Paris, Klincksieck, 1974 gr. in-8, 669 pp., index et biblio., broché, couv. ill.
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P., Klincksieck, 1974, gr. in-8°, 669 pp, importante bibliographie, index, broché, couv. illustrée, dos lég. sali, bon état
"Necker jusqu'alors n'avait guère trouvé de défenseur. « Les partisans de l'ancienne monarchie lui reprochent sa destruction immédiate et le maudissent comme un des principaux auteurs de leurs calamités, les amis de la liberté attribuent à ses faux calculs la ruine de leurs plus chères espérances, et les républicains destructeurs du trône le regardent comme un de leurs plus sévères accusateurs ». Ce diagnostic porté en 1801 par C. F. Beaulieu a valu jusqu'à nos jours pour presque toute l'historiographie révolutionnaire, et la suspicion de son action ainsi que l'évidence de la nullité de sa pensée trouvaient d'accord Jaurès et Bainville, Mathiez et Gaxotte. Est-ce donc à une entreprise de réhabilitation que nous convie Henri Grange ? Le propos est à la fois plus modeste et plus ambitieux. Modeste, parce qu'il se propose de se limiter aux idées de Necker, laissant à d'autres de juger son efficacité d'homme d'Etat. Modeste encore, quand il entend d'abord lire tous les écrits de Necker, jusqu'alors complètement négligés, cités seulement par fragments, tel son célèbre discours du 5 mai 1789 jugé sans intérêt par des députés qui ne l'avaient pas entendu et des historiens qui ne l'avaient pas ouvert. Ambitieux cependant, et sans conteste. Grange a découvert un Necker inconnu, conservateur sans illusion, mais marxiste avant la lettre : n'a-t-il pas mis au centre de l'explication économique et sociale la propriété (mais point à la manière de l'utopiste qu'est Rousseau) ? Il pressent dans une société coupée en deux, avec d'un côté les sacro-saints propriétaires, et de l'autre le peuple, vrai prolétaire ne possédant que son travail, la loi d'airain des salaires, la plus-value relative et la plus-value absolue. Et cette clé ouvre bien des portes. D'autant plus que l'argumentation, serrée, soutenue, est toujours présentée avec clarté, et que l'auteur a le rare don de rendre plus intelligent son lecteur, qui de ce fait peut difficilement rompre le charme. Aussi est-il facile de se laisser convaincre que dans la guerre des farines, le plus perspicace, c'était bien lui, Necker, et non Turgot, l'affreux libéral ; voire même qu'en juin 1789, c'est encore lui, et non le porte-parole du tiers, Sieyès, qui soutenait la cause du peuple en défendant l'autorité du monarque. Le lumineux exposé des positions de Necker sur les questions économiques et sociales, dans le domaine politique, où il a très largement influencé non seulement sa fille mais aussi Benjamin Constant, dans le domaine religieux enfin, conduit, au fil des pages, à revoir d'un œil neuf tout le paysage intellectuel du XVIIIe siècle..." (Claude Langlois, Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1975)