1879 ; 2 pp.2 pp. in-8°Précieuse lettre de remerciement à un romancie polonais dont, à l’instar de MM. Parturier et Crouzet qui reproduisent la présente dans leurs publications sur Duranty, nous n’avons pas découvert l’identité. Charpentier vient de rééditer Le malheur d’Henriette Gérard avec, en guise de préface, des articles de Zola. “J’ai été bien touché de tous vos éloges, et j’en ai été presque surpris, car ainsi que vous le dites, je n’ai pas l’habitude de me voir gâté par les camarades. Aussi l’acte de Zola a-t-il été très extraordinaire, et je me serais cru impardonnable, si je n’avais mis ses articles en tête de mon livre. Plus d’un me conseillaient de ne point le faire. Vous avez à merveille parlé de ce roman [...] et je n’ai qu’un regret c’est que cela n’ait pas été dit à Paris plutôt qu’à Varsovie...”.Dans ses articles consacrés aux romanciers contemporains, Zola avait réclamé pour Duranty une “justice complète” et affirmé qu’il était “un des cinq ou six romanciers dont les oeuvres devraient compter”. Relayés par le Figaro en décembre 1878, ces propos firent grand bruit dans le landerneau littéraire. D’aucuns reprochèrent même à l’auteur de Nana de se servir de Duranty comme “d’une massue vivante” pour écraser la littérature.Voir Parturier, Zola et Duranty, Giraud-Badin, 1948; Crouzet, p. 389DURANTY (Louis-Emmanuel-Edmond)Une légende – née d’un article de Ph. Burty – faisait de Duranty un bâtard de Mérimée. Mais le mystère de sa naissance est aujourd’hui éclairci. Fruit des amours secrètes d’une certaine Emilie Lacoste et d’un auditeur du Conseil d’Etat Louis Edmond Anthoine, il naquit à Paris en 1833. Duranty est un fleuron de la bohème, un pilier de la Brasserie Andler (rue Hautefeuille) où Courbet tenait ses assises depuis 1848. Après une brève carrière administrative, il prit la plume qu’il trempa dans l’encrier réaliste. Entré dans le groupe de Champfleury il fonda avec Jules Assézat et Thulié la revue Réalisme qui soutenait l’ « Ecole » de Courbet. Seuls six numéros furent publiés et la revue s’éteignit dès 1857. Malassis fit paraître en 1860 le premier roman de Duranty, mais la carrière romanesque de ce réaliste magistral tourna court. La Cause du beau Guillaume (1862) ne se vendit point et les Combats de Françoise Duquesnoy fut publié à compte d’auteur. Grâce à l’appui de Zola Duranty publia encore deux recueils de nouvelles. Parallèlement il avait dirigé le théâtre de marionnettes des Tuileries dont il mit à jour le répertoire en 1872. Mais Duranty fut surtout un remarquable critique d’art. On lui doit dans Paris Journal (1869-1872), dans la Gazette des Beaux-Arts (1872) et dans Beaux-Arts illustrés (1876) de remarquables études sur l’impressionnisme naissant qu’il rattachait au réalisme.Les romans de Duranty ont paru au mauvais moment, trop tôt après les succès de Champfleury et trop tôt aussi avant les Rougon-Macquart de Zola. « Alors que Champfleury… représente le réalisme humoristique à la Dickens, dit Claude Pichois (Lettres à Baudelaire, p. 145), Duranty représente le réalisme dur ; sa technique – la restriction du champ notamment – annonce celle du nouveau roman ».Il faudra attendre 1942 pour lire Henriette Gérard dans une nouvelle édition (préfacée par Paulhan). Duranty mourut en 1880. En 1913 Pierre Martino lui consacra une notice chaleureuse dans Le Roman Réaliste sous le Second Empire, pp. 136 à 153. C’est en 1954 seulement que paraîtra la première étude biographique et critique sérieuse, par Louis Edouard Tabary, suivie en 1964 par le travail magistral de Marcel Crouzet.
Reference : 46403071
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