Versailles. Chez l'auteur. 1964. 2 cahiers de 10 pages (un avec le texte en anglais ; l'autre avec le texte en français) et 8 pages de figures et diagrammes. Chemise imprimée. E.O. Peu fréquent. Bon état.
Reference : 9365
Professeur d'anglais (Agrégé de l'Université) au Lycée Hoche de Versailles, Pierre Henrion se voua avec beaucoup d'effort et d'obstination à prouver que Shakespeare n'était qu'un prête-nom de Francis Bacon." Ses lettres, volumineuses, contenaient les publications à compte d'auteur qu'il multipliait pour prouver que Shakespeare était un prête-nom de Bacon. Les miennes, minces, étaient d'un adolescent étonné qui relançait l'interlocuteur pour en savoir davantage. Il avait entrepris le décryptage de Shakespeare, et en particulier des Sonnets. Persuadé que les typographes de l'époque n'avaient rien laissé au hasard, il traçait des diagonales sur les éditions originales du Barde et trouvait, alignées, les lettres des noms Bacon et Francis, et divers messages subliminaux destinés à dévoiler aux explorateurs à venir la supercherie sur l'auteur. Il repérait toujours des alignements. Le contraire aurait été surprenant. Quand il en trouvait trop peu pour que la preuve soit écrasante, je crois me rappeler qu'il tordait un peu ses lignes pour qu'elles passent sur les lettres dont il avait besoin. Mais qui lui en aurait tenu rigueur ? Tout le monde sait que l'espace est courbe. C'était clair dans son esprit : Shakespeare n'avait été qu'un histrion de dernier ordre, ou un technicien inculte, un transporteur de tréteaux. Son nom, Shakes-pear ou Shake-spear, ne pouvait désigner qu'un secoueur de poires ou de javelots. Et ainsi de suite, pour tout ce qui touchait le Barde. Les portraits : des faux, composés à la manière débile d'Arcimboldo. La signature : un faux, puisqu'il était évidemment illettré. Je ne comprenais pas pourquoi il tenait tant à prouver que Bacon était Shakespeare, mais ses décryptages géométriques trouvaient en moi le terrain le plus favorable. Plutôt que le but de l'aventure, c'était le moyen qui me passionnait. Cependant, Henrion m'envoyait brochure sur brochure, calculs sur calculs, de plus en plus tirés par les cheveux, accompagnés de lettres guerrières qui disaient la victoire imminente. Les objections ne l'atteignaient plus. Monomane, sourd comme un pot, il avait quelque chose du Courtial de " Mort à crédit ". [] Si je le rencontrais aujourd'hui, je lui expliquerais qu'il m'a porté à penser, de bonne heure, qu'avec un peu d'habileté et de temps à perdre, on peut faire dire n'importe quoi à n'importe quoi. (Jean-Pierre Issenhuth, article dans la revue " Liberté ", volume 36, numéro 4, août 1994, pp. 150-152).Le Professeur Henrion s'est aussi occupé du cas de Jonathan Swift.
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