(1951). Ensemble de 167 feuillets autographes de Jean Cocteau, écrits au recto seul, sur un papier ivoire, au stylo bleu, rouge, avec quelques mentions au crayon. La majorité des feuillets sont in-folio, arrachés d’un carnet à dessin, quelques-uns sont in-4.
Reference : 41828
Le manuscrit est précédé de 4 feuillets non chiffrés : Titre avec double envoi à Francine (Weisweiller) : A Francine. A bord de l’Orphée II, (Le Yacht de Francine Weisweiller), A Francine, qui pense avec son coeur. Jean. Noel 1951; la liste des personnages; Une notice introductive pour situer la scène; Une très intéressante note du 3 avril 1951 sur la genèse de la pièce : «Il y a bien des années que je voulais traiter ce sujet. J’avais d’abord pensé au film. Je me rendis compte, à l’étude, que le cadre fixe du théâtre convenait mieux… C’est à St Jean Cap ferrât où je me documentais sur Luther que j’appris par un coup de téléphone de Jean Marais qui le tenait de Maria Cazaris, que Sartre traitait à St Tropez d’un sujet analogue. Les rencontres ne sont pas rares, mais peu de personnes connaissent ces ondes qui circulent et que plusieurs personnes enregistrent. Le 3 avril, un téléphone d’Anne Marie Cazalis me confirmait la nouvelle et m’apprenait que mon sujet était encore plus proche du sujet de Sartre que je ne l’avais cru d’abord. Après rencontre avec Sartre, nous décidâmes de ne reculer ni l’un ni l’autre et d’user comme à l’époque où les poètes s’inspiraient tous ensemble des mêmes mythes grecs…». 16 feuillets. Acte I, scènes 1 et 2. 42 feuillets. Acte I, scènes 3 à 8. 56 feuillets. Acte II. Sous pagination discontinue, avec divers formats de feuillets. 49 feuillets. Acte III. De format in-4, avec pagination discontinue. Abondamment corrigé, ce manuscrit présente d’innombrables variantes de détail avec la version imprimée. À l’acte I, par exemple, on trouve cet anachronisme que Cocteau a finalement décidé de supprimer: « Hélas, les événements ne sont pas si simples. Les revendications ouvrières deviennent inadmissibles. » Acte II, scène 6, un long échange entre Hans et le cardinal, sur le bonheur, la chasteté et la guerre, a disparu dans la version imprimée, remplacée par cette simple annotation: « Court silence ». Acte III, scène 5, Cocteau a atténué l’anticléricalisme de la pièce, biffant une partie de la phrase: « la cause des hommes libres finira peut-être par vaincre le Diable, qui se déguise en bon Dieu, en pape ou en moine rebelle » pour ne garder que « en moine rebelle ».La toute dernière scène, après la mort de Hans, est particulièrement retravaillée ; entre autres répliques supprimées, à l’évêque qui menaçait Christine : « Nous avons les couvents pour apaiser les vierges folles », elle répliquait : « Je ne suis ni vierge ni folle ».Pièce en 3 actes «représentée pour la première fois le 20 décembre 1951 au théâtre Marigny par la compagnie Renaud-Barrault». En 1523, dans une petite ville allemande, on élit un Bacchus, roi de Carnaval, qui a pouvoir absolu pendant 1 semaine. Sous l’oeil d’un envoyé du Pape venu se rendre compte des progrès des partisans de Luther, est élu Hans, qui passe pour un simplet, mais sitôt élu, prend des mesures de bon sens : grâce, faveur envers les pauvres, tolérance et amour de son prochain… Bouleversant l’ordre établi, Hans récolte la haine, et à l’issue de «son règne», à la place d’un mannequin doit doit être brûlé, c’est le vrai Hans qui doit être mené au bucher!«Cette pièce est sans doute une des meilleures oeuvres théâtrales» (de Jean Cocteau). «C’est une pièce d’idées (ce qui est neuf chez Cocteau), mais non une pièce à thèse, les personnages évoluant selon leurs caractère propre… Cocteau d’ailleurs ne veut rien prouver, il montre, dessinant sans appuyer, une sorte de tapisserie dans la trame de laquelle on peut lire la solitude de la jeunesse, la lutte contre tout esprit totalitaire, la difficulté d’être libre, la beauté féconde de l’échec. Le style est juste, rigoureux, sans effets, avec une rapidité qui va à l’essentiel : il laisse une impression de gravité souveraine, souvent recherchée par Cocteau, mais rarement aussi évidente«.Touchante provenance d’une des plus proches et fidèles amies, Francine Weisweiller, de Jean Cocteau, qui séjourna souvent dans sa célèbre Villa Santo-Sospir.
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