Desclée & Cie Couverture à Rabat Paris 1962 "collection "" le mystère chrétien "" - 164 pages en format 15 - 22 cm"
Reference : 042092
Très Bon État
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Exemplaire très pur conservé dans sa reliure en vélin souple de l’époque. PLATON. Le Timée de Platon, traittant de la nature du monde, & de l’homme, & de ce qui concerne universellement tant l’ame, que le corps des deux: translaté de Grec en Fraçois, avec l’exposition des lieux plus obscurs & & difficiles. Par Loys le Roy dit Regius. Plutarque de la creation de l’ame, que Platon descrit en son Timee. (Achevé d’imprimer le 23 mars 1581). Paris, Abel l’Angelier, 1581. [Relié avec:] [DU BELLAY, Joachim] / LE ROY, Louis. Le Sympose de Platon, ou de l’amour et de beauté, traduit de Grec en François, avec trois livres de commentaires, extraicts de toute Philosophie & recueillis des meilleurs autheurs tant Grecs que Latins, & autres, par Loys le Roy, dit Regius. Plusieurs passages des meilleurs Poëtes Grecs & Latins, citez aux Commentaires, mis en vers François, par I. du Bellay Angevin. Paris, Abel l’Angelier, 1581. Soit 2 ouvrages reliés en 1 volume in-4 de: I/ ff. 1 à 8, (4) ff. de table, ff. 9 à 159, (1) f. de privilège; II/ (4) ff., 192 ff. avec de nombreuses erreurs de pagination. Quelques figures techniques dans le texte du Timée. Quelques mouillures ou taches dans le premier texte. Relié en plein vélin souple de l’époque, médaillon central frappé or sur les plats, dos lisse orné de roulettes et fleurons dorés, tranches dorées. Reliure de l’époque légèrement fatiguée. 219 x 166 mm.
I/ Seconde édition de la traduction française et du commentaire du Timée de Platon par Louis Le Roy. Graesse, Trésor de livres rares, V, 324. Louis Le Roy fut au seizième siècle avec Amyot l’un des meilleurs traducteurs en France des philosophes grecs, notamment Platon et Aristote. Il suit souvent le texte de la version latine de Marsile Ficin à cause d’un conformisme intellectuel imposé par l’époque, mais sa connaissance du grec était sérieuse et il s’applique à rendre autant les idées du philosophe que le dispositif gracieux de son dialogue. «Louis Le Roy, dit Regius, professeur de grec au Collège royal, a beaucoup contribué à donner à la prose française de l’élégance et de l’harmonie.» (Bibliothèque de Backer, 349). «Cette œuvre a exercé une influence immense sur les doctrines postérieures, néo-platonicienne et chrétienne; de cette dernière surtout le Timée contient en germe certains principes, comme par exemple, le désintéressement de Dieu dans son œuvre de création. On relève aussi quelques géniales anticipations de découvertes scientifiques plus tardives […]. Après avoir dans ses dialogues dialectiques abordé avec une force toujours croissante la doctrine des idées transcendantes, Platon avait donné dans le Philèbe une première construction systématique de sa nouvelle théorie: il proposait une définition du bien, qui n’impliquait plus le détachement socratique du monde sensible, mais une vie mêlée d’intelligence et de plaisir, et aussi une définition de la réalité comme mélange d’illimité et de limité. Ce point de vue ne fait qu’amorcer la doctrine cosmologique développée dans le Timée. A vrai dire, l’influence pythagoricienne est loin d’être la seule qu’on décèle dans cette œuvre majestueuse et hardie, où paraissent confluer tous les courants scientifiques et métaphysiques de la pensée grecque, mais transformés et vivifiés par le génie et par l’art de Platon.» (Dictionnaire des œuvres, VI, 431).II/ Rare seconde édition de cette interprétation française du Banquet de Platon à laquelle Joachim du Bellay a collaboré. Tchemerzine, III, 83 ; Graesse, Trésor de livres rares, 324 ; Brunet, IV, 702. Le mariage du Dauphin de France et de la reine Marie Stuart est célébré le 24 avril 1558 dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette version française du Banquet de Platon par Louis Le Roy fut offerte comme cadeau de mariage au couple royal. L’ouvrage est divisé en 3 livres, adressés respectivement au couple royal, à François de Valois et à Marie Stuart. La seconde partie de l’ouvrage (ff. 177 à 192) contient la seconde edition de la traduction en vers français par Joachim du Bellay de poèmes de Virgile, Horace, Lucrèce, Ovide… « Au verso du titre on trouve un sonnet français et trois distiques latins de J. du Bellay. Les 3 ff. qui suivent contiennent une épître ‘Au Roy-dauphin et à la Royne-dauphine’, en date de Paris, le 24 avril 1558, et l’’Argument du Sympose de Platon’, par L. Le Roy. Une note de Louis Le Roy, parlant des vers grecs et latins cités dans les Commentaires, dit : ‘D’autant que je ne me sentais assez expert en la poësie françoise pour les traduire dignement, j’ay prié le seigneur du Bellay, tresexcellent poëte en latin et en françois, de les translater, lequel, pour l’amytié qui est de longtemps entre nous, a entrepris ceste charge, dont il s’est tant bien acquitté qu’il ne les a seulement traduictz fidelement, gardant la majesté de leurs sentences, qui est fort difficile en vers, mais aussi a représenté les traictz, figures, couleurs et ornemens poëtiques des deux plus belles langues, avec telle dexterité qu’il semble en avoir egallé les uns et surmonté les autres.’ Les fragments traduits sont au nombre de 57. Un passage de l’Art poétique d’Horace (f. 195) est emprunté à la traduction de Jacques Pelletier. » (Picot). « Le savant philosophe Louis Leroy fit cette belle traduction. Le premier livre est dédié au Roy-dauphin et à la Royne-dauphine ; le second livre à François de Valois, roi d’Ecosse et dauphin de France ; le troisième, ‘à très illustre et très vertueuse princesse madame Marie d’Esteuart, royne d’Escosse et dauphine de France. La belle et spirituelle Marie Stuart, dès son arrivée en France, s’était fait aimer des poëtes et des sçavants, qui ne lui furent pas ingrats à l’époque de ses malheurs, malgré la force de l’habitude ». (Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, n°464). L’interprétation du Banquet de Platon par Le Roy devient une véritable apologie du mariage qu’il décrit comme le support fondamental de la procréation et comme le moyen de poursuivre les lignées de sang de la monarchie. Volume « précieux par son intérêt littéraire » (Double, Cabinet d’un curieux, 10). Dans sa lettre Aux lecteurs, Le Roy explique l’importance de la redécouverte des auteurs classiques par la société pour la gloire de la langue et de l’identité françaises. L’édition originale de ce texte fut imprimée en 1558, et rééditée en 1559 avec un titre de relais. Exceptionnel exemplaire à grandes marges conservé dans son beau vélin souple de l’époque, condition d’exception pour les poètes de La Pléiade. OCLC liste 3 exemplaires de cette édition de 1581 : à la Newberry Library, à la University of California et à la University of Mannheim. En France, seules 4 institutions en possèdent un exemplaire. Bel et pur exemplaire réunissant deux textes majeurs du XVIe siècle, de toute fraicheur, grand de marges car conservé dans sa première reliure en vélin souple de l’époque.
De la bibliothèque du Docteur Bernard. Se vend à Paris, chez l’Auteur, 1772. In-12 de (3) ff., 4 planches de portraits royaux, 170 planches de cavaliers numérotées 169, 1 planche avec les noms des couleurs et métaux, (2) ff. de table. Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 158 x 91 mm.
Première édition entièrement aquarellée à l’époque. « Hand-colored engraved title page; two-page engraved « Avertissment »; 170 numbered plates, with no. 140 appearing twice, and 5 unnumbered engraved plates, all hand-colored; 2 engraved leaves of table of contents. Fine and complete copy of an important plate book on French military uniforms « a very beautiful suite, quite-rare complete » (Colas). The plates by the French engraver Littret de Montigny, depict soldiers and cavalrymen from different units of the French military during the reign of Louis XV, each wearing his standard uniform surrounded by his unit’s colors, and each with an engraved caption giving the date of the unit’s establishment and describing its uniform and colors. In addition there are four unnumbered royal portrait plates of Louis XV, Louis Dauphin, Louis Stanislas and Charles Philippe.” Cohen 735 ; Colas 2137 ; Lipperheide (1965) Qk13. « Cet ouvrage est utile & bien exécuté. On peut pas son secours distinguer les uniformes des différents régiments. L’auteur y a joint des notes instructives & a fait représenter par les figures les mouvements de l’exercice, de l’escrime & de l’équitation ». (Mercure de France, 1772). « Très belle suite fort rare complète, elle existe également non coloriée. Montigny est le pseudonyme du graveur C. A Littret ». (Colas, Bibliographie générale du Costume et de la mode). Précieux exemplaire relie en maroquin rouge de l’époque présentant tous les uniformes militaires de la France au XVIIIe siècle : « à commencer par la Maison du Roi jusqu’à la dernière compagnie tant Infanterie que Cavalerie, Troupes légères, Dragons, Hussards et Légions ; les Drapeaux, Etendards et Guidons de chaque Régiment avec la date de leur création… L’Auteur de cet ouvrage désirant le rendre utile et agréable y a joint l’exercice, un extrait de l’escrime et les principaux mouvements Caprioles et Allures du cheval. » Une étiquette apposée sur le titre donne le prix des différents exemplaires disponibles chez l’auteur, en blanc, broché coloré, en veau coloré ou relié en maroquin doré. Livre rare et précieux : un exemplaire modeste, en reliure du XIXe siècle de Chambolle-Duru vient d’être adjugé $ 17 500 le 25 octobre 2019 par Christie’s New York (n°148). Très bel exemplaire provenant de la bibliothèque du Docteur Bernard avec ex-libris et de la Librairie Lardanchet, relié en élégant maroquin rouge de l’époque.
Précieux exemplaire de cette très rare relation de l’expédition Hollandaise aux Indes orientales dans les dernières années du XVIe siècle. Amsterdam, Corneille Nicolas, 1601. In-folio de(1) f., 21, (8) ff. pour l’Appendice, 27 figures gravées dans le texte dont 22 à mi-page. Petite restauration dans le coin supérieur du f. 7 et dans la marge blanche inférieure f. 16 sans atteinte au texte, qq. mouillures marginales sans gravité. Demi-veau fauve à coins, titre en long doré. Reliure vers 1900. 320 x 230 mm.
Très rare première édition française du récit de la seconde expédition hollandaise aux Indes orientales (1598-1600), qui permit aux Hollandais d’établir leur réseau commercial à l’île Maurice, Madura, Célèbes, Ambon, Ternate, Bantam... Brunet, Supp. I, 704; Tiele 786; Alden/ Landis 611/ 68; Adams L1397; Howgego N14; Landwehr, VOC 252, 6. «Précieuse réunion de ces pièces rarissimes, ornées de très curieuses figures sur cuivre [...] Les deux premiers livres sont attribués à Wilhelm Lodewijcksz ou à François de Houtman.» (Chadenat, 6097, à propos de son exemplaire qui réunissait 5 ouvrages dont celui-ci). L’Appendice relié à la suite contient l’un des premiers témoignages des langues parlées dans les contrées visitées, avec un lexique javanais et un de la «langue Malayte,usée par toutes les Indes Orientales et en usage aux Molucques». «Ce second Livre est imprimé en entier dans la cinquième partie des ‘Petits Voyages’ de de Bry. Le Vocabulaire des mots javans et malais, ainsi que le nombre des figures, sont plus considérables dans ce second Livre que dans la cinquième partie des ‘Petits Voyages’». «Outre le mérite de quelques cartes marines dont est enrichie cette relation, elle est très intéressante encore pour le caractère de véracité de son auteur, et par les notions qu’elle procure sur les habitants de plusieurs parties de l’Inde, peu de temps après la découverte de ce pays par les Portugais». (Boucher de la Richarderie, Bibliothèque universelle des voyages, V, p. 10) Jacques-Corneille Neck (1564-1638) prit les commandes de la flotte composée de huit vaisseaux qui quitta le Texel en mars 1598. L’Amiral Warwick était à ses côtés pour le seconder dans cette expédition. Au mois de septembre 1598, ils découvrent et nomment l’Ile Maurice. En novembre de la même année, les vaisseaux arrivent dans la rade de Bantam où ils commercent avec les autochtones. Une partie de la flotte gagne ensuite les îles Moluques, Madura, Java, Célèbes, Madagascar, les îles Banda, Ambon, l’île de Ternate... Ils établissent alors le premier Comptoir de la Compagnie aux Indes Orientales. Les vaisseaux sont de retour à Amsterdam à l’été 1600. Ce voyage mènera à la création, en 1602, de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui sera pendant près de deux siècles l’un des piliers de la puissance du capitalisme et de l’impérialisme néerlandais. Précieux exemplaire de cette très rare relation de l’expédition Hollandaise aux Indes orientales dans les dernières années du XVIe siècle.
Dans ces deux œuvres, Perrault propose une double parabole de sa réflexion sur l’ordre du monde: d’une part sous forme spirituelle avec «Adam» et de l’autre, sous la forme apparemment naïve d’«Histoire ou Contes du Temps passé». Paris, Jean Baptiste Coignard, 1697. In-12 de (5) ff., 93 pp. et (1) p. de privilège, vignette de Coypel gravée par Simonneau en tête de chaque chant, notes manuscrites dans la marge inf. des pp. 2, 4, 5, 8. Plein veau brun granité, dos à nerfs richement orné, pièces de titre de maroquin rouge, coupes décorées, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 162 x 97 mm.
Edition originale la plus rare de Charles Perrault (1628-1703) parue en 1697, simultanément avec les Histoires ou Contes du temps passé et leur faisant pendant. Tchemerzine, V, 177; Conlon, Prélude, 8322. «Edition originale, très rare, de ce poème orné d’une vignette en-tête gravée par C. Simonneau d’après Coypel». (Debacker, 971). Au fil de la querelle des Anciens et des Modernes paraissent les quatre volumes des Parallèles des Anciens et des Modernes (1688 à 1697), où Perrault livre la somme théorique de ses positions en même temps qu’il propose une double parabole de sa réflexion sur l’ordre du monde: d’une part, sous forme spirituelle avec Adam ou la Création de l’homme, sa chute et sa réparation… (1697), et de l’autre sous la forme apparemment naïve des Contes ou Histoires du temps passé (1697). En bon courtisan et sachant l’intérêt que le roi portait aux écrivains de son règne, Perrault y exaltait la supériorité des auteurs modernes sur leurs devanciers. Boileau, Racine et quelques autres gens de lettres d’une solide culture, agacés par cet encens prodigué au souverain et par la faveur et les multiples charges, honorifiques et lucratives, dont bénéficiait Perrault, protestèrent avec ironie ou violence. La «querelle des Anciens et des Modernes» était ouverte, qui devait durer trois longues années. Cette lutte, qui passionna l’opinion, occasionna des discussions, des débats publics et des brouilles innombrables, fut marquée par une floraison d’ouvrages. Perrault débuta par quatre volumes intitulés Parallèle des Anciens et des Modernes, dans lesquels Boileau s’indigna, à juste titre, de voir Quinault mis au-dessus de Racine et le peintre Lebrun au-dessus de Raphaël. Ces contes font de Charles Perrault le créateur d’un genre littéraire, inconnu avant lui. Ecrits pour des enfants, ces récits ont charmé les contemporains et bientôt pris rang de chef-d’œuvre. Est-ce par l’originalité des sujets traités? Nullement! Ces récits, en qui de savants auteurs ont cru voir un reflet des contes d’Orient, comme ils ont rapproché les fées des péris, étaient déjà connus et répétés avec mille variantes par les nourrices à leurs marmots. «Qu’est-ce que ma Mère L’Oye, a écrit Anatole France, sinon notre aïeule à tous, et les aïeules de nos aïeules, femmes au cœur simple, aux bras noueux qui firent leur tâche quotidienne avec une humble grandeur et qui, desséchées par l’âge, n’ayant comme les cigales ni chair ni sang, devisaient encore au coin de l’âtre, sous la poutre enfumée et tenaient à tous les marmots de la maisonnée ces longs discours qui leur faisaient voir mille choses?» Ces «longs discours», d’autres, avant Perrault, avaient en vain tenté de les fixer. Notre grand conteur y a réussi. Il leur a donné leur forme concise, classique, définitive, celle d’une œuvre d’art. Une scène de la rue, un mur blanc, un morceau de charbon sont, depuis la plus haute Antiquité, les éléments de tous les graffiti, mais qu’un Callot ou qu’un Forain saisisse le charbon et l’œuvre d’art surgit! Quand La Fontaine avait écrit ces vers prophétiques: Si Peau-d’Ane m’était conté, J’y prendrais un plaisir extrême. Le monde est vieux, dit-on: je le crois; Cependant, Il le faut amuser encor comme un enfant! il y mettait une nuance d’ironie. Il marquait nettement que le conte n’était pas encore entré dans notre littérature. Il n’aurait plus osé écrire ces vers après Perrault, car on vit surgir alors une floraison, presque soudaine, de contes dus, non plus à des nourrices, mais à la fine fleur des dames de la cour et de la ville. Perrault est le chef d’école dont, deux siècles plus tard, Meilhac et Halévy (Barbe-bleue), Théodore de Banville (Riquet à la houppe), Armand Silvestre (Grisélidis) et d’autres s’inspireront pour en tirer des spectacles en prose ou en vers. En l’année 1697, Charles Perrault (1625-1703) livre ses deux plus rares éditions originales: Adam et Histoires ou Contes du temps passé. Dans ces deux œuvres, Perrault propose une double parabole de sa réflexion sur l’ordre du monde: d’une part sous forme spirituelle avec «Adam» et de l’autre, sous la forme apparemment naïve d’Histoire ou Contes du Temps passé. Superbe exemplaire à grandes marges conservé dans sa pure reliure de l’époque.
« Ces annales sont un des documents historiques les plus précieux que l’on possède. » Montauban, chez Jerosme Legier, et se vend à Paris, chez Claide-Jean-Baptiste Herissant, s.d. [1752]. In-12 de (8) ff., 556 pp., (1) f. Veau brun, filet à froid autour des plats, dos à nerfs orné de fleurons dorés, coupes décorées, tranches mouchetées. Reliure de l’époque. 162 x 91 mm.
Édition originale de ces annales retraçant le récit de la création à Québec du premier hôpital par les Hospitalières de Dieppe sous les auspices de la duchesse d’Aiguillon, nièce du cardinal de Richelieu. Barbier, II, 686. Chassés de la Nouvelle-France après la chute de Québec aux mains des frères Kirke en 1629, les Jésuites y retournent trois ans plus tard après que le Traité de Saint-Germain-en-Laye (1632) ait rendu à la France sa colonie et, pour un temps, « l’Église canadienne sera missionnaire », avec à sa tête le père Paul Le Jeune. C’est lui qui, en 1634, exprime le besoin d’un hôpital pour soigner les autochtones et les quelques colons qui s’y trouvent. C’est en pensant surtout aux autochtones que le père Le Jeune demandait la venue à Québec de religieuses hospitalières. « S’il y avait ici un Hopital il y aurait tous les malades du pays, & tous les vieillards, pour les hommes nous les secourerons, selon nos forces, mais pour les femmes il ne nous est pas bien seant de les recevoir en nos maisons», écrit-il. L’institution souhaitée était en effet moins destinée aux Français qu’aux autochtones, « sujets à de grandes maladies, et qui n’avaient aucun moyen d’adoucir la misère dont ils étaient accablez surtout dans leur extreme vieillesse». « L’élan mystique qui traverse la France dans les premières décennies du XVIIe siècle coïncide avec le mouvement colonisateur » et il n’est pas étonnant que plusieurs religieuses d’ordres et monastères manifestent un vif intérêt pour le projet du jésuite. Toutefois, les conditions matérielles pour l’établissement de religieuses et l’aménagement d’un monastère-hôpital à Québec sont à toutes fins utiles inexistantes. Le père Le Jeune lance alors nouvel appel mais cette fois il s’adresse aux personnes « capables de supporter financièrement l’entreprise ». La réponse est venue de la cour de France. La duchesse d'Aiguillon, mariée à 16 ans au marquis de Combalet, selon la volonté de son oncle, le cardinal de Richelieu, devient veuve à 18 ans ; elle ne se remarie pas et emploie presque toute sa fortune à soulager les pauvres et à fonder des établissements de charité. À 31 ans seulement, elle est déjà très engagée à ces fins. Elle est notamment la principale fondatrice du grand hôpital de Paris, rappelle l’historien Henri-Raymond Casgrain. Sous la conduite spirituelle de saint Vincent de Paul, promoteur et initiateur de nombreuses œuvres de charité et marquée par sa lecture des Relations des Jésuites, notamment celle de 1635 du Père Le Jeune, la duchesse prend conscience de l’importance des missions canadiennes dans l’histoire de l’Église. En 1636 en effet, la duchesse d’Aiguillon « se résolut de fonder à ses dépens un Hôtel-Dieu ». Et, pour réaliser cet ambitieux projet, elle choisit de faire appel aux Religieuses Hospitalières de l’Ordre de Saint-Augustin, dites alors Filles de la Miséricorde, installées au monastère de Dieppe. « Le Cardinal de Richelieu, son oncle, voulut entrer dans la bonne œuvre, & jusqu’à leur mort ils eurent l’un et l’autre une affection singulière pour cette maison, ils donnerent quinze cent livres de revenu au capital de 20000 liv. à prendre sur les coches et carosses de Soissons qui leur appartenoient, le contrat fut passé le 16 août 1637. ». Le Dr Yves Morin décrit la « jonction des quatre facteurs » qui ont amené la duchesse à exécuter son œuvre : « (…) l’esprit de charité de la duchesse, son influence à la cour par le biais de son oncle, le cardinal Richelieu, sa connaissance de la Nouvelle France grâce aux Jésuites et le rôle essentiel de l'Hôtel-Dieu de Dieppe, un des établissements prééminents en France ». En avril 1639, le roi Louis XIII accorde des lettres patentes pour l’établissement de l’hôpital et mentionne explicitement les motifs religieux de la duchesse. Il y aura aussi un second contrat en 1640 où ces mêmes motifs seront énoncés. Dans sa lettre à Marie Guenet de Saint-Ignace, première supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec, la veille du départ pour Québec des trois Augustines, la duchesse d’Aiguillon écrit clairement que l’Hôtel-Dieu devra être « dédié à la mort et au précieux Sang du fils de dieu répandu pour faire miséricorde à tous les hommes et pour lui demander qu'il l’applique sur l’âme de Monseigneur le Cardinal Duc de richelieu, et celle de Madame la Duchesse Daiguillon et pour tout ce pauvre peuple…». La duchesse obtient de la Compagnie des Cent-Associés une concession de sept arpents dans l’enclos où on avait commencé à bâtir Québec et un fief de soixante arpents dans la banlieue, entre Cap-Rouge et le coteau Sainte-Geneviève, ce terrain qu’on avait désigné sous le nom de Sainte-Marie. Les mères Anne Le Cointre de Saint-Bernard (28 ans), Marie Forestier de Saint-Bonaventure-de-Jésus (22 ans) et Marie Guenet de Saint-Ignace (29 ans), qui deviendra la première supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec, quittent familles et amis, et leur monastère de Dieppe, établi depuis 1285, le 4 mai 1639, à destination de Québec. « De 1739 à 1779, Latour publia une imposante somme de sermons, panégyriques, discours dogmatiques, mémoires liturgiques, canoniques et autres. En quittant le Canada, il avait emporté une copie manuscrite des ‘Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec’ rédigées par Jeanne-Françoise Juchereau de La Ferté, dite de Saint-Ignace. Il fit paraître ce texte en 1752 à Montauban, sous le titre d’’Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec’ ». « Dans ses notes bibliographiques touchant les sources de sa propre « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », Montréal, éd. C. O. Beauchemin & Fils, tome 4, p. 11, l’historien Henri-Raymond Casgrain écrit à propos de l’« Histoire de l'Hotel-Dieu de Québec », par la mère Juchereau de Saint-Ignace : « Cette Histoire a été écrite d'après les renseignements de la mère (Marie Guenet) de Saint-Ignace et rédigée par la mère de Sainte-Hélène. Une copie de ces annales ayant été fournie à M. de La Tour, doyen du chapitre de Québec, qui retourna en France en 1731, il prit sur lui de les faire imprimer à l'insu de la communauté de Québec. Cette impression se fit sans beaucoup de soin, et il s'est glissé dans l’ouvrage un grand nombre de fautes typographiques. Heureusement qu'on possède encore à l'Hôtel-Dieu la copie originale de la main même de la mère (Marie-André Duplessis) de Sainte-Hélène, et signée par la mère (Marie-André Duplessis) de Sainte-Hélène, et signée par la mère Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace. CES ANNALES SONT UN DES DOCUMENTS HISTORIQUES LES PLUS PRECIEUX QUE L’ON POSSEDE. » Le texte de Jeanne-Françoise Jucheron a été réédité à Québec par Dom Albert Jamet en 1939 sous le titre de « Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716 » ». Précieux exemplaire de ce rare canadiana conservé dans sa reliure de l’époque.