Paris, H. Langlois, 1812. 550 x 800 mm ; repliée et montée dans une reliure en veau vert de l'époque ; sur le premier plat, titre et nom du propriétaire de la carte en lettres dorées : Carte de voyage. M Jules Joly.
Reference : LBW-7711
Carte des départements de l'Empire français en 1812, au plus fort des conquêtes napoléoniennes. Elle a été dressée par le géographe français Jean-Baptiste Poirson, imprimée sur peau de vélin, et publiée à Paris par le libraire-éditeur Hyacinthe Langlois. Peu après le début de la Révolution française, la France fut découpée en départements à la suite du décret du 22 décembre 1789, pris par l'Assemblée constituante afin de remplacer les provinces de France jugées contraires à l'homogénéité de la nation. Leur nombre exact et leurs limites furent fixés le 26 février 1790, et leur existence prit effet le 4 mars 1790. En 1812, l'Empire compte 111 départements. Aux 83 départements initiaux créés en 1790, se sont notamment ajoutés en 1792, le département du Mont-Blanc lorsque la Savoie est incorporée à la France, et en 1793, le département des Alpes-Maritimes avec l'annexion du Comté de Nice. La création de nouveaux départements hors de l'hexagone débute en 1795, avec l'annexion de la Belgique qui amène neuf nouveaux départements : la Dyle, les Deux-Nèthes, l'Escaut, les Forêts, le Jemmapes, la Lys, l'Ourte, la Meuse-Inférieure et la Sambre-et-Meuse. En 1797, à la suite du traité de Campo-Formio, la rive gauche du Rhin est incorporée au territoire de la République, et quatre nouveaux départements voient le jour : le Mont-Tonnerre, le Rhin-et-Moselle, la Roer et la Sarre. Puis en 1798, lorsque la République de Genève est incorporée, la partie nord du département du Mont-Blanc devient le département du Léman. Napoléon arrive au pouvoir en 1799. Il devient Premier consul en 1802, puis empereur des Français en 1804. Entre 1802 et 1805, les conquêtes napoléoniennes vont amener la création de huit nouveaux départements en Italie : la Doire, Marengo, le Pô, la Sesia et la Stura, créés en 1802, puis les Apennins, Gênes, et Montenotte, créés en 1805. Viennent ensuite les départements créés entre 1808 et 1811. Ceux-ci ne figurent pas dans la liste en bas à gauche, mais sont nommés directement sur la carte : six en Italie (Arno, Méditerranée, Ombrone, Rome, Taro et Trasimène), trois dans le royaume de Hanovre, neuf dans le royaume de Hollande (Bouches-de-l'Escaut, Ems-occidental, Zuiderzee, etc), et un en Suisse (Simplon). En carton en haut à gauche, Partie septentrionale de l'Empire français, en bas à droite, Route de Rome à Naples. En bas à gauche, liste de 111 départements. En 1812, le territoire de l'Empire français est à son apogée, et compte 133 départements. Ne figurent pas ici les quatre départements conquis en Catalogne, et créés en janvier 1812. Après la défaite de Napoléon à Waterloo, le Traité de Paris mit fin au Premier Empire. La France fut ramenée à ses frontières de 1790, et dut renoncer à des territoires de langue française comme la Savoie et la Belgique, et de langue italienne comme le comté de Nice. Le nom du propriétaire de la carte est Jules Joly. Il s'agit de Samuel Jules Joly de Bammeville. Les Joly de Bammeville étaient de grands industriels protestants et maires de Saint-Quentin à plusieurs reprises. Famille de huguenots originaires de Loudun, ils avaient fui leur région d'origine, le Poitou, à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes. Samuel Joly (1684-1755), le premier de la dynastie, s'installe à Saint-Quentin, dans l'Aisne, en 1705. Il fonde la manufacture de toiles qui portera son nom durant 140 ans, puis celui de ses descendants Joly frères durant 44 ans, de 1845 à 1889. À sa mort en 1755, ses fils lui succèdent. En 1765, à la mort de son frère aîné Jean Samuel, Pierre Louis Joly de Bammeville reste seul à la tête de la maison. À la mort de ce dernier en 1796, son fils Pierre Louis Samuel lui succède. En 1804, la famille fait construire à Saint-Quentin une seconde filature de coton avec des machines à bras. En 1805, ses études terminées, Jules vient à son tour dans les affaires rejoindre son père, Pierre Louis Samuel, et son frère aîné Aimé. C’est alors le centenaire de la maison Samuel Joly et fils. Lorsque le blocus continental (21 novembre 1806) vint entraver les approvisionnements de coton que fournissaient le Brésil et les États-Unis d’Amérique, on fut obligé d’employer ceux de Macédoine, de Castellamare en Italie, et de Motril au sud de l’Espagne. L'Empereur accordait aussi parfois l’autorisation d’acheter des cotons en Angleterre et de les faire passer en France. En avril 1811, Jules Joly part pour l’Italie afin de nouer des relations d’affaires et d’acheter des cotons de Castellamare, toujours à la suite du blocus. (Séverin, Monique, La famille Joly de Bammeville. Histoire des familles de la haute et de la petite noblesse. In Mémoires - Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, Tome XXIX, 1984, pp. 105-136 ; Séverin, Monique, La famille Joly de Bammeville : les manufactures, cinq générations. In Mémoires - Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, Tome XXX, 1984, pp. 73-98). C'est très probablement à l'occasion de ce voyage en Italie en 1811 que Jules Joly fit imprimer cette carte itinéraire de la France et de l'Italie sur vélin, dont nous n'avons pas trouvé de trace dans les collections publiques. Hormis les portulans des XVIe et XVIIe siècles, les cartes imprimées sur vélin sont extrêmement rares. Par ailleurs, nous n'avons trouvé qu'un seul exemplaire de la carte de Poirson imprimé sur papier dans les collections publiques (bibliothèque de l'Université de Leeds). Gustave Davois cite un exemplaire dans sa Bibliographie napoléonienne publiée en 1911. Il existe une autre carte par Pierre-Grégoire Chanlaire portant le même titre, mais celle-ci est complètement différente. Géographe français, Jean-Baptiste Poirson a dressé la carte de l'ambassade de Macartney et la plupart des cartes du voyage de Humboldt. En 1803, à la demande de Napoléon Bonaparte, il dessina, en association avec Mentelle, un globe terrestre pour les Tuileries. Très rare et bel exemplaire imprimé sur peau de vélin. Petits défauts d'usage à la reliure. Davois, Bibliographie napoléonienne française jusqu'en 1908, Tome troisième, N - Z, 1911, p. 110.
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