Paris, Saussine, [entre 1876 et 1880]. 526 x 695 mm, sur papier à l'aspect glacé.
Reference : LBW-8543
Belle et rare planche de jeu dédiée au patinage à roulettes, chromolithographiée et publiée à Paris entre 1876 et 1880. Ce "jeu de la patinoire à roulettes", élaboré sur le principe du jeu de l'oie, est composé de deux parcours ou pistes de 63 cases, la dernière étant située à l'entrée de la patinoire. Les règles du jeu, placées au bas du plateau, sont données en anglais et en français. Les deux parcours se croisent aux cases 10, 40, 14, 51, 18, 59 et 24. Si deux joueurs se rencontrent sur l'une de ces cases, les patineurs chutent et doivent retourner à la case n°1. Le joueur arrivant sur les cases 7 bleue (ici en noir) ou 6 rouge est un excellent patineur et avance de 10 cases ; celui qui arrive sur les cases 48 bleue (ici en noir) ou 16 rouge, correspondant au bar, doit payer 5 jetons à la caisse pour sa consommation et attendre 3 tours ; ou encore celui qui se retrouve sur les cases 16 bleue (ici en noir) ou 49 rouge, est un patineur maladroit et doit payer 5/8 jetons pour la casse. Deux autres textes accompagnent ce plateau : le premier, intitulé Images d'ombres, explique comment réaliser des ombres chinoises ; le second, intitulé Les Grenouilles qui demandent un Roi, d'après une fable de Jean de La Fontaine, est un jeu d'adresse. Il existe une autre version de cette planche sans ces deux textes. Sur un ton humoristique, de nombreux personnages évoluent avec plus ou moins de succès sur la piste, tandis que d'autres regardent en spectateurs ou se désaltèrent au bar. 1863 est une année cruciale dans l'histoire du patinage à roulettes avec l'invention par James Léonard Plimpton du patin à roues orientables. Avant cette date, aux États-Unis comme en Europe, on fabriquait des patins à roues alignées, qui avaient une mauvaise tenue de route. Les roues sur essieux mobiles allaient ouvrir des perspectives nouvelles en rendant possible l'exécution de figures. L'invention de Plimpton déclencha une véritable passion, d'abord aux États-Unis, puis en Europe au début des années 1870. On créa de nombreuses patinoires qui prirent le nom de skating-rinks, le rink désignant le rectangle de glace où se pratiquait le jeu de curling, puis une piste de patinage à glace ou à roulettes. La mode du patinage à roulettes atteignit son apogée en Europe en 1876. Après Londres et l'Angleterre, elle gagna rapidement la France, d'abord à Boulogne-sur-Mer, puis à Paris, où l'on vit apparaître plus d'une quinzaine de skating-rinks qui firent bientôt concurrence aux bals publics. L'expression « Patiner à roulettes » fut rapidement remplacée par le mot « skatiner », qui fit son apparition dans le Littré dès 1876. La première grande patinoire de cette époque fut inaugurée en novembre 1875 au Cirque des Champs-Élysées (ancien Cirque de l'Impératrice) situé sur le rond-point des Champs-Élysées. Autour de la piste de 1000 mètres carrés, on avait aménagé un jardin d'hiver, un café, un restaurant, des buffets et un bar américain. Mais cette mode des skating-rinks ne dura que quatre ans, et en 1880, il ne restait plus un seul rink à Paris. Elle reprit en 1909 avec l'inauguration de l'American Roller Skating Rink de l'Hippodrome. En 1860, Léon Saussine prit la succession de Hugues-Marie Duru, libraire et éditeur rue du Cloître Saint-Jacques à Paris. Il réalisa alors des jeux de société, de parcours, des patiences, des jeux de questions-réponses, des jeux d'adresse et de tir, des théâtres d'ombres, et plus tard des atlas. Après son décès en 1896, sa veuve prit sa succession, puis ses fils Georges et Maurice en 1916, enfin son petit-fils Robert vers 1944. Bel exemplaire. Deux petites déchirures restaurées dans les marges, légères traces de pliures dans la marge haute. Nieswizski, Rollermania, 1991, pp. 1-6 (illustration) et p. 120.
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