Paris, Ébrard [Imprimerie de Blondeau], 1844 in-8, [2] ff. n. ch., 140 pp., toile grège, dos lisse, pièce de titre bordeaux, couverture bleue imprimée conservée (reliure moderne).
Reference : 231937
Édition originale fort peu courante. La rivalité entre Bissette et Schœlcher avait commencé véritablement en 1843, lors de la parution du livre de Schœlcher, intitulé Des Colonies Françaises que Bissette avait très sévèrement critiqué, notamment pour ses erreurs factuelles. Et, jusqu'au Coup d'État du 2 décembre 1851, la lutte entre ses partisans et ceux de Schœlcher fut une constante du débat politique martiniquais. Homme de couleur libre et propriétaire, Cyrille Bissette (1795-1858) se mêla très tôt aux actions entreprises en vue de l'émancipation des Noirs, ce qui, dans la société coloniale de la Martinique sous la Restauration, ne pouvait que lui attirer moult ennuis. Ainsi fut-il condamné en première instance le 15 janvier 1824 au bannissement à perpétuité du territoire français sous deux chefs : pour "avoir recueilli et conservé plusieurs écrits diffamatoires et séditieux, à l'appui des prétentions des hommes de couleur libre" ; et pour "avoir reçu et répandu le libelle imprimé intitulé : De la Situation des hommes de couleur libres dans les Antilles françaises, par la communication et la lecture qu'il en a donnée à plusieurs gens de couleur libres et en différens lieux". Il fit appel, et vit sa peine commuée en marquage et aux travaux forcés à perpétuité. D'où ce recours en cassation, qui permit de revenir aux dix ans de bannissement des colonies françaises seulement. Il les passa à Paris, de 1827 à 1834, et publia alors un grand nombre d'opuscules ou d'articles sur la question de l'émancipation, sur laquelle il se radicalisa nettement suite à ses mésaventures judiciaires aggravées par l'attitude du procureur Richard de Lucy. En 1848, il fut élu représentant de la Martinique à l'Assemblée Constituante, et commença une carrière politique qui devait l'opposer à Victor Schoelcher et à la tendance assimilationniste que ce dernier représentait. Comme Schoelcher lui survécut et passa à la postérité presque seul dans le cadre du combat pour l'abolition, Bissette fut injustement oublié, et demeure un inconnu pour la plupart des Français contemporains.Sabin, 5652 (s.v.). - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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