pour l'auteur?: «?Dis-moi aussi quelle chambre tu as?: pour que je songe à toi dans cette chambre et à tout ce qui arrivera là quand nous serons de nouveau ensemble.?» De cette sensualité, et des sensualités passées, il reste les fruits que sont les enfants. Denise Rollin est partie à Vézelay en compagnie de son fils Jean, surnommé Bepsy?: «?Tu ne me dis rien de ta vie avec Bepsy [...] Bepsy est-il plus calme?: moi aussi je l'ai entendu crier dans tes bras.?» Bataille remercie Rollin?: «?Pour Sylvia je t'ai une immense reconnaissance de m'avoir aidé à changer.?» Sylvia Bataille fut la première épouse de Georges Bataille. Ils s'étaient séparés en 1934 mais ne divorceront qu'en 1946. De cette relation, pour l'auteur?: «?Il ne reste que Laurence et la nécessité d'envisager les choses sans heurt?» Laurence était la fille née de ce mariage en 1930. Elle rejoindra Bataille, Rollin et Bepsy en 1943 lorsque son père ira s'installer à Vézelay. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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S.n., s.l. s.d. [circa 1940-1943], 20,7x27 mm, 2 pages sur un feuillet.
Belle et longue lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, inédite, déchirée en cinq morceaux n'affectant pas la lecture, 34 lignes à l'encre noire sur un feuillet. Fréquentant tous les deux les milieux intellectuels et artistiques parisiens, Georges Bataille et Denise Rollin se rencontrèrent au cours de l'année 1939. Elle fut notamment l'amie de Cocteau, Prévert et Breton. Bataille la décrivit ainsidans ses carnets pour Le Coupable : «une illusion aussi fragile qui se dissiperait au moindre souci, au moindre relâchement de l'inattention.» Il reste peu de détails sur leur relation car la vie privée de Georges Bataille, particulièrement à cette époque, n'est pas tant documentée. Il apparaît dans cette lettre les sentiments profonds que Denise Rollin provoquaient chez Bataille: «Maintenant je n'aspire plus qu'à une chose c'est à vous prouver que je n'appartiens plus qu'à vous, que je suis rivé à vous [...]» L'absolu de cet amour est tel que Bataille est prêt à tout : «[...] que vous le sachiez à tel point que si je ne devais plus avoir d'autre moyen qu'une profanation pour vous le prouver, je ferais devant vous cette profanation.» Il se sent pourtant coupable: «Je ne peux pas parler de l'état auquel je suis arrivé, je suis trop agité. Je sens, j'espère que c'est absurde. J'ai honte même de tant souffrir et de vous ennuyer avec ma souffrance quand vous seule êtes malade.» L'année précédente, il avait perdu sa compagne des suites de la tuberculose. Démuni devant la maladie, il admet: «[...] moi je ne peux pas vous guérir, je ne peux même pas vous soigner [...]» Seule Denise Rollin serait capable de l'apaiser: «Tout était noir auparavant [...] ce que je souffre et que vous pouvez si facilement guérir chaque fois que vous le voudrez [...]». Abandonné aux affres de l'angoisse, Bataille admet: «Je suis tellement fou en ce moment (et de cela je veux vous parler) que je ressens comme une complicité et une perfidie de tous pour me faire mal, comme si vous vous prêtiez au jeu pour que je sois encore plus désespéré [...]» Au bord de la paranoïa, il supplie Rollin: «La seule chose dont je veux vous supplier [...], c'est de ne plus douter sans cesse de moi comme vous l'avez fait.» Il comprend pourtant: «[...] il y avait en moi et dans mon passé de quoi vous paraître insupportable [...]» Il lui offre une solution: «Ce qui m'apaiserait le plus si vous m'écriviez, ce serait que vous me disiez que vous me croyez, que vous voulez bien que je sois votre chose.» - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. s.d. [circa 1940-1943], 20,9x27 cm, 1 page.
Lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 18 lignes à l'encre noire. Lettre d'une passion amoureuse durant la guerre, Georges Bataille est à Paris où l'offensive allemande bat son plein: «[...] l'attaque allemande recommence.» Mais ce bouleversement n'atteint pas l'exaltation amoureuse de Bataille, au contraire: «Quelque fois je pense que c'est comme s'il y avait entre toi et moi quelque chose de plus violent et de plus terrible du fait que nous nous sommes trouvés au milieu d'une aussi grande tourmente. Comme si l'amour le plus vrai ne pouvait s'accorder qu'avec le dérangement de tout.» L'écriture possède une qualité presque magique d'incarnation: «En t'écrivant cela c'est comme si tout s'ouvrait de toi à moi et d'une telle façon que ce qui est vivant là pouvait se rire de tout.» Couplée à l'imagination et la force des sentiments, elle permet de vaincre l'absence: «[...] tout à coup tu es là auprès de moi, c'est comme si l'étendue était impuissante à nous séparer.» Bataille tente de rassurer sa correspondante: «Mais en aucun cas il ne faut t'inquiéter de moi. Je te retrouverai encore ce soir à neuf heures.» Il conclut sa lettre en lui demandant: «Embrasse fort la petite Laurence et dis-lui que je lui écrirai demain.» Laurence est la fille que Georges Bataille a eu avec Sylvia Bataille, sa première épouse. Elle est à l'époque de cette lettre à Vézelay avec Denise Rollin, dans cette famille recomposée qui comprend également Jean, le fils que Denise a eu avec son époux. Une preuve s'il en fallait de la liberté sexuelle et morale, encore rare à l'époque, du couple Bataille-Rollin que l'on retrouve dans les revendications de l'auteur. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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In-12 (183 × 117 mm) de 225-[5] pp. ; demi-basane noire, dos à faux-nerfs avec titre à l’œser rouge, plats de papier rose foncé, gardes et contregardes du même papier, couverture conservée, le dos n’a pas été préservé (reliure de l’époque).
Édition originale. Exemplaire sur papier d’édition. Envoi de l’auteur à l’encre noire sur le faux-titre : à Sylvia si affectueusement Georges C’est l’exemplaire de Sylvia Bataille, dont l’auteur avait divorcé en 1946 alors qu’elle partageait la vie de Jacques Lacan depuis 1938 (elle n’épousera ce dernier qu’en juillet 1953). Ce roman « athéologique » – il met en scène Robert C., un prêtre déchiré entre mysticisme et débauche, son frère jumeau libertin, Charles C., et une héroïne sadienne, Éponine – est traversé, comme tous les récits de Bataille, de références auto- biographiques. Surtout, L’Abbé C. subit la double influence de Sade et de Laure/Colette Peignot : de Sade, dont il se sépare sur le fondement moral du désir, Bataille cherchant plutôt «à penser une communauté qui fonderait la sexualité»; de Laure, qui avait reproché à Bataille: «Et tu prétends te réclamer de Sade ! Cela ne me mènera jamais à sentir la sacristie, les histoires de famille et le ménage. Tu te réclames en effet des curés catholiques. Au lieu d’un libertinage qui pourrait être une sorte de mouvement puissant et heureux même sans le crime tu veux qu’il y ait un fond amer entre nous. Tu me représentes une apparence de gosse qui sort du confessionnal et va y retourner. – Une apparence de prêtre à cochonneries. » Bataille, souligne Jean-François Louette, « écrit L’Abbé C. dans le souvenir de ces phrases de Laure, ou comme un dialogue avec celle que voici : “Il est temps d’affirmer que la religion du crime nous empoisonne tout autant que celle de la vertu”. Il décide d’assumer la figure que Laure aussi bien que les surréalistes lui prêtent, afin de montrer le sens qu’il lui donne; et la gémellité de Robert et Charles forme le moyen d’exprimer cette dualité interne, celle du prêtre et du libertin ». Autres influences détectées : celle du roman noir, notamment La Confession du pêcheur justifié de James Hogg, que Dominique Aury venait de traduire – un livre envoûtant explorant les thèmes du double et de la gémellité –, ainsi que celle, toujours présente chez Bataille, des romans de Dostoïevski. Enfin, le même Jean-François Louette évoque la figure antagoniste (« la concurrence », écrit-il) de Jean Genet, le seul écrivain, à l’époque, capable de conjuguer en un même récit les thèmes abordés par Bataille dans L’Abbé C. : le sexe, le crime, la guerre, la tra- hison. «C’est sûrement de Genet que Bataille est en 1950 le plus proche». L’auteur de Madame Edwarda n’écrivait-il pas en 1949, dans un compte rendu de la pièce Haute surveillance, ces mots qui résonnent haut et fort chez tout lecteur de Jean Genet : « Il n’est pas de morale possible à vouloir ignorer les vertus du mal » ? Marges un peu jaunies, la couverture est très légèrement tachée. Sobre et séduisante reliure de l’époque conjuguant le rouge du sang et le noir de la soutane. Provenance : Sylvia Maklès (1908-1993) et Jacques Lacan (1901-1981), puis par descen- dance. – Sotheby’s, cat. Livres et manuscrits, 15 décembre 2020, lot 86. Références : Jean-François Louette, notice, in Georges Bataille, Romans et récits, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, pp. 1257-1285. – Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan, Paris, Fayard, 1993, pp. 172-229, passim. – Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Paris, Gallimard, 1992 (rééd. 2012), p. 176, passim.
1918 1 vol. broché 1 page in-4 à l'encre, vers 1918. Brouillon autographe de deux poèmes, l'un de six vers, entièrement raturé (et sans doute inachevé), l'autre de quatre quatrains en alexandrins, intitulé "Les Fronts des vieux". C'est le seul document connu attestant des recherches poétiques de Georges Bataille dans sa jeunesse, selon son biographe Michel Surya : "Il a dû exister des poèmes de jeunesse de Bataille. Un seul a pu être retrouvé parmi les papiers ayant appartenu à sa cousine Marie-Louise : 'Les fronts des vieux'. Il est inédit et, sans doute, est-ce mieux ainsi." (Georges Bataille, la mort à l'oeuvre. Paris, Séguier, 1987, p. 38)D'inspiration parnassienne, le poème décrit la physionomie des paysans auvergnats burinée par les rigueurs du climat : "Quand le vent sur la neige abattue dans la nuit / Fait un ravage rude et froid sur les plateaux (...) Rien n'est plus en son lieu qu'un front barré de rides / Fronçant des yeux riants sous le chapeau bourru (...) Fronts du paysan fruste et du paysan vieux / Dont l'âme est souvenante et le corps est cassé". Une dédicace empruntée à Beethoven et placée en exergue, "An die Fernen geliebten" (aux êtres chers éloignés), laisse penser que Bataille a composé ce poème, soit pendant sa mobilisation en 1916, soit aux premiers temps de son installation à Paris en 1918. Document unique.
L'un des plus anciens textes connus de Bataille. Manuscrit autographe et seul connu S.l.n.d. [Paris, circa 1921] 5 pp. en 4 ff. (195 x 250 mm) rédigées à l'encre violette et noire sur papier à en-tête de La Chambre des députés, recto, chemise à rabats (signée de Julie Nadot). Un des premiers textes rédigés par Georges Bataille. Manuscrit autographe complet et seule version manuscrite connue.
Comme « La Châtelaine Gentiane », considéré comme le premier texte produit par Bataille, « Ralph Webb » est écrit entre 1920 et 1922, lorsque le jeune homme est élève de l’École des Chartes. « Ralph Webb » semble avoir été écrit au retour de son voyage en Angleterre : il vient d'y effectuer des recherches au British Museum sur les romans de chevalerie, avant de se rendre au monastère de Quarr Abbey, sur la côte nord-est de l'île de Wight. Bataille est, au terme de sa deuxième année à l'École des chartes, tout entier préoccupé par ce Moyen âge fantastique et religieux qu'il explore. Une autre notion majeure est également présente dans ce conte : celle du rire, que Bataille vient de découvrir après sa rencontre avec Henri Bergson, avec lequel il dîne à Londres en octobre 1920. Il reviendra sur ce moment trente ans plus tard, dans une conférence de 1952 intitulée « non-savoir, rire et larmes », où il expose le principe de la réflexion encore balbutiante du jeune homme d'une vingtaine d'années qu'il était alors : « Il y a tout de même quelque chose que je puis retenir de ma réflexion à ce moment-là, c'est ce principe de considérer que le problème majeur était le problème du rire ; et, formulant cela d'une façon tout à fait grossière, très loin de ce que je représente maintenant même, je me disais que si j'arrivais à savoir ce qu'était le rire, je saurais tout, j'aurais résolu le problème des philosophies ». Le récit se déroule dans un de ces « châteaux noirs » qui hanteront les fictions de Bataille : ici un manoir de la campagne du Dorsetshire, situé en face de l'île de Wight qu'il vient de visiter. Le nom de son héros, sur lequel Bataille a hésité, est Ralph Webb - avant de le nommer successivement Ralph Watson, Holborn puis enfin Webb. Tout y annonce les textes futurs qui appartiendront à ce que l'on appelle chez Bataille les « récits de mort », caractérisés par la concentration de l'action ou l'absence de description des personnages. « Ralph Webb » est le premier texte de l'oeuvre de fiction qui relève de ce statut. Longtemps considéré comme perdu, il sera publié pour la première fois dans l'édition des OEuvres complètes de la Pléiade, Romans et récits, en 2004.
P., N.R.F., 1954-1961, 2 volumes in-12, brochés, 253 et 233 p. Edition en partie originale, service de presse et envoi a.s. sur les deux volumes à Roger Caillois, “son ami” et “avec la fidèle amitié”. Prière d’insérer. Les deux volumes sont restés non coupés. Dos légèrement passés.
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Paris, N.R.F., 1938, in-8, broché, 50 pages. Edition originale. Rare tiré-à-part du numéro de juillet 1938 de la Nouvelle Revue Française, sous couvertures spéciales imprimées. Le Collège de Sociologie n'eut jamais son propre organe de publication. Une note sur sa fondation paraîtra dans le numéro 3-4 de la revue Acéphale et c'est Jean Paulhan, qui, par l'intermédiaire de Caillois, invita le Collège à publier dans le numéro de la N.R.F. de juillet 1938 ce que l'on considère le plus souvent comme son manifeste. Petite insolation en haut de la quatrième de couverture.
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[1949] Rare portrait inédit de Georges Bataille, posant de face, les mains croisées, où sont à peine esquissés les contours du visage, pour mieux faire ressortir l'expression intense et pénétrante du regard, à la limite de la folie. Cette étonnante oeuvre sur parchemin a figuré à l'une des premières expositions de Robert Lapoujade, "Portraits d'écrivains exécutés à la pointe d'argent" (Galerie Chardin, Paris, 1949). Bataille a composé en regard de son portrait un long commentaire - lui aussi inédit - qui est une méditation sur les concepts de mort et d'absence : "Etre d'air ? de lumière ? être encore ? être c'était mourir à l'être qui n'est pas, quand la parfaite inanité de l'être qui est renonce à l'absence qui me rompt le coeur. Mais la vérité, l'absence, si tout se dissipe se révèle." Document unique et inconnu des biographies.
Montpellier, Fata Morgana, 2012, in-4, en feuilles, sous portefeuilles à rabats et étui toilé. Reproduction en fac-similé du tapuscrit corrigé du Mort offrant des variantes par rapport à la version des Oeuvres complètes. Tirage unique à 30 exemplaires comportant chacun trois peintures originales de Jean-Gilles BADAIRE. Signature de l’artiste au colophon. Belle réalisation.
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Paris, Messages, 1944, in-12, broché, couverture rempliée [40 p.] Edition originale tirée à 113 exemplaires, tous hors commerce, celui-ci 1/100 num. sur Auvergne.
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P., N.R.F., 1961, in-12, br., 233 p. Edition revue et corrigée, en partie originale.
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