Paris, Christophe Ballard, 1674 In-12 de (8) ff., 166 pp., (5) ff. de table, veau moucheté, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, roulette dorée sur les coupes, tranches mouchetées (reliure de l'époque).
Reference : CLL-837
"Seconde édition Reveuë corrigée & augmentée du Traité de Mignature. Datée de 1674, elle fait état d'un privilège accordé en mai 1672 pour le titre École de la Mignature […], enregistré en juin 1673 et achevé d'imprimer au même moment. Cette première édition rarissime n'apparaît pas au catalogue de la BnF, seul celui de la Mazarine répertorie un exemplaire de 134 pages au format in-8, daté de 1673. Paraissant alternativement sous le titre de Traité ou d'École de la Mignature, l'ouvrage connaît un extraordinaire succès, continuellement réédité jusqu'à la Restauration ; il compte ainsi en un siècle et demi, une quinzaine d'éditions, dont une traduction anglaise. Attribué à un peintre quasi inconnu, Claude Boutet, ce manuel est consacré à une pratique picturale alors en vogue et représentée jusqu'au sein de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture : la miniature. Dédicacé à Marie-Madeleine Fouquet, fille du surintendant disgracié, l'ouvrage au format in-12 s'adresse à un public de praticiens amateurs, ""des Personnes de qualité"" souhaitant ""couler quelques heures du jour dans cet agréable exercice, particulièrement à la campagne"" ou à des ""Personnes Religieuses"". Destinant son Traité à des ""commençans"", l'auteur s'efforce de donner des recettes et conseils pratiques permettant d'avoir ""le plaisir de peindre sans se donner la fatigue d'apprendre le Dessein […] Art dans lequel on ne devient sçavant qu'avec beaucoup de temps, & que par un continuel exercice"". Boutet propose ainsi diverses techniques - calques, report de gravures, réduction au petit pied - mise au carreau -, ou utilisation d'un ""compas de mathématique"", c'est-à-dire d'un pantographe, pour copier une composition préexistante sur la feuille de vélin. Dans son ""ABC de la Mignature"" l'auteur détaille la gamme des couleurs, la façon de les préparer, détrempées à l'eau gommée ; il évoque le choix de la palette et des pinceaux, donnant même l'adresse où se les procurer. Il explique comment peindre les fonds, ciel, draperies, carnations, faire ""une petite Gloire autour de la teste d'un Saint"" ou un ""Coloris de Mort"", un paysage. Une section importante du Traité est consacrée aux fleurs, sujet de prédilection pour nombre de peintres en miniature. On apprend donc à représenter les Roses, les Tulippes, l'Anémône, le Martagon, la Peone, Les Primes-Veres, la Renoncule, les Crocus, l'Iris, la Tubéreuse, le Lys, le Perse-Neige, la Jonquille, le Narcisse, le Soucy, Les Œillets de poëte, la Scabieuse, la Gladiole, l'Ancolie, Le pied d'Aloüette, le Mussipula, le Siclamen, la Geroflée, etc., etc. La publication du Traité de Mignature s'inscrit dans un riche contexte artistique. En 1673 a eu lieu l'exposition de l'Académie, la première à bénéficier d'un livret imprimé. Cette même année, Roger de Piles a fait paraître son Dialogue sur le coloris, texte fondamental en faveur du ""rubénisme"" au sein de la Querelle du coloris. L'attention matérielle portée par Boutet aux couleurs, à leur fabrication, possède donc une résonance particulière avec les débats dont ses lecteurs pouvaient avoir connaissance. Revendiquant un approche pratique - le Journal des Sçavans évoquera avec condescendance un ""ramas d'avis & d'enseignements, […], sans […] règle, […]"" - Boutet s'est lui-même positionné par rapport à toute la littérature artistique savante de son temps, pour s'en distinguer, à la fois dans un souci rhétorique de modestie, mais aussi, plus malignement, pour souligner les limites de tous ces ouvrages théoriques. ""[Mon] dessein […] d'instruire les Personnes qui n'ont que peu, ou point du tout de commencement, & qui sans doute n'en apprendroient guere, si l'on débutoit par leur faire la definition, & leur traiter de cet Art aussi sçavamment que Vincy [Traitté de la Peinture, 1651], du Fresnoy [L'Art de Peinture, 1668, 1673], & bien d'autres […] ce seroit bien le moyen de leur en faire connoître les Beautez, mais non pas celuy de leur en donner la Pratique"". L'ouvrage est illustré d'une vignette gravée sur bois in-texte, p. 8., montrant l'utilisation d'un ""compas de mathématique"", instrument mis au point dans le premier tiers du XVIIe siècle. Lettrines et bandeaux typographiques. Bel exemplaire en reliure de l'époque. Marque d'appartenance manuscrite à l'encre brune sur la première garde et au titre."
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