Gallimard Bibliothèque de la Pléiade Reliure d'éditeur 2008 "In-12 (11 x 17,5 cm), reliure d'éditeur pleine peau sous rhodoïd et emboîtage illustré d'un portrait, LXX-1476 pages, ce volume contient : La Sainte Russie - Les Beaux Quartiers - Un Roman commence sous vos yeux - Les Voyageurs de l'impériale - Servitude et grandeur des Français - Les Portraits - Les Contes de quarante années [Préface au tome IV des ""Œuvres romanesques croisées""], édition publiée sous la direction de Daniel Bougnoux avec, pour ce volume, la collaboration de Raphaël Lafhail-Molino ; très bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande."
Gallimard Bibliothèque de la Pléiade Reliure d'éditeur 1997 In-12 (11 x 17,5 cm), reliure d'éditeur pleine peau sous rhodoïd et emboîtage illustré d'un portrait, LXVI-1917 pages, ce volume contient : Anicet ou Le panorama, roman - Les Aventures de Télémaque - Le Libertinage - La Défense de l'infini - En marge de « La Défense de l'infini » - Les Cloches de Bâle, édition publiée sous la direction de Daniel Bougnoux avec, pour ce volume, la collaboration de Philippe Forest ; trace d'étiquette à côté du code-barre de l'étui, très bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Les éditeurs français réunis Broché 1953 In-12 (12 x 18,8 cm), broché, 238 pages, édition originale (pas de grand papier), exemplaire signé par Aragon ; volume bruni, pliures au dos, petites pliures, taches et rousseurs aux plats, assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Temps actuels Broché sous emboitage 1981 In-4 (26 x 33 cm), broché sous emboîtage cartonné toilé, 133 pages, 1 de 900 exemplaires réimposés numérotés tirés sur vélin pur fil de Lana, avec la reproduction d'un dessin original d'Aragon ; quelques légères traces sur l'emboîtage, par ailleurs très bel état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Gallimard Les Cahiers de la nrf Dos carré collé 2000 In-8 (14,1 x 20,5 cm), dos carré collé, 429 pages ; très bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
NRF Gallimard Broché 1947 ENVOI DE L'AUTEUR. In-8 (14,3 x 20,6 cm), broché, 630 pages, envoi d'Aragon, édition définitive ; pliures au dos bruni, réparation à la colle à chaque coiffe, intérieur bruni, assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Livre Club Diderot Toile d'éditeur 1974 Série complète en 15 volumes, in-8 (18,3 x 23 cm), 1974-1981, reliure éditeur toilé gris perle sans les rhodoïd, avec un A rouge aux premiers plats, titre et tomaison en rouge et doré au dos, illustré de reproductions de Hans Arp, Braque, Ernst, Fédotov, Juan Gris, Le Yaouanc, Masson, Picasso, et de nombreux documents d'époque ; quelques traces sur certaines pièces de titre, mouillure au dos et aux plats du tome 3 en queue, mouillure plus légère au même endroit au tome 2, trace sur le bord latéral du premier plat du tome 15, par ailleurs bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Maeght Revue 1972 In-folio (28 x 38 cm), revue en feuilles, 27 pages, 2 lithographies originales en couleurs (1 pleine-pages et 1 page seul), reproductions en couleurs et en noir et blanc, en provenance de la bibliothèque personnelle de Denise Delouche ; légers frottements sur le quatrième plat, trace de pliure sur ce même plat, dos avec de petites traces d'usages, intérieur frais, bel état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Jean-Jacques Pauvert Cartonné sous rhodoïd 1964 In-8 (14,5 x 21,7 cm), cartonné sous rhodoïd, 392 pages ; manque au quatrième plat du rhodoïd et dans le coin supérieur du premier plat, rousseurs aux tranches, par ailleurs assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Robert Laffont Cartonné sous rhodoïd 1964 In-4 (22 x 26,7 cm), cartonné toilé sous rhodoïd, 173 pages, illustré de photographies en noir et blanc de Jean Marquis ; quelques traces sur les plats, déchirures sans manque au rhodoïd au premier plat et au dos en tête, résidus de papier d'un ancien ex-libris au 2e plat, par ailleurs intérieur frais, assez bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Les Editeurs Français Réunis Broché 1953 In-12 (11,8 x 17,7 cm), broché, 238 pages ; pliures et rousseurs au dos, quelques petites traces sur les plats, assez bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Paris, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, rue Garancière, 10 Relié 1893 In-8 (14,5 x 22,2 cm), reliure demi-chagrin, dos à 5 nerfs, tranches marbrées, ex-libris Viennet, couverture conservée, 396 pages ; quelques traces sur le cuir, quelques rousseurs à l'intérieur notamment en début et fin de volume, par ailleurs bel exemplaire. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Editions Pierre Seghers Poésie 47 Broché 1947 In-12 (14,3 x 19,2 cm), broché, 127 pages ; dos bruni, rousseurs aux plats, par ailleurs assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Editions Albert Skira Broché 1947 In-12 (12,4 x 19 cm), broché, couverture rempliée, 265 pages ; quelques infimes rousseurs sur la couverture, bel état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Les éditeurs français réunis Broché 1946 In-152 (12 x 17,8 cm), broché, 115 pages ; mors et dos frottés, traces et marques d'usage sur les plats, par ailleurs assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Denoël, Editions de l'Avenue Broché 1945 In-8 (14,3 x 22,4 cm), broché, 462 pages ; volume bruni (inégalement sur la couverture), par ailleurs assez bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Seghers Broché 1971 In-12 (11x17,5 cm), Dos broché, 187 pages ; dos insolé et légèrement plissé, légers frottements aux coiffes, intérieur frais, bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Gallimard Soleil Toile d'éditeur 1947 In-12 (13.5x20 cm), toile de l'éditeur, 651 pages, 80e volume de la collection Soleil, un des 3000 exemplaires, n°B1927 ; coins et coiffes un peu frottées, coin supérieur du 1e plat un peu enfoncé, coiffes légèrement brunies, intérieur très frais, bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Seghers Broché 1964 In-8 (16,5 x 25,5 cm.), broché, couverture illustrée et à rabats, 81 pages, cahiers non-coupés, un des 2000 exemplaires tirés sur papier vergé blanc ; menus incidents sur les plats, coiffes, bords et coins un peu frottés, mors légèrement abimés, intérieur frais, bon état général. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Gallimard Soleil Toile d'éditeur 1970 In-12 (14x20 cm), reliure toile violette de l'éditeur (sans rhodoid), 517 pages, un des 3400 exemplaires sur Bouffant Alfa Calypso des papeteries Libert, n°2750, d'après une maquette de Massin ; coins un peu enfoncés Bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Gallimard Blanche Broché 1936 In-12 broché, 197 pp., réédition de ce texte de 1921 ; quelques incidents à la couverture, par ailleurs bel état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
Gallimard Les Cartonnages NRF Reliure d'éditeur 1946 In-12, cartonnage décoré de l'éditeur d'après une maquette de Paul Bonet, 1 des 1040 exemplaires numérotés sur Plumex, 246 pp., EDITION ORIGINALE ; dos légèrement frotté et bruni, rousseurs sur les gardes, bon état. Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande.
s.d. (1944-1945), 19,8x26,5cm, une feuille sous étui-chemise.
Rarissime poème satirique autographe de Louis Aragon, intitulé «?Distiques pour une Carmagnole de la Honte?», écrit entre septembre 1944 et février 1945. 26 vers sur un feuillet rédigé à l'encre noire, avec une note de l'auteur à l'encre bleue en bas de page. Notre manuscrit fait partie d'un ensemble de treize poèmes rédigé au premier semestre de l'année 1945 et destiné à paraître dans une anthologie poétique (Aragon, chez Pierre Seghers éditeur à Paris, Collection «?Poètes d'aujourd'hui?» n°2, 20 juillet 1945). Il fut adressé par Aragon comme copie de travail à son directeur de publication et ami Claude Roy. Ce poème autographe constitue le seul manuscrit connu des Distiques, le large fonds d'archives Triolet-Aragon de la Bibliothèque nationale de France n'en conservant ni manuscrit ni jeu d'épreuves. Le poème autographe est présenté sous une chemise en demi maroquin bleu nuit, plats de papier à motif stylisé, contreplats doublés d'agneau beige, étui bordé du même maroquin, ensemble signé Thomas Boichot. Véritable témoignage historique et réquisitoire contre les collaborateurs réfugiés à Sigmaringen, les Distiques d'Aragon ont été composés pendant l'hiver 1944-1945 à la suite de la publication du Musée Grévin. Exemple typique de la poésie de combat aragonienne, cette mélodie en octosyllabes et dizains condamne sans appel les chefs du gouvernement vichyiste et leurs plus fervents sympathisants. Le sarcasme, l'injure, l'invective, sont au service d'une poésie vengeresse, non sans rappeler la fureur de Front Rouge, qui signait son divorce du mouvement surréaliste. Pour autant, le ton du poème se veut alerte et enjoué?: les hôtes du château de Sigmaringen y jouent, chantent et dansent, et Aragon finit le poème par un quatrain entraînant «?Ah ça ira ça ira Les Pétain Laval tous à la lanterne, Ah ça ira ça ira ça ira, Les Pétain Laval tous on les pendra?», qu'il emprunte à l'hymne révolutionnaire «?Ah ça ira, ça ira, ça ira, Les aristocrates à la lanterne. Ah?! ça ira, ça ira, ça ira?! Les aristocrates on les pendra.?» Refusant de quitter la France à l'annonce de la guerre malgré les nombreuses sollicitations, Aragon entre en clandestinité avec Elsa Triolet après avoir vaillamment combattu pendant l'offensive allemande. Ces années d'Occupation marquent une période d'intense activité pour l'écrivain, qui publie clandestinement ses recueils de poésie résistante (Le Crève-cur, 1941, Les Yeux d'Elsa, 1942, Le Musée Grévin, 1943, La Diane française, 1944) et sous divers pseudonymes des poèmes et réponses aux collaborationnistes dans les Lettres Françaises. Par ailleurs mandaté par le parti communiste pour rassembler les écrivains et intellectuels en zone Sud, il y crée une antenne du Comité National des Ecrivains, qui réunit Stanislas Fumet, Auguste Anglès, Henry Malherbe et Jean Prévost. L'exemple d'Aragon a prouvé que, dans les circonstances de la guerre, l'écriture poétique était en soi un acte de résistance, un refus de céder. Comme le remarque Claude Roy, destinataire du manuscrit qu'il publie à la fin de la guerre?: «?La parole d'Aragon s'élevait avec une violence et une aisance qui se répercutaient d'un bout de la France à l'autre.?» «?Ça doit avoir de la dégaine/Le château de Siegmaringen/On s'y retrouve entre félons/Sous les lustres du grand salon?» Aragon écrivit deux poèmes sur Sigmaringen, l'ancien château des Hohenzollern de Souabe, qui accueillit Pétain et son entourage après leur fuite de Vichy et de Belfort. Devant l'avancée des alliés et sur l'ordre du Reich, le maréchal et ses partisans y installèrent un gouvernement fantoche en septembre 1944, qui sera remplacé durant les derniers mois de guerre par une «?Délégation gouvernementale pour la défense des intérêt français en Allemagne?». Aragon dédie un distique à Laval, écarté du pouvoir par cette nouvelle organisation?: «?Laval a l'air bien embêté / D'être en disponibilité?». On notera par ailleurs que l'auteur ajoute un «?e?» au nom de Sigmaringen, sans doute par jeu ironique avec le salut nazi «?Sieg Heil?». Presque huit mois durant, jusqu'en avril 1945, cette petite parcelle d'extra-territorialité a hébergé entre ses murs plus d'un millier de collaborateurs fuyant les représailles de la Libération. S'y retrouvèrent des intellectuels et des écrivains en disgrâce comme Céline ou Lucien Rebatet, parmi des miliciens, gestapistes et hommes politiques exilés. Les journalistes germanophiles sont dans le poème les cibles d'une satire très virulente?: Paul Ferdonnet, responsable de l'appel à la capitulation sur les ondes de Radio-Stuttgart («?Pétain tous les soirs joue aux cartes / Avec le traître de Stuttgart?»), Hérold-Paquis, adhérent d'honneur des Waffen SS («?Mon cher monsieur Hérold Paquis / Parlez nous un peu du maquis?»). L'anathème se poursuit avec les têtes de cette délégation, qui fut désavouée par Pétain dès sa création - elle était composée de Joseph Darnand, secrétaire d'État à l'Intérieur, de Marcel Déat, ministre du Travail et de la solidarité nationale, et de l'acteur Jean Luchaire, commissaire à l'Information?: «?Darnand se plaint à Jean Luchaire/Des déménagements si chers / José Laval cette idée a / De séduire Marcel Déat.?» Les ennemis y sont clairement nommés, les bourreaux et les traîtres exposés par de courts vers saccadés. Une note d'Aragon en partie inférieure du manuscrit nous éclaire davantage sur le dessein du poème, qui doit être déclamé sur l'air du chant révolutionnaire?: «?(1) note pour une lecture?: les distiques se disent en coupant l'octosyllabe par la moitié sans égard au sens. Le quatrain terminal se chante sur l'air connu avec une voix de basse, funèbre et éraillée?». Aragon exhume la carmagnole, hymne des sans-culotte à partir de 1792, et témoigne du même esprit d'insoumission qui régnait plus d'un siècle auparavant. Égrenant les grands noms du collaborationnisme français tels qu'on chantait les condamnés à mort de la Terreur, il use à loisir des caricatures d'antan?: «?Jamais dit Fernand de Brinon/ Beau nez n'a déparé beau nom?» La pique est destinée à l'ambassadeur de Vichy auprès des autorités allemandes, aussi célèbre pour son nez proéminent que pour sa noble extraction. La sentence symbolique des deux chantres de la collaboration Pétain et Laval est prononcée par Corinne Luchaire, l'actrice et égérie des vichyistes, réfugiée avec son père à Sigmaringen?: «?Et Corinne se lève et chante / D'une voix plaintive et touchante. Ah ça ira ça ira ça ira / Les Pétain Laval tous à la lanterne / Ah ça ira ça ira ça ira / Les Pétain Laval tous on les pendra?» Magnifique poème empreint de fièvre révolutionnaire et d'aspiration humaniste, ce précieux manuscrit de poésie résistante est une des rares uvres autographes d'Aragon encore en main privée. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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ARAGON (Louis). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À PIERRE MAISON]. [Septembre 1915], 11 pages sur trois bifeuillets à en-tête du Grand Hôtel Bellevue et de la Plage, Étables (Côtes-du-Nord), 21 × 13,5 cm. Exceptionnelle très longue lettre intime, en 1915, l'année des dix-huit ans d’Aragon. Les témoignages de cette époque sur ce dernier sont d'une très grande rareté. Ce document, adressé à son ami d'enfance Pierre Maison, modèle initial du personnage d'Anicet, apporte un éclairage particulièrement précieux sur sa formation, sa sensibilité et ses préoccupations d'adolescent. Aragon, dans les « clés » d’Anicet — rédigées à l'intention de divers collectionneurs et bibliophiles ; le roman avait paru en 1921 —, écrivait notamment : « Dans l’abord, Anicet était, non l'auteur comme il le devint par la suite, mais mon ami Pierre Maison, qui venait de mourir pour la France, comme on dit (18 octobre 1918) » (Pléiade, Œuvres romanesques complètes, I, page 167) ; « Quant à Anicet, mettons que c'est moi et n'en parlons plus. Je rappelle qu'il était au début mon ami Pierre Maison, qui mourut en octobre 1918 au service de la France, dont il paraît qu'alors nous étions tous les domestiques » (id. page 172). Ce document a été étudié par Michel Apel-Muller dans « Aragon : jeunesse, genèse, 1915 et 1921 », article publié dans L'Humanité en février 2008 et disponible à l'adresse https://louisaragon-elsatriolet.fr/wp-content/uploads/sites/37/2013/04/Apel-Muller_Aragon_1915_1921.pdf. Il s’y trouve qualifié d'« immense lettre confidence », « éclair[ant] une relation que l'on ne connaissait jusqu'ici que par Anicet », celle avec l'« ami aimé et admiré » que fut Pierre Maison, « pilotis du personnage d'Anicet », mort de la grippe espagnole en 1918 après avoir survécu à la guerre. Cette lettre contient de plus une remarquable description poétique de paysage à laquelle se mêlent des réflexions, d'une maturité singulière, reflétant l'éclosion de la sensation du caractère irréversible du vieillissement et de la fuite du temps. On y lit même, sous la plume d’un Louis Aragon de dix-huit ans, ce qui peut apparaître comme une première version de « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard ». Des passages entre crochets dans la transcription ci-dessous rétablissent quelques lettres manquantes — voir la fin de la présente notice. « Cher ami Quels remords ! Ne t'avoir pas écrit plutôt [sic] ! (Ne fais pas attention à l'écriture, j'ai une plume effroyable !) Je suis de plus cyniquement sans excuses : plusieurs pages de confusion ne suffiraient certes pas à réparer mes torts et par conséquent je m'abstiens de te les écrire, dans l'assurance où je suis que ta magnanimité consentira à m'absoudre. Donc avec l'absolution de tes benoîtes mains toutes de crottin parfumées, je passe à un autre chapitre, et je mets à la ligne. L'en-tête du papier t'apprend que je perche pour l'instant à l'Hôtel Bellevue, Étables, Côtes du Nord (c'est mon adresse). Si tu avais bon souvenir, tu t'étonnerais sans doute, mais je suis dans la plus absolue certitude que tu [ne] te rappelles pas le moins du monde le nom [du p]atelin pour où je t'avais dit partir. Mais [je] suis bête ! Tu dois déjà connaître pa[r Va]llet mes pérégrinations. Partis pour Villervill[e (C]alvados) [...] Coutrot, nous ne n[ous y p]lûmes pas (mince de parfait défini !), [et] filâmes (remince !) sur la Bretagne à [Er]quy (Côtes-du-[Nord) puis [?]] là pas plus qu'à Villerville nous ne [nous] plûmes. Ceci nous met au premier septembre, date depuis laquelle nous sommes ici, où (enfin !) nous nous plaisons. Tu as sans doute su par Vallet que j'ai eu, que nous avons eu, Tréfouël et moi le plaisir de le voir deux fois au cours de deux excursions en bécane. D'Alexandre pas de nouvelles, sauf par Vallet, mais des nouvelles de quinze jours. Tu dois en avoir. De Guéret des nouvelles : il est à Landerneau, mais te l'a sans doute écrit. Malheureusement j'ai bien des remords à son sujet : voilà presqu'un mois que je traîne dans ma poche une lettre inachevée à son intention ! D'Etevenon pas de nouvelles, bonnes nouvelles, n'est[-ce p]as ? Je lui ai écrit hier douze page[s] dans l'intention de déclancher [une] modeste réponse. Je ne sais [quelles [?]] délices perverses ont pu lui fair[e] oublier tout ici bas (tout ici bas, da[ns l']espèce, c'est moi), mais ce doivent être de[s] délices non pareilles à coup sûr ! et je ne sais s'il faut lui en vouloir ! (J'ai, n'est-ce pas ? quelque toupet de me demander ainsi devant toi, s'il faut en vouloir aux paresseux de la plume !) Oh ! Devine qui j'ai aperçu sur la plage d'Hennequeville à côté de Trouville ? Boisard en chapeau melon qui avait l'air de s'embêter ! Il ne m'a pas vu, je me suis sauvé de toute la vitesse de mes jambes ! J'ai rencontré ici des gens intelligents. Entre autres un jeune homme qui prépare le professorat de lettres à la Sorbonne : je crois qu'il veut écrire une thèse sur Nietzsche, ça ne manque pas de crânerie en ce moment ! Il était d'une conversation très séduisante, je dis : "était" car il est ma[lh]eureusement rentré hier à Paris. Nous avo[ns r]ompu des lances en faveur de la musique [al]lemande, et j'ai pensé à nos bonnes [disc]ussions d'autrefois. Le souvenir m'est rev[enu co]mme je défendais Wagner, du jour où nou[s avions] ensemble descendu le cours de la Seine en parlant du Vaisseau Fantôme, et les mots que tu me disais [a]lors, en objections, me remontaient à la bouche et j'en réfutais l'argumentation. C'est un peu avec toi que j'ai discuté ce soir là, revivant notre promenade d'un dimanche de printemps. T'en souviens-tu ? Il faisait beau, mais le soleil avait quelque chose d'indéfinissablement triste, et le printemps nouveau ressemblait à un automne. Quand nous nous sommes arrêtés, sur la berge, passé Javel, le soleil était déjà bas quoi qu'il ne fut [sic] pas encore cinq heures. Ses rayons déjà affaiblis et horizontaux arrivaient de derrière la colline lointaine où s'accrochent les maisons des bords de la Seine qui disparaissait rapidement en un coude. Malgré la masse vert sombre des arbres de la berge opposée, courbés sur l'eau courante, toute chose semblait couverte d'une imperceptible teinte de rouille : on eut [sic] dit l'emprise poussiéreuse sur la campagne de la grande ville toute prochaine. [Ici Aragon passe d'une encre noire à une encre bleue.] Sur l'eau rougie dont les touches sombres décelaient par ci, par là la profondeur, le long du bord, les pontons lavoirs, comme parsemés eux aussi d'une poussière de brique, s'échelonnaient jusqu'au tournant. Pas un passant en vue : l'activité humaine se révélait en tas de pierres posées au fond, en bel ordre. Une maison flanquée d'une cheminée d'usine et de quelques baraquements noirs dressait d'angle la silhouette imprévue de son toit marqué d'un ressaut. Et par derrière, dans une buée vespérale, s'étageaient les côteaux de Meudon, avec leurs bois recéleurs de tonnelles et de guinguettes. Ce paysage morne, animé du seul mouvement de la Seine, vit encore intensément dans ma mémoire. Je l'ai revu une fois depuis : c'était en allant te voir à Versailles. Du train, on aperçoit le coin, par delà la rangée des maisons et des usines. [Je] l'ai montré, fugitif, à Coutrot et à Vallet par la portière. Et nos fronts collés aux vitres, nous lisions les majuscules des réclames dont s'ornent les usines : le nom de Ripolin en lettres blanches, énormes, passa, et je me souvins que nous avions passé devant l'usine, ensemble, ce jour là. Puis le train fila. Meudon ! Ces côteaux, de là bas entrevus dans la brume, nous les avons gravis pour aller vers toi, en ce Versailles, où nous t'allions visiter un peu comme en exil, avec le sentiment de quelque étonnante anomalie. Et tous ces souvenirs, Meudon, ses côteaux, la route de Versailles, Versailles et la caserne, ta chambre avec son balcon, toute la vision de ta nouvelle vie, sont pour moi étroitement liés à ce paysage des bords de la Seine qui nous avait un jour frappé [sic], et j'en garde le souvenir vivace avec l'aide du dessin que tu en as fait. Ce dessin ! c'est mon meilleur souvenir de l'année, et il restera tel pour moi — il évoquera nos causeries, nos promenades et tout cet adorable et paresseux laisser aller de flânerie et de révâsserie qui fut ma vie de tout un an, en votre compagnie, en la tienne, et comme je n'en trouverai sans doute plus jamais, ce doux farniente où je me complaisait [sic], à en oublier parfois les circonstance[s —] et qui fera que je garderai toujours de la guerre un double souvenir, qui, comme une tête de Janus me montrera deux faces, l'une menaçante et horrible, l'autre toute souriante et mélancolique, l'une qui me dira : "Marche !" et l'autre : "Carpe diem". Et dans ce passé souriant et nostalgique, ton image reste à mes côtés, comme celle du rêveur que tu étais, jeune socialiste à idées ! avant que du jour au lendemain la réalité ne se fût dressée devant toi, dans une nudité qui, comme celle d'une femme d'un certain âge, perdait à la crudité du grand jour. Mais je ne veux pas croire que cette vie nouvelle ait pu considérablement te changer. "Abruti !" résumais tu, aux premiers jours, tes impressions de caserne. Je lisais, il n'y a pas encore longtemps, un mot de toi à Vallet où tu te servais à nouveau de ce terme. Oui, je le crois, le service te réduira, car tu as la ferme volonté de le bien faire, à l'état passif de machine, pendant un certain temps, pendant le temps nécessaire. Mais ta vraie nature n'en sera en rien entamée. Tu seras, tu es déjà, j'en suis sûr un bon soldat (même un bon sous-off ?), mais toujours en toi, subsistera comme une veilleuse cette faculté d'imagination qui t'emportait parfois et dont je te plaisantais — mais que j'espère bien maintenant te retrouver un jour, et qui te faisait ériger en système universel les moindres impressions d'une sensibilité vagabonde. Mathématicien poétique ! La belle antithèse ! et que tu la réalisais bien, toi qui de l'enthousiasme où te plongeait la solution élégante d'un problème passait presque sans intermédiaire à la fougue de la discussion philosophique ou même à celle d'un désir plus matériel. Le même intérêt t'attachait à la solution d'une question de géométrie ou à l'énigme de deux beaux yeux entrevus dans la rue. Te souvient-il de cette femme qui avait les yeux verts et profonds, au coin du Boulevard Malheserbes et de la rue Jouffroy et que nous avons perdue Avenue de Villiers ? Et cette belle fille qui méprisait le type en casquette qui l'accompagnait et te glissait des sourires complices, un jour, dans le tramway jaune de Suresnes ? Et d'autres, qui fixaient ton attention pour un détail, un roulement des hanches, une poitrine ferme, une marche souple, l'élancement d'un corps, une lèvre trop rouge ou des yeux trop cernés ? Et ces sœurs dont tu ne parlais qu'avec émotion ? Tout cela n'était qu'enfantillages, soit, mais quels bons enfantillages ! Tout cela est passé, bien passé, fini ! et à le constater, n'y a-t-il pas quelque amertume, comme la sensation d'avoir en peu de temps vieilli plus qu'il n'eut [sic] fallu ? Presqu'au point d'en soupirer : "Ah ! Jeunesse" à dix-huit ans — C'est loin, loin et nous sommes loin aussi l'un de l'autre, avec la nostalgie d'être tous séparés. Tu souris, et tu penses que la nostalgie est une chose bonne pour les gens qui prennent des bains de mer à Étables (Côtes du Nord). Mon vieux, mon bon vieux, tu ignores ton bonheur. Toi tu peux, si tu le veux, t'abrutir, ne pas penser. Et tu sens que tu fais un travail utile vers un but qui t'est cher. Moi je suis condamné à penser et à ronger mon frein. Je ne puis pas m'abrutir. J'ai essayé d'y parvenir par le sport. J'ai réussi une fois, deux fois, mais je n'ai pu prendre le pli. Et toujours la lancinante idée de mon inutilité revient me hanter. Depuis que je suis oisif, c'est une idée fixe, et n'ayant plus d'autre occuppation [sic], je suis possédé de la pensée de la guerre. J'ai sans cesse l'impression à la bouche d'un relent de tabac refroidi, il me semble m'être réveillé d'un beau rêve, j'ai l'amertume de l'inconscience où pendant un an de classes je sens que j'ai vécu, et de cette honte subite est né un grand désir d'agir. Mais on fait ce qu'on peut. Agir ! Il faudrait en avoir la force. Mon pauvre vieux, il n'y a pas de plus grande tristesse que ça, ne pas se sentir la force, être une âme qui voudrait et un corps qui ne peut pas. Cependant, toujours en moi, j'ai l'espérance sourde que cela n'est pas irréparable, qu'avec de l'exercice... mais je n'ai pas la force de volonté pour prendre cet exercice là moi-même. Alors, s'il faut m'y obliger, le régiment ! Oh ! oui, le régiment, je le veux ! Et je fais tout ce que mes forces peuvent pour cela. Mais que peuvent-elles vraiment quand elles ne trouvent d'autre obstacle qu'une muette désolation et les pleurs d'une mère que l'on aime et que l'on sait malade assez pour avoir une attaque ? L'effroyable courage qu'il faut avoir pour déchirer ceux que l'on aime et peut-être irréparablement ! Mon vieux, mon vieux, si cela était fait, quel soulagement de pouvoir s'abrutir à la caserne, comme une brute, quel bonheur d'être de corvée ! Faire des travaux grossiers ! être une machine ! s'abrutir ! Je n'eus [sic] jamais cru souhaiter cela un jour. Je bavarde, et ma bougie s'est entièrement brûlée, la flamme est pour l'instant à l'intérieur du bougeoir. Je m'aperçois que j'ai noirci bien du papier, et si tu as lu mon épître en entier, j'ai dû bien t'ennuyer. Je ne sais pas trop ce que j'ai dit, et je ne veux pas le savoir. Je ne me relirai pas. Aussi tant pis s'il y a des fautes d'orthographe ! Tu feras semblant de ne pas les voir, et de ne pas baîller [sic]. Il est une heure indûe [sic]. Je te quitte : je t'envoie ma missive rue Jouffroy d'où on te la fera suivre, car j'ai peur de me tromper dans tes numéros. En réponse à ma lettre, et pour m'en accuser réception, tu me ferais plaisir si (je ne te demande pas de m'écrire) tu m'envoyais simplement ton adresse exacte sur une carte, sans plus, car je sais bien que tu n'as pas de temps à toi. Tes quelques loisirs te permettent cependant, j'espère, de lire ? Je regrette de n'avoir pu avant mon départ te revoir et t'apporter les bouquins que je t'avais promis. Je t'indique en passant, si tu as le temps, les titres de deux bouquins de Paul Hervieu de la collection à 0f,95cm : "L'Armature" et "Peints par eux-mêmes" qui sont très remarquables. Bien cordialement à toi, ton vieil ami qui pense bien souvent à toi dans son trou de Bretagne quoiqu'il ne te l'écrive pas souvent. Louis Aragon » Pierre Maison, né le 3 septembre 1897, avait devancé l'appel. À l'époque de la rédaction de cette lettre, il effectuait ses classes à Versailles dans un régiment d'artillerie. Jacques Tréfouël, autre ami de jeunesse d'Aragon, devint directeur de l'Institut Pasteur. Michel Apel-Muller ignorait si Boisard avait été condisciple ou professeur d'Aragon. Sur Alexandre, Coutrot et Vallet, il renvoie au dossier « Aragon et Robert Alexandre », présenté par Agnès Alexandre-Collier et Hervé Bismuth, publié depuis dans le numéro 15 de « Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet ». Sur Etevenon et Guéret, Apel-Muller écrivait ne rien savoir. La « mère » dont Aragon évoque les pleurs et la muette désolation, Claire Toucas, était en réalité sa grand-mère. Mouillure ayant entraîné des trous avec atteinte au texte sur les deuxième, troisième et quatrième pages du premier bifeuillet. La pliure centrale verticale de ce dernier est fendue. L'encre autour des parties manquantes est délavée. La même mouillure affecte, de façon beaucoup moins marquée, le deuxième bifeuillet, où seules quelques lettres sont délavées. Le troisième est complètement épargné. Nous reconstituons le texte manquant entre crochets dans notre transcription sur la base de celle faite par Michel Apel-Muller dans l'article cité ci-dessus. La transcription de ce dernier n'est toutefois manifestement pas complète, et postérieure aux dommages subis par le document, lesquels semblent anciens. En guise d'exemple, signalons seulement qu'entre « Calvados » et « Coutrot » figurent davantage de mots que le simple « avec » présent dans la transcription d'Apel-Muller. Autrement, papier un peu fatigué sans gravité, traces de pliures et petites taches parfaitement acceptables. Également disponible, sur demande : le manuscrit autographe signé du premier poème connu d'Aragon, daté de 1915, dont cette lettre éclaire les circonstances de la composition (cf. l'article de Michel Apel-Muller dont l'adresse électronique figure au début de cette notice).
s.d. (circa 1950), 21x30cm, une page sur un feuillet.
| Il faut le dire, nous publions ici ce chef-d'uvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait grincer les dents existentialistes, ou tout simplement les dents gâtées, comme un exemple, sûrs que ce ne sera pas en vain. | *** Manuscritautographe de Louis Aragon, une page à l'encre bleue sur un feuillet.De nombreuses ratures et réécritures. Infimes décharges de rouille dûes à un trombone, légères ombres d'un transfert d'encre d'une autre page. Publié dansLes Lettres Françaises,épisode 16, 23 février 1950. Précieuse étude manuscritede Louis Aragon, accompagnant la publicationen feuilletondans Les Lettres Françaises duromande Marceline Desbordes-ValmoreL'Atelier d'un peintre(1833). Il opère une réhabilitation de la poétesse-romancière snobbée par l'histoire de la littérature et les existentialistes, et la place dans latradition du réalisme socialiste. En 1949, Aragon choisit de publier L'Atelier d'un peintre en livraisons avec ses commentaires. Laguerre froideimpose la mise en avant d'unréalisme socialiste comme référence officielle de la politique culturelle communiste :"pour Aragon lire Marceline Desbordes-Valmore c'est avant tout lire l'histoire d'une génération, d'un peuple. Plus précisément, il fait de Marceline une incarnation de la République inachevée, d'un monde encore en construction, et qui tend vers la liberté. Pour comprendre Marceline, Aragon nous invite à 'dater ses écrits', et à ne pas se contenter de la cantonner à une seule époque de sa vie, mais à essayer de trouver une explication à ses prises de position aussi différentes que l'étaient les régimes durant la gestation de la République au XIXesiècle." (Aghbarian, Lina,«Aragon éditeur de Marceline Desbordes-Valmore», Recherches croisées Aragon - Elsa Triolet, n°14). Detous ses commentaires accompagnant L'Atelier d'un peintre,il s'agit de l'un de sesplus polémiques : Aragon s'oppose aux surréalistes en contestant le désamour de Lautréamont pour le romantisme auquel Desbordes-Valmore était associée, et fustige le rejet hâtif de cette oeuvre qui a pourtant des pendants dans la littérature moderne :"L'Atelierqu'Aragon rouvre avec la publication de ce roman, pour le retravailler, le révéler, lui donner une deuxième vie plus proche de ses propres préoccupations, après l'avoir désancré de son temps, et vidé de sa religiosité romantique, pour mettre à nu sa richesse qui réside dans la cause féministe défendue par Marceline Desbordes-Valmore [...] Ondine, le personnage littéraire, est pour elle une transposition de l'enfant disparu, son garçon, fils de Henri de Latouche, son amant. Ondine est donc trois fois hybride, androgyne, réelle et imaginaire, fille et mère à la fois, et Léonard, son double inversé, celui qu'elle aurait aimé être pour réussir dans l'univers pictural à l'accès interdit. Aragon double l'androgynie par l'homosexualité lue, entre autres, dans cette phrase de Yorick «Talma double mon existence».Parmi d'autres allusions, il fait référence àSexusde Henri Miller [allusion présente dans ce manuscrit]Aragon cultive la thématique de la dualité sur laquelle tout le roman est bâti. Sans délaisser le monde imaginaire du roman, il cherche à mettre en exergue de ce roman romantique la part réaliste cachée dans l'ombre du roman lyrique. En un mot, Aragon inverse l'ordre du premier et du second plan: le romantisme du roman de Marceline Desbordes-Valmore devient secondaire, et l'arrière-plan historique prioritaire" (ibid.) "Nous voici arrivés à la scène nocturne de la Place Vendôme, qui est une des plus intenses, des plus belles minutes du roman de l'autre siècle... Je le sais, tout le monde ne tombera pas d'accord. Il est arrivé à mes oreilles qu'il y a des gens qui se détournent superbement deL'Atelier d'un peintre,et trouvent mauvais que nous publiions une histoire où il n'y a strictement rien de ce que EUX, cherchent dans les romans, possible que ceux qui ne savent lire ne voient que bluette, de la littérature pour jeunes filles. Quand cela serait, cela vaut bien la littérature pour vieux messieurs! Mais , enfin, il faut le dire, nous publions ici ce chef-d'uvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait grincer les dents existentialistes, ou tout simplement les dents gâtées, comme un exemple, sûrs que ce ne sera pas en vain. Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, dont les gens à la page aujourd'hui n'oseraient contester l'autorité, a condamné voilà près de quatre-vingt-ans ceux qu'il appelait "les Grandes Têtes Molles" du romantisme, ceux qui écrivaientau mal.Mais jusqu'à aujourd'hui, toute la littérature écriteau bienest jugée avec mépris par cette Méduse, l'élite prétendue, formée de très petites têtes molles. La révision des valeurs annoncée par Ducasse, ne lui en déplaise, est commencée. Et ici même. La scène de la place Vendôme - vous qui lisez simplement, sans penser si elle tient le coup à côté duSexusd'Henry Miller -, pour mieux l'imaginer, si nous vous donnions de Yorick Angelmann, son protagoniste, une image nouvelle ? Que dites-vous de ce portrait d'inconnu [illustration choisie pour cet article], dû à Géricault, et que pour des raisons analogues sans doute on a prétendu être ce portrait de Lord Byron ?ce qui est fort loin d'être prouvé." - Photos sur www.Edition-originale.com -
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