Vivant dans un moulin, cerné d'une abondante végétation, au fond des basses plaines du Cailar, les turpitudes météorologiques du siècle naissant ont amené en 2003 Angel Ponce de Leon à rentrer chez lui à Séville. Séville qu'il avait quittée à l'âge de dix-sept ans. Début 2005, Angel Ponce de Leon est revenu au Cailar " son village " depuis 1970. Prudent, il n'a pas réaménagé dans les écarts marécageux mais s'est installé dans les " hauteurs " du village, pas très loin de l'église qui ne s'inonde pas. Avant de trouver " son village ", Angelo, comme on l'appelle ici, a quitté l'Espagne en 1948, après des études à l'Ecole des Beaux-Arts de Madrid. Son périple personnel et artistique l'amène d'abord en Amérique du Sud. Il y vit un temps et expose à Buenos Aires, Rio de Janeiro et Quito. En 1951, il s'installe en France, à Cagnes-sur-mer. Angel Ponce de Leon expose alors à Nice, Menton, Toulouse, Paris. Il travaille avec Jean Cocteau à Cap-Ferrat et Marbella et collabore, à Saint-Paul-de-Vence, avec Braque dont il subit l'influence. Il se déplace alors régulièrement aux Etats-Unis puis s'y installe. En 1963, il participe à la " Mary Washington Annual " avec Tàpies, Sam Francis, Vieira da Silva. Il expose à New-York, Cincinnati (Ohio), Dallas (Texas), Washington DC. Marqué par le travail d'Auguste Herbin, Angel Ponce de Leon fait de l'abstraction géométrique depuis 1962. Sa palette est d'une densité extrême, presque obscure, comme si elle appelait à aller voir ce qui se passe à l'intérieur de la peinture, comme s'il s'agissait d'approcher l'intime d'un paysage ou d'un personnage. La rigidité des lignes droites est toujours contestée, assouplie, par un cercle qui dans les œuvres figuratives deviendra, ballon, lune, cul, ventre. Et puis le clair et le sombre qui se partagent et fracturent souvent son œuvre. Sol y sombra. Si on a l'habitude depuis son arrivée en Petite Camargue de voir des tableaux d'Angelo à la composition géométrique structurant des personnages pittoresques aux formes souvent forts généreuses, voire débordantes, Ponce de Leon présente au Cercle d'Art Contemporain du Cailar des œuvres relevant de la seule abstraction géométrique (salle 1). Dans la salle voisine, la palette est plus tendre, le dessin voisine avec le surréalisme, les préoccupations sont poétiques. Enfin, afin que son " public " ne soit pas trop décontenancé, quelques Ménines, cardinaux ou autres nus, taureaux ou picadors aux formes abondantes, aux couleurs chaleureuses sont également accrochés sur les murs de la Maison Mathieu