Abbé BIG... [BIGORRE, pseudonyme de VOLTAIRE (François-Marie AROUET de)].
Reference : 5492
(1769)
A Amsterdam [Lausanne ?], chez Jean-Jacques du Fay [Grasset ?], 1769. 2 tomes reliés en 1 fort vol. in-8 (202 x 121 mm) de 1 f. bl., viii - 235 pp. ; viii - 235 pp. et 1 f. bl. Reliure de l'époque de plein veau marbré havane, filet à froid encadrant les plats, dos à nerfs orné de doubles caissons d'encadrement dorés, doubles filets dorés, jeu de filets obliques dorés sur les nefs, fleurons dorés, semis de pointillés dorés, pièce de titre de maroquin vieux-rouge, titre doré, palette dorée en queue, filet doré sur les coupes, toutes tranches rouges.
Seconde édition, en partie originale, publiée à la même date que la première. ''Traumatisé par la dramatique affaire du chevalier François-Jean de La Barre, condamné à être exécuté après avoir subi un supplice inhumain, Voltaire avait à cœur de dénoncer les excès d'une institution qui rendait si mal la justice. L'hostilité de Voltaire envers le Parlement de Paris n'avait rien à voir avec les querelles contemporaines: en retraçant son histoire, le philosophe entendait jeter le discrédit sur le fonctionnement de l’institution et mettre en évidence l'arbitraire et la barbarie des jugements rendus. Pour ce faire, l'auteur procède non en polémiste mais en historien. C'est avec objectivité que Voltaire dresse son «réquisitoire», adoptant pour ce faire une perspective chronologique. Il révèle ainsi le caractère redoutable de cette institution, gangrenée par la vénalité des charges et un profond obscurantisme. Voltaire insiste, c'est ce parlement qui condamna la maréchale d'Ancre pour sorcellerie, qui rendit des arrêts justifiant la Saint-Barthélemy et enregistra la bulle Unigenitus sous la pression du cardinal Dubois, qui ordonna le supplice infligé à Damiens, indigne selon lui d'une société civilisée''. (Valérie Crugten-André). ''Cet ouvrage fit beaucoup de bruit dès l'instant qu'il parut. On sut bientôt d'où venait le livre, on en nommait l'auteur. Voltaire, qui savait ce qu'il pouvait gagner à irriter les membres du Parlement, fut tellement effrayé de cette proscription, qu'il s'empressa d'écrire de tous côtés qu'il n'était point l'auteur de cet ouvrage. Il n'osa pas même en faire la confidence à ses plus intimes amis, tels d'Argental et d'Alembert. ''Il me paraît absurde, écrivait-il à ce dernier, de m'attribuer un ouvrage dans lequel il y a deux ou trois morceaux qui ne peuvent être tirés que d'un greffe poudreux, où je n'ai assurément pas mis le pied ; mais la calomnie n'y regarde pas de si près. Je vous demande en grâce d'employer toute votre éloquence pour détruire un bruit encore plus dangereux que ridicule''. Le Parlement renonça toutefois ''pour le moment, à l'inutile cérémonie de brûler le libelle, et au soin plus sérieux d'en chercher l'auteur''. (in Quérard). Elle finira pourtant par être saisie et détruite... Le président Desportes reconnut que le ''récit des faits dépeints dans l'ouvrage était d'une grande exactitude''. Barbier IV, Dictionnaire des ouvrages anonymes, 786 - Cioranescu III, Bibliographie de la littérature française du XVIIIème siècle, 64425 - Quérard X, La France littéraire, p. 362 - Bengesco, 1247 - Peignot II, Livres condamnés, 189. Angles émoussés. Petit défaut au mors supérieur. Quelques feuillets brunis et rares rousseurs dans le texte. Nonobstant, bel ensemble.