Paris Les Editeurs Français Réunis EFR 1967 Grand In 8 Nombreuses participations d'écrivains n° 454 - 455 . Nombreuses photographies d'Aragon et D'Elsa par Man Ray , Cartier-Bresson , Doisneau en noir et blanc dans une suite photographique hors-texte . - 404 p. , 650 gr.
Couverture souple Très Bon État . 1° édition
Paris, Gallimard, coll. Albums de la Pléiade, 1997. In-12 de 479 pages, pleine peau dorée à l'or fin, rhodoïd, étui illustré d'un montage d'une série de portraits d'Aragon exécutés par Henri Matisse en 1942.
627 illustrations in-texte en noir et en couleurs. Edition originale hors-commerce de ce 36e volume de la collection. En très belle condition.
Paris, Maeght, 1972. In-folio de 28 pages en feuilles, sous couverture lithographiée.
Illustré de 3 lithographies originales dont une en double page tirées sur les presse de l''imprimeire Mourlot. Texte de Louis Aragon, "Chagall l'admirable". Recherché pour les 3 lithographies originales de Marc Chagall. Belle condition. Cramer, 91.
[Bruxelles], [Editions de la revue Variété], 1929. Un volume in-4 broché de [28] pages, couverture grège.
Illustré de 4 photographies pornographiques de Man Ray, dont la légende voudrait que les sexes masculins soient ceux de Péret et Man Ray, tandis que la dame ne serait autre que Kiki de Montparnasse. Édition originale, un des 160 exemplaires numérotés sur Montval. Les poèmes du premier semestre sont de Péret, ceux du second sont d'Aragon. Il est fréquemment dit que le tirage fut presque intégralement confisqué et détruit par les douanes françaises. "... 1929 est, bien sûr, un excellent exemple du désir endémique des surréalistes de choquer et de subvertir - épater les bourgeois - souvent exprimé par une obsession presque potache des questions sexuelles et un athéisme virulent " Parr-Badger The Photobook: A History II, 138; Pia, Enfer, 937; Dutel, II, 1986.
Paris, Gallimard, 1942. In-8 soleil, cartonnage d'éditeur d'après la maquette de Paul Bonnet.
Édition originale. Un des 550 sur alfa (295). Envoi autographe d'Aragon à Jacques Laffitte. Couvertures et dos conservés. Huret 29 A.
Porrentruy, Ed. des Portes de France, 1943. 1 vol. br. in-8 de 86-[4] pages. Couverture blanche à rabats imprimée en rouge et noir. Belle condition.
Tiré à 1560 exemplaires. Celui-ci un des 1500 numérotés sur vélin fin volumineux.
Genève Cercle Du Bibliophile / Edito-Service 1968 In-8 Collection " Le club des grands prix littéraires " . Un portrait d'Aragon en frontispice . Quelques rousseurs . Signet jaune citron . Edition de luxe . - 484 p. , 550 gr.
Couverture rigide Très Bon État .
s.d. (circa 1950), 21x30cm, une page sur un feuillet.
| Il faut le dire, nous publions ici ce chef-d'uvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait grincer les dents existentialistes, ou tout simplement les dents gâtées, comme un exemple, sûrs que ce ne sera pas en vain. | *** Manuscritautographe de Louis Aragon, une page à l'encre bleue sur un feuillet.De nombreuses ratures et réécritures. Infimes décharges de rouille dûes à un trombone, légères ombres d'un transfert d'encre d'une autre page. Publié dansLes Lettres Françaises,épisode 16, 23 février 1950. Précieuse étude manuscritede Louis Aragon, accompagnant la publicationen feuilletondans Les Lettres Françaises duromande Marceline Desbordes-ValmoreL'Atelier d'un peintre(1833). Il opère une réhabilitation de la poétesse-romancière snobbée par l'histoire de la littérature et les existentialistes, et la place dans latradition du réalisme socialiste. En 1949, Aragon choisit de publier L'Atelier d'un peintre en livraisons avec ses commentaires. Laguerre froideimpose la mise en avant d'unréalisme socialiste comme référence officielle de la politique culturelle communiste :"pour Aragon lire Marceline Desbordes-Valmore c'est avant tout lire l'histoire d'une génération, d'un peuple. Plus précisément, il fait de Marceline une incarnation de la République inachevée, d'un monde encore en construction, et qui tend vers la liberté. Pour comprendre Marceline, Aragon nous invite à 'dater ses écrits', et à ne pas se contenter de la cantonner à une seule époque de sa vie, mais à essayer de trouver une explication à ses prises de position aussi différentes que l'étaient les régimes durant la gestation de la République au XIXesiècle." (Aghbarian, Lina,«Aragon éditeur de Marceline Desbordes-Valmore», Recherches croisées Aragon - Elsa Triolet, n°14). Detous ses commentaires accompagnant L'Atelier d'un peintre,il s'agit de l'un de sesplus polémiques : Aragon s'oppose aux surréalistes en contestant le désamour de Lautréamont pour le romantisme auquel Desbordes-Valmore était associée, et fustige le rejet hâtif de cette oeuvre qui a pourtant des pendants dans la littérature moderne :"L'Atelierqu'Aragon rouvre avec la publication de ce roman, pour le retravailler, le révéler, lui donner une deuxième vie plus proche de ses propres préoccupations, après l'avoir désancré de son temps, et vidé de sa religiosité romantique, pour mettre à nu sa richesse qui réside dans la cause féministe défendue par Marceline Desbordes-Valmore [...] Ondine, le personnage littéraire, est pour elle une transposition de l'enfant disparu, son garçon, fils de Henri de Latouche, son amant. Ondine est donc trois fois hybride, androgyne, réelle et imaginaire, fille et mère à la fois, et Léonard, son double inversé, celui qu'elle aurait aimé être pour réussir dans l'univers pictural à l'accès interdit. Aragon double l'androgynie par l'homosexualité lue, entre autres, dans cette phrase de Yorick «Talma double mon existence».Parmi d'autres allusions, il fait référence àSexusde Henri Miller [allusion présente dans ce manuscrit]Aragon cultive la thématique de la dualité sur laquelle tout le roman est bâti. Sans délaisser le monde imaginaire du roman, il cherche à mettre en exergue de ce roman romantique la part réaliste cachée dans l'ombre du roman lyrique. En un mot, Aragon inverse l'ordre du premier et du second plan: le romantisme du roman de Marceline Desbordes-Valmore devient secondaire, et l'arrière-plan historique prioritaire" (ibid.) "Nous voici arrivés à la scène nocturne de la Place Vendôme, qui est une des plus intenses, des plus belles minutes du roman de l'autre siècle... Je le sais, tout le monde ne tombera pas d'accord. Il est arrivé à mes oreilles qu'il y a des gens qui se détournent superbement deL'Atelier d'un peintre,et trouvent mauvais que nous publiions une histoire où il n'y a strictement rien de ce que EUX, cherchent dans les romans, possible que ceux qui ne savent lire ne voient que bluette, de la littérature pour jeunes filles. Quand cela serait, cela vaut bien la littérature pour vieux messieurs! Mais , enfin, il faut le dire, nous publions ici ce chef-d'uvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait grincer les dents existentialistes, ou tout simplement les dents gâtées, comme un exemple, sûrs que ce ne sera pas en vain. Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, dont les gens à la page aujourd'hui n'oseraient contester l'autorité, a condamné voilà près de quatre-vingt-ans ceux qu'il appelait "les Grandes Têtes Molles" du romantisme, ceux qui écrivaientau mal.Mais jusqu'à aujourd'hui, toute la littérature écriteau bienest jugée avec mépris par cette Méduse, l'élite prétendue, formée de très petites têtes molles. La révision des valeurs annoncée par Ducasse, ne lui en déplaise, est commencée. Et ici même. La scène de la place Vendôme - vous qui lisez simplement, sans penser si elle tient le coup à côté duSexusd'Henry Miller -, pour mieux l'imaginer, si nous vous donnions de Yorick Angelmann, son protagoniste, une image nouvelle ? Que dites-vous de ce portrait d'inconnu [illustration choisie pour cet article], dû à Géricault, et que pour des raisons analogues sans doute on a prétendu être ce portrait de Lord Byron ?ce qui est fort loin d'être prouvé." - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.d. (avril 1948), 21x30cm, 4 pages sur 4 feuillets.
| "Le nez en l'air, les bras volants, avec désinvolture, de la joie, comme dit Willy Ronis... des souliers noirs, un grand chapeau, une taille de guêpe, la jupe au vent, et pas la moindre idée d'à quoi tout ça peut servir, mais tout le soleil de la fin d'avril dans la voilette... et comme Paris, absurdement inimitable." | * Exceptionnel manuscrit autographe complet de Louis Aragon. 4 pagesau crayon sur 4 feuillets numérotés de sa main. Discrètre trace de décharge de rouille sur le premier feuillet et au verso du dernier. Pli horizontal sur l'ensemble des feuillets. L'article sera publié sous le titre "L'Art de prendre une photo pour Les Lettres Françaises" (Regards, 14 mai 1948). Aragon accompagne le grand Willy Ronis, le temps d'une séance photographique d'un portrait de mode pour LesLettres Françaises. Sur les pas de Ronis faisant virevolter son modèle, l'écrivainnous entraîne pendant quatre pages à travers un Paris enchanteuroù se mêlent vie populaire et élégance mondaine. "Il s'agissait d'illustrer Le Nez au vent, de Louis Chéronnet. La chronique avait pour thème : L'Elégance de Paris se déplace vers l'ouest, et plus précisément portait sur l'avenue Montaigne" commence Aragon dans sa chronique. Le temps d'une journée, l'écrivain documente avec fascination le travail du photographe dans l'un de ses décors de prédilection : les rues de Paris. Plusieurs tableaux se succèdent, dans le quartier Montorgueil,chez la chapelière, au studio de Ronis, dans l'avenue Montaigne,au théâtre des Champs-Elysées. Le maître mot, chez Aragon comme chez Ronis, est le mouvement. La photographien'a rien de statique, les impressions d'Aragon non plus. On saute, comme la modèle sur les clichés du photographe, d'un endroit à l'autre. Le portrait de l'élégante s'élargit, sous la plume de l'écrivain, à ses alentours, à la bouillonante vie de Paris qui s'arrête un instant le temps de contempler la silhouette de la mannequin animée par les instructions du photographe. Soixante ans plus tard, Ronis se souviendra de cette mémorable journée : "[Aragon] avait un très beau regard sur la photo. Il savait ce que c'était que l'image. Elsa aussi. Lui m'a fait travaillé quand il a fondé et dirigé les Lettres françaises. J'ai fait plusieurs reportages pour lui. Le premier petit reportage, c'était en 1947 ou 48, un reportage sur la mode avenue Montaigne. Aragon est venu avec moi, on avait choisi un mannequin. J'étais un peu intimidé par Aragon, c'était mon premier contact avec lui. Je voulais tirer le maximum de mon mannequin, je me démenais beaucoup car j'avais le trac. Me voir, ça l'a tellement amusé qu'il n'a pas fait le reportage écrit sur le mannequin mais sur moi travaillant. Je l'avais ensuite revu d'assez nombreuses fois, on se tutoyait." (Willy Ronis, entretien dansLibération,14 septembre 2009) Leurs chemins militants se croisèrent à de nombreuses reprises - Ronis contribua par ses clichés à témoigner des révoltes sociales qui secouent les années 1930 tandis qu'Aragon y consacra de nombreux articles. En 1949,le photographe suivra la journée commémorative de la tragédie d'Oradour-sur-Glane, à laquelle participent près de 400 artistes à l'initiative d'Aragon. Il sera également l'auteur de beaux portraits du couple Aragon-Triolet. Extraits du manuscrit : Willy Ronis m'avait donné rendez-vous à 10 h. 30, au coin de la rue Tiquetonne et de la rue Montorgueil. Paraît qu'il y photographiait des sportifs. Ah ! c'était ce restaurant où, jadis, on allait manger avec Vaillant-Couturier, et il y avait des types de l'AF [Action Française] qui nous fusillaient du regard... En fait de sportifs, Willy était là, dans son veston de velours, avec ses bésicles, qui prenait de droite et de gauche, au comptoir, un couple d'amoureux. Gentils, les amoureux... La petite, surtout... C'est peut-être un sport. [...] Il n'y a rien de plus solennel que Caroline Reboux. C'est le temple des chapeaux. S'il vivait de nos jours, c'est ici qu'Aristote écrirait. Caroline Reboux, elle, a fait les bibis de Nana et d'Eugénie de Montijo ; chez elle, Bel-Ami se tortillait la moustache en regardant dans les glaces les dames essayer leurs coiffures... La cour d'Angleterre n'a été, pendant trois règnes, chapeautée que de ces mains-là...Enfin, un photographe ici, c'est un scandale. J'ai laissé le mien dans l'antichambre. Mlle Paule, Dieu merci, était là ! Ah ! si je pouvais vous décrire Mlle Paule ! C'est la magie, Mlle Paule... Un jour, les Sardou de l'avenir mettront en scène Caroline Reboux, et Mlle Lucienne, et Mlle Paule... En attendant, que ne puis-je vous montrer les vitrines avec les chapeaux d'avant le déluge, c'est-à-dire ceux de 1900 ou de 1910, le chapeau de Réjane pour la première d'Alsace, ou si ce n'est pas lui... Elle m'a tout de suite compris. [...] Merveille du printemps, avenue Montaigne. Cette avenue qui va des fontaines de Lalique à une statue de Bourdelle. Le beau temps de Paris s'accroche aux lourdes fleurs blanches des marronniers. Le bitume est propre comme un sou neuf, et devant les maisons, consulats, ministères, commerces de luxe, hôtels, et cette porte cochère d'où s'échappent des soldats britanniques, il y a des petits jardins en banquettes, grilles et fusains, ici lilas, là magasins de luxe... Par quel bout la prendre, cette avenue du diable, pour ne faire de réclame gratuite à personne, ni à cette lingère, ni à ce couturier, ni à Kodak, ni aux ballets espagnols de cette gitane qui vient d'arriver ? Willy Ronis met Mlle X... en scène. Devant une porte, entre deux plates-bandes de fusains. Allez, tournez sur vous-même, que la robe s'envole et que je vous prenne en mouvement. Un drôle de demi-tour à droite, pas très militaire. Il s'agit d'atterrir devant l'objectif. Mais non, Mademoiselle, avec plus de laisser-aller... Je vous prends en mouvement... De la gaîté, Mademoiselle, de la joie... Willy Ronis montre comment faire, il pivote des omoplates dans son veston de velours. Et les gens s'arrêtent, un facteur sort de la porte cochère, la concierge, dans l'entrebâillement, secoue un chiffon... Une Antillaise regarde Mlle X..., elle est de toutes les couleurs, elle, pas de drame pour les chaussures... [...] Tandis que Mlle X... pirouette et que sa robe fait fleur, si vous voyiez l'air de fantôme de l'égoutier, pas du tout classique, qui descend dans la trappe : un fantôme rouquin qui ressemble à mon ami le peintre Pignon, avec un chandail à raies transversales jaunes et vertes, du dernier Sing-Sing... Mais Willy Ronis est insatiable. On revient devant le théâtre des Champs-Elysées, avec ses bas reliefs, on demande à un jeune homme habillé en battle-dress de ficher le camp du seul banc ensoleillé, et ici c'en est d'une autre. Mlle X... doit grimper sur le banc et en sauter, tandis que Willy accroupi la prend d'en bas. Voyons, voyonsmoiselle, de la joie, du dégagement... Il faut voirWilly Ronis, ses verres sur le nez, mimer l'affaire en lançant ses bras de tous les côtés... [...] J'ai été rechercher le cliché vers les 15 h. 30 chez Willy, à Sèvres-Lecourbe, une petite maison dont l'escalier est décoré de filets de pêcheurs. L'embarras du choix. Devant les contacts mouillés, Willy Ronis préfère cette épreuve-çi à cause du mouvement. [...]Et c'est au marbre que je retrouve Morgan, Daix et Marcenac. La photo où Mlle X... saute du banc a failli l'emporter ça fait plus Giraudoux, c'est vrai. Mais il s'agit de l'article de Chéronnet, et à la fin des fins c'est le choix du photographe qui triomphe : l'élégance se déplace vers l'ouest... A vrai dire, Mlle X... quittait le trottoir ouest de l'avenue Montaigne, entre une Buick et une Cadillac, toutes voiles vers l'est... Mais tout de même, la démonstration est faite : et du Palais Royal où rêvait Restif de la Bretonne, le chic de Paris s'est esbigné rue Montaigne [...] Dans le Paris de l'après-guerre, Aragon livre un superbe portrait d'un portraitiste de génie : Willy Ronis. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.d. (1944-1945), 19,8x26,5cm, une feuille sous étui-chemise.
Rarissime poème satirique autographe de Louis Aragon, intitulé «?Distiques pour une Carmagnole de la Honte?», écrit entre septembre 1944 et février 1945. 26 vers sur un feuillet rédigé à l'encre noire, avec une note de l'auteur à l'encre bleue en bas de page. Notre manuscrit fait partie d'un ensemble de treize poèmes rédigé au premier semestre de l'année 1945 et destiné à paraître dans une anthologie poétique (Aragon, chez Pierre Seghers éditeur à Paris, Collection «?Poètes d'aujourd'hui?» n°2, 20 juillet 1945). Il fut adressé par Aragon comme copie de travail à son directeur de publication et ami Claude Roy. Ce poème autographe constitue le seul manuscrit connu des Distiques, le large fonds d'archives Triolet-Aragon de la Bibliothèque nationale de France n'en conservant ni manuscrit ni jeu d'épreuves. Le poème autographe est présenté sous une chemise en demi maroquin bleu nuit, plats de papier à motif stylisé, contreplats doublés d'agneau beige, étui bordé du même maroquin, ensemble signé Thomas Boichot. Véritable témoignage historique et réquisitoire contre les collaborateurs réfugiés à Sigmaringen, les Distiques d'Aragon ont été composés pendant l'hiver 1944-1945 à la suite de la publication du Musée Grévin. Exemple typique de la poésie de combat aragonienne, cette mélodie en octosyllabes et dizains condamne sans appel les chefs du gouvernement vichyiste et leurs plus fervents sympathisants. Le sarcasme, l'injure, l'invective, sont au service d'une poésie vengeresse, non sans rappeler la fureur de Front Rouge, qui signait son divorce du mouvement surréaliste. Pour autant, le ton du poème se veut alerte et enjoué?: les hôtes du château de Sigmaringen y jouent, chantent et dansent, et Aragon finit le poème par un quatrain entraînant «?Ah ça ira ça ira Les Pétain Laval tous à la lanterne, Ah ça ira ça ira ça ira, Les Pétain Laval tous on les pendra?», qu'il emprunte à l'hymne révolutionnaire «?Ah ça ira, ça ira, ça ira, Les aristocrates à la lanterne. Ah?! ça ira, ça ira, ça ira?! Les aristocrates on les pendra.?» Refusant de quitter la France à l'annonce de la guerre malgré les nombreuses sollicitations, Aragon entre en clandestinité avec Elsa Triolet après avoir vaillamment combattu pendant l'offensive allemande. Ces années d'Occupation marquent une période d'intense activité pour l'écrivain, qui publie clandestinement ses recueils de poésie résistante (Le Crève-cur, 1941, Les Yeux d'Elsa, 1942, Le Musée Grévin, 1943, La Diane française, 1944) et sous divers pseudonymes des poèmes et réponses aux collaborationnistes dans les Lettres Françaises. Par ailleurs mandaté par le parti communiste pour rassembler les écrivains et intellectuels en zone Sud, il y crée une antenne du Comité National des Ecrivains, qui réunit Stanislas Fumet, Auguste Anglès, Henry Malherbe et Jean Prévost. L'exemple d'Aragon a prouvé que, dans les circonstances de la guerre, l'écriture poétique était en soi un acte de résistance, un refus de céder. Comme le remarque Claude Roy, destinataire du manuscrit qu'il publie à la fin de la guerre?: «?La parole d'Aragon s'élevait avec une violence et une aisance qui se répercutaient d'un bout de la France à l'autre.?» «?Ça doit avoir de la dégaine/Le château de Siegmaringen/On s'y retrouve entre félons/Sous les lustres du grand salon?» Aragon écrivit deux poèmes sur Sigmaringen, l'ancien château des Hohenzollern de Souabe, qui accueillit Pétain et son entourage après leur fuite de Vichy et de Belfort. Devant l'avancée des alliés et sur l'ordre du Reich, le maréchal et ses partisans y installèrent un gouvernement fantoche en septembre 1944, qui sera remplacé durant les derniers mois de guerre par une «?Délégation gouvernementale pour la défense des intérêt français en Allemagne?». Aragon dédie un distique à Laval, écarté du pouvoir par cette nouvelle organisation?: «?Laval a l'air bien embêté / D'être en disponibilité?». On notera par ailleurs que l'auteur ajoute un «?e?» au nom de Sigmaringen, sans doute par jeu ironique avec le salut nazi «?Sieg Heil?». Presque huit mois durant, jusqu'en avril 1945, cette petite parcelle d'extra-territorialité a hébergé entre ses murs plus d'un millier de collaborateurs fuyant les représailles de la Libération. S'y retrouvèrent des intellectuels et des écrivains en disgrâce comme Céline ou Lucien Rebatet, parmi des miliciens, gestapistes et hommes politiques exilés. Les journalistes germanophiles sont dans le poème les cibles d'une satire très virulente?: Paul Ferdonnet, responsable de l'appel à la capitulation sur les ondes de Radio-Stuttgart («?Pétain tous les soirs joue aux cartes / Avec le traître de Stuttgart?»), Hérold-Paquis, adhérent d'honneur des Waffen SS («?Mon cher monsieur Hérold Paquis / Parlez nous un peu du maquis?»). L'anathème se poursuit avec les têtes de cette délégation, qui fut désavouée par Pétain dès sa création - elle était composée de Joseph Darnand, secrétaire d'État à l'Intérieur, de Marcel Déat, ministre du Travail et de la solidarité nationale, et de l'acteur Jean Luchaire, commissaire à l'Information?: «?Darnand se plaint à Jean Luchaire/Des déménagements si chers / José Laval cette idée a / De séduire Marcel Déat.?» Les ennemis y sont clairement nommés, les bourreaux et les traîtres exposés par de courts vers saccadés. Une note d'Aragon en partie inférieure du manuscrit nous éclaire davantage sur le dessein du poème, qui doit être déclamé sur l'air du chant révolutionnaire?: «?(1) note pour une lecture?: les distiques se disent en coupant l'octosyllabe par la moitié sans égard au sens. Le quatrain terminal se chante sur l'air connu avec une voix de basse, funèbre et éraillée?». Aragon exhume la carmagnole, hymne des sans-culotte à partir de 1792, et témoigne du même esprit d'insoumission qui régnait plus d'un siècle auparavant. Égrenant les grands noms du collaborationnisme français tels qu'on chantait les condamnés à mort de la Terreur, il use à loisir des caricatures d'antan?: «?Jamais dit Fernand de Brinon/ Beau nez n'a déparé beau nom?» La pique est destinée à l'ambassadeur de Vichy auprès des autorités allemandes, aussi célèbre pour son nez proéminent que pour sa noble extraction. La sentence symbolique des deux chantres de la collaboration Pétain et Laval est prononcée par Corinne Luchaire, l'actrice et égérie des vichyistes, réfugiée avec son père à Sigmaringen?: «?Et Corinne se lève et chante / D'une voix plaintive et touchante. Ah ça ira ça ira ça ira / Les Pétain Laval tous à la lanterne / Ah ça ira ça ira ça ira / Les Pétain Laval tous on les pendra?» Magnifique poème empreint de fièvre révolutionnaire et d'aspiration humaniste, ce précieux manuscrit de poésie résistante est une des rares uvres autographes d'Aragon encore en main privée. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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s.l. s. d. (circa 1967), 21x26,9cm, une feuille.
Lettre autographe signée de Louis Aragon, 11 lignes et 2 lignes de post-scriptum à l'encre bleue, adressée à un critique vers 1967. Traces de pliures inhérentes à la mise sous pli de la lettre. Emouvante lettre du poète qui, au détour d'une question d'un biographe, offre à cet impertinent interlocuteur une réponse désabusée sur le droit du poète à contrôler les exégèses : "Que vous dire ? Je ne puis vous conseiller dans le détail, ni m'amuser à rectifier ceci ou cela. Je me considère pour ce qui est de ce que j'écris, comme dépourvu de droit d'orienter ce qui s'écrit de moi, ce qui n'est que de peu précéder l'époque où on ne me demandera même plus on avis." Le poète, cependant s'insurge contre cette institutionalisation qui semble précipiter l'achèvement de sa carrière en soulignant l'importance de son oeuvre poétique des dernières années : "puisque vous voulez compléter votre livre, n'oubliez pas que dans le temps qui s'est passé depuis que l'avez écrit, il n'y a pas eu que Le Fou[d'Elsa],La M.à.m.[La mise à mort]et Blanche [ou l'oubli]. Mais aussi Le voyage de Hollande (augmentée de quelques poèmes dans la seconde édition) et l'Elégie à Pablo Neruda." Le destinataire de la lettre pourrait être Hubert Juin qui a publié en 1960 un essai sur Aragon chez Gallimard, mais le ton employé semble un peu expéditif envers un critique aussi important. Une autre oeuvre consacrée à Aragon fut publiée durant la même période : Georges Sadoul,Aragon, collectionPoètes d'aujourd'hui, numéro 159, Seghers, en 1967, mais aucun titre mentionné ne manque et il n'avait écrit aucun livre sur Aragon auparavant. A moins qu'il ne s'agisse de Roland Desné, auteur de l'article mentionné par Aragon en post-scriptum ("La Semaine sainted'Aragon",Le Français dans le monde, no21, décembre 1963, pp. 41-48.). - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Barclay, Paris 1961, 26x26cm, un disque sous pochette.
Edition originale de cet album de chansons mises en musique par Léo Ferré d'après des poèmes de Louis Aragon. Il s'agit du deuxième album de Léo Ferré entièrement consacré à la mise en musique d'un poète après "Les Fleurs du mal" de Charles Baudelaire en 1957. Légers accrocs sans gravité en marges de la pochette. Dans cet album figurent les chansons suivantes : "Tu n'en reviendras pas" / "Est-ce ainsi que les hommes vivent" / "Il n'aurait fallu" / "Les fourreurs" / "Blues" / "Elsa" / "L'étrangère" / "Je chante pour passer le temps" / "Je t'aime tant" et la superbe ode à la Résistance : "L'affiche rouge" qui, dans le Roman inachevé, recueil de poèmes de Louis Aragon est lecélèbre "Strophes pour se souvenir", un poème hommage aux membres des F.T.P. - M.O.I. de Missak Manouchian fusillés au Mont Valérien le 21 Février 1944. "L'affiche rouge" désignant l'ignominieuse affiche rouge placardée par le régime de Vichy désignant les F.T.P.-M.O.I. comme de vulgaires et criminels terroristes étrangers. Envoi autographe signé de Louis Aragon à Sylvie Gronier à l'intérieur de la pochette. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Editions Seghers-Disques Adès (P 37 LA 4009). Sans date [vers 1955]. Microsillon 33 tours, 17,5 cm. Pochette illustrée d'un portrait d'Aragon. Texte de pochette par P. S. [Pierre Seghers].
Disque et pochette sont en parfait état. 8 poèmes lus par Jean-Louis Barrault.
s.d. (1948), 21x30cm, 8 pages et demi sur 9 feuillets.
| "Pour moi, l'amitié des assasins n'est pas l'amitié [...] tant pis si l'on me juge esclave, et qu'on me juge sans coeur !" | * Exceptionnel manuscrit autographe de Louis Aragon intitulé "Chronique de la pluie et du beau temps pour Europe (mai)".8 pages et demi à l'encre bleue sur 9 feuillets uniformément brunis. De nombreuses ratures et réécritures. Publié dansEurope, no29, mai 1948, et ne figure pas dans le livre rassemblant ces chroniques (E.F.R., 1979). Superbe profession de foi militante de neuf pages, parue dans la revue littéraire anti-fasciste Europe. Aragon se fait courtiser après-guerre, au nom de "l'amitié" et "la liberté" par diverses revues, mais refuse catégoriquement de publieraux côtés d'écrivains aux tendances pétainistes. L'écrivain livre ses impressions après une interview à la radio belge, et médite sur "deux monstres abstraits : la liberté et l'amitié", dévoyés à loisir en ce début de guerre froide où le soviétisme devient - à son grand dam - le nouveau fascisme. Très attaché au discours unique que prônait le communisme, qu'il nomme "vérité nationale", cette notion sert de fil de conducteur à sa chronique. Aragon écrit en pleine affaire Kravchenko et reste persuadé par lesoviétisme qui demeure pour lui le grand vainqueur du nazisme. En grand témoin littéraire des souffrances endurées pendant l'Occupation, il est alarmé par les choix éditoriaux des revues qui cherchent à obtenir des contributions de sa part : l'une publie sans vergogne un texte de Montherlant totalement oublieux des martyrs parisiens pendant la guerre, tandis que l'autre justifie avec affection les allégeances de nombreux français pour le maréchal Pétain. C'est aussi l'occasion d'une longue et belle analyse de l'idée de nation, par Aragon qui est sans conteste le poète national de ce siècle. On y retrouve, dans ses tirades inspirées, l'idéal aragonien d'une saine émulation des nations, tournées vers le progrès. De belles pages d'Aragon en pleine cristallisation des blocs de l'Est et de l'Ouest. L'ambition d'Aragon estd'honorer la mémoire de la Résistance en choisissant de "faire confiance aux mots quand ils sont employés pour la paix". "La Nation qui me paraît aujourd'hui encore être le groupe le plus étendu qui puisse se porter garant d'une vérité [...] la radio peut et doit transmettre à son public la vérité nationale [...] 'Qu'entendez-vous concrètement par vérité nationale?' Me demande-t-il, comme il m'aurait sûrement demandé: qu'entendez-vous en disant qu'il fait grand jour en plein midi? si je l'avais dit. C'est là le mécanisme des interviews. J'ai donc pris deux exemples concrets, pour expliquer à quoi sert le maniement des abstractions. Deux cas récents où j'ai eu à me mesurer avec deux monstres abstraits : la liberté et l'amitié. La liberté d'abord. On sait comment les pires ennemis de la liberté font usage d'un livre qui s'appelle : J'ai choisi la liberté, donnant le bénéfice d'un préjugé favorable de ce mot à tous ceux qui trahissent leur pays, quand c'est pour choisir le système capitaliste [...] [...] Une revue qui s'édite à Montréal m'avait récemment écrit pour me demander ma collaboration. Son directeur littéraire faisait appel à l'homme libre (l'italique est sienne) que je suis. Cette façon de distinguer par la typographie en moi la possibilité d'être parfois un homme libre, parfois non, m'avait un peu inquiété. J'ai voulu voir sa revue [...] Mon Dieu, le fait que ce numéro s'ouvre par un texte de M. de Montherlant, me laisselibrede ne pas parler du contexte. On sait, et j'imagine que M. Victor Barbeau, de Montréal, n'ignore pas que M. de Montherlant est sur la liste des écrivains avec lesquels les membres du Comité National des Ecrivains se refusent à collaborer. Ce qui doit sans doute m'expliquer pourquoi M. Barbeau s'adresse en moi à l'homme libre: c'est-à-dire un personnage entièrement distinct de celui qui est membre du CNE, qui est pense-t-il, prisonnier du CNE, prisonnier de la parole donnée, prisonnier de son dégoût pour les collaborateurs de l'ennemi. [...] Il avait, n'est-ce-pas, fait de même appel à l'homme libre en M. de Montherlant avec un plein succès. Le texte de cet homme libre est de 1944, de février 1944. [...] Et comme c'est un homme libre, il ne contient aucune mention de la présence des Allemands en France [...] En janvier 1944, il y avait des femmes qui mouraient dans les queues à Paris, dès avant le jour attendant l'improbable ravitaillement indispensable à leurs petits. En janvier 44, on n'avait guère de sous à donner à ses enfants.Je ne sais si la description fort vraisemblable de M. de Montherlant décrit un spectacle relevant de la vérité intégrale, mais l'homme libre qui est en moi éprouve à lire la petite histoire qui fait aujourd'hui les beaux jours littéraires de Montréal un dégoût assez prononcé pour son auteur. [...] la liberté pour moi n'étant pas la liberté de trahir, moi qui ne me sentais pas plus à mon aise avec les Fritz aux Champs-Elysées qu'avec les miliciens à Valence (Drôme), je tiens pour le fait même de ma liberté le respect de la loi du CNE, et le refus de laisser imprimer mon nom où le nom de M. Montherlant s'imprime librement. [...] Pour l'amitié... c'est une revue de Bordeaux cette fois [...] qui me demande avec insistance ma collaboration au nom de ce monstre doucereux. Elle s'appelle Les Cahiers de l'Amitié [...] je suis tout prêt au moins au moins à considérer avec intérêt leur entreprise, si je ne remarque pas immédiatement, que pour gagner ma sympathie on m'a d'abord engagé à accepter des oppositions dont je n'ai pas choisi les termes: car est-ce à la croix qu'il faut opposer la faucille ? au marxisme le christianisme ? et qui ne voit que ce faisant on escamote un terme, sans doute démodé, qui pourrait aussi bien s'opposer au christianisme qu'au marxisme, lefascismepuisqu'il fautl'appeler par son nom ? Enfin malgré ce que cet oubli d'un terme courant pouvait avoir d'étrange, et cacher d'arrière pensées, j'ai ouvert avec sympathie cette revue qui me considérait comme l'un des éléments de l'amitié entre Français. [...] Mais à côté d'eux je trouve les directeurs de Paroles françaises et de L'Europe, et un M. Lagor dont je ne connais qu'un article où il dit: 'Les hommes qui, de 1940 à 1944 ont suivi le Maréchal Pétain pour le meilleur et pour le pire n'ont pas conscience d'avoir trahi... [...] [il] était en 1940 notre chef temporel légitime...' Tirons l'échelle: l'article, conjoint à ceux de ces Messieurs de l'Europe et de Paroles françaises, pour l'Amitié, s'appelle: Les Persécutés Politiques ne plaident pas [biffé plusieurs fois]: il accusent... Cela suffit, je suppose, à expliquer que je refuse de m'enrôler dans les «Equipes d'amitié» que la revue qui le publie cherche si anxieusement à constituer [...] Mon interviewer, pour revenir à lui, était gêné par quelque chose [...] Comment, me dit-il, vous qui êtes poète, romancier, c'est-à-dire, qui vous adressez à tous, pouvez-vous vous enfermer dans les frontières d'un pays? Je lui rappelai la phrase de Jaurès (un peu d'internationalisme détourne de la patrie, beaucoup y ramène) [...] Mais pensant nationalement, et exerçant mon activité dans le cadre national, s'efforçant à l'échelle de la nation de promouvoir les choses dans le sens du progrès humain, chacun de nous très naturellement considère, en France ou en Angleterre, que le fait que se forment dans son pays, dans le sport, la poésie ou la science, les meilleurs hommes, est le sanctionnèrent de cet effort national vers le progrès, et s'en réjouit. Là-dessus, on crie au nationalisme. La peur des mots est plus mauvaise conseillère encore que la peur des coups. Il y a un nationalisme qui est juste et sain: c'est celui qui anime l'émulation entre les nations pour le bien, le développement, le progrès des hommes. Il est vrai que ces sentiments naturels qui se forment dans le cur des hommes qui aiment leur patrie et se réjouissent des succès de leur nation, ont été jadis utilisés pour légitimer des entreprises dont la nation même fait les terribles frais. Le fameux nuage qui entoure l'origine des guerres est d'abord un nuage de mots, et les têtes des hommes de 1914 furent partout noyées dans les nuages du nationalisme. [...] Le fascisme a été cette nouvelle entreprise de perversion des mots. La race par ses soins était opposée à la nation. Aujourd'huiparler de la France, c'est être étroitement nationaliste: je me suis laissé dire à plusieurs reprises quand on avait eu l'imprudence de m'introduire dans la Commission Nationale française de l'UNESCO. La France doit être surmontée. L'Europe, première étape du Monde, voilà un idéal qui n'est pas nationaliste. [...] Il n'y a qu'un moyen de s'y reconnaître: c'est de faire confiance aux mots quand ils sont employés pour la paix, et de leur refuser cette confiance quand ils le sont pour la guerre. Quand on nous parle d'amitié, de liberté, de vérité, de nation, d'Europe ou d'internationalisme, demandons nous qui nous en parle, et quels sont ses actes [...]" - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Bureau d'Éditions et de Diffusion, Paris 1932, 18x23,5cm, agrafé.
Édition originale. Brochure illustrée de 16 dessins de Georges Adam. Superbe exemplaire de cette rare plaquette de Louis Aragon,véritable catéchisme "anticlérical, anticapitaliste, anticolonialiste, antipatriotique" (Pierre Juquin)destiné aux enfants des masses laborieuses exploitées. "Le 25 juin 1932, l'Imprimerie centrale achève d'imprimer pour le Bureau des Editions et de diffusion, 132, faubourg Saint-Denis, à Paris, une belle plaquette, aujourd'hui devenue une rareté bibliophilique [...] Sur la couverture une grand étoile rouge - image importante et récurrente chez Aragon - s'imprime sur des cerveaux d'enfants. Seize quatrains, drolatiques et didactiques, ponctués pour faciliter la lecture, alternent avec des dessins de Georges Adam, qui chargés d'une dérision quasi-expressionniste comme des peintures de Rouault, renversent tabous et mythes" (Aragon. Un destin français 1897-1939). Aragon s'était jeté corps et âme dans le journal de la Lutte antireligieuse après sa rupture des surréalistes, et écrit depuis Moscou une plaquette publiée sur les presses du Parti afin d'éveiller la ferveur de la jeunesse prolétaire. Jacques Prévert fera de même avec sa pièce Emasculée Conception. L'activisme anticlérical au sein des associations communistes françaises battait alors son plein: tous les symboles et événements de la vie religieuse étaient réappropriés au prisme de la lutte des classes. On organisait alors des "baptêmes rouges" formant une communauté d'enfants "sans-Dieu" (d'après l'Association des travailleurs sans Dieu) qui correspondaient avec les enfants "sans-Dieu" soviétiques. Aragon contribua à ces nouveaux rituels en fournissant ce livre pour enfants particulièrement radical - jugé trop antipatrotique par Maurice Thorez - qu'il désavouera à la fin de sa vie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Deuxième édition. Un des 550 exemplaires sur alfa. L'exemplaire de Joséphine Baker. Paris, Gallimard, (11 janvier) 1945. 1 vol. (120 x 180 mm) de 252 p., [1] et 1 f. Cartonnage éditeur, d'après une maquette de Paul Bonet. Deuxième édition. Un des 550 exemplaires sur alfa des Papeteries Navarre (n° 184). Envoi signé : « À Joséphine qui est morte dans ses amours, cet exemplaire plus beau que nature et merde pour les bibliophiles, je le tiens pour la première, que dis-je l’avant-première édition. Aragon né Baissette ».
La singularité et la beauté de ce livre relèvent de ces mots : « Je ne veux plus me retenir des erreurs de mes doigts, des erreurs de mes yeux ». Ainsi livré au pouvoir de son imagination, devenu ce « paysan » qui (re)découvre une ville dont il n’est pas (plus), Louis Aragon réinvente les lieux qu’il traverse. Après les descriptions féériques du Passage de l’Opéra, l’auteur se rend en compagnie d’André Breton et de Marcel Noll aux Buttes-Chaumont : « Jardins, par votre courbe, par votre abandon, par la chute de votre gorge, par la mollesse de vos boucles, vous êtes les femmes de l’esprit, souvent stupides et mauvaises, mais tout ivresse, tout illusion. » Pour Joséphine Baker et son « deuxième amour » qu’est Paris, la lecture fut sans doute plaisante puisqu’elle n’évoque que la promenade au hasard dans les rues de la capitale, dans un texte de référence pour les surréalistes : « Par la marche, le paysan accède au merveilleux quotidien […]. J’aime à me laisser traverser par les vents et la pluie : le hasard, voilà toute mon expérience ». Gaston Baissette fut un ami précoce des surréalistes, collaborateur régulier des Cahiers du Sud. Médecin à l’hôpital de Nanterre, il s’engage au parti communiste à partir de 1933 et, pendant la guerre, rentre en Résistance et se charge d’organiser les soins aux maquisards dans les Alpes Maritimes. Agent de liaison, il accueille le couple Elsa Triolet – Louis Aragon pendant leur séjour niçois en 1941 : cette « adoption » temporaire est-elle la raison de la mention d’Aragon et de cette curieuse « filiation » ? Provenance : Joséphine Baker (envoi) – Jean-Luc Mercié (vente, Paris, Cornette de Saint-Cyr, Collection littéraire d’un amateur, juin 2022, n° 4).
Les Editeurs Français Réunis, 1952. Édition du Cent-cinquantenaire. In-12 broché (19 x 12,5 cm), 327 pages. Edition originale pour ce choix de Louis Aragon : L'un des 180 exemplaires numérotés sur vélin pur fil, celui-ci le n° 62, seul tirage en grand papier. Très bel état.
En Suisse [Leysin], Sur la Montagne Magique, 1944. Plaquettes in-12 brochées de [2]-30-[4] et [2]-22-[4] pages, couvertures jaunes à rabats.
Frontispices et vignettes de titre gravés. Poète 44 est tiré à 500 exemplaires sur vergé (n°47), la Suite à 600 (352), toutes deux hors-commerce, le premier volume le 30 avril et le second le 15 août 1944.. Il semble que la publication (et l'illustration) de cette plaquette soit due à Edouard G. Poisson, qui était actif à cette époque à Leysin (d'après une notice de W. Skorianetz, qui possédait un exemplaire de Suite à Poète 44 auquel était joint une carte postale de E. G. Poisson, qui priait son destinataire de bien vouloir diffuser cette plaquette). Ex-donno autographe "A ma chère Monique, pour tout. François juillet 44". Pour peut, on se laisserait croire qu'il s'agit de François la Colère, l'auteur de "Le musée Grévin"... Couvertures un peu salies.
[Genève], A La Porte d’Ivoire, Sans date (1944). In-18 de broché de 36-[2] pages, couverture blanche encadrée d'un filet bleu et rouge.
Edition clandestine "Tiré comme manuscrit, pour des amis, à quelques exemplaires" par les éditions A la Porte d'Ivoire (nom suggéré par Jean Starobinski), filiale des édition des Trois collines. C'est Albert Kundig qui se chargea de l'impression (dont le nom figure au quatrième de couverture, ajouté au composteur).Notre exemplaire fut celui de l’éditeur François Lachenal lui-même, dont la signature orne le premier plat. Joint une photo figurant un casque de torture retrouvé dans un local de la Gestapo à Clermont-Ferrand. [Lachenal 24].
[Genève], A la Porte d'Ivoire, [1943-1944]. 3 volumes in-12 brochés de 66-[2] et 92-[2] et 36-[2] pages, couvertures à rabats, filets rouge et bleu encadrant les premiers plats.
Éditions clandestines portant la mention : "Tirée comme manuscrit, pour des amis, à quelques exemplaires" par les éditions A la Porte d'Ivoire (nom suggéré par Jean Starobinski), filiale clandestine des éditions des Trois Collines. C'est Marc Barraud de l'imprimerie Albert Kundig qui se chargea de l'impression des trois volumes.Le Silence de la mer s'ouvre sur une importante préface anonyme: "L'honneur de la Suisse, et sa haute raison d'être, aujourd'hui, sont de permettre à ceux qui, en France, méprisent glorieusement l'avilissante attente des antichambres, d'élever leur voix d'hommes libres. Les éditions A la porte d'Ivoire, en inaugurant la présente collection, se placent au service du courage et de la liberté." Vignes & Lacroix, L'intelligence en guerre, n° 938 et 941 ; F. Lachenal, Ed. des Trois Collines, n° 18, 22 et 24.
[Genève], A La Porte d’Ivoire, Sans date (1944). In-18 de broché de 36-[2] pages, couverture blanche encadrée d'un filet bleu et rouge.
Edition clandestine "Tiré comme manuscrit, pour des amis, à quelques exemplaires" par les éditions A la Porte d'Ivoire (nom suggéré par Jean Starobinski), filiale clandestine des éditions des Trois collines. C'est Marc Barraud de l'imprimerie Albert Kundig qui se chargea de l'impression (dont le nom - Kundig - figure au quatrième de couverture, ajouté au composteur). F. Lachenal, Ed. des Trois Collines, n° 24.
BANCQUART Marie-Claire; ELUARD Paul; BRETON André; DESNOS Robert; PERET Benjamin; ARAGON Louis; SOUPAULT Philippe, DELTEIL Joseph & al.:
Reference : 9874
(1975)
Paris, Jean Michel Place, Réimpressions des revues littéraires d'avant garde, 1975. In-4 pleine toile rouge, titre en noir au dos et au premier plat, jaquette (insolée au dos et au second plat) reproduisant le premier numéro, avec le nom de l'éditeur en plus, première garde photo, la seconde comportant la Déclaration du 27 janvier 1925.
Riche iconographie en noir, par Man Ray, Chirico, Marx Ernst, Masson, Picasso, Arp et bien d'autres. Fac-similé des 12 numéros composant la revue (7 numéros à 32 p., 1 à 64, 1 à 74 et 1 à 84 pages), suivis de XIX pages comprenant un texte de Marie-Claire Bancquart, "1924-1929: une année mentale", ainsi qu'un index.
Paris, Jean-Michel Place, 1975. In-4, cartonnage toilé rouge, titre en noir, couverture illustrée (insolée).
Fac-simile des 12 numéros de cette célèbre revue, avec leurs couvertures!
Paris, Gallimard, 1928. In-12 broché de 236-[2] pages.
Édition originale. Exemplaire sur vélin pur fil (non numéroté).
Paris, Gallimard, 1964. in-12 broché de 174-[10] pages.
Édition originale, un des 43 exemplaires numérotés sur Hollande Van Gelder (14). Non coupé.