‎ARNAUD (Raoul)‎
‎Etudes d'histoire révolutionnaire. Sous la rafale.. Une héroïne de la piété conjugale : Madame de La Fayette. - La fin tragique d'un mariage d'amour : Madame de Bellescize. - La Terreur à Nîmes : Mademoiselle Chabaud de Latour‎

‎Paris, Perrin, 1913 in-8, [4]-391 pp., avec 5 planches hors-texte, demi-chagrin cerise, dos à nerfs, couverture muette factice conservée (reliure moderne). Dos passé. Bon exemplaire.‎

Reference : 190277


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‎ARNAUD (Raoul).‎

Reference : 31929

(1913)

‎Sous la Rafale. Etudes d'histoire révolutionnaire, d'après des documents inédits. Une héroïne de la piété conjugale : Madame de La Fayette. – La fin tragique d'un mariage d'amour : Madame de Bellescize. – La Terreur à Nîmes : Mademoiselle Chabaud de Latour.‎

‎ Perrin, 1913, fort in-8°, 391 pp, 6 pl. de gravures hors texte, broché, état correct‎


‎"M. Raoul Arnaud ajoute une étude très solide et très intéressante à celles qu'il a déjà publiées sur la Rvolution. “Sous la Rafale” est un ouvrage documentaire. Mais les récits, simplement traités, sont si émouvants par eux-mêmes ; ils nous font pénétrer la psychologie. des personnages de l'époque d'une façon si précise, que je ne connais guère de lecture plus attachante. Les romans d'aventures sont fades à côté de ces histoires tragiquement vécues, et c'est bien là qu'il faut rechercher la vérité sur le jacobinisme, la Terreur, et toutes les illusions « libérales » qui les ont enfantées. La Fayette est le type achevé des illusionnistes « constitutionnels » de 1789. Sa femme, – « héroïne de la piété conjugale, » comme la qualifie M. Arnaud, – a suivi pas à pas son mari dans toutes ses erreurs. Dans son salon se pressèrent « en foule » les « républicains de la plus belle eau » (Gouv. Morris). Le marquis, « dont toutes les préférences étaient pour la République, » avait employé une grande partie de sa fortune à « mettre son nom à la tète de la Révolution, » et cette « sainte folie » se perpétua. En son château de Chavagnac, Mme de La Fayette, devenue « suspecte, » préférait toujours la compagnie des « patriotes » à celle des aristocrates. Le supplice de Louis XVI lui fit horreur, mais les régicides, – Vergniaud, Desmoulins, Hérault, Danton, Robespierre – n'étaient-ils pas ses anciens commensaux ? Qu'avait-elle à en redouter ?.... En 1794, elle fut incarcérée au collège du Plessis, – la « boutique à Fouquier, » – où dix-sept cents détenus attendaient la guillotine. Parmi eux, se trouvait sa soeur, la vicomtesse de Noailles, dont le mari avait, lui aussi, donné tant de gages aux démagogues. Cependant, « elle ne fut jamais assaillie d'aucune crainte ; » elle était « patriote » et n'avait fait que du bien... Les « fournées » vidaient la prison : il y eut alors jusqu'à treize cent soixante-seize exécutions en sept semaines ! Mme de La Fayette, d'ailleurs bonne chrétienne, restait calme : « Je pardonne de tout mon coeur à mes ennemis, écrivit-elle dans son testament...., à mes persécuteurs quels qu'ils soient et même aux persécuteurs de ceux que j'aime. » Ces « persécuteurs, » c'étaient les guillotineurs de la maréchale de Noailles qui monta sur l'échafaud à l'âge de soixante-dix-sept ans, avec sa fille, la duchesse d'Ayen, sa petite-fille, la vicomtesse de Noailles, et une demi-douzaine d'autres dames... Le 9 thermidor sauva Mme de La Fayette qui, très courageusement, alla s'enfermer avec son mari dans la prison autrichienne d'Olmültz, où le « héros des deux mondes » expiait « le crime d'avoir été l'apôtre de la liberté. » Elle crut y mourir du scorbut. Délivrée en 1797, la famille alla s'établir à Witmold (Holstein), chez la soeur du duc d'Ayen, la comtesse de Tessé, toujours « libérale et voltairienne, » puis à Vianen, en Hollande, où La Fayette « se réjouissait de voir un arbre de la liberté devant sa fenêtre, » enfin à la Grange-Blesneau (en Brie). Elle mourut, en 1807, à Paris, chez Mme de Tessé, et fut enterrée au cimetière de Picpus : là reposaient seize cents victimes de la Révolution, parmi lesquelles sa mère, sa grand'mère et sa soeur, guillotinées cinq jours avant la chute de Robespierre... “Sous la Rafale” renferme deux autres récits intitulés : La fin tragique d'un mariage d'amour, Mme de Bellescize, et La Terreur à Nîmes : Mlle Chabaud de Latour. Le premier de ces « épisodes » présente de curieux détails sur les massacres de Pierre-en-Cise, – la « Bastille lyonnaise, » – dont le marquis de Bellescize était gouverneur, et sur les émigrés de Turin. Fille unique du marquis de Troussebois, l'héroïne épouse, malgré son père, Charles de Bellescize, vagabond déclassé qui s'est fait colporteur et vient à Paris traîner sa misère. Il se dit « bon patriote » : la section des Tuileries lui accorde des « mentions civiques ; » il monte la garde au Comité et au Temple ! Au reste, la situation du jeune couple est épouvantable : tandis qu'Armande se meurt de faim et de froid dans sa mansarde, Charles court à la recherche d'un morceau de pain ; la nuit, il se terre où il peut, et « deux fois il dormit avec les dogues qui gardaient les halles. » Dénoncé par son beau-père, – que son acte infâme ne sauve pas, du reste, de l'échafaud, – il est ar¬rêté comme conspirateur (!) et guillotiné le 26 ventôse an II : Fouquier-Tinville s'est servi contre lui du réquisitoire déjà prononcé contré Troussebois... Folle de douleur, Armande ne veut pas survivre à son amour : elle va se livrer elle-même aux administrateurs de la police, se nomme, se garde de dire qu'elle est sur le point d'être mère, comparaît, le 7 flôréal, devant le tribunal révolutionnaire, n'entend même pas qu'on l'accuse « d'avoir conspiré contre le peuple français, » et monte, le soir même, sur l'échafaud. – Son corps rejoignit au cimetière de la Madeleine ceux de son mari et de son père... Mlle Chabaud de Latour n'eut pas une fin si tragique : mais elle n'y échappa et ne sauva son frère, le lieutenant-colonel Antoine Chabaud, que grâce à sa merveilleuse énergie. L'auteur trace du mouvement révolutionnaire à Nîmes un tableau qui nous paraît trop favorable aux protestants devenus les maîtres de la cité. Au reste, M. Arnaud ne tarde pas à étaler leur lâcheté : en juillet 1793, leur simulacre de résistance à la Montagne conventionnelle aboutit à la plus servile des soumissions. A Pont-Saint-Esprit, les « guerriers » nîmois se rendirent sans verser une goutte de sang. Parmi les marchands, qui avaient « voué au mépris public » les proconsuls jacobins, ce fut « à qui, le plus tôt, ferait amende honorable. » Et Nîmes fut livré à de féroces terroristes qui firent tomber jusqu'à trente et une têtes en une seule journée : « Les jours d'exécution, de véritables orgies avaient lieu chez Courbis, dont la maison donnait sur l'Esplanade. Le représentant Borie, les juges au tribunal, les membres de la municipalité et du Comité révolutionnaire, viennent là comme au spectacle. » Vers thermidor, plus de quatre mille personnes étaient en prison. Mme Chabaud était parmi elles : la chute de Robespierre obligea le tribunal à l'acquitter, et elle put rejoindre son mari, que Mlle Chahaud avait réussi à faire évader de la citadelle quelques heures avant sa comparution devant les exécuteurs." (Gustave Gautherot, Revue des Questions historiques, 1914) ‎

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