Gallimard, 1931, pt in-8°, 136 pp, broché, non rogné, couv. lég. salie, bon état. Edition originale, un des 570 exemplaires numérotés sur Vélin pur fil.
"Lorsque le Maréchal parut, en grande tenue bleu horizon, entre ses deux parrains, MM. Paul Bourget et Maurice Paléologue, – celui-ci remplaçait M. Louis Barthou, empêché au dernier moment par la crise ministérielle, – un silence d'église parcourut la salle comble des grands jours. Tout le monde évoquait la figure géniale, d'imperturbable audace et de bonhomie puissante, qui était là il y a dix ans, et dont la mâle présence allait dominer les discours. Ce n'était plus l'ivresse des premiers jours de la victoire: c'était le souvenir, l'admiration et l'amour. Le sentiment des deuils récents se mêlait à la gratitude pour le chef, qui venait à son tour partager tant de gloire. Rarement on sentit atmosphère plus émue. L'impassible soldat y fut gagné lui-même : le sang colorait son masque de marbre légendaire. Aux premiers mots de son remerciement, qu'il cherchait à tenir dans une note impersonnelle, sa voix se brisa sur le mot « armée ». Les applaudissements éclatèrent. (...) M. Paul Valéry répondait au maréchal Pétain. L'Académie aime ces jeux de la gloire et du hasard, où la Muse répond à l'Église, la diplomatie à l'histoire et la poésie à l'épée. Le poète de la Jeune Parque a montré qu'il excelle à ces exercices, dont aucun ne déconcerte sa virtuosité..." (Louis Gillet, Revue des Deux Mondes, 1931) — Belle édition relatant l'entrée à l'Académie Française du Héros de Verdun avec sa gloire encore intacte. Le 20 juin 1929, Philippe Pétain est élu à l’unanimité membre de l’Académie française, au 18e fauteuil, où il succède au maréchal Foch. Le 22 janvier 1931, il est reçu à l'Académie française par Paul Valéry, dont le discours de réception, qui retrace sa biographie, rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain, « le feu tue » et comporte des considérations sur la façon dont « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre » et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède. Philippe Pétain sera exclu de l'Académie française en 1944 suite à sa peine de dégradation nationale. Toutefois l'Académie s'abstiendra d'élire un remplaçant de son vivant, égard dont bénéficiera également Charles Maurras...