Paris, Claude Barbin, 1674. In-12 (153 x 90 mm), 8 ff. n. ch., 74 pp. mal chiffrées 102, 1 f. n. ch. Veau brun, petites pièces d’armes aux angles, dos à nerfs orné d’armes dorées répétées, tranches rouges, reliure patinée, pièces d’armes en partie effacées par l’usure sur les plats, petites restaurations, gardes absentes, mouillure marginale sur les premiers feuillets (reliure de l’époque).
Édition originale très peu commune. Cette tragédie classique fut représentée à l’Hôtel de Bourgogne en 1673. Elle est dédiée à Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon, nièce de Mazarin. Gaspard Abeille (Riez, Alpes-de-Haute-Provence, 1648-Paris, 1718) était abbé de Riez, poète et auteur dramatique. On lui attribue les pièces de théâtre signées par le comédien Jean-François Juvénon, dit de La Thuillerie. Il fut élu à l’Académie française en 1704. C’était un"bel esprit, secrétaire et protégé du maréchal de Luxembourg, du duc de Vendôme et du prince de Conti qu’il amusait par ses conversations spirituelles" (notice de l’Académie). Certains de ses contemporains n’ont pas retenu son talent littéraire mais un incident comique lors d’une représentation: un des acteurs, resté court après le vers Vous souvient-il, ma sœur, du feu roi, notre père? se vit répondre: "Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère". Exemplaire aux armes des Ferté-Senneterre, provenance rare. Il s’agit probablement d’Henri, comte de la Ferté-Senneterre (ou Saint-Nectaire) et de Brinon, dit le marquis de Seneterre (1665-1746), qui entra aux mousquetaires en 1686. Il fut fait maréchal de camp en 1704 et lieutenant général en 1718. L’année suivante, il fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire en Angleterre. Ce volume a ensuite appartenu à Louis Gillot, qui a laissé son ex-libris manuscrit sur le titre et la liste des acteurs. Intéressant exemplaire en reliure armoriée de l’époque. Cioranescu, Bibliographie de la littérature française du XVIIe siècle, n°6506. Pas dans la Bibliothèque dramatique de Soleinne qui n'a possédé cette tragédie que dans des recueils postérieurs. Laporte, Bibliographie clérico-galante, p. 2: "Il y a parfois quelques bons vers, quelques effets scéniques assez brillants et surtout pas mal à prendre comme étude de mœurs du temps." O. H. R., Manuel de l’amateur de reliures armoriés, pl. 1989 (seul un grand fer est reproduit).