Londres, chez Edwards, sans date [1793] In-4 de (3) ff., 313 pp., (1) f. bl., 77 pp. de notes, (1) f. de table, maroquin rouge à grain long, large encadrement de filets et roulettes d'entrelacs dorés avec fleurons dans les coins sur les plats, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées (reliure de l'époque).
Reference : CLL-707
"La plus belle édition, illustrée, de ce petit bijou ""paré du style le plus gai, le plus vif et le plus agréable"" (Voltaire, Siècle de LouisXIV). Publiés pour la première fois en 1713, vraisemblablement à Leyde sous l'adresse de complaisance ""à Cologne chez Pierre Marteau"", ces Mémoires écrits en français peignent, selon leur sous-titre original, une ""Histoire amoureuse de la cour d'Angleterre sous le règne de Charles II"". Né en Irlande, Antoine Hamilton (1646-1720) est issu d'une famille anglo-écossaise qui s'exile en France après l'exécution de Charles Ier. De retour en Grande-Bretagne en 1661, après la restauration des Stuart, c'est à la cour de Londres qu'il rencontre le comte Philibert de Gramont (1621-1707). Ce dernier, archétype du gentilhomme français se plaisant dans les intrigues et la galanterie, s'était non seulement compromis dans la Fronde, mais avait été exilé pour avoir courtisé une maîtresse du jeune Louis XIV. Séjournant à Londres au début des années 1660, il rentre en France en 1664, après avoir épousé la sœur d'Hamilton, la belle Elizabeth. Après la Glorious Revolution, Hamilton rejoint la cour de JacquesII en exil à Saint-Germain. En France, cet esprit libertin et spirituel mène une vie mondaine, fréquente notamment la cour de la duchesse du Maine, écrivant des contes et des vers. Les Mémoires du comte de Gramont constituent son magnum opus. Pseudo-mémoires, vrai, ou faux, roman, histoire comique ou galante, mêlant quelques passages à la première personne, récits enchâssés, retours en arrière, humour burlesque, parodie des romans de chevalerie, etc., ils déjouent les catégories littéraires. Rédigés 40 ans après les faits, ils relatent sous la forme d'une chronique, mi-biographie romanesque, mi-souvenirs de jeunesse, les frasques de son beau-frère, à la cour du flamboyant Charles II, le ""Merry Monarch"". Si l'on en croit Chamfort, le modèle vivant semblait d'ailleurs encore assez fidèle à son héros littéraire : ""Ce fut le comte de Gramont lui-même qui vendit quinze cents livres le manuscrit des mémoires où il est si clairement traité de fripon. Fontenelle, censeur de l'ouvrage, refusait de l'approuver, par égard pour le comte. […] Le comte, ne voulant pas perdre les quinze cents livres, força Fontenelle d'approuver le livre d'Hamilton"". Aux sources du persiflage. Dès leur parution, les Mémoires connaissent un intense succès, marqué par plus de 14 éditions jusqu'au début du XIXe siècle, dont La Harpe détaille fort bien les ressorts : ""c'est de tous les livres frivoles le plus agréable et le plus ingénieux ; c'est l'ouvrage d'un esprit léger et fin, accoutumé, dans la corruption des cours, à ne connaître d'autre vice que le ridicule, à couvrir les plus mauvaises mœurs d'un vernis d'élégance, à rapporter tout au plaisir et à la gaîté. […] Ce livre est le premier où l'on ait montré souvent cette sorte d'esprit qu'on a depuis appelé persiflage, […], et qui consiste à dire plaisamment les choses sérieuses, et sérieusement les choses frivoles"" (Lycée, 1800). Illustration originale en premier tirage entièrement gravée en manière noire. Si le titre indique de manière erronée ""LXXII portraits"", l'ouvrage en contient bien 78, dont le frontispice, ainsi qu'une vue de Somerhill, le tout hors texte, ""d'après les originaux conservés dans les familles de leurs descendants"", dessinés par Harding pour être traduits sur cuivre. ""Il y avoit à Londres un peintre assez renommé pour les portraits : il s'appeloit Lely. […] La duchesse d'York voulut avoir les portraits des plus belles personnes de la cour : Lely les peignit. […] Chaque portrait parut un chef-d'œuvre ; et celui de mademoiselle Hamilton parut les plus achevé : Lely avoua qu'il y avoit pris plaisir. Le duc d'York en eut à le regarder, et se mit à lorgner tout de nouveau l'original"". Bel exemplaire, imprimé sur papier vélin, en maroquin décoré du temps. Il est bien complet des 77 pages de Notes et Eclaircissements qui, selon Cohen, ""manquent souvent"". Quelques rousseurs. H. Brunet III, 30 : ""Edition préférable aux précédentes, parce qu'elle est plus belle et parce qu'elle contient des notes meilleures et plus étendues"". - H. Cohen, Guide de l'amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 472. - H.-J., Reynaud, Notes supplémentaires sur les livres à gravures du XVIIIe siècle, 225. - F. Gevrey, ""Un récit émancipé : les Mémoires de la vie du comte de Gramont"", Cahiers de la littérature du XVIIe siècle, n°3, 1981, pp. 127-150."
Librairie Laurent Coulet
Laurent Coulet
166 Boulevard Haussmann
75008 Paris
France
+ 33 (0)1 42 89 51 59
Les prix sont indiqués en euros<br />Nos livres sont garantis complets et en bonne condition sauf mention contraire. Conditions de vente conforme au règlement du SLAM et aux usages de la LILA (ILAB). Port Recommandé en sus ; emballage gratuit. Nous acceptons les cartes de crédit Visa, Mastercard et Amex.
Londres : Edwards, s. d. [ 1793 ] Fort in-4, 2 portraits-frontispices de l'auteur, (8)-313-77-(3) pages et 76 portraits des protagonistes. Maroquin rouge à grains longs de l'époque, dos à nerfs plats orné de filets dorés, filet doré encadrant les plats
Rousseurs éparses. Gardes renouvelées ? Belle édition, augmentée d'importantes notes. "Édition préférable aux précédentes, parce qu'elle est plus belle et parce qu'elle contient des notes meilleures et plus étendues." (Brunet III, 30).En comparaison avec l'exemplaire décrit par Cohen, le nôtre ne comprend pas la vue de Somerhill, souvent absente, mais possède en plus le titre orné d'une vignette et le portrait-frontispice de Hamilton de l'édition anglaise, parue simultanément chez Harding et Edawrds. Le titre de l'édition anglaise indique d'ailleurs : "a new translation… embellished with seventy-six portraits of the principal characters mentioned in the work", corrigeant ainsi l'erreur au titre de l'édition française.Poête et conteur, né en Irlande vers 1646, mort à Saint-Germain-en-Laye en 1720, Hamilton s'est fait une réputation dans les lettres françaises, et c'est un des écrivains dont l'esprit et le style ressemblent le plus à l'esprit et au style de Voltaire. Après la mort de Charles Ier, il fut amené en France par sa famille, qui avait suivi dans l'exil la famille royale, y commença ses études, et y prit ce tour d'esprit et cette connaissance de notre langue qui nous charment dans ses écrits. Il avait quatorze ans quand il retourna en Angleterre, lors de la restauration, et il retrouva à la Cour de Charles II les manières, les goûts, les traditions et jusqu'aux modes de la France. Quelques années plus tard, il devint le beau-frère du chevalier de Grammont, qui séduisit sa sœur à l'aide d'une promesse de mariage. Rappelé en France, le galant gentilhomme s'enfuit précipitamment, oubliant toutes ses promesses. Il fut poursuivi par les deux frères Hamilton, résolus à venger l'affront fait à leur famille, et atteint sur la Toute de Douvres. « Chevalier ! lui crie l'un d'eux, n'avez-vous rien oublié à Londres ? - Pardonnez-moi, répond-il ; j'ai oublié d'épouser votre sœur. » II s'exécuta gracieusement, retourna sur ses pas et l'épousa. Hamilton émigra de nouveau en France avec Jacques II (1688), et vécut depuis auprès de lui, au château de Saint-Germain. Dans l'intervalle, il avait fait de fréquents voyages à la cour de France, dont il était en quelque sorte un des familiers. C'est à cette triste cour de Saint-Germain qu'il écrivit, comme pour tromper son ennui, ces Mémoires de Grammont, si étincelants de gaieté, et ces Contes, qu'il composa par gageure, et qui lui assurent une place "parmi nos plus charmants écrivains." Cohen 471-472.