S.l., s.d. (décembre 1929) 3 vol. in-16, [132] ff. n. ch ; [89] ff. n. ch. ; [77] ff. n. ch., le tout couvert d'une écriture moyenne et généralement lisible (environ 15 lignes par page), quelques biffures et ratures, demi-toile, dos muets.
Reference : 216190
Très intéressant journal de voyage d'un certain R. P. rédigé cinq mois après le séjour à partir de notes (cf. III, f. 62) sur trois petits carnets d'écolier à papier réglé.Il s'agit de la relation d'un déplacement professionnel, ce qui change heureusement des relations purement touristiques qui abondent : R. P., habitant à Vincennes, père de famille inquiet de sa progéniture (I, f. 70), et catholique pratiquant, est requis de passer deux mois aux Etats-Unis sur "un simple coup de téléphone de la direction de la Cie lorraine", avec un représentant de cette dernière société (un certain Zemb). Des éléments glanés ultérieurement laissent fortement penser qu'il est employé de la Compagnie française pour l'exploitation des procédés Thomson Houston, filiale française de General electric company (GECO), fondée en 1893 et destinée à appliquer dans la construction des lignes et du matériel roulant de tramways, les techniques issues des brevets américains dont elle possède les droits d'exploitation. C'est en effet un représentant français de la société Thomson-Houston electric company (Mr. Pingan) qui réceptionne les deux voyageurs à leur arrivée à New York.Quoique absolument pas anglophone, et sans enthousiasme aucun de sa part, il a été chargé de recueillir des renseignements techniques pour les fabrications de la Compagnie lorraine, notamment par l'observation des procédés employés en usine, et spécialement de l'organisation du travail, ce qui lui donnera l'occasion d'exprimer à plusieurs reprises son irréductible différence d'avec les Américains ("nous devons chercher à réduire nos frais de fabrication en 'standardisant' - puisqu'il faut employer cet affreux barbarisme - le travail de nos ateliers. Mais je suis loin de partager l'état d'esprit de certains Français, et notamment de ces ingénieurs de l'Alsthom, de Belfort, présents ici, qui tout en se défendant d'avoir à apprendre de l'Amérique, n'en ont pas moins une mentalité que je qualifierais d''industrielle' et d''américaine', dont l'argent, le bien-être, le luxe constituent l'idéal").1. Traversée, depuis Le Havre, sur le paquebot "L'île de France" (12 juin - 18 juin), qui suscite beaucoup d'ennui et de "passivité". Les descriptions tournent naturellement autour des repas et des effets du tangage ; quelques notations intéressantes sur la chapelle du bord et les passagers.2. Séjour à New York, à l'Hôtel Commodore, et à Schenectady, siège social de l'International general electtic company (18 juin - 7 juillet). A noter, des remarques assez développées sur le fordisme (I, ff. 73-76), sur les prix et salaires (I, ff. 101-106), ainsi que sur le goût des Américains pour les automobiles.3. Passages à Buffalo, Cleveland (peu profitable professionnellement), aux chutes du Niagara, (8 juillet - 11 juillet). Le narrateur détaille dans cette partie, comme en une synthèse, les installations des usines et laboratoires visités (Schenectady et Cleveland). Intéressantes notes sur les rapports entre ouvriers et chefs de service aux Etats-Unis, infiniment plus simples qu'en France.4. Séjour à Boston, pour la visite d'une usine de la GECO sise à Lynn, puis à Chicago (11 juillet - 17 juillet). Une visite aux abattoirs de Chicago arrache au narrateur des considérations bien proches des préoccupations les plus contemporaines sur le sort des animaux d'élevage.5. Séjour à Philadelphie, justifié par une visite à un fournisseur d'anthracite de Pennsylvanie (18 juillet).6. Retour à New York et voyage de retour sur le France (19 juillet - 26 juillet).Dans l'ensemble, le texte associe une description naïve de tout ce qui apparaît "différent" ou "étrange" au visiteur français à une palette de jugements assez tranchés sur les Américains, généralement à la limite du cliché répandu alors en Europe : leur pragmatisme sans profondeur ni états d'âme, leur "laisser-aller" systématique dans la tenue, l'excessive liberté des jeunes femmes, leur sens de l'argent, leur vénération aveugle de la richesse sont les principales caractéristiques sur lesquels le narrateur revient sans arrêt ... Les critiques plus ou moins implicites de la prohibition, du pharisaïsme protestant, vont dans le même sens.En résumé (III, ff. 69-70) : "Après le travail, après les affaires, il est un troisième degré dans la passion des Américains : c'est leur haute considération pour l'argent. Il me semble que, dans ce pays où, faute de communauté d'origine, on n'a pu avoir une formation commune, l'on ait cherché à se retrouver frères dans un commun amour de la richesse, de l'or (...). C'est là ce qui m'a le plus déplu aux Etats-Unis. J'ai trouvé très typique cette façon d'évaluer gens et choses par le nombre de dollars dont ils disposent ou qu'elles ont coûté. La valeur morale s'efface devant le prix en dollars." Qu'on ne s'y Trump pas ! - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Librairie Historique Fabrice Teissèdre
M. Fabrice Teissèdre
lecurieux@teissedre-librairie.fr
06 46 54 64 48
Les conditions d'achat sont celles en usage dans la librairie ancienne. Les commandes seront traitées par ordre d'arrivée et donneront lieu à une réponse de notre part en particulier quant à la disponibilité des ouvrages. Les envois se feront en recommandé et assuré à la charge du client.