Paris, Ernest Bourdin, 1842. Un vol. au format in-4 étroit (253 x 168 mm) de 1 f. bl., 2 ff. n.fol., 2 frontispices n.fol., xvi - 306 pp., 1 f. n.fol. et 1 f. bl. Reliure de l'époque de demi-chagrin maroquiné cerise, dos à nerfs orné de filets gras à froid, filets maigres dorés, caissons d'encadrement dorés, larges fleurons dorés, titre doré, tranches mouchetées.
Reference : 27342
Edition originale illustrée, ici revêtue d'une agréable reliure du temps. Premier tirage des 12 illustrations à pleine-page de Johannot tirées sur Chine appliqué. L'iconographie est complétée par de nombreuses vignettes dans le texte. ''Les bois sont très bien gravés par Brévière, Lavieille, Novion, Piaud, Verdeil, etc''. (in Brivois). ''Livre intéressant et bien illustré par Tony Johannot'' (in Carteret). Publié la même année que Le Dernier jour d'un condamné d'Hugo dont il se veut une parodie critique, cet ouvrage, ainsi que l'explique Janin en sa préface, a été conçu "tel un roman horrible, que le lecteur, par dix fois, jettera de dégoût". Déplorant que l'oeuvre d'Hugo soit purement fictive et que la description de chacune des émotions - recueillies avec une minutie barbare - fassent montre de peu de talent, Janin la considère comme appartenant à un art grossier et sans nuances... Inspiré du Voyage sentimental de Sterne dont il dénonce là encore le caractère simpliste, L'Ane mort et la femme guillotinée, mêlant originalité d'intention tout comme de style, relate - selon le modèle de descriptions sadien - la lente dégradation tant morale que physique dont est victime l'héroïne. Passées les premières pages qui n'ont nulle autre intention que parodier, ce récit acquiert une dimension engagée, presque militante. Ainsi s'élève-t'il en représentant de la littérature frénétique ; laquelle se distingue du roman gothique en ce qu'elle s'attache à rendre compte d'une certaine authenticité, tant historique qu'humaine. Fussent-ils cruels, les tableaux propres aux romans frénétiques ont pour but d'étonner plutôt que plaire ; or, l'étonnement poussé à son paroxysme finit par conférer à l'épouvante. Ainsi en est-il de récit rendant compte d'une monstrueuse déchéance, explorant les bas-fonds de la société, pénétrant les tréfonds de la souffrance humaine... A posteriori et ainsi que Nodier l'avait par le passé déjà esquissé, cette littérature de l'abomination, apparaît tel un "signe des temps". Mettant en lumière les infamies que connût la société aux dernières heures de la Restauration et dénonçant que cette même société, avide de nouvelles émotions, ne puisse les trouver qu'en se complaisant dans une horreur toujours graduelle. Carteret III, Le Trésor du bibliophile romantique et moderne, p. 314 - Vicaire IV, Manuel de l'amateur de livres du XIXème, 520 - Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 96 - Brivois, Bibliographie des ouvrages illustrés du XIXème, p. 206 - Adhémar, Le Livre romantique, p. 71 - Osterwalder I, Dictionnaire des illustrateurs, p. 538 (citant la présente contribution de l'artiste) - Rahir, La Bibliothèque de l'amateur, p. 471 - Thième, Guide bibliogrphique de la littérature française, p. 212 (pour l'originale de 1829). Angles élimés. Légères pertes de coloration éparse affectant les plats. Une planche légèrement déréglée. Inégales rousseurs dans le texte. Marge des planches oxydées. Nonobstant, belle condition. Peu courant.
Babel Librairie
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