S.l., s.d. (mai 1814) in-4 carré, [3] ff. n. ch. (dédicace, table des chapitres), 308 pp. couvertes d'une écriture fine et lisible (environ 25/30 lignes par page), maroquin cerise, dos lisse orné de hachurés et caissons fleurdelisés dorés, double encadrement de double filet doré enserrant des guirlandes sur les plats, fleurs de lis en écoinçon, armes au centre, tortillon doré sur les coupes, tranches dorées, hachuré doré sur les contreplats, gardes de papier violine (reliure de l'époque).
Reference : 208287
Exceptionnel état de la France manuscrit rédigé à la fin de l'Empire à destination de Louis XVIII lui-même.1. L'auteur.Signataire de la dédicace à Louis XVIII, Jean Saint-Sardos de Montagu, marquis de Mondenard (1761-1823) représente à merveille cette catégorie de nobles de fraîche date d'autant plus attachés à la monarchie que leur illustration est récente : d'une famille récemment anoblie (en mai 1764 en la personne de Pierre Saint-Sardos), il participa en 1789 aux assemblées de son Ordre à Cahors et Toulouse, émigra assez tôt en Angleterre tout en conservant pendant les années difficiles la terre et le château de Mondenard (entre Moissac et Cahors), acquis par son père en 1777. Il les garda jusqu'en 1812, date à laquelle il s'en sépara au profit du baron Chazal (préfet des Hautes-Pyrénées) pour acheter la terre de Malause. Sa mort sans héritier en 1823 mit fin à la brève existence de ce nom et de la lignée.Il fut l'auteur de quelques ouvrages imprimés, tous relatifs au gouvernement et aux finances, le plus important d'entre eux demeurant les Considérations sur l'organisation sociales, parues en trois volumes en 1802 chez Migneret. La dédicace rappelle d'ailleurs à Louis XVIII qu'il lui en avait envoyé un exemplaire lors de son exil en Pologne.Cf. Quérard VI, 198.2. Le texte.Il forme la suite des Considérations, et prétend donner à Louis XVIII un tableau complet de l'état législatif, administratif et politique du pays, sans ménager évidemment les conseils pour redresser tout ce que la Révolution a pu démolir ou abîmer. Mondenard est opposé à la Révolution et à l'Empire, mais se montre royaliste sans excès, très "chartiste" même, pas "pointu" en tout cas comme on dira plus tard, et nombre de ses préconisations sont raisonnables et mesurées : quand il critique par exemple l'ordonnance sur l'observance publique des dimanches et fêtes, il souligne avec justesse qu'elle n'apporte rien à la religion, tout en mécontentant fortement le grand nombre des ouvriers et artisans qui ne peuvent plus se permettre de chômer 52 dimanches, plus les fêtes, au long de l'année. Ses positions sur la liberté de la presse, les fêtes nationales, les proscriptions et confiscations annoncent un esprit plutôt libéral, et surtout cherchant à concilier les intérêts, non à les opposer. La meilleure partie du texte demeure celle consacrée aux finances publiques et à la fiscalité, domaines qu'il possède manifestement bien, et pour lesquelles il fat preuve de discernement (sa comparaison intuitive des charges respectives des contribuables anglais et français est éclairante, déjà). L'importance accordée à toutes les matières économiques et au développement de l'activité commerciale comme gage de paix sociales tranches vraiment avec la production classique des émigrés rentrés.Ce qui frappe également, c'est un quasi-silence sur les armées au sortir de l'aventure napoléonienne et alors que la reconversion des pléthoriques troupes sur le pied de guerre formait un des casse-têtes du nouveau régime : son chapitre "De la Force publique" tourne surtout autour de la gendarmerie, de la Garde nationale, de la sécurité intérieure, et renvoie marine et armée à leur presque-inutilité en temps de paix. Point de vue original, et sans vraies correspondances que ce soit chez les émigrés rentrés ou les anciens impériaux, tous fort belliqueux dans une mesure ou une autre.En toutes choses d'ailleurs, son séjour en Angleterre pendant l'émigration a marqué ses conceptions et son expérience : il n'idolâtre pas le modèle britannique, et sait plus que d'autres faire la part des conditions spécifiques du grand voisin pour ne pas vouloir importer moeurs et institutions, mais, comme la plupart des esprits réfléchis de l'époque, il y voit au moins une source d'inspiration.Une phrase prise dans la conclusion montre assez bien l'orientation générale de la pensée : "Il doit être évident, on ne sauroit trop le répéter que l'on ne peut consolider l'Etat qu'en donnant satisfaction réelle aux amis de la liberté, en épurant les moeurs, en établissant de véritables corporations, en soulageant les contribuables, en favorisant l'agriculture, les manufactures, les arts et le commerce ; en payant toute la dette publique, en effaçant le malheur des émigrés, enfin en conciliant tous les intérêts". C'est vaste, et sans doute irréalisable vu les divisions du pays, mais ce n'est pas idiot.Très bel exemplaire de présent aux armes de Louis XVIII. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
Librairie Historique Fabrice Teissèdre
M. Fabrice Teissèdre
lecurieux@teissedre-librairie.fr
06 46 54 64 48
Les conditions d'achat sont celles en usage dans la librairie ancienne. Les commandes seront traitées par ordre d'arrivée et donneront lieu à une réponse de notre part en particulier quant à la disponibilité des ouvrages. Les envois se feront en recommandé et assuré à la charge du client.