À Lausanne, chez Marc Chapuis, 1764, in-12, XXII-264 pp, Basane havane de l'époque, dos lisse et fleuronné, pièce de titre rouge, tranches rouges, Nouvelle édition de ce grand classique de Tissot sur le sujet, paru à l'origine en latin en 1758, en annexe d'un traité sur les fièvres bilieuses (Dissertatio de febribus biliosis, Lausanne, 1758). La première version française, considérablement amplifiée, a paru en 1760. Le célèbre praticien de Lausanne analyse les symptômes, les causes et les remèdes (ceux des autres médecins et les siens propres), ainsi que les maladies analogues : les pollutions nocturnes et la gonorrhée simple. Tissot invoque la théorie des humeurs pour expliquer les maladies venant de la masturbation : elles tiennent au fait que la semence est "l'huile essentielle des liqueurs animales", indispensable au "jeu des organes" et si elle se trouve en quantité insuffisante, elle ne remplit plus son rôle de stimulus sur la digestion, la coction, la transpiration ; les "évacuations ne se font plus comme il faut". Un cortège de maux apparait : force, mémoire et entendement diminuent, la vue s'obscurcit, les urines se font sanglantes, etc. Tissot (1728-1797) fit ses études à Montpellier, où il fut reçu docteur en 1749. Il s'établit à Lausanne où il pratiqua la médecine jusqu'à sa mort. Sa gloire s'étendait dans toute l'Europe. Son intérêt pour le problème de la masturbation lui vint de la fameuse rencontre avec l'horloger masturbateur, qu'il rapporte dans la première partie de l'ouvrage (p. 32 et suiv. de la présente édition) : un jeune homme, D***, s'adonne à la masturbation quotidienne depuis l'âge de 17 ans, tant et si bien qu'il se trouve dans un état qui lui fait craindre la mort ; chaque éjaculation lui cause une grande douleur et des pertes de connaissance. Tissot se rend à son chevet : "Je trouvais moins un être vivant qu'un cadavre gisant sur la paille, maigre, pâle, sale, répandant une odeur infecte, presqu'incapable d'aucun mouvement. Il perdoit souvent par le nez un sang pâle & aqueux, une bave lui sortoit continuellement de la bouche ; attaqué de la diarrhée, il rendoit ses excréments dans son lit sans s'en appercevoir ; le flux de semence était continuel (...) Être bien au-dessous de la brute, spectacle dont on ne peut pas concevoir l'horreur, l'on avoit peine à reconnoître qu'il avoit appartenu autrefois à l'espèce humaine". Malgré ses soins, le patient meurt quelques jours après, "oedémateux par tout le corps". Ce cas terrible restera célèbre et sera donné dans nombre de traités contre la masturbation. Reliure usée, mais de bonne tenue. Petites déchirures, sans manque, quelques feuillets brunis. Blake, p. 453. Stenger, Van Neck, Histoire d'une grande peur : la masturbation. Éditions de l'université de Bruxelles, 1984. Couverture rigide
Reference : 87793
Bon XXII-264 pp.
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