Paris, 16 novembre 1944 - 6 février 1946 11 pièces in-8 ou in-4 ou in-folio, en feuilles de papier pelure, dans classeur moderne.
Reference : 225955
Très intéressant dossier, documentant le ministérat du député corse Paul Giacobbi (1896-1951) lors de son passage au ministère des colonies (16 septembre 1944 au 21 octobre 1945), puis sous les débuts de son successeur Jacques Soustelle (21 novembre 1945 au 26 janvier 1946). À travers plusieurs affaires politiques et militaires indépendantes, les pièces qu'il renferme offrent un tableau très suggestif de l'état des esprits en Martinique et en Guadeloupe juste avant la loi de départementalisation du 19 mars 1946.I. [MANUSCRIT]. L.A.S. de Joseph Lagrosillière à Paul Giaccobi, datée de Paris, 16 novembre 1944 : sollicite, entre autres, une audience urgente pour présenter au ministre les membres du bureau du Comité de patronage, avant son retour en Martinique.Le socialiste Joseph Lagrosillière (1872-1950), ancien maire de Sainte-Marie, fut président du conseil général de la Martinique de 1935 à 1937 et de 1945 à 1946. Il sera le concurrent malheureux du jeune Aimé Césaire pour les élections municipales de Fort-de-France en 1945.II. [TAPUSCRIT]. B.S. de Paul Giacobbi à Maurice Satineau,en date du 23 janvier 1945 : demande de dossier pour examiner le cas de Mlle Pierre Joseph, sollicitant un poste de professeur d'enseignement technique à la Guadeloupe.Le politicien Maurice Satineau (1891-1960), ancien député de la Guadeloupe de 1936 à 1940, affairiste au rôle controversé pendant la Seconde guerre mondiale, fut maire de Sainte-Anne de 1945 à 1960.III. [CÂBLOGRAMME]. Document du 4 avril 1945, accompagné d'un billet de présentation : adressé à Mme veuve Félix Éboué par le gouverneur de la Guadeloupe Maurice Berthaud, il présente une demande de représenter l'île à l'Assemblée constituante qui devait être élue en octobre 1945.Eugénie Éboué-Tell (1889-1972), veuve de Félix Éboué depuis le 17 mai 1944, s'engagea effectivement dans une carrière politique après la mort de son mari : selon le souhait exprimé par notre câblogramme, elle fut nommée déléguée à l'Assemblée consultative provisoire, puis devint députée de Guadeloupe des deux Assemblées nationales constituantes entre 1945 et 1946, figurant ainsi parmi les premières femmes députées de l'histoire française.IV. [TAPUSCRIT]. L.S. de Maurice Satineau à Paul Giacobbi, en date de Paris, 23 mai 1945, sur papier à en-tête du "Front colonial de la résistance". Mis en cause dans une sombre affaire de faux papiers et de corruption pour une filière d'exfiltration de Juifs de la zone libre, Maurice Satineau fut soumis au jugement d'un jury d'honneur après la Libération ; dans cette lettre, il incrimine un rapport du gouverneur Bertaut, défavorable à son cas, et surtout sollicite le report des élections cantonales en Guadeloupe, pour lui permettre de se présenter V. [TAPUSCRIT]. B.S. de Paul Giacobbi à Maurice Satineau, non daté, mais rédigé au début de juin 1945, car répondant à une nouvelle lettre du 29 mai. Sur le report des élections cantonales en Guadeloupe : prévues initialement le 10 juin, elles furent renvoyées "à une date ultérieure, que je ne puis encore préciser".VI. [CÂBLOGRAMME]. Document du 10 août 1945, accompagné d'un billet de présentation : adressé à Mme veuve Félix Éboué de la part d'Augereau Lara, il prépare la venue d'Eugénie Tell en Guadeloupe (dont son mari avait été gouverneur de 1936 à 1938) ; "population enthousiasmée, prépare réception grandiose, nécessaire fait pour durée séjour".Augereau Lara était frère du poète Oruno Lara (1879-1924) et du politicien Hildevert-Adolphe Lara (1876-1937).VII. [TAPUSCRIT]. Lettre d'Octave Chanlot, président de "La Famille antillaise", à Paul Giacobbi, datée de Paris, 12 août 1945 : elle proteste contre le régime électoral spécial prévu pour les élections d'octobre 1945, en ce qui regarde la quotité de la représentation parlementaire (par rapport au ratio des départements métropolitains). "Monsieur le ministre, l'émotion des Antillais est grande en face d'un projet électoral qui aurait, entre autres conséquences, celle de créer deux catégories inégales entre Français, cependant parvenus au même degré d'évolution, et soumis aux mêmes obligations militaires (...). En ce qui concerne la Guadeloupe et la Martinique, l'assimilation politique totale existe depuis déjà fort longtemps dans le cadre municipal et dans le cadre cantonal".JOINT : le texte d'une pétition en ce sens, avec plusieurs signatures (Élie Bloncourt, député de l'Aisne ; Marius Moutet ; Léon Jouhaux, etc.).Osthène-Octave Chanlot (1902-2001) fut un militant socialiste guadeloupéen, engagé dans diverses associations.VIII. [TAPUSCRIT]. Rapport de Paris, le 26 novembre 1945. Signé d'un certain Pierre, et adressé au gouverneur de la Guadeloupe, au ministre des colonies, et à sa direction militaire, il rend compte d'une rixe suivie d'une fusillade, qui firent 4 morts (dont le capitaine Gombaud-Saintonge) et 3 blessés. Dus à l'insubordination des militaires antillais rapatriés sur le San Matéo, dont certains avaient conservé des armes, ces incidents auraient pu être évités si un signalement des débordements survenus antérieurement à Nantes et à Rouen était parvenu à temps."J'ai le regret de vous rendre compte d'un incident grave survenu au matin du 22 novembre à Pointe-à-Pitre entre des militaires rapatriés et des soldats sénégalais à l'arrivée du Duc d'Aumale transportant de Martinique des passagers du San Mateo".IX. [TAPUSCRIT]. Note pour le directeur des affaires militaires, de Paris, le 26 décembre 1945 : signée Chimier et émanant du premier bureau de la direction des affaires politiques du ministère des colonies, elle réagit à l'incident du 22 novembre précédent à Pointe-à-Pitre.X. [TAPUSCRIT]. Note pour M. le directeur des affaires politiques, datée de Paris le 11 janvier 1946 : signée du colonel Boisseau, c'est la réponse de la direction des affaires militaires du ministère des colonies à la note précédente."En réponse à votre note, j'ai l'honneur de vous informer que le dernier contingent d'Antillais rapatriables (environ 400 hommes) devait être embarqué sur le San Matéo à son prochain voyage (...). L'état d'esprit de ces militaires est dans l'ensemble mauvais (...). Le sentiment dominant chez eux était que, la guerre finie, la France avait oublié les sacrifices consentis pour elle (...). Les autorités militaires des Antilles ont noté à leur tour, que ce détachement était, dans son ensemble, animé d'un esprit déplorable, dans lequel une véritable 'haine du blanc' avait part. Certains parlaient ouvertement de 'renvoyer les Blancs chez eux'. Un certain nombre avait les plus mauvaises intentions, et le fait qu'ils aient été porteurs d'un armement abondant et n'aient pas hésité à le mettre en oeuvre après avoir provoqué l'incident nécessaire, le prouve suffisamment".XI. [TAPUSCRIT]. Note pour M. le directeur des affaires militaires, daté de Paris le 6 février 1946 : signée de Laurentie, elle informe sur la mission du colonel Boisson aux Antilles, destinée à apaiser la situation référencée dans les trois dernières pièces.Il s'agit de Henri Laurentie (1901-1984), proche collaborateur de Félix Éboué, qui fut en septembre 1944 muté à Paris au poste de directeur des affaires politiques au ministère de la France d'outre-mer, fonction qu'il exerça jusqu'en 1947. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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