Mercure de France, 1943, gr. in-8°, 173 pp, 2 planches hors texte (une première esquisse du dessin de couverture d'Emile Bernard en frontispice et un portrait gravé de François Bravay), broché, premier plat illustré par Emile Bernard, bon état. Peu courant
Un portrait du député du Gard François Bravay qui servit de modèle à Alphonse Daudet pour le personnage principal du roman « Le Nabab » (1878). — "François Bravay, fils d'un marchand de casseroles et outils agricoles de Pont-Saint-Esprit, est né le 25 novembre 1817. Caricature du nouveau riche, son existence extraordinaire a servi de trame à un roman d'Alphonse Daudet, Le Nabab. Ruiné, car peu doué pour le petit commerce, en 1847, Bravay va tenter sa chance à Alexandrie. En se jouant de la naïveté du Vice-roi d'Égypte, Saïd Pacha, il acquiert rapidement une immense fortune. Revenu en France en 1861, il mène une vie fastueuse et dépense sans compter. Il se lance alors dans la politique. Par ses largesses, ce personnage éblouira la bourgeoisie locale et par là, même les électeurs. Il sera élu conseiller général, en 1862, puis député du Gard, en 1865... Il fait construire un château à Pont-Saint-Esprit sa ville natale, achète celui de Belle-Eau à Donzère, où il reçoit Saïd Pacha, et un hôtel à Paris où il réside. Ce train de vie dispendieux viendra rapidement à bout de son magot ramassé en Égypte. Ruiné il mourra, aveugle et sans ressources à Paris, en 1874." (Georges Mathon) — "On sait qu’en gros, la réalisation du canal de Suez se situe entre novembre 1854, date de la signature, par Mohammed Saïd, de « l’acte de concession », et le 15 août 1869, date de la réunion des deux mers. Quinze années donc, au cours desquelles Lesseps eut, sans répit, à lutter pour gagner et conserver la confiance des khédives successifs, Abbas Pacha, Mohammed Saïd et Ismail Pacha contre les intrigues, non seulement de l’Angleterre et de la Porte, mais aussi de ses propres compatriotes : saint-simoniens furieux de leur échec de 1833, diplomates ou Français résidant en Égypte, tel ce François Bravay, prototype du futur « Nabab » d’Alphonse Daudet, et que, déjà en 1859, Gustave Flaubert rêvait de mettre en scène, dans un roman qu’il n’écrivit jamais bien qu’il y pensât sans cesse, et qui, sous le titre d’Harel-Bey, devait, au milieu d’un monde interlope de « faiseurs », d’aventuriers « en habit noir », d’une pègre européenne, représenter ce que Flaubert appelait « l’Orient-Isthme de Suez ». Il eût ainsi révélé les dessous de l’affaire de Suez, comme, renseignée par Bravay lui-même, la belle Olympe Audouard, amie de Dumas père, récoltant sur place, en 1864-1865, les potins et ragots qu’elle étala ensuite dans ses Mystères de l’Égypte dévoilés..." (Aimé Dupuy, Le percement de l’isthme décrit par des voyageurs français, Le Monde diplomatique, octobre 1956)