Paris, E. Dentu, 1857 [et 1860], in-8, XIV pp, [1] ff. bl, 282-[2] pp. ; et 29-[2] pp. pour les Recherches sur les bruits du souffle.., demi-basane bleu nuit de l'époque, dos lisse et fileté, Édition originale de ce livre publié par Eugène Huzar (1820-1890), auteur de la toute première philosophie du catastrophisme technologique. Cet ouvrage extrêmement rare fait suite à un livre au titre significatif, La fin du monde par la science (1855). Dans ces écrits, l'auteur développe la thèse d'une apocalypse technologique et environnementale, qui serait la conséquence du décalage entre les capacités techniques et et les capacités de prévision. Ses travaux, qui furent des succès de librairie et qui reçurent les éloges de la presse de l'époque, sont curieusement tombés dans l'oubli, jusqu'à leur redécouverte actuelle. La pensée d'Huzar s'inscrit dans l'héritage "technocritique", qui remonte au Siècle des Lumières et à la première Révolution industrielle ; elle présente cependant une originalité propre et un caractère visionnaire stupéfiant. C'est en effet la première critique progressiste du progrès : Huzar n'est pas un décliniste, au contraire ; il admire la science. La question qu'il pose, et qui fait toute sa singularité, est celle du dysfonctionnement des lois de la nature et des catastrophes liées à l'intervention de l'homme sur son environnement : les conséquences du progrès ne traduisent non pas la maîtrise technique de la nature, mais bien au contraire, sa perte (Fressoz). Les chemins de fer, les bateaux vapeur et les usines produiront des milliards de mètres cubes de dioxyde et d'oxyde de carbone, qui troubleront l'harmonie du monde, puisque les forêts auront disparu ; l'espèce humaine ira vers sa dégénérescence à cause de la vaccination ; etc. "Tout mal appelle après lui un remède" : Huzar pense ainsi qu'il est possible de mettre en place des moyens palliatifs pour retarder l'apocalypse finale, notamment la création d'une "édilité planétaire", qui aurait son siège dans une grande ville du monde, et qui se chargerait de régler le travail humain. "(...) chaque fois qu'une nation voudra entreprendre une de ces tentatives audacieuses qui peuvent troubler l'harmonie du monde, elle devra s'adresser aux édiles, qui pourront lui donner ou lui refuser l'autorisation, car ils seront là pour veiller à la conservation de l'harmonie du globe. La nation qui enfreindrait l'ordre des édiles serait mise au ban des nations comme s'étant rendue coupable du crime de lèse-humanité" (L'arbre de la science, p. 275). Huzar fut une sorte de touche-à-tout fortuné, issu de la bourgeoisie catholique parisienne : il a reçu une formation de juriste et s'est également intéressé à la médecine. On lui doit notamment un petit mémoire sur les bruits du souffle du coeur, qui a été relié ici à la suite de l'Arbre de la science. Les débats actuels sur l'effondrement environnemental et sociétal remettent ses travaux à l'honneur ; La fin du monde par la science a notamment fait l'objet d'une édition critique parue en 2008 (Paris, Ère). D'une certaine manière, les écrits d'Huzar préfigurent la collapsologie récente. Bon exemplaire de cet ouvrage rarissime : seuls quatre exemplaires en bibliothèques publiques sont connus. Quelques épidermures au dos, coins légèrement abîmés. Intérieur frais. Jean-Baptiste Fressoz, "Introduction à L'arbre de la science d'Eugène Huzar (1857)". Socio-anthropologie [En ligne], 28 | 2013, mis en ligne le 23 septembre 2015, consulté le 29 janvier 2020. Jean-Noël Jeanneney. La fin du monde par la science : genèse d'une angoisse. Concordance des temps. France Culture, 14/11/2015. 59 minutes. Couverture rigide
Reference : 77660
Bon XIV pp., [1] ff. bl., 282-[2]
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