1948 Sans date [1948]. une page recto. Encre bleue BELLE LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE sur les débuts d'Alain Jouffroy,adressée au directeur de la revue Fontaine, Max-Pol Fouchet : " St Florent le Vieil, 19 juillet Cher ami, J'ai quitté Paris un peu rapidement, et ne vous ai pas revu comme je le pensais. Mais voici une occasion de vous faire signe. J'ai rencontré ces derniers temps Alain Jouffroy, dont quelques poèmes parus dans Néon (N° 2 et 3, je ne sais pas si vous les avez lus) m'avaient assez vivement intéressé. Il m'intrigue d'ailleurs passablement, et me rappelle sympathiquement une époque héroïque - il a vingt ans, et m'a l'air de se consacrer à la poésie sans s'occuper une seconde d'aucun moyen de subsistance. Il désirerait vous voir et peut-être vous montrer des poèmes, et je pense que vous pourriez lui donner de bon conseils sur les possibilités qu'il peut avoir de publier ce qu'il a écrit - c'est assez peu chose d'ailleurs en volume. Consentiriez-vous à le voir ? (si vous êtes encore à Paris). Dans ce cas fixez moi d'un mot et je vous l'enverrai. Je ne perds pas de vue que vous pouvez avoir mieux à faire, et que de toute façon vous avez toujours beaucoup à faire. Je voulais vous remercier aussi de la gentillesse que vous m'avez montré à propos du "Roi Pêcheur" . J'y ai été très sensible et j'en ai fait part à Corti. J'espère bien que Fontaine vous gardera pour nous à Paris en octobre. Il le faut. Sa disparition serait décourageante à beaucoup de points de vue. Saillet me disait encore l'autre jour que c'était la seule revue dont la disparition faisait un vide et c'est vrai. J'y pense souvent avec espoir. Bien amicalement. Julien Gracq. " L'un des tous premiers articles sur Alain Jouffroy fut bien publié par la Revue Fontaine (n°62, octobre 1947) : Note sur la jeune Poésie par HenriHell.
Reference : 15937
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Saint-John Perse pour Fontaine. Projet d'un numéro spécial qui ne verra jamais le jour Washington - 2800 Woodley Road, 2 mai 1948. 4 pages 1/2 en 5 f. (180 x 265 mm) sur papier vergé fin, à l'encre noire. Long courrier de Saint-John Perse au directeur de la revue Fontaine, Max-Pol Fouchet, alors que ce dernier envisage un numéro spécial consacré au poète.
Quinze jours plus tôt, Fouchet lui avait confirmé que tous les voyants étaient au vert : « Au travail, plus que jamais. Je n’ai pas cessé, d’ailleurs de préparer les futurs numéros, avec la certitude que Fontaine ne pouvait disparaître. L’hommage à Saint-John Perse n’a rien perdu de mes soins. Je le prévois pour le n° 66 (15 juillet). Tous les collaborateurs (André Gide, Denis de Rougemont, Gaëtan Picon, Albert Béguin, Marcel Raymond) ont été ‘relancés’. Dans une semaine, je vous dirai et le plan du sommaire et ceux qui y participent. Je viens d’écrire à Georges Schéhadé et à Gabriel Bounoure, que ce projet enthousiasmait. Dès que ces études me seront parvenues, nous bâtirons. […] » (lettre de M.-P. Fouchet à Saint-John Perse du 15 avril 1948). De si bonnes nouvelles, se réjouit le poète, alors que Fontaine connaît des difficultés : « Non, cher Ami, Fontaine ne pouvait pas périr !… Mais que votre lettre est émouvante dans sa simplicité. Je n’ai pas de peine à mesurer ce qu’a pu être votre épreuve, au plus intime et solitaire de vous-même. J’aime qu’à travers tout, j’aime qu’envers et contre tout, vous ayez su garder en vous le courage de ne pas désespérer. L’action est dure, pour l’entreprise intellectuelle, sur le plan des nécessités matérielles. Puissiez-vous, humainement, avoir trouvé du moins quelque solidarité de cœur, à Paris, parmi tous ceux qui doivent tant à la poursuite de votre effort. L’épreuve fait mieux comprendre ce qui a été en péril. C’est le destin même de votre Revue qui semble réaffirmé, et sa mission, mieux éclairée. Sa maladie de croissance est faite, à l’heure la plus malsaine, et sa survivance est assez symbolique pour animer autour d’elle le meilleur, et le plus sain, et le plus précieux. Mes félicitations pour votre victoire, et, pour votre nouveau combat, mes vœux, encore plus confiants et plus ‘exigeants’. Je m’emploierai de mon mieux, de ce côté de l’eau, à vous assurer le plus de sympathie possible, et, s’il se peut, de solidarité. Il y a là de la chose française en jeu, comme je souhaiterais qu’on l’entendît. Je suis touché de penser qu’au milieu de tant de soucis vous ayez gardé celui de ce numéro d’hommage dont vous voulez bien me reparler. » Le dernier numéro de Fontaine mis en vente date alors de… novembre 1947 (n° 63). Les sommaires, depuis, sont envisagés, les textes regroupés. Mais faire renaître Fontaine paraît vite impossible, malgré les envies. Une annonce aux autorités est même donnée le 28 avril 1948, avec un plan de parution détaillé. C’est probablement ce qui rend Fouchet si optimiste concernant son projet avec Perse, qui aurait représenté un retour à la littérature des plus importants. Las, la publication du numéro 64 sera sans cesse repoussée, prolongeant la lente agonie du titre, ce qui provoquera des inquiétudes, légitimes, chez le Saint-John Perse en juin. Ce numéro d’hommage sera néanmoins publié deux ans plus tard, « dans les Cahiers de la Pléiade, augmenté d’autres textes à l’automne 1950, c’est-à-dire quelques mois après la liquidation de la Société des Éditions de la Revue Fontaine, prononcée le 15 juillet 1950. Les noms de Max-Pol Fouchet et Fontaine n’y sont pas mentionnés une seule fois " (in François Vignale, La Revue Fontaine, Rennes, PUR, p. 247). Perse, de fait, avait tout prévu pour ce numéro spécial dont il attendait tant : « Voici, sans plus de phrases, mes réponses à votre lettre : 1° - Je vous envoie sous même pli le texte que vous attendez de moi – titre : ‘Et vous mers...’ (début de poème)’ - [ Faites imprimer en italiques une italique assez pleine, si possible) ; Et surtout assurez-moi, je vous en prie, la garantie d’un envoi d’épreuves à corriger moi-même. (J’y tiens essentiellement, ayant toujours eu tous déboires à cet égard : les ‘coquilles’ ont un goût particulier pour mes textes comme certains colimaçons pour les plantes des grèves.) ] Inutile de me renvoyer le manuscrit avec les épreuves. 2° - Les pages sur Briand dont vous a parlé Rougemont n’ont pas leur place dans votre numéro d’hommage littéraire. Simple discours de circonstance que j’ai eu à prononcer, à titre purement humain, dans une commémoration publique à l’étranger. J’ai pu le retrouver et vous l’envoie amicalement, puisque vous m’en parlez, mais à titre personnel et pas pour publication. Rien de moi, ni sur moi, hors du plan littéraire. Gardez-moi bien, autant qu’il dépendra de vous, contre tout rattachement de St.J.P. à Alexis Léger. Je vous ai déjà dit ce que je pensais des méfaits d’une telle liaison, entre mon plan absolu de poète et le plan latéral d’une vie professionnelle. Ma personnalité privée non plus n’appartient pas au public, et j’aime que vous ayez eu le tact de ne me demander aucun portrait. Si vous croyez devoir conserver telle quelle l’étude de Marcel Raymond, qui avait fait preuve envers moi de la plus grande délicatesse personnelle et à qui je n’ai marqué en fait aucune réserve, soit, mais pas d’autre exception dans ce sens. 3° - J’ai demandé à Breton et à Paulhan de vous donner quelque chose. Leur témoignage me ferait plaisir, amicalement autant qu’intellectuellement. Mais je ne sais s’ils sont informés de la résurrection de ‘Fontaine’ et de la reprise de votre projet. Voulez-vous vous en assurer directement auprès d’eux ? Dans les générations suivantes, que je connais mal, Michaux et Char sont les seuls dont la sympathie littéraire aurait un sens pour moi. Mais je ne connais pas personnellement le premier, et avec le second, que je tiens pour un vrai poète, je n’ai jamais eu qu’un bref échange de lettres. Je suis heureux de vous entendre mentionner Béguin. Je compte sur Rougemont pour me venger un peu d’absurdes interprétations littérales, lui qui a si intelligemment traité de l’ordre ‘fabuleux’ dans son dernier et très beau livre. Avec mon affectueuse pensée, transmettez-lui de ma part ce reproche : de ne m’avoir pas encore fait connaître son adresse en Europe. J’essaie de retrouver pour vous, dans les dépôts épars d’une vie sans foyer, la dernière et très longue lettre que j’ai reçue de Valéry, peu avant sa mort – intéressante, moins pour l’éloge excessif de les premiers poèmes (nous étions trop vieux amis pour qu’il ne fût point partial), que par d’étranges confidences, des plus inattendues, sur les limites de sa conception poëtique (nous n’avions jamais été d’accord à ce sujet). Je m’excuse, cher Ami, de n’avoir pu vous répondre plus tôt. À l’instant seulement votre lettre au retour d’un voyage dans le Sud. Encore tous les vœux que je mets pour vous dans une amicale et très cordiale pensée. Alexis Léger. »
1950 1950. 1 page. Encre verte BELLE LETTREAUTOGRAPHESIGNÉE adressée à Max-Pol Fouchet, directeur de la revue Fontaine. " Paris, le 13 avril 1950, Très cher Max-Pol, votre lettre me fait grand bien. Je sais, d'ailleurs, comme notre accord est profond ; il a été scellé pour toujours avant même que je ne vous rencontre. La critique catholique du genre éclairé, oui je sais. Du diable si je m'assure que cela va la décourager. Cela n'est, du reste, pas si simple : j'ai par exemple une grande estime pour Michel Carrouges et je ne pouvais m'empêcher de souffrir un peu pour lui hier soir qui était venu nous retrouver au café et qui tombait sur trois de ces jeunes gens du dimanche "montés" à un point que vous m'imaginez même pas. Tel que je vous connais, je crois que votre sentiment aurait été le même. Vous savez que je vous crois toujours par monts et par vaux. Chaque fois que votre présence m'est signalée à Paris, je me demande par quel maléfice nous ne nous voyons pas. Faites moi le grand plaisir de téléphoner un jour prochain pour que nous fassions cesser cela. Pourquoi ne viendriez-vous pas partager le très petit repas d'une de ces soirs ? A vous de tout coeur André Breton"
Signé par l'auteur
1954 1954. 1 page recto. Encre noire LETTREAUTOGRAPHESIGNÉE, sur beau papier en-tête de la revue Médium, adressée à Max-Pol Fouchet, directeur de la revue Fontaine : "Paris le 7 janvier 1954, Très cher Max-Pol, Je m'ennuyais de vous, sans rien savoir de ce qui pouvait vous tenir éloigné de vos amis. Ai reçu votre lettre j'ai demandé Lise, qui m'a un peu ditPlus que jamais je suis de coeur avec vous et je forme pour vous, pour tout ce qui vous est cher, des voeux ardents. J'ai lu avec émotion ce beau texte que vous me consacrez. Qu'il trouve le moyen de fleurir ainsi en marge de vos tourments si grands me comble et me confond. Au "Mercure" me dites-vous ? Serait-ce que ces deux messieurs ont déguerpi ? Dès que vous pourrez, n'est-ce pas, un signe. Qu'il vous suffise de me dire : tels six heures chez Lipp, par exemple. Il me tardait aussi de vous entendre parler du Mexique. A vous de tout coeur. André Breton"
Signé par l'auteur
Paris 24 mars 1951. 1 f. (210 x 13,5 mm) de 13 lignes rédigées à l'encre noire.
« Cher Max-Pol, Je viens de t'appeler au téléphone mais il m'a été répondu que tu étais absent. Je suis resté à L'Isle plus longtemps que prévu car j'ai perdu mon beau-frère, et ma mère est au bord de sa fin. Maryse L. m'a parlé avec enthousiasme de ton émission. Quand tu voudras... Je suis impatient de t'écouter. Cher Max-Pol, donne signe de présence à ton ami qui t'envoie sa fidèle affection. René Char. » Joints : * Le faire-part de décès de la mère du poète "Madame Veuve Emile Char", datée du 27 juin 1951 - 1 f. (140 x 10,5 mm) imprimé à l'encre noire sur carte de deuil. * Une carte autographe signée adressée à Max-Pol Fouchet en remerciements de ses condoléances, datée de L'Isle, 3 juillet 1951 - 1 f. (150 x 9,5 mm) rédigé à l'encre noire sur carte de deuil.
[1949] 1 page in-4 à l'encre noire sur papier pelure, "Paris le 28 mai 1949". Il proteste de sa loyauté. "Je n'ai jamais tenu le moindre propos défavorable sur vous et conteste donc, de la manière la plus absolue, ceux qu'on a pu vous rapporter (...) Je suis même confus et triste d'avoir à vous en assurer : cela me paraît aller tellement de soi que j'ai le sentiment de nous appauvrir en le faisant. Je n'ai pas su moi-même où vous étiez ces derniers mois, j'ai ignoré que vous étiez souffrant. J’ai craint, je l’avoue (mais c’est vraiment tout ce que je puis me reprocher) que vous ne souhaitiez mettre quelque distance passagère entre nous parce que nous différions d’attitude à l’égard d’une formation politique. Mais je n’ai jamais douté de notre entente plus profonde, et pour moi, nos relations ont toujours été au beau"... Il prie ensuite Max-Pol Fouchet de venir assister à la lecture d'une oeuvre de Maurice Fourré à laquelle sont invités Paulhan, Monnerot, Queneau, Gracq...