12 janvier 1938 - 13 mai 1940 54 pièces in-4 ou in-8, en feuilles.
Reference : 225695
Important et émouvant dossier qui réunit les lettres, généralement longues, envoyées avant et pendant la "drôle de guerre" par André-Henri Grosdidier, dans le civil boucher chez un dénommé Mussard à Viroflay, mais à l'armée caporal-chef, puis sergent dans la 3e Compagnie du 8e Régiment de Zouaves. Cette unité devait, avec la 12e division d'infanterie motorisée, être détruite lors de la bataille de Dunkerque. Né à Boynes le 28 juillet 1918, André mourut d'ailleurs au combat lors du repli de son régiment sur Dunkerque le 27 mai 1940 à Péronne-en-Mélantois (Nord). Il est inhumé au cimetière de Péronne (à gauche, allée centrale).Les destinataires sont ses deux parents, qui vivent à Versailles, à l'exception d'une missive adressée à sa cousine Marie (cf. n° 33). La séquence temporelle couverte par cette correspondance correspond aux débuts de son service militaire (peloton effectué à Mourmelon, déjà à l'époque grand camp d'exercices), bientôt transformé en service d'active par suite des mobilisations (partielle le 23 septembre 1938, générale le 1er septembre 1939), puis de la déclaration de guerre. L'essentiel tourne, on ne s'en étonnera pas, autour des soucis du quotidien, et les colis envoyés par la famille tiennent une place d'autant plus importante qu'ils sont bien garnis et très copieux. C'est dans ce genre de petits détails que l'on peut reconstituer au plus près l'étonnante période d'inactivité et d'incroyable ennui, d'indiscipline et de combines aussi, qui a précédé l'offensive de mai 1940.[Avant la guerre :] 1. De Mourmelon [Marne], le 12 janvier 1938 : André, intégré au "peloton" (équivalent des "classes" ultérieures) pour devenir caporal, change de chambrée. - 2. De Mourmelon, le 15 mars 1939 : sur la proximité d'un examen, sur les exercices de tir. - 3. De Mourmelon, le 8 avril 1939 : André s'habitue à sa nouvelle compagnie. Reçu dix-huitième du régiment à l'examen, il effectue sa première garde. - 4. De Mourmelon, le 12 avril 1939 : André touche un nouveau paquetage, et se prépare à un déplacement imminent. - 5. De Mourmelon, le 6 mai 1939 : sur le retour du capitaine de la compagnie ("Notre capitaine est revenu, il aurait mieux fait de rester où il était. Pourtant, il ne faut pas que je me plaigne, car depuis qu'il est revenu, je l'ai pas apperçu une fois"). - 6. De Mourmelon, le 16 mai 1939 : sur les manoeuvres à venir. - 7. De Mourmelon, le 22 mai 1939 : sur un gros rhume et sa prochaine permission. - 8. De Mourmelon, le 7 juillet 1939 : sur le défilé du 14 juillet auquel le régiment participera (mais pas la compagnie d'André). - 9. De Mourmelon, le 11 juillet 1939 : sur une escapade à Reims du dimanche précédent, pour aller voir une course automobile, et sur les prochaines manoeuvres à Sissonne. - 10. De Mourmelon, le 15 juillet 1939 : ennui majeur au camp à cause de l'absence de la plupart des compagnies du régiment (qui se trouve à Paris pour le 14 juillet). - 11. De Sissonne [Aisne], le 25 juillet 1939 : sur le trajet à pieds de Mourmelon au camp de Sissonne ("Nous sommes partis de Mourmelon mardi matin à pieds. Nous avons fait 85 ks en 3 étapes, nous avons cantonné deux nuits. La marche n'était pas des plus faciles ; j'en ai bavé comme un Russe"). - 12. [De Mourmelon], le 23 août 1939 : lettre de retour de permission.[Une fois la guerre déclarée :] 13. Du 14 septembre 1939 [vers Siercq-les-Bains, Moselle] : les opérations de guerre ont commencé ("Depuis quatre jours, nous sommes en première ligne, nous sommes comme les lapins dans des trous. Le secteur est assez calme. Ce matin, nous avons progressé de 1 km sans aucun coup de fusil. Les Boches ont déménagé hier soir sous l'avance du 3e bataillon. Jusqu'ici il n'y a pas eu de casse chez nous"). - 14. Du 15 octobre 1939 : billet sur l'ordinaire en campagne. - 15. De Soupir [Aisne], le 19 octobre 1939 : sur l'amélioration du service du courrier, et l'interdiction faite désormais aux familles de venir visiter les zouaves dans la zone des armées. - 16. De Soupir, le 21 octobre 1939 : l'ennui s'installe ("Avec leur coup de ne pas donner de perm, il commence à y avoir pas mal de cafareux et pas mal de types qui se cuitent"). - 17. De Soupir, le 27 octobre 1939 : réception d'un généreux colis. - 18. De Braye-en-Laonnois [Aisne], le 1er novembre 1939 : sur le déménagement depuis Soupir (Braye se situe à seulement six kilomètres). André a quartier libre en ce jour de la Toussaint, et il fait connaissance avec d'autres camarades. - 19. De Braye-en-Laonnois, le 6 novembre 1939 : "On se croirait presque en temps de paix". - 20. De Braye, le 19 novembre 1939 : porte essentiellement sur les travaux de la maison de campagne de ses parents (à Reverseaux, dans l'Yonne). "Par moments, je voudrais avoir dix ans de plus pour savoir si un jour j'arriverai à quelque chose. Tu me dis qu'il y aura une pièce pour ma femme et mes gosses, je suis bien content en ce moment de ne pas être marié comme certains, et même de n'avoir aucune attache". - 21. D'Obréchies [Nord], le 20 novembre 1939 : le nouveau séjour d'André,à dix kms de la frontière belge, ne le réjouit guère, comme on peut le lire : "Nous sommes maintenant dans la région du Nord, et dans un vrai trou. Nous sommes dans un pays de deux cents habitants (...) et je crois même que les habitants sont ravitaillés par les corbeaux en hiver". - 22. D'Obréchies, le 26 novembre 1939 : installation dans une grange glaciale, colis (dont un très généreux de Mme Mussard, patronne d'André) et projets de permission. - 23. D'Obréchies, le 28 novembre 1939 : envisage l'invasion de la Belgique (mais "nous n'en sommes pas encore là"). - 24. D'Obréchies, le 1er décembre 1939 : "Nous faisons des travaux à 4 kms de la frontière belge, tout baigne dans l'eau, c'est très intéressant, nous suivons les traces du Zouave de l'Alma. De la façon dont nous sommes placés, si la Belgique se trouvait envahie, nous nous trouverions en première ligne pour changer ..." - 25. D'Obréchies, le 4 décembre 1939 : sur un dimanche passé au cinéma de Ferrières-la-Grande. - 26. D'Obréchies, le 8 décembre 1939 : sur une prime de 105 francs versée pour le séjour sur la ligne. - 27. Du 12 décembre 1939 : sur l'installation d'une cantine de compagnie, dont André assure la tenue. - 28. Du 17 décembre 1939 : sur la poursuite de ses activités de cantinier ("Je ne suis pas guerrier pour deux sous"). - 29. De Sars-Poteries [Nord], le 23 décembre 1939 : sur le nouveau déménagement et le cantonnement dans une ancienne verrerie en démolition, endroit lugubre et en partie effondré. - 30. De Sars-Poteries, le 27 décembre 1939 : voeux de bonne année et repas de Noël ("Le 24 soir et 25 qu'est-ce qu'il y a eu comme viande saoûle .."). - 31. De Sars-Poteries, le 1er janvier 1940 : sur un prochain changement de cantonnement. - 32. De Sars-Poterie, le 3 janvier 1940 : réception de colis ; tristesse du jour de l'an. - 33. De Sars-Poterie, le 4 janvier 1940 [à sa cousine Marie] : voeux et nouvelles du cantonnement (lettre transmise par la destinataire à la mère d'André, désormais "Madame veuve Grosdidier" en juillet 1962). - 34. De Sars-Poteries, le 8 janvier 1940 : André repasse chef de groupe et s'ennuie de plus en plus ("Malgré que le pays soit mieux que les autres, il me dégoûte de plus en plus. L'on ne peut pas sortir sans se retrouver dans un bistro, c'est tout ce qu'il y a dans le pays comme distraction. Il y a cinq ou six épiceries, l'on n'y trouve que ce que nous n'avons pas besoin, ils manquent de tout"). Multiplication des punitions et consignes. - 35. De Sars-Poteries, le 9 janvier 1939 : sur la prochaine remontée en ligne. - 36. De Sars-Poteries, le 11 janvier 1940 : sur une prise d'armes au QG anglais d'Arras où le 8e Zouaves est intervenu. - 37. [De Sars-Poteries], le 15 janvier 1940 : "Je ne sais pas trop quoi vous raconter aujourd'hui tellement c'est toujours pareil". - 38. De Levergies [Aisne], le 22 janvier 1940 : nouveaux déplacements et cantonnements, le groupe s'occupe à faire des crêpes. - 39. [De Levergies], le 24 janvier 1940 : froid, neige et colis ("C'est tout de même révoltant de voir des embusqués se plaindre. Je serais Daladier, je les mettrais à la gamelle et quinze sous par jour comme les copains, et j'estime qu'ils n'auraient même pas le droit de se plaindre, car ils auraient encore l'avantage de coucher et d'être chez eux pendant leurs heures de loisir"). - 40. Du 25 janvier 1940 : réception de colis. - 41. Du 29 janvier 1940 : réception de nouveaux uniformes. - 42. Du 1er février 1940 : "Je ne vois rien d'extraordinaire à vous dire, notre vie est toujours calme et uniforme". - 43. Du 4 février 1940 : détail du repas du dimanche (sardines, asperges, civet de lapin, purée et deux tartes). - 44. Du 29 février 1940 : reprise de la correspondance après une permission de dix jours. - 45. Du 15 mars 1940 : chute de neige et rhume. - 46. Du 18 mars 1940 : André réagit avec étonnement à la nouvelle que son père, ancien de 1914 (et né en 1894) pourrait de nouveau être mobilisable. - 47. Du 21 mars 1940 : sur une manoeuvre de nuit. - 48. Du 26 mars 1940 : colis et marches. - 49. Du 4 avril 1940 : sur une permission très proche. - 50. Du 20 avril 1940 : sur un supplément de solde de 2.50 francs par jour. - 51. Du 1er mai 1940 : sur sa nomination comme sergent, et son premier repas au mess.[Une fois commencée l'offensive des Ardennes :] 52. Du 10 mai 1940 : sur la suppression de toutes les permissions (la percée allemande est de ce jour). - 53. Du 11 mai 1940 : "Nous sommes tranquilles en ce moment. Le temps passe assez vite, nous jouons à la belote, au jaquet, un peu à tout quoi". - 54. Du 13 mai 1940 : "Nous sommes toujours dans le même pays pour le moment. Je ne sais pas si nous y moisirons encore longtemps. Nous sommes pénards : plus d'exercices, rien, c'est du vrai repos, boire, manger, dormir, nous allons engraisser".Cette missive au contenu incroyablement insouciant semble bien être la dernière de l'infortuné sergent auquel ne restaient que 15 jours de vie. Une phrase surlignée d'encre violette a beau préciser : "Sommes en état d'alerte depuis jeudi". Ses parents ne devaient plus avoir de nouvelles. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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Saïgon, s.d (1874-76) 7 pièces in-8, en feuilles sur papier de deuil.
Très intéressante correspondance active de Victor-Auguste Duperré (1825-1900), fils de Victor-Guy, gouverneur de Cochinchine du 30 novembre 1874 au 16 octobre 1877, adressée à Louis-Raymond de Montaignac de Chauvance (1811-1891), qui fut ministre de la marine et des colonies du 22 mai 1874 au 9 mars 1876. Voulue directe et hors des communications officielles (par suite de l'acheminement inégal du courrier, est-il prétexté), elle se compose de sept longues lettres ne comportant que l'éphéméride, et dont l'année doit être reconstituée à partir du contenu (avec une marge d'incertitude pour certaines). Elles fournissent les détails les plus précis et les plus circonstanciés sur l'administration de la seule colonie que nous possédions alors en Indochine, avant la signature des traités de 1883 et 1884.I. Du 7 décembre [1874] : 3 bifeuillets écrits sur les 12 pages. La missive a tout d'un envoi consécutif à une prise de fonction récente ("Mon prédécesseur vous ayant rendu compte lui-même des incidents importants, je me suis contenté de signer quelques dépêches relatives au service courant : d'ailleurs les visites particulières & celles que j'ai faites dans nos établissements ont absorbé tout mon temps depuis cinq jours, & je n'oserais aborder dès à présent dans une correspondance officielle des sujets qui méritent l'examen attentif que je vais commencer de toutes les affaires dont je dois poursuivre la solution"). Sont ensuite abordés pêle-mêle les sujets les plus importants : relations avec la Cour de Hué, règlement du budget et des dépenses locales pour 1875, observations sur Jules-François-Émile Krantz (1821-1914), qui fut gouverneur militaire de Cochinchine du 16 mars au 30 novembre 1874, et avait assuré l'intérim du gouvernorat général de mars à novembre 1874 après le départ de Jules Dupré, etc. Elle se termine par un appel au soutien du ministère : "Le bien que je pourrai faire peut seul me soutenir et m'encourager, je vous supplie de m'accorder les moyens de le tenter et d'accueillir avec bienveillance les propositions que je vous adresserai lorsque j'aurai étudié la situation sous toutes ses faces, visité la colonie, recueilli auprès des personnes compétentes les renseignements nécessaires".II. Du 26 avril [1875] : 4 bifeuillets écrits sur 15 pp. Il s'agit d'un compte-rendu officieux de la mission du commandant Charles-Paul Brossard de Corbigny (1822-1900) auprès de l'Empereur Tu Duc à Hué. Brossard avait en effet été chargé d'une mission en Annam où il se rendit avec son frère, alors lieutenant de vaisseau et hydrographe de l'expédition, Jules-Marcel. L'escadre partit ainsi de Saïgon le 4 avril 1875, atteignit la rade de Tourane, remontant la rivière jusqu'à Hué où Tu-Duc reçut les voyageurs (14 avril) et dut y ratifier le traité de semi-protectorat signé l'année précédente. Les Français revinrent ensuite à Tourane et par un croiseur retournèrent à Saïgon (24 avril). La missive de Duperré suit donc de près le retour des marins. Suivent des considérations sur la ratification du traité par l'assemblée, et sur les allégements de contributions de la Cochinchine consentis par le ministre des finances.III. Du 20 mai : 4 bifeuillets écrits sur les 16 pages. Cette longue lettre commence par une assurance sur la fin des révoltes des provinces de M Tho et Tan Nay ("Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que l'ordre est complètement rétabli") ; elle se poursuit par des considérations plus générales, très représentatives des mentalités coloniales de la fin du XIXe et du mythe de la "mission civilisatrice" : "Il faut, monsieur le ministre, que nous profitions de la leçon : en Cochinchine, comme partout ailleurs, nous avons la prétention de charmer, d'être admirés, aimés ; nous comptons sur la séduction qu'inspirent nos personnes, nos institutions, notre civilisation, et nous nous abandonnons à une confiance présomptueuse et irréfléchie. Ici, à peine campés dans des provinces ... nous avons cru que tous ces notables, ces lettrés, ces fonctionnaires annamites besogneux seraient subitement ralliés à la nouvelle administration, que fidélité à leur Roi, patriotisme, attachement aux traditions séculaires disparaîtraient par enchantement". Puis les conclusions tirées sont d'ordre uniquement pratique (doublement des inspections, envoi des administrateurs au contact des populations, meilleure répartition des impôts, etc.), mais le diagnostic initial a le mérite de la clairvoyance. Le reste de la lettre concerne les constructions et travaux entrepris, ainsi que le futur traité de commerce (cf. infra).IV. Du 25 août [1875] : 4 bifeuillets écrits sur les 16 pages. Après une longue note sur le cas personnel d'un secrétaire de la mission française à Hué, la lettre revient sur les ratifications du traité de commerce d'avril précédent, désormais aux mains de Pierre-Paul Rheinart (1840-1902), chargé d'affaires dans la capitale impériale de 1875 à 1876, puis s'étend sur les difficiles relations avec les fonctionnaires de la Cour de Hué, leur susceptibilité, leur inertie, leur mauvaise volonté à exécuter les clauses de la convention. Duperré se plaint également des personnels militaires envoyés par la métropole, ce qui jette une lumière assez crue sur la qualité des sujets : "Permettez-moi, monsieur le ministre, d'appeler votre attention sur les compositions bien regrettables des envois de personnel en Cochinchine. J'ai ici deux colonels qui, en présence des actes trop nombreux d'indiscipline dont je me plains, reconnaissent qu'ils agissaient lorsqu'ils étaient en France exactement comme le font leurs collègues, aujourd'hui : lorsque l'on forme les compagnies destinées à la colonie, les chefs de corps ont tous une seule pensée, celle de se débarrasser de tous les mauvais sujets du régiment, les feuilles de punition sont là pour l'attester". Ce qui "perpétue dans les ports cette opinion trop répandue que la Cochinchine est une colonie placée dans des conditions telles que l'on peut la considérer comme un lieu de déportation pour les mauvais serviteurs & les hommes indisciplinés".V. Du 24 octobre : 4 bifeuillets écrits sur 13 pages. La lettre commence par des mesures personnelles en faveur du capitaine de vaisseau Marie-Charles Lehelloco (1827-1880), commandant du Duchaffaut. Elle se continue par un exposé des difficultés persistantes dans les relations avec la Cour de Hué : "Nous avons à lutter sans cesse contre le parti qui nous sera toujours hostile, à vaincre les hésitations, la timidité des mandarins qui, personnellement enclins à accepter les faits accomplis, ne se sentent pas assez forts pour proclamer bine haut la nécessité d'entrer dans une voie nouvelle ; de là des tiraillements, des intrigues qui lasseraient les plus patients et découragent parfois M. Rheinart". Puis sont abordées les relations diplomatiques avec la Chine, au sujet des provinces du nord du Tonkin : "Je crois qu'il faut abandonner pour le moment toutes démarches à Pékin puisque le gouvernement chinois fait examiner par le même mandarin, Li Hang Chang [Li Hongzhang, 1823-1901] la double question de Bahmo & du Song Coï, que l'on considère, à bon droit, comme ne pouvant pas être scindée. Si les Anglais obtiennent l'ouverture du Yunnan par sa frontière nord-ouest, peut-être aurons-nous gain de cause".VI. Du 17 janvier [1876] : 3 bifeuillets, écrits sur 9 pages, après le congé que le ministre a accordé à Duperré au commencement de 1876 (cf. fin de la lettre du 25 août), et portant essentiellement sur l'évolution des mentalités des populations de la Cochinchine ("Le moment est opportun, car, après avoir parcouru le territoire de la Cochinchine, j'ai reconnu avec une bien vive satisfaction : que les idées claires avaient fait des progrès réels dans l'esprit des populations ; que la confiance dans l'administration française rendrait désormais plus difficile la propagande à laquelle n'ont pas encore renoncé les mécontents, petits fonctionnaires et lettrés, qui, dans l'ancien gouvernement, étaient les maîtres. Deux bonnes récoltes ont singulièrement aidé à ce résultat et, je peux le dire, les exécutions que j'ai cru nécessaires pour arrêter la dernière rébellion ont produits les meilleurs effets en ce sens que les chefs seuls ont été frappés. Les Annamites semblent vouloir secouer leur apathie routinière en ce qui concerne la culture, et je les vois marcher avec résolution dans la voie que quelques notables intelligents leur ont ouverte à notre instigation").VII. Du 31 janvier [1876]: 4 bifeuillets écrits sur 14 pages, au ton notablement différent de l'apaisement exprimé par la précédente missive. C'est que l'approche du Nouvel an annamite fait craindre des mouvements de révolte. Duperré se veut cependant toujours rassurant : "Permettez-moi donc de vous rendre compte, en peu de mots, de la situation qui, j'ai hâte de le dire, ne doit pas vous préoccuper au moment des fêtes annuelles annamites, les gens sans aveu causent toujours quelques désordres, les actes de piraterie deviennent plus nombreux, le pays éprouve un certain malaise, dont ont voulu profiter des agents de rébellion dont nous découvrirons, je l'espère, les projets en même temps que nous retrouverons les traces d'une direction supérieure". Duperré ne croit cependant pas à une action occulte de la Cour impériale de Hué, et donne ensuite un état de la répression des fauteurs de troubles. Suivent des considérations sur les crédits nécessaires "à notre prochain établissement au Tonkin" (armements, troupes, constructions).ON JOINT : une L.A.S. du 4 juillet [1866] du même Duperré, alors chef de cabinet du ministre de la marine [Chasseloup-Laubat], adressée à un amiral non identifié, mais probablement le préfet maritime de Cherbourg [Aimé Reynaud], et annonçant un voyage impromptu du ministre : "Le ministre se propose de partir demain, jeudi, pour Cherbourg par le train de 8 h du soir. Il voyagera tout à fait incognito : son aide de camp Dumas, Dupuy de Tome et Trébault l'accompagneront. Par conséquent personne à la gare, vous seul". Une curieuse consigne y figure concernant l'amiral Camille de La Roncière-Le Noury (1813-1881). - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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S.l., s.d. (1914-1915) 139 pièces in-12 ou in-8, en feuilles.
Ensemble bien cohérent de lettres adressées au moins une fois par semaine (parfois tous les trois jours, parfois même tous les jours) à ses parents et frère (René Arnaud) par Auguste Arnaud (1890-1946), un canonnier, qui avait été conscrit du village rhodanien de Sarras (Ardèche), et incorporé en octobre 1911 au 38e Régiment d'artillerie. Originaire d'une famille catholique, vraisemblablement paysanne et même viticole, étant données les nombreuses considérations sur les travaux des champs, les vendanges et le soin des vignes, il avait déjà accompli pendant les deux années de son service militaire (1911-1913) la campagne du Maroc. Évidemment, il fut de nouveau mobilisé dans la 9me batterie au début de la Grande guerre. Rédigées généralement sur un bifeuillet, et presque uniquement au crayon de bois, par manque de plumes, ses lettres courent du 14 août 1914 au 18 août 1915. À la différence de sa correspondance marocaine, elles sont généralement très concises (parfois un billet) et contiennent le moins de détails possible sur les opérations et leur localisation, ce qui était prohibé par la censure (mais s'atténue avec le service en tranchées) ; le tempérament fort concret d'Auguste ne le portait de toute façon pas à des épanchements ni à des détails inutiles. Tout au long, il sera demeuré plus intéressé à la nourriture quotidienne qu'à toute autre considération. Ce "au jour le jour " dira mieux que toute déclamation le quotidien monotone et angoissant du poilu. Au demeurant, il est excessivement préoccupé de la santé de ses parents et de la fatigue que leur occasionne un travail des champs qui repose désormais presque uniquement sur eux (moissons, vendanges).Comme dans la correspondance marocaine, on a droit parfois à un petit post-scriptum en dialecte local à la fin des lettres (19, 53, 69), par exemple : "Tacho mouyen de pas laissa aigri la tino" ; "Coummençou d'ové souin minis na me coucha ; bounsoua a tous et bouno neu".PREMIÈRE PARTIE : 1914. 1. Lettre du 14 août 1914 : Auguste et ses amis n'ont pas encore connu d'engagement à cette date. - 2. Du 17 août 1914 : "Nous avons passé la frontière" (il n'est évidemment pas précisé laquelle, mais le 38e d'artillerie participait en ce mois d'août 1914 à la "bataille des frontières" en Lorraine, Alsace et Luxembourg). - 3. Du 18 août 1914 : "Je ne vous en dis pas davantage, les détails sur la campagne, je vous les ferai de vive voix". - 4. Du 21 août 1914 : Auguste est en bonne santé .. - 5. Du 25 août 1914 : "Vous êtes probablement mieux renseignés que nous sur la guerre ; ici, on ne sait rien à part ce qui se passe dans notre zone ; il n'y a qu'à attendre, peut-être que dans quelques jours il y aura quelque chose de décisif". - 6. Du 27 août 1914 : banalités du quotidien. - 7. Du 29 août 1914 : "Voilà plusieurs jours que le canon tonne du matin au soir sans interruption, hier nous avons eu un grand nombre de prisonniers allemands". - 8. Du 1er septembre 1914 : "Le canon et la fusillade font rage pas bien loin d'ici". - 9. Du 3 septembre 1914 : Auguste s'inquiète de ne pas avoir reçu de nouvelles de ses parents depuis le début des hostilités ; de son côté, il ne peut qu'être satisfait ("j'ai bon appétit et la boustifaille ne manque pas", ce qui est évidemment le principal). - 10. Du 4 septembre 1914 : "Nous devons embarquer de nouveau sous peu, nous changeons de région". - 11. Du 7 septembre 1914 : banalités du quotidien. - 12. Du 11 septembre 1914 : l'optimisme déplacé est de mise ("On attend toujours avec confiance la fin des hostilités qui sera le jour de la libération"). - 13. Du 13 septembre 1914 : "Hier on nous a lu une dépêche du général Joffre annonçant la déroute dela 1ère et 2me armées allemandes, ici on a pris des canons et caisses que j'ai vus hier, il faut espérer qu'on les chasse vite et que cela finisse bientôt". - 14. Du 15 septembre 1914 : "En ce moment, nous sommes sur le chemin de la victoire, les Allemands se sauvent". Ceci est écrit en pleine retraite de la Marne .. - 15. Du 17 septembre 1914 : banalités du quotidien. - 16. Du 22 septembre 1914 : Auguste voit souvent ses pays du 38e. - 17. Du 27 septembre 1914 : banalités du quotidien. - 18. Du 30 septembre 1914 : "Mon groupe est séparé des autres, il y a quelques jours que je n'ai pas vu les pays". - 19. Du 2 octobre 1914 : "N'écoutez pas le bavardage de certaines gens qui prennent plaisir à vous alarmer". - 20. Du 7 octobre 1914 : banalités du quotidien. - 21. Du 10 octobre 1914 : "Si vous pouviez me voir, vous me diriez que j'ai engraissé et c'est vrai ; c'est dommage que je n'ai pas eu l'occasion de me peser, sans ça je vous dirais mon poids". - 22. Du 12 octobre 1914 : banalités du quotidien. - 23. Du 15 octobre 1914 : première lettre où sont évoquées les souffrances de la guerre (prisonniers, morts), mais "Voilà déjà longtemps que nous ne sommes plus en première ligne". - 24. Du 17 octobre 1914 : "Voilà quelques jours que nous sommes au repos". - 25. Du 18 octobre 1914 : intéressante description d'une journée-type. - 26. Du 20 octobre 1914 : "Aujourd'hui, on s'occupe à raccommoder et à nettoyer nos effets". - 27. Du 25 octobre 1914 : les deuils se multiplient dans le village d'Auguste ("Vous m'annoncez encore la mort de Badel, que de deuils nous coûtera cette maudite guerre"). - 28. Du 29 octobre 1914 : réunion la veille de tous les pays d'Auguste (douze en tout). - 29. Du 1er novembre 1914 : Auguste a assisté à la messe de la Toussaint et s'est rendu au cimetière voisin ("où sont enterrés cinq soldats tombés sur le champ de bataille"). Un ordre de départ est arrivé pour le lendemain. - 30. Du 3 novembre 1914 : "Nous sommes allé prendre position pas très loin des Alboches". - 31. Du 5 novembre 1914 : banalités du quotidien. - 32. Du 7 novembre 1914 : quotidien d'une tranchée, ou Auguste est maintenant positionné. - 33. Du 11 novembre 1914 : "C'est toujours terrés dans nos trous que je vous envoie de mes nouvelles", Auguste détaille les conditions de vie et le roulement dans les tranchées. - 34. Du 15 novembre 1914 : "Hier il est arrivé ici bon nombre de jeunes soldats de la classe 1914 ; ils viennent d'Avignon et de Nîmes". - 35. Du 16 novembre 1914 : "Comme on se gèle les pieds sans bouger dans la tranchée, j'ai été volontaire pour préparer un emplacement de batterie peut-être à 500 mètres de la nôtre". - 36. Du 17 novembre 1914 : "Hier, pendant une heure, toute l'artillerie s'est mise à cracher à la fois, aujourd'hui on en a fait de même". - 37. Du 19 novembre 1914 : "Nous sommes à trois kilomètres de Saint-Mihiel où les Allemands sont établis". C'est la première indication topographique de la correspondance : devenue un point stratégique important, cette ville de la Meuse fit l'objet de nombreuses tentatives françaises de reconquêtes. La ville fut régulièrement bombardée, mais les contre-attaques françaises aboutirent à un échec. - 38. Du 21 novembre 1914 : intensification du froid (- 15° la nuit précédente). - 39. Du 23 novembre 1914 : "L'attaque dirigée contre Saint-Mihiel n'a donné aucun résultat". - 40. Du 26 novembre 1914 : "Nous avons fait une étape de 30 kilomètres, nous sommes arrivés à Saint-André [Saint-André-en-Barrois] à la tombée de la nuit". - 41. Du 28 novembre 1914 : nouvelles essentiellement alimentaires. - 42. Du 30 novembre 1914 : "Nous avons pu nous rendre compte de la fureur du combat qui s'est livré par là [dans un bois voisin] par le nombre de tombes qui sont sur la lisière de la forêt, certaines contiennent d'après le dire des gens du pays 100 à 120 corps et Français et Allemands sont ensemble. La forêt est complètement fauchée d'obus". - 43. Du 2 décembre 1914 : un réserviste se suicide avec son arme. - 44. Du 4 décembre 1914 (rare lettre écrite à l'encre) : banalités du quotidien. - 45. Du 6 décembre 1914 : vaccination contre la typhoïde. - 46. Du 7 décembre 1914 : "Depuis le commencement de la campagne, c'est le premier village où nous sommes bien considérés par les habitants". - 47.-48. Des 10 et 12 décembre 1914 : banalités du quotidien. - 49. Du 16 décembre 1914 : départ pour Fréméréville [= Fréméréville-sous-les-Côtes depuis 1924], pour aller prendre des positions devant Montfaucon [Montfaucon-d'Argonne]. - 50. Du 18 décembre 1914 : banalités du quotidien. - 51. Du 20 décembre 1914 : cantonnement dans les tranchées. - 52. & 53. Des 22 et 24 décembre 1914 : banalités du quotidien. - 54. Du 26 décembre 1914 : le front est calme. - 55. Du 28 décembre 1914 : banalités du quotidien. - 56. Du 30 décembre 1914 : fin de l'année dans les tranchées.SECONDE PARTIE : 1915. 57. Du 3 janvier 1915 : bivouac à Betlainville [= Béthelainville, Meuse]. - 58. Du 4 janvier 1915 : montée surprise vers la position. - 59. Du 6 janvier 1915 : le front demeure calme. - 60. Du 7 janvier 1915 : banalités du quotidien. - 61. Du 11 janvier 1915 : "La batterie descend au repos ce soir en laissant le matériel sur la position". - 62. Du 15 janvier 1915 : banalités du quotidien. - 63. Du 17 janvier 1915 : "Nous ne sommes pas les plus malheureux, ayant une tranchée bien abritée et solide". - 64. Du 18 janvier 1915 : "Hier au soir, notre infanterie a perdu une tranchée, ce matin la batterie du 55e qui l'avait comme objectif a dû la bombarder pour la détruire". Première mention de la guerre aérienne dans le secteur. - 65. Du 19 janvier 1915 : banalités du quotidien. - 66. Du 20 janvier 1915 : réinstallation à Béthelainville. - 67. Du 21 janvier 1915 : la veille, revue passée par le nouveau commandant ("il a pas l'air d'être bien souple"). - 68. Du 26 janvier 1915 : cérémonie de décorations d'officiers et de sous-officiers artilleurs le 24 à Montzéville (Meuse). - 69. Du 27 janvier 1915 : nettoyage des tranchées rendu possible par le temps sec. - 70. Du 29 janvier 1915 : "Les Boches ont bombardé assez violemment nos tranchées d'infanterie, on croyait à une attaque, mais elle a certainement été arrêtée par le 51e d'artillerie qui a tiré en plein dans les tranchées ennemies". - 71. Du 31 janvier 1915 : banalités du quotidien. - 72. Du 2 février 1915 : "On entend en ce moment une canonnade assez violente sur notre gauche". - 73. Du 4 février 1915 : tirs d'aviation. - 74. Du 5 février 1915 : mission à Esnes [-en-Argonne]. - 75. Du 7 février 1915 : banalités du quotidien. - 76. Du 9 février 1915 : "La discipline est à présent très sévère". - 77. Du 11 février 1915 : "Notre repos tire à sa fin, nous allons reprendre demain soir la position". - 78. Du 14 février 1915 : banalités du quotidien. - 79. Du 16 février 1915 : "Dans notre secteur, tout est calme". - 79. Du 18 février 1915 : troisième revue d'armes en 15 jours. - 80. Du 19 février 1915 : corvée de bois avec un menuisier pour faire des timons, des manches de pioches, etc. - 81. Du 22 février 1915 : "On continue à améliorer nos abris et à creuser des boyaux de manière à ne pas être aperçus pour aller aux postes d'observation". - 82. Du 24 février 1915 : banalités du quotidien (vêtements d'hiver,gamelle). - 83. Du 26 février 1915 : banalités du quotidien. - 84. Du 1er mars 1915 : son frère cadet René est appelé à Marseille pour servir (il était resté avec les parents depuis le début de la guerre). - 85. Du 3 mars 1915 : s'inquiète de la désertification du village où tout le monde a été rappelé, y compris les auxiliaires et les réformés. - 86. Du 5 mars 1915 : banalités du quotidien. - 87. Du 7 mars 1915 : nouvelles de René, qui est au service d'un médecin-chef dans ce qui ressemble bien à une confortable planque. - 88. Du 9 mars 1915 : banalités du quotidien. - 89. Du 12 mars 1915 : "Il passe une rumeur que la correspondance va être supprimée pendant quelque temps, ce n'est pas officiel, personne ne nous a avertis, c'est un bruit qui court". - 90.-91. Des 11 et 15 mars 1915 : banalités du quotidien. - 92. Du 17 mars 1915 : pas de nouvelles de René. - 93. Du 19 mars 1915 : un local a été aménagé pour des douches, grande innovation bienvenue. - 94. Du 21 mars 1915 : banalités du quotidien. - 95. Du 24 mars 1915 : inspection du général la veille ; il s'est montré insatisfait de la propreté, et annonce une seconde inspection dans 3 jours. - 96. Du 28 mars 1915 : "Notre capitaine a été évacué sur l'arrière, je ne sais pas s'il sera remplacé par un autre". - 97. Du 30 mars 1915 : rencontre fortuite de vieux camarades à Montzéville. - 98. Du 2 avril 1915 : "Notre secteur est très calme, nous n'avons pas même tiré un coup". - 99. Du 4 avril 1915 : une alerte interrompt le temps de repos de la batterie. - 100. Du 8 avril 1915 : "Donnez-moi des nouvelles des prisonniers" (du village). - 101. Du 12 avril 1915 : banalités du quotidien. - 102. Du 14 avril 1915 : "Depuis que le capitaine est parti, c'était notre lieutenant qui faisait fonction, mais étant de la réserve, il n'était pas assez capable, il est remplacé par un autre lieutenant qui, je crois, va prendre son troisième galon". - 103. Du 18 avril 1915 : "Pour ne pas rester sans rien faire, nous travaillons tous à nos parcs". - 104. Du 21 avril 1915 : banalités du quotidien. - 105. Du 25 avril 1915 : "On occupe nos moments de loisir à parler aux dames et puis nous avons tous les jours un journal qu'un camarade de la pièce fait monter par le ravitaillement". - 106. Du 30 avril 1915 : "On travaille presque tout le jour à charger du fumier pour les paysans qui labourent et sèment avoine et pommes de terre". - 107. Du 2 mai 1915 : premier jour sans corvées. - 108. Du 7 mai 1915 : banalités du quotidien. - 109. Du 10 mai 1915 : un accident occasionne la rentrée d'un couteau à cran dans la cuisse d'Auguste, d'où infirmerie. - 110. Du 13 mai 1915 : installation à Montzéville. - 111. Du 16 mai 1915 : plaie entièrement guérie. - 112.-113. Des 17 & 19 mai 1915 : banalités du quotidien. - 114. Du 21 mai 1915 : "Nous montons sur la position après-demain". - 115. Du 23 mai 1915 : "Nous voici installés dans notre nouvele position depuis ce matin. Je n'avais jamais rêvé quelque chose de si bien. Figurez-vous que nous sommes dans une forêt comme on n'en voit qu'ici. C'est dans un véritable village qui ne se voit que lorsqu'on y est, tellement les cahutes sont dissimulées sous les taillis, et puis il y a les rues toutes pavées en bois avec une rampe de chaque côté. Comme position, c'est bien mieux que celle que nous avons quittée". - 116. Du 25 mai 1915 : Auguste a été bien soigné après son accident, contrairement à ce que s'imagine son père. - 117. Du 2 juin 1915 : banalités du quotidien. - 118. Du 7 juin 1915 : nouvelles de son frère René. - 119.-120. Des 9 et 12 juin 1915 : rencontre de plusieurs pays, dont Auguste Badel. - 121. Du 14 juin 1915 : le groupe va se cantonner à Brabant [-sur-Meuse]. - 122. Du 16 juin 1915 : banalités du quotidien. - 123. Du 18 juin 1915 : "On continue à travailler pour améliorer les abris". - 124. Du 20 juin 1915 : "Je crois que tout le monde souffre beaucoup de cette guerre, surtout dans la campagne où est toujours le même travail et il n'y a que des femmes ou des vieux pour le faire". - 125. Du 26 juin 1915 : banalités du quotidien. - 126. Du 2 juillet 1915 : sur une permission de René passée dans la maison familiale. - 127. Du 6 juillet 1915 : banalités du quotidien. - 128. Du 9 juillet 1915 : "Maintenant nous construisons une cabine téléphonique". - 129. Du 13 juillet 1915 : "Il paraît que les Boches ont attaqué près de Boureuil la cote 263". - 130. Du 15 juillet 1915 : banalités du quotidien. - 131. Du 19 juillet 1915 : "Me voici de nouveau sur la position depuis ce matin". - 132. Du 22 juillet 1915 : "Dans notre secteur il ne se passe rien d'important". - 133. Du 26 juillet 1915 : "En ce moment, il y a quatre avions boches qui nous survolent, les canons les font partir". - 134. Du 29 juillet 1915 : "Voilà déjà nos quatre jours de position écoulés, nous descendons demain à Brabant pour autant de repos". - 135. Du 31 juillet 1915 : banalités du quotidien. - 136. Du 4 août 1915 : "Vous me dites qu'il est arrivé des prisonniers d'Allemagne". - 137. Du 9 août 1915 : sur une permission éventuelle. - 138. Du 11 août 1915 : banalités du quotidien. -139. Du 18 août 1915 : "On vient d'apprendre à l'instant que nous quittons la position ce soir, c'est tout ce que l'on sait, on ignore où nous allons".C'est là la dernière missive conservée. On ignore la suite de la guerre d'Auguste, mais il devait y survivre, se mariant juste après et ne mourant qu'en 1946 dans son village natal. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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S.l. [Nîmes, puis Casablanca et Mazagan], 1911 - 1913 112 pièces in-12 ou in-8, en feuilles.
Ensemble cohérent de lettres adressées au moins une fois par semaine (parfois tous les trois jours) à ses parents et frère par Auguste Arnaud (1890-1946), un canonnier, conscrit de Sarras (Ardèche), incorporé en octobre 1911 au 38e Régiment d'artillerie, et originaire d'une famille vraisemblablement paysanne et même viticole, étant données les nombreuses considérations sur les travaux des champs et le soin des vignes ; rédigées généralement sur un bifeuillet, soit à l'encre soit au crayon de bois (surtout les marocaines), elles courent du 10 octobre 1911 au 7 octobre 1913, soit la presque totalité de son temps de conscription (soumis encore à la loi des deux ans), et se présentent dans un langage élémentaire mais correct, sans trop de fautes d'orthographe. À noter cependant, un petit post-scriptum en dialecte local à la fin des lettres 72, 74, 78, 81 et 93.On peut diviser naturellement ce dossier en deux parties : la vie de garnison à Nîmes (octobre 1911 - août 1912), avec des lettres débordant de considérations familiales, de détails répétitifs sur la vie quotidienne du soldat, envisagée sous son côté le plus terre à terre ; la campagne de "pacification" du Maroc, effectuée à la suite des émeutes de Fès du 17 avril 1912.Le conscrit Arnaud représente vraiment le degré le plus élémentaire du soldat de la IIIe République : comptant dans presque toutes ses lettres le nombre de jours le séparant de la "classe" [ = "quille"], il ne se préoccupe guère que de ses conditions matérielles d'existence (permissions, gamelle, couchage, parties de piquet et de manille avec les copains), sans qu'il s'attarde véritablement sur les missions proprement militaires de son séjour marocain. Quant aux populations locales côtoyées pendant son temps de service africain, ou ses étapes dans l'arrière-pays, elles sont unilatéralement considérées de façon négative (e.g. "Moukères, elles ne sont vraiment pas belles"). Il en va de même pour la nourriture locale (le couscous est considéré comme immangeable ...). Il s'indigne quand même du traitement "barbare" infligé à une prisonnier marocain : "Seul un blessé a été trouvé, et quel sort on lui a fait subir, c'est barbare pour des gens civilisés, laisser faire des choses pareilles : devant un lieutenant et d'autres hommes, un Sénégalais a jeté le malheureux dans un silo, a rempli le trou de buissons que des trainglos ont allumés et ont ainsi brûlé vivant le Marocain" (lettre 82).PREMIÈRE PARTIE [Nîmes] : 1. Lettre du 10 octobre 1911 : arrivée au quartier du 38e Régiment d'artillerie à Nîmes et affectation à la 3e batterie, avec son ami Saunier. - 3. Du 17 octobre 1911 : aperçu de la vie de quartier (punaises, mauvaise nourriture, etc.). - 3. Du 1er novembre 1911 : sur la rareté des permissions. - 4. Du 2 novembre 1911 : sur l'entraînement à cheval. - 5. Du 8 novembre 1911 : sur une revue par un général. - 6. Du 15 novembre 1911 : sur une marche de 12 km en-dehors du quartier. - 7. Du 23 novembre 1911 : banalités du quotidien. - 8. Du 29 novembre 1911 : idem. - 9. Du 7 décembre 1911 : visite de la Tour Magne et des arènes à Nîmes. - 10. Du 13 décembre 1911 : sur un défilé au champ de tir. - 11. Du 19 décembre 1911 : sur la permission de Noël et le retour à la maison à cette occasion. - 12. Du 29 décembre 1911 : retour de permission, vague à l'âme ... - 13. Du 7 janvier 1912 : reprise de l'exercice, banalités du quotidien. - 14. Du 14 janvier 1912 : banalités du quotidien. - 15. Du 21 janvier 1912 : détail des manoeuvres de la semaine. - 16. Du 27 janvier 1912 : exercices de tir. - 17. Du 2 février 1912 : revue de mobilisation par le commandant du corps. - 18. Du 8 février 1912 : préparation de nouvelles revues. - 19. Du 17 février 1912 : revue du général et marches de nuit. - 20. Du 25 février 1912 : permission à Montpellier le dimanche précédent et participation au carnaval. - 21. Du 3 mars 1912 : visite à la foire de Nîmes. - 22. Du 7 mars 1912 : sur un accident survenu au retour d'un exercice au polygone. - 23.-24. Des 14 et 22 mars 1912 : banalités du quotidien. - 25. Du 3 avril 1912 : annonce de 6 jours de permission pour Pâques. - 26. Du 14 avril 1912 : un "bleu" passe en conseil de guerre. - 27. Du 21 avril 1912 : arrivée d'un nouveau capitaine. - 28. Du 28 avril 1912 : banalités du quotidien. - 29. Du 5 mai 1912 : différentes sanctions de militaires dans le corps. - 30. Du 8 mai 1912 : visite au dentiste, qui propose de remplacer 10 dents cariées irrécupérables. - 31. Du 15 mai 1912 : suite de l'affaire du dentiste. - 32. Du 19 mai 1912 : premiers exercices et revues avec le nouveau capitaine. - 33. Du 30 mai 1912 : arrivée de 2000 réservistes. - 34. Du 13 juin 1912 : permission de 6 jours accordée à la demande des parents (vraisemblablement pour travaux agricoles). - 35. Du 27 juin 1912 : suite de l'affaire de la permission. - 36. Du 7 juillet 1912 : quartier désert à cause du grand nombre de permissionnaires. - 37. Du 19 juillet 1912 : proposition d'un lieutenant pour devenir son ordonnance (n'a pas de suite). - 38. Du 29 juillet 1912 : exercices de tir (très détaillés). - 39. Du 3 août 1912 : banalités du quotidien. - 40. Du 11 août 1912 : pose de l'appareil dentaire. - 41. Du 18 août 1912 : le 38e doit fournir deux batteries sur pied de guerre pour le Maroc, mais on ignore encore lesquelles seront désignées par tirage au sort ("Ne vous faites par du mauvais sang pour celui qui ne s'en fait pas", conclusion de cette missive). - 42. Du 19 août 1912 : "Depuis hier, il y a bien du nouveau ; aujourd'hui, nous sommes renseignés sur les batteries qui partent au Maroc, le sort est tombé sur la 3me et la 6me ... Je sais que cela va vous faire beaucoup de la peine et c'est ce qui m'attriste, sans cela je partirais volontiers. Ne vous faites pas du mauvais sang, c'est tout ce que je demande : si vous me le promettez, je partirai heureux de voir des pays qui me sont encore inconnus". SECONDE PARTIE [Maroc] : 43. Du 30 août 1912 (écrite de Marseille) : arrivée au port de Marseille pour l'embarquement le dimanche suivant sur l'Anatolie. - 44. Du 6 septembre 1912, première missive écrite de Casablanca : débarquement des chevaux après la traversée. - 45. Du 8 septembre 1912 : débarquement à Casablanca, premières nuits à terre. - 46. Du 18 septembre 1912 : visite de Casablanca, incendie d'un cinéma. - 47. Du 28 septembre 1912 : nouvelle affectation comme garçon d'hôtel au mess des officiers, amélioration du quotidien, cérémonie de dégradation militaire de soldats de l'infanterie coloniale. - 48. Du 6 octobre 1912 : punition de deux camarades retrouvés ivres. - 49. Du 8 octobre 1912 : banalités du quotidien. - 50. Du 11 octobre 1912 : départ le lendemain pour Mazagan (= El Jadida). - 51. Du 14 octobre 1912 : petites étapes vers Mazagan. - 52. Du 17 octobre 1912 : arrivée sur place, installation. - 53. Du 20 octobre 1912 : séjour à Mazagan. - 54. Du 22 octobre 1912 : départ de Mazagan, étape à Aïn Schrama. - 55. Du 28 octobre 1912 : étapes de Ouled Ranem [= Ouled Ghanem], Ouali Dia et Si Aïssa [= Safi]. - 56. Du 3 novembre 1912 : retour d'une mission de 4 jours. - 57. Du 7 novembre 1912 : nouvelle étape. - 58. Du 11 novembre 1912 : difficultés pour trouver de l'eau potable. - 59. Du 17 novembre 1912 : nouvelle étape aux abords de Marrakech. - 60. Du 21 novembre 1912 : banalités du quotidien. - 61. Du 27 novembre 1912 : considérations sur le climat local. - 62. Du 29 novembre 1912 : Arnaud a assisté à une séance de derviches, à laquelle évidemment il ne comprend rien. - 63. Du 2 décembre 1912 : considérations sur la violence des pluies. - 64. Du 6 décembre 1912 : retour à Mazagan et installation malcommode. - 65. Du 12 décembre 1912 : détails de l'installation (couchage, etc.). - 66. Du 20 décembre 1912 : nettoyage du matériel. - 67. Du 25 décembre 1912 : ennuis de la vie de garnison, une fois le nettoyage du matériel terminé. - 68. Du 1er janvier 1913 : festivités du Nouvel an. - 69. Du 17 janvier 1913 : arrivée depuis Casablanca d'une colonne composée de 3 compagnies de tirailleurs et d'une compagnie d'infanterie coloniale, destinée à Mogador [= Essaouira]. - 70. Du 19 janvier 1913 : banalités du quotidien. - 71.-72. Des 26 et 29 janvier 1913 : sur les retards du courrier. - 73. Du 2 février 1913 : vives inquiétudes d'Auguste ne recevant plus de courrier. - 74. Du 7 février 1913 : attente de l'arrivée du général Lyautey. - 75. Du 12 février 1913 : banalités du quotidien. - 76. Du 14 février 1913 : rumeurs d'un départ pour Marrakech. - 77. Du 18 février 1913 : banalités du quotidien. - 78. Du 23 février 1913 : le général Lyautey, attendu sur place, n'est pas venu. - 79. Du 26 février 1913 : annonce du départ de Mazagan pour la semaine suivante. - 80. Du 9 mars 1913 : départ de Mazagan, transit d'une nuit à Casa, puis formation d'une colonne vers Berrechid. - 81. Du 14 mars 1913 : étape à Bir Mezoui, intensification des reconnaissances comme des attaques marocaines. - 82. Du 22 mars 1913 : composition de la colonne (environ 3000 hommes pris dans différentes armes et sous les ordres de deux colonels ; deux batteries), opérations brutales. - 83. Du 25 mars 1913 : évacuation des malades. - 84. Du 28 mars 1913 : Séjour à l'infirmerie de Ben Ahmed (près de Casa) pour une bronchite "droite simple". - 85. Du 31 mars 1913 : nouvelles d'un combat du 27 mars qui aurait fait 7 morts parmi les Français. - 86. Du 4 avril 1913 : "De ma vie, je n'ai jamais passé de si beaux jours qu'ici" (à l'infirmerie). - 87. Du 8 avril 1913 : départ annoncé de l'infirmerie ("Je vais tâcher de me faire exempter de service encore quelque temps, ce sera toujours ça de tiré en attendant la classe"). - 88. Du 11 avril 1913 : évacuation d'Arnaud au dépôt des convalescents de Berrechid, séjour qui l'enchante ("On est bien nourri .. la boustifaille est bonne" ...). - 89. Du 15 avril 1913 : toujours une prodigieuse activité guerrière ("Le soir, je suis libre d'aller à la maison du soldat, où il y a à boire et à manger ... C'est une vie de bourgeois, jamais je n'avais passé de jours comme j'en passe en ce moment ici"). - 90. Du 21 avril 1913 : nouvelles de la colonne Mangin. - 91. Du 24 avril 1913 : banalités du quotidien. - 92. Du 30 avril 1913 : un convoi de Marrakech amène 25 convalescents au dépôt. - 93. Du 8 mai 1913 : arrivée d'un convoi amenant une centaine d'évacués, dont 56 blessés de guerre. Écho de combats meurtriers. - 94. Du 15 mai 1913 : inquiétudes au sujet du vote éventuel de la loi des trois ans (qui sera acceptée le 7 août 1913). C'est que, lorsque les appelés de la classe 1911 - dont faisait partie Arnaud - apprirent que leur temps de service allait être prolongé d'un an, un vif mécontentement se déclencha dans nombre d'unités. - 95. Du 18 mai 1913 : renforcement de la colonne qui combat dans les zones non pacifiées. - 96. Du 25 mai 1913 : rapatriement du 4e Chasseurs en France. - 97. Du 30 mai 1913 : "C'est toujours la même vie tranquille ces jours-ci". - 98. Du 8 juin 1913 : banalités du quotidien. - 99. Du 12 juin 1913 : toujours au dépôt depuis plus de deux mois. - 100. Du 18 juin 1913 : arrivée d'un important convoi de blessés venant de Tadlas [= région de Tadla]. - 101. Du 24 juin 1913 : toujours des inquiétudes sur la loi de trois ans. - 102. Du 28 juin 1913 : "La classe s'approche et la perspective d'aller en colonne est passée". - 103. Du 2 juillet 1913 : sortie du dépôt le 1er juillet et attente d'un convoi pour se rendre à Oued-Zem. - 104. Du 11 juillet 1913 : arrivée hier à Oued-Zem, retour de la 6me batterie à Casablanca. - 105. Du 14 juillet 1913 : arrivée à Kasbah Tadla. - 106. Du 17 juillet 1913 : banalités du quotidien. - 107. Du 24 août 1913 : incertitudes autour de la "classe", Arnaud va fêter ses 23 ans. - 108. Du 7 septembre 1913 : "Ici tout se passe comme vous savez déjà, quelques coups de fusil de temps en temps et c'est tout". - 108. Du 17 septembre 1913 : "Il serait temps de quitter ce sale pays qui est si peu fait pour nous". - 109. Du 20 septembre 1913 : annonce officielle du départ de la batterie pour Casa. - 110. Du 30 septembre 1913 : "Maintenant nous ne bougeons plus d'ici jusqu'à notre départ pour la France". - 111. Du 3 octobre 1913 : le rapatriement serait prévu le 9 du mois ("Maintenant, on commence à sentir un peu cette vie civile ; il n'y a plus que quelques jours qui nous séparent, aussi sommes-nous tous contents en attendant ce bateau libérateur"). - 112. Du 7 octobre 1913 : "Je crois que c'est la dernière fois que je vous écris de ce Maroc que nous allons quitter après-demain. Je vous assure que c'est sans regret que je vais lui dire adieu, car il nous a assez fait souffrir". - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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Aulnat [Puy-de-Dôme], 25 janvier 1947 - 26 février 1947 10 pièces in-8, en feuilles, généralement sur papier d'écolier réglé.
Dossier qui réunit un choix de lettres de Gilbert Grosdidier (né en 1927) à ses parents après son incorporation pour ses classes à la base aérienne d'Aulnat (la localité accueille aujourd'hui l'aéroport civil de Clermont, mais servait aussi de base militaire après la guerre). Troisième enfant de Henri Grosdidier et de Madame, il avait également une soeur (Monique), et un frère aîné (André), mort au combat pendant la Bataille de France (27 mai 1940, retraite sur Dunkerque), alors qu'il servait comme sergent au 8e Régiment de Zouaves.Le jeune homme est arrivé le 3 janvier, pour une période de deux ou trois mois de classes dans le "peloton des caporaux".I. Du 25 janvier 1947 : sur son séjour à l'infirmerie pour une angine. Il se plaint du froid extrême et de la mauvaise qualité de la nourriture ; en somme, il se rend compte qu'il est à l'armée.II. Du 26 janvier 1947 : poursuite du séjour salvateur à l'infirmerie ("Pour l'instant, je ne m'en fais pas : je suis planqué et bien au chaud").III. Du 29 janvier 1947 : il est exempté d'exercice et continue de fréquenter l'infirmerie ("Nous sommes dans de petites chambres de trois lits, confortables à souhait, un poêle qui ronfle formidablement ; hier soir, il faisait au moins 30° au-dessus, dans la chambre, on était à moitié à poil, tu parles si ça change, nous n'avons pas beaucoup de soins mais par contre un traitement qui n'est pas mal pour moi : nous avons le matin du chocolat en plus du pain sec, un quart de lait dans la matinée et un autre pareil dans l'après-midi, les repas sont les mêmes qu'au réfectoire, mais plus abondants"). IV. Du 31 janvier 1947 : spéculation sur les permissions à venir et sur la fin de la période de classes ("On ne sait toujours pas la date de la fin de nos classes. Ceux qui sont arrivés au camp le 18 novembre ont fini leurs classes aujourd'hui. Ils vont avoir une perme de détente de 10 jours, ils ont donc fait 3 mois de classes. En ce qui nous concerne, je ne pense pas que nous en ferons autant"). V. Du 5 février 1947 : longue lettre sur un grand jour, car apparemment jour de vol à voile pour le jeune homme. "J'ai fait un premier vol hier matin en double, j'en ai refait un autre l'après-midi (...). J'étais un peu émotionné, vous pensez, c'était mon premier vol seul, ça fait quand même une drôle d'impression, surtout sur cette vieille cage à poules qu'est le 15 A". Suit le détail technique de l'exercice.VI. Du 7 février 1947 : vaccination et perspectives de permissions. Gilbert reçoit confirmation que les classes dureront bien trois mois ("En ce moment, nous en bavons comme des Russes avec notre fusil ; ça c'est vraiment crevant : sans arrêt le monter, le descendre, présentez armes, mettez les baïonnettes, retirez, etc., surtout que l'on a un adjudant qui est un saligaud de premier ordre qui éprouve un malin plaisir à nous faire trimer, celui-là pourvu qu'il s'en aille la semaine prochaine").VII. Du 11 février 1947 : nouveau jour de vol ("Nous appartenons à un club civil, seulement nous volons dans une section militaire, car il y a deux moniteurs, un civil et un militaire. Nous volons donc comme les civils, seulement nous payons moins cher qu'eux, car pour nous le commandant fournit l'essence qui nous est nécessaire").VIII. Du 14 février 1947 : il se prépare à passer son brevet B pour le vol à voile.IX. Du 24 février 1947 : retour de permission, avec une "absence illégale de 36 heures", qui lui vaut un sévère remontage de bretelle chez son lieutenant, et quelques punitions (12 jours de "trou" quand même).X. Du 26 février 1947 : suite et fin des punitions. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Paris, 16 novembre 1944 - 6 février 1946 11 pièces in-8 ou in-4 ou in-folio, en feuilles de papier pelure, dans classeur moderne.
Très intéressant dossier, documentant le ministérat du député corse Paul Giacobbi (1896-1951) lors de son passage au ministère des colonies (16 septembre 1944 au 21 octobre 1945), puis sous les débuts de son successeur Jacques Soustelle (21 novembre 1945 au 26 janvier 1946). À travers plusieurs affaires politiques et militaires indépendantes, les pièces qu'il renferme offrent un tableau très suggestif de l'état des esprits en Martinique et en Guadeloupe juste avant la loi de départementalisation du 19 mars 1946.I. [MANUSCRIT]. L.A.S. de Joseph Lagrosillière à Paul Giaccobi, datée de Paris, 16 novembre 1944 : sollicite, entre autres, une audience urgente pour présenter au ministre les membres du bureau du Comité de patronage, avant son retour en Martinique.Le socialiste Joseph Lagrosillière (1872-1950), ancien maire de Sainte-Marie, fut président du conseil général de la Martinique de 1935 à 1937 et de 1945 à 1946. Il sera le concurrent malheureux du jeune Aimé Césaire pour les élections municipales de Fort-de-France en 1945.II. [TAPUSCRIT]. B.S. de Paul Giacobbi à Maurice Satineau,en date du 23 janvier 1945 : demande de dossier pour examiner le cas de Mlle Pierre Joseph, sollicitant un poste de professeur d'enseignement technique à la Guadeloupe.Le politicien Maurice Satineau (1891-1960), ancien député de la Guadeloupe de 1936 à 1940, affairiste au rôle controversé pendant la Seconde guerre mondiale, fut maire de Sainte-Anne de 1945 à 1960.III. [CÂBLOGRAMME]. Document du 4 avril 1945, accompagné d'un billet de présentation : adressé à Mme veuve Félix Éboué par le gouverneur de la Guadeloupe Maurice Berthaud, il présente une demande de représenter l'île à l'Assemblée constituante qui devait être élue en octobre 1945.Eugénie Éboué-Tell (1889-1972), veuve de Félix Éboué depuis le 17 mai 1944, s'engagea effectivement dans une carrière politique après la mort de son mari : selon le souhait exprimé par notre câblogramme, elle fut nommée déléguée à l'Assemblée consultative provisoire, puis devint députée de Guadeloupe des deux Assemblées nationales constituantes entre 1945 et 1946, figurant ainsi parmi les premières femmes députées de l'histoire française.IV. [TAPUSCRIT]. L.S. de Maurice Satineau à Paul Giacobbi, en date de Paris, 23 mai 1945, sur papier à en-tête du "Front colonial de la résistance". Mis en cause dans une sombre affaire de faux papiers et de corruption pour une filière d'exfiltration de Juifs de la zone libre, Maurice Satineau fut soumis au jugement d'un jury d'honneur après la Libération ; dans cette lettre, il incrimine un rapport du gouverneur Bertaut, défavorable à son cas, et surtout sollicite le report des élections cantonales en Guadeloupe, pour lui permettre de se présenter V. [TAPUSCRIT]. B.S. de Paul Giacobbi à Maurice Satineau, non daté, mais rédigé au début de juin 1945, car répondant à une nouvelle lettre du 29 mai. Sur le report des élections cantonales en Guadeloupe : prévues initialement le 10 juin, elles furent renvoyées "à une date ultérieure, que je ne puis encore préciser".VI. [CÂBLOGRAMME]. Document du 10 août 1945, accompagné d'un billet de présentation : adressé à Mme veuve Félix Éboué de la part d'Augereau Lara, il prépare la venue d'Eugénie Tell en Guadeloupe (dont son mari avait été gouverneur de 1936 à 1938) ; "population enthousiasmée, prépare réception grandiose, nécessaire fait pour durée séjour".Augereau Lara était frère du poète Oruno Lara (1879-1924) et du politicien Hildevert-Adolphe Lara (1876-1937).VII. [TAPUSCRIT]. Lettre d'Octave Chanlot, président de "La Famille antillaise", à Paul Giacobbi, datée de Paris, 12 août 1945 : elle proteste contre le régime électoral spécial prévu pour les élections d'octobre 1945, en ce qui regarde la quotité de la représentation parlementaire (par rapport au ratio des départements métropolitains). "Monsieur le ministre, l'émotion des Antillais est grande en face d'un projet électoral qui aurait, entre autres conséquences, celle de créer deux catégories inégales entre Français, cependant parvenus au même degré d'évolution, et soumis aux mêmes obligations militaires (...). En ce qui concerne la Guadeloupe et la Martinique, l'assimilation politique totale existe depuis déjà fort longtemps dans le cadre municipal et dans le cadre cantonal".JOINT : le texte d'une pétition en ce sens, avec plusieurs signatures (Élie Bloncourt, député de l'Aisne ; Marius Moutet ; Léon Jouhaux, etc.).Osthène-Octave Chanlot (1902-2001) fut un militant socialiste guadeloupéen, engagé dans diverses associations.VIII. [TAPUSCRIT]. Rapport de Paris, le 26 novembre 1945. Signé d'un certain Pierre, et adressé au gouverneur de la Guadeloupe, au ministre des colonies, et à sa direction militaire, il rend compte d'une rixe suivie d'une fusillade, qui firent 4 morts (dont le capitaine Gombaud-Saintonge) et 3 blessés. Dus à l'insubordination des militaires antillais rapatriés sur le San Matéo, dont certains avaient conservé des armes, ces incidents auraient pu être évités si un signalement des débordements survenus antérieurement à Nantes et à Rouen était parvenu à temps."J'ai le regret de vous rendre compte d'un incident grave survenu au matin du 22 novembre à Pointe-à-Pitre entre des militaires rapatriés et des soldats sénégalais à l'arrivée du Duc d'Aumale transportant de Martinique des passagers du San Mateo".IX. [TAPUSCRIT]. Note pour le directeur des affaires militaires, de Paris, le 26 décembre 1945 : signée Chimier et émanant du premier bureau de la direction des affaires politiques du ministère des colonies, elle réagit à l'incident du 22 novembre précédent à Pointe-à-Pitre.X. [TAPUSCRIT]. Note pour M. le directeur des affaires politiques, datée de Paris le 11 janvier 1946 : signée du colonel Boisseau, c'est la réponse de la direction des affaires militaires du ministère des colonies à la note précédente."En réponse à votre note, j'ai l'honneur de vous informer que le dernier contingent d'Antillais rapatriables (environ 400 hommes) devait être embarqué sur le San Matéo à son prochain voyage (...). L'état d'esprit de ces militaires est dans l'ensemble mauvais (...). Le sentiment dominant chez eux était que, la guerre finie, la France avait oublié les sacrifices consentis pour elle (...). Les autorités militaires des Antilles ont noté à leur tour, que ce détachement était, dans son ensemble, animé d'un esprit déplorable, dans lequel une véritable 'haine du blanc' avait part. Certains parlaient ouvertement de 'renvoyer les Blancs chez eux'. Un certain nombre avait les plus mauvaises intentions, et le fait qu'ils aient été porteurs d'un armement abondant et n'aient pas hésité à le mettre en oeuvre après avoir provoqué l'incident nécessaire, le prouve suffisamment".XI. [TAPUSCRIT]. Note pour M. le directeur des affaires militaires, daté de Paris le 6 février 1946 : signée de Laurentie, elle informe sur la mission du colonel Boisson aux Antilles, destinée à apaiser la situation référencée dans les trois dernières pièces.Il s'agit de Henri Laurentie (1901-1984), proche collaborateur de Félix Éboué, qui fut en septembre 1944 muté à Paris au poste de directeur des affaires politiques au ministère de la France d'outre-mer, fonction qu'il exerça jusqu'en 1947. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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