‎"MOHEAU (Antoine AUGET, baron de MONTYON, dit);"‎
‎Recherches et Considérations sur la Population de la France. Prix 7 l. 4 s. relié.‎

‎Paris, Moutard, 1778 2 parties en un volume in-8 de XV, (1), 280 pp., 157, (4) pp., demi-veau havane, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetées rouges (reliure de l'époque).‎

Reference : CLL-702

‎"Édition originale de ce premier traité de démographie. Il constitue ""le maillon manquant dans la chaîne des grands fondateurs de la démographie, après Graunt (1662) et Süssmilch (1741) et avant Malthus (1803)"" (H. Leridon). L'ouvrage se compose de deux parties. Dans la première, de nombreux tableaux présentent la structure démographique de la population française (répartition des ecclésiastiques, nombre de domestiques, répartition ville/campagne, nombre de célibataires, évaluation de la fécondité, de la mortalité, etc.) La seconde partie, analytique, met en lumière les facteurs susceptibles de déterminer les comportements démographiques. Dans le contexte des Lumières françaises, la question centrale qui sous-tend les Recherches, est de savoir si la population nationale croît ou décroît ? En d'autres termes la population crée-t-elle la richesse de l'État, comme on le pensait traditionnellement, ou la richesse de l'État crée-t-elle les conditions nécessaires à un essor démographique, comme le soutiennent désormais les physiocrates ? Palliant l'absence d'un recensement global à l'échelle du pays, l'auteur s'appuie sur des sondages partiels, et notamment sur les statistiques de naissances auxquelles il applique un coefficient multiplicateur. ""Populationniste"" - ne dénonce-t-il pas les funestes secrets"" (i. e. coïtus interruptus) qui permettent de ""tromper la nature jusques dans les villages"", il parvient ainsi à mettre fin au mythe du déclin de la population, diffusé par nombre de penseurs des Lumières. Il égratigne au passage, au nom de la vérité scientifique, la théorie communément admise à force d'être répétée, de la responsabilité de l'Église catholique dans ce soi-disant déclin : les ecclésiastiques ne représentant qu'un 80e de la population en France. Compte tenu de sa structure, en deux parties distinctes, ce livre est encore aujourd'hui, l'objet d'interrogations concernant sa paternité. Si le nom de Jean-Baptiste Moheau (1745-1794) apparaît bien au titre de l'édition originale, après la mort de ce dernier, le baron de Montyon (1733-1820), dont le démographe avait été le secrétaire, le revendiqua comme son ouvrage propre. Une note manuscrite au début de notre exemplaire reprend cette approche : ""cet ouvrage qui porte le nom de Moheau est réellement de Mr de Monthyon"". Certains spécialistes penchent ainsi pour une écriture à quatre mains : Moheau pour les statistiques et Montyon pour les analyses. D'autres évoquent même l'intervention d'une troisième personne, Trudaine ou La Michodière. ""Il est telle page de ce livre qui a coûté nécessairement deux mois de travail, & un volume de chiffres ; & si les coopérateurs de cet ouvrage étoient payés sur les produits, le manœuvre le plus vil obtiendroit un salaire plus fort"". Exemplaire en reliure d'usage. Inscriptions manuscrites à l'encre brune au verso de la page de garde : ""ex dono Mr Necker 1799 Copet"". I.N.E.D., 3221. - Kress, B. 135. - Moheau, Recherches et considération […], E. Vilquin (éd.), Paris, INED, 1994."‎