S.l.n.d. (vers 1801) petit in-4, [15] ff. n. ch., couverts d'une écriture moyenne, appliquée et très lisible (environ 20 lignes par page), texte réglé au crayon, en feuilles, cousu.
Reference : 173587
Extraordinaire récit d'un fusillé rescapé.Le récit se déroule durant les fusillades du Champ-de-Mars qui marquèrent l'entrée des troupes républicaines dans Toulon repris aux Anglais les 20 et 21 décembre 1793 : menés par les quelques 300 "patriotes" qui avaient été détenus dans les flancs du vaisseau Le Thémistocle, les soldats massacrèrent sans discernement les habitants qui leur étaient désignés, avant même que les représentants de la Convention pussent installer une commission judiciaire.Arrêté avec son fils aîné agé de seize ans dans la première charette destinée au Champ-de-Mars, le narrateur prétend avoir fait partie des fusillés ET avoir subi les coups de grâce au sabre, sans recevoir de blessures fatales, et avoir pu ensuite quitter le lieu de l'exécution, se reposer dans une maison de campagne dévastée dans le quartier de Siblas, et se réfugier chez des parentes : "Nous essuyâmes cinq décharges et aucune ne nous atteignit quoique la troupe tira presque à bout-portant. Tous ceux qui étaient auprès de nous ayant été tués, l'Etre suprême qui voulait manifester sa toute-puissance, et nous conserver nos jours, m'inspira sans doute de dire à mon fils, tombons au premier coup de feu qu'on tirera, - peutêtre serons-nous assés heureux de nous sauver en contrefesant les morts ; ce que nous exécutâmes de suite. La troupe fit encore plusieurs décharges et aucune ne porta sur nous. Je me croyais sauvé ainsi que mon fils, mais jugés quelle fut ma perplexité, lorsque j'entendis faire le commandement de sabrer toutes ces victimes, afin qu'aucune n'échappât à la mort. Nous essuyâmes encore cette exécution, dans laquelle nous reçûmes plusieurs coups de sabres, dont les blessures, quoiqu'assés profondes, ne furent cependant point mortelles.Etendus sur la place, on nous crut morts, nous fûmes déshabillés tous nuds (...)."L'auteur de cette étrange narration, dont les détails sont noyés dans un babil mélodramatique bien dans le genre de l'époque, se présente comme commissaire de marine, en service depuis 1779 pour la comptabilité des bâtiments civils de la marine, favorablement connu de Malouet, puis employé dans les bureaux du contrôle à partir de 1787. Il était chargé d'une opération de vérification du magasin général de l'arsenal au moment où les Anglais pénétrèrent dans Toulon. Evoquées à la fin du manuscrit, la reprise de son service et la continuation de sa carrière comme si de rien n'était, sans trop de détails de nouveau, laissent assez sceptique le lecteur critique. Certes, les quelques noms de supérieurs cités sont cohérents : outre Malouet, on rencontre le commissaire Thivend, et l'administrateur de la marine Benoît-Georges de Najac (1748-1826), qui fut le principal organisateur de la logistique de l'Expédition d'Egypte ; il n'en demeure pas moins que l'aventure est un peu forte -même si on imagine mal la raison qui pousserait à inventer pareil récit-, en dépit de quelques exemples régulièrement cités, y compris dans les conflits récents. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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