Paris, Les Editions du Temps, 1963, in-8, br., 125 p. Edition originale.
Reference : 15386
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Les Editions du Temps, 1963, in-12, 125 pp, broché, qqs marques au stylo sur 24 pages, sinon bon état
Par Victor Crastre (1903-1983), journaliste et écrivain, proche des milieux surréalistes ; il fut également instituteur durant de longues années. Albert Camus lui écrivait le 16 avril 1948 : “J’avais lu avec le plus vif intérêt votre “Drame du surréalisme”. Il me semblait que vous mettiez le doigt sur la véritable exigence du surréalisme, sur ce qui le rend respectable à tant de titres”. Camus avait obtenu l’accord de Raymond Queneau et du comité de lecture pour faire publier l’ouvrage chez Gallimard mais le prévenait toutefois que “Gallimard ne peut pas fixer de délais à cette publication, pour des raisons que tout le monde connaît (papier, imprimeries ralenties, etc.)”. Crastre préféra attendre et ne publia l’ouvrage qu’en 1963, aux Editions du Temps. D'après Victor Crastre, le manifeste qui devait sceller l'accord entre les surréalistes et la revue Clarté aurait été rédigé par lui-même et Aragon. — « C'est au café Cyrano que nous nous rencontrions chaque jour, généralement à l'heure de l'apéritif. Le café Cyrano, à quelques pas du Moulin Rouge, n'avait rien d'un café littéraire et ne ressemblait absolument pas aux Deux Magots [...] A Cyrano, on ne buvait pas de chocolat. Il fallait à un public blasé le fumet d'alcools épicés : whisky, gin, fines nationales et, à l'apéritif, le « Mandarin » étaient les articles les plus demandés. Des filles et des souteneurs, des trafiquants de coco, des gens de théâtre : musiciens de boîtes de nuit, danseuses du Moulin Rouge à qui s'agglomérait cette faune de Montmartre qui n'a jamais su ce qu'était un métier, peuplaient la salle de six heures du soir à deux ou trois heures du matin. De littérateur, bien entendu, pas un, et cette absence de gens de lettres était le plus grand attrait de Cyrano pour les ennemis de la culture bourgeoise que nous étions [...] Je me demande parfois comment nous pouvions discuter, lire et surtout rassembler nos idées dans un lieu où les bruits de la rue se mêlaient aux appels des garçons, à des conversations générales, au rire aigu des femmes et parfois au tumulte d'une dispute. Et cependant nous réussissions le difficile exploit de concentrer notre esprit sur des problèmes souvent ardus au milieu de la confusion générale. Certains jours cette salle de café devenait cabinet de travail : on y rédigeait des tracts, ou des lettres, qui passaient ensuite de mains en mains ; c'est ainsi que fut écrite la lettre à Paul Claudel où celui-ci était traité une fois pour toutes de cuistre et de canaille, parce qu'il avait dans une interview jugé pédérastique l'activité des surréalistes. En fait les rumeurs de la salle, ces mille présences –celles surtout de femmes souvent belles, toujours étranges – excitaient nos esprits et ne dispersaient en aucune manière notre attention. Il y avait certes dans notre équipe des hommes qui n'ont jamais pensé les problèmes à l'ordre du jour : flâneurs éternels, ils ne cherchaient ici que des occasions d'occuper leur ennui ; ils eussent signé n'importe quoi pour pouvoir continuer de vivre auprès de Breton ; le surréalisme leur était un alibi ; plusieurs se prirent à leur propre jeu et s'ils n'enrichirent pas le surréalisme, ils lui manifestèrent longtemps une fidélité tenace.» (Extrait)
Paris, Les éditions du Temps, 1963. In-8, broché, 125 pp.
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