Bruxelles, le 2 avril 1828, in-4, 4 pp. [205 x 250 mm], trace de cachet à la cire, cachet postal en date du 4 avril 1828 et cachets postaux de la poste de Bruxelles, Très intéressante lettre qui témoigne des échanges entre deux pères de la statistique sociale, Benoiston de Chateauneuf (1776-1856) et Adolphe Quetelet (1796-1874). "J'ai reçu avec infiniment de reconnaissance votre ouvrage sur la colonisation de condamnés que vous avez bien voulu m'adresser (...) Votre travail ne pouvait m'arriver plus à propos, je m'occupe en ce moment de recherches sur les tribunaux pour lesquelles [sic] notre gouvernement a bien voulu faire mettre à ma disposition tous les documens du ministère de la justice (...) je me ferai un véritable plaisir de pouvoir vous offrir de mon côté les documens que j'aurai pu recueillir. Comme ce travail a été demandé par notre Roi, et qu'il contiendra sur les loteries et sur les lenteurs des tribunaux des observations qu'on ne désirera peut-être pas de voir rendre publiques, je ne sais si je le ferai imprimer en entier, les documens que l'on m'a confiés étant encore secrets (...) P.S. Je vous prierais, Monsieur, de vouloir bien me rappeler au souvenir de M. Poisson chez qui j'ai eu l'honneur de me rencontrer avec vous, il y a 5 ans (...)" La correspondance entre Benoiston de Châteauneuf et Quetelet est bien attestée ; en 1928, Collart faisait état de 10 lettres échangées entre les deux savants entre 1823, date où ils se rencontrent à Paris, et 1853. Ces lettres sont inscrites en 1964 dans l'Inventaire de la correspondance d'Adolphe Quetelet déposée à l'Académie royale de Belgique, dressé par Liliane Wellens-de Donder (n° 351). Notre lettre, par le ton qu'emploie l'auteur, démontre entièrement l'importance qu'il accordait aux travaux de Benoiston de Châteauneuf. En outre, elle confirme nos connaissances des sources qu'utilisait Quetelet, qui faisait rarement état de ses références, et elle évoque le séjour qu'il fit à Paris, au cours duquel il fréquenta la société savante du temps. Enfin, il mentionne l'éventualité d'une publication ; celle-ci sera finalement imprimée à l'issue d'une lecture devant l'Académie Royale de Belgique le 6 décembre 1828 (Recherches statistiques sur le Royaume des Pays-Bas. Bruxelles, impr. Hayez, 1829), et dans laquelle Quetelet précisera, en introduction : "Ce Mémoire dont les principaux documens ont été puisés à des sources très-authentiques, n'était pas destiné d'abord à être rendu public. S.M. le Roi des Pays-Bas, ayant bien voulu depuis m'autoriser à le livrer à l'impression, je le présente ici comme faisant suite à quelques essais sur la statistique que j'ai déjà publiés précédemment. Je crois devoir faire mention de cette circonstance, qui n'est pas étrangère à la la confiance que peut mériter mon travail." En 1828, à date de rédaction de la lettre, Quetelet en est au début de ses recherches dans le domaine des statistiques sociales ; auparavant, en 1827, il avait publié des Recherches sur la population [...] les prisons, les dépôts de mendicité, etc... dans le Royaume des Pays-Bas (Bruxelles 1827), qui seront suivies, en 1828, de Recherches statistiques citées plus haut, puis de Recherches sur le penchant au crime aux différents âges (1832) et encore de son mémoire sur la Physique sociale en 1835. Ses travaux aboutiront en 1841 à la création du premier bureau statistique gouvernemental au monde, la Commission Centrale de Statistique. Pour plusieurs raisons, Quetelet est considéré comme le père de la statistique moderne, en premier lieu grâce à sa méthode d'étude, qui permet l'application de la statistique aux phénomènes humains au moyen de rapprochements et de comparaisons, puis au moyen de la représentation des résultats au travers de courbes et de formules mathématiques. Il fut le premier à joindre l'étude des faits humains pour eux-mêmes et l'utilisation systématique Couverture rigide
Reference : 65415
Bon 4 pp. [205 x 250 mm]
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