‎"SAY, Jean-Baptiste;"‎
‎Lettre autographe signée à Émile Pereire. Elle est datée Paris, 23 avril 1832. Elle est inédite. 3 pages in-8 sur un bi-feuillet (200 x 252mm) rédigées à l'encre brune, plus libellé de l'adresse et cachets de la poste au second verso.‎

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Reference : CLL-742


‎"Comme un passage de relai du grand économiste libéral à l'entrepreneur visionnaire. Il s'agit d'une lettre de félicitation adressée par Jean-Baptiste Say (1767-1832) au bouillant trentenaire Émile Pereire (1800-1875) pour deux longs articles publiés dans la Revue encyclopédique ayant fait l'objet de tirés à part, que le grand économiste classique se propose d'inclure à son cours du Collège de France: - Examen du budget de 1832: réformes financières, examen théorique et pratique de l'amortissement; reconstitution des rentes viagères, moyen de supprimer immédiatement la totalité des impôts du sel, des boissons, du tabac et de la loterie (décembre 1831). - Considérations sur les finances de France et des États-Unis, à l'occasion de la discussion des Messieurs Saulnier, Femmore Cooper et le général Bernard (mars 1832). De la mondialisation des polémiques… Les deux questions, en dépit des apparences, étaient liées, et l'un comme l'autre ouvrage prenaient le contre-pied des positions de l'influent fondateur de la Revue britannique, Sébastien-Louis Saulnier (1790-1835) qui, en plus de divers réquisitoires contre le ""rêve américain"" des libéraux du Vieux Continent, ouvrit ses pages aux promoteurs d'une conception ""française"" des politiques fiscales et monétaires. ""Monsieur, Ayant eu occasion de lire votre brochure en réponse à la Revue britannique, elle m'a paru renfermer des choses si vraies et si bonnes, ou plutôt si bonnes parce qu'elles étaient vraies, que j'ai désiré en témoigner personnellement ma satisfaction à l'auteur. […]"" Précisons que s'était joint à la polémique soulevée par Saulnier, et cela juste avant de passer dans l'opposition, un certain La Fayette. J.-B. Say fut lui-même un chef d'entreprise fort avisé, pionnier des manufactures de coton. Inversement, Émile Pereire est resté célèbre comme entrepreneur et banquier alors qu'à la date de cette lettre, ce tout jeune homme s'était surtout fait connaître par ses nombreux articles théoriques et polémiques sur l'économie parus dans la presse. Pourtant, c'est des futures responsabilités politiques de Pereire (sous le second Empire) que son aîné paraît avoir le pressentiment: ""Votre examen du budget de 1832 n'est pas moins excellent que votre écrit sur les finances d'Amérique; et quand notre nation entendra quelque chose à l'économie, vous serez appelé à rendre de grands services à l'administration de nos finances."" L'économiste poursuit en critiquant le primat trop souvent accordé, à son sens, aux politiques des changes, et pose le faible coût des marchandises comme le vrai critère de la richesse d'une nation. Un cours sur les États-Unis, l'année où Tocqueville s'en revient d'Amérique. À défaut d'une connaissance de première mains des États-Unis dans ces années 1830, J.-B. Say, pour juger de ces questions américaines soulevées par Pereire, d'une formation très anglo-saxonne acquise lors de son séjour en Angleterre du temps de ses 20 ans (1785-86). Par la suite, entré dans la carrière alors que la Grande-Bretagne n'avait guère bonne presse, à défaut d'Adam Smith l'Écossais, il ne manquait pas une occasion de se référer à l'Américain Benjamin Franklin. ""Dans les objets de consommation il faut comprendre les services personnels qui sont horriblement chers aux Etats Unis, tandis que, dans notre Europe, où la main d'oeuvre est offerte au rabais, on les obtient à vil prix. Or les services personnels comprennent ceux d'un valet de charrue aussi bien que ceux d'un valet de chambre et d'un charretier de même que ceux d'un cocher. Ce ne sont donc pas les objets de mode, les produits de l'industrie d'Europe qui sont fort chers en Amérique, mais une foule d'objets de consommation, ce qui fait que l'argent y vaut moins relativement, indépendamment de l'agir sur l'argent lui-même."" Les biens, mais aussi les services… Même à la fin de sa carrière et de sa vie, J.-B. Say demeure un moderne, possédant une longueur d'avance sur nombre de ses contemporains. Par ailleurs, ennemi de l'interventionnisme étatique, la décentralisation inhérente aux États-Unis ne peut que l'intéresser au plus haut point: ""Ensuite les dépenses publiques américaines que M. Saulnier fait sonner bien haut, comment se dépensent-elles? La très grande majeure partie paie des fonctionnaires de municipalité & de provinces, et conséquemment augmente les revenus des localités en même tems [sic] que leurs dépenses; les uns neutralisent les autres."" Le rappel de l'un des fondamentaux de la théorie économique de J.-B. Say: l'utilité. ""Enfin comment sont elles dépensées ces dépenses publiques [celles des États-Unis] de tout genre? Elles paient de [sic] services utiles, des objets utiles au public""… C'est l'auteur qui souligne. L'utilité, on le sait, est pour lui le principe constitutif de la valeur. L'originalité ici est qu'il transpose ce principe au traitement de ce qu'on a coutume d'appeler ""la question sociale"". En bon libéral, en effet, s'il se soucie plus de la condition ouvrière que certains de ses successeurs, J.-B. Say est convaincu qu'entretenir une armée de fonctionnaires chargée de réfléchir au bien-être du peuple n'est nullement le meilleur moyen de l'améliorer: ""… et je voudrais bien savoir en quoi l'énorme quantité de buches brulées dans les ministères, soulagent les familles d'ouvrier qui périssent de froid dans un grenier."" Il est clair que de son point de vue c'est plutôt en créant de l'activité, en générant de nouveaux débouchés, qu'investisseurs et producteurs parviendront à assurer leurs communs intérêts. C'est sans aucun doute l'avis de Pereire, qui vient à peine de rompre avec les saint-simoniens et recherche désormais une voie moins mystique afin d'atteindre à plus de justice sociale. ""Pardonnez-moi, Monsieur, ces bavardages. Il y a si peu de personnes qui les comprennent qu'on se laisse aller quand on rencontre des personnes versées autant que vous dans ces matières. Agréez mes sentiments d'estime et de dévouement. J.B. Say professeur d'Economie politique au collège de France Rue Richer N°3 bis"" De la solitude de l'économiste libéral en France… Cependant, si Jean-Baptiste Say, célébré mais incompris, tirera bientôt sa révérence, pour Émile Pereire tout ne fait que commencer, et lui n'est pas seul: avec son frère Isaac, il va fonder dès 1835 la fameuse Compagnie des Chemins de fer de Paris à Saint-Germain, puis sous l'Empire viendra le temps du Crédit Mobilier et d'une carrière politique vouée à défendre la libéralisation de l'investissement, condition sine qua non d'un capitalisme moderne."‎

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