1976 Paris, Fayard, 1976. Un volume in-8 broché, couverture illustrée, 616 pages. Bon état.
Reference : 4708
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Paris, 1855. Leipzig, chez Wolfgang Gerhard [Typographie de L. Schnauss] 13 tomes reliés en 6 volumes petits in-12 (14 x 10 cm) de 162, 166, 147, 171-(1), 164, 160, 160, 160, 164, 160, 160, 160 et 154-(6) pages. Collationné complet. Reliure demi-basane maroquinée bleue nuit, dos lisses ornés de filets dorés en guise de faux-nerfs, auteur, titre et tomaisons dorés, plats de papier marbré. Reliures homogènes, décoratives et solides. Quelques légers frottements, intérieurs frais en dépit de rousseurs et brunissures du papier localisées essentiellement aux premiers et derniers feuillets. Bon papier pour l'ensemble de la série. Très rare édition non autorisée ou préfaçon publiée à Leipzig très peu de temps après le lancement de l'édition française en volumes à Paris par Lecou (1854-1855, 20 volumes in-8). La plupart des bibliophiles peuvent abandonner l'idée de trouver à bon compte et en belle condition d'époque la très rare édition originale publiée entre 1854 et 1855 en 20 volumes in-8 à Paris chez Lecou. L'édition primitive et la seule que l'on rencontre assez souvent, elle celle donnée l'année suivante (1856) en 10 volumes in-18 par Michel Lévy frères. Le texte d'Histoire de ma vie avait été publié en feuilleton dans La Presse entre le 5 octobre 1854 et le 17 août 1855 (138 numéros). L'édition dont nous donnons ici le descriptif est une édition non autorisée (clandestine ou contrefaçon pourrait convenir) dont l'histoire et le détail mérite d'être donné, tant pour sa rareté avérée que pour ses particularités bibliographiques. Voici quelques éléments qui permettent de situer dans le temps ce tirage spécial de Leipzig. On trouve dans notre exemplaire, et ce uniquement à partir du quatrième tome, un timbre encré circulaire portant mention "SAECHS. FRANZOES. VERTRAG. 1856" qui signifie : traité conclu entre la Saxe et la France. Ce cachet signifie que les volumes sur lesquels il est apposé ont été soumis aux stipulations du traité conclu en 1856 entre la Saxe et la France sur la propriété littéraire. Ce traité a été promulgué le 14 juin 1856. En résumé il s'agit d'un traité qui protège l'un et l'autre pays, France et Saxe, contre les contrefaçons (éditions non autorisées) et ce de manière bilatérale. A cette époque, Leipzig, comme d'autres villes d'Europe (Bruxelles notamment), est un véritable centre de la contrefaçon en matière d'édition des auteurs, français notamment. Plutôt que de détruire les éditions lancées sur la marché avant le printemps 1856, il a été décidé de faire un inventaire complet des fonds des libraires de Leipzig et des autres villes de Saxe afin de recenser ces éditions non autorisées. Plutôt que de les détruire (au détriment des libraires et imprimeurs locaux) il a été décidé de faire apposer systématiquement ce cachet encré, stigmatisant ainsi de manière claire et nette tout volume publié sans l'accord de l'auteur. Les exemplaires non revêtus de ce timbre encré étaient passibles de confiscation et de destruction tant chez les imprimeurs et libraires-éditeurs. De ceci découlait une taxation à l'importation sur le sol français (20 francs pour 100 kg pour les livres et brochures). Tout finit toujours par s'acheter ... y compris les droits d'auteurs ... au kilo ! De ce fait, les exemplaires de cette édition (dont nous ne savons pas le chiffre du tirage) ont dû être assez peu répandus sur le sol français. Sans doute même de très nombreux exemplaires, non revêtus du timbre encré, ont-ils été détruits par l'administration française. Tous ces éléments font que cette série, complète en 13 tomes, est devenue fort rare. Il fait maintenant nous arrêter au contenu de ces 13 tomes. Nous avons comparé minutieusement le détail des chapitres entre l'édition définitive de 1876 (la dernière revue par l'auteur), l'édition originale de 1855 en 20 volumes in-8 (Lecou) et notre édition de 1855 (Leipzig). Il s'avère que plusieurs différences notables sont à signaler. Le découpage des parties est différent (pour s'adapter matériellement au format de l'édition de Leipzig, en 13 volumes contre 20 volumes pour l'originale). Par ailleurs, on constate dans l'édition de Leipzig (1855) la suppression du chapitre VI (première partie), chapitre consacré au Maréchal de Saxe (ce n'est sans doute pas un hasard si ce chapitre a été supprimé de cette édition ... de Saxe). Il faut remarquer ensuite, chapitres après chapitres, de nombreuses suppressions de paragraphes (notamment et plus particulièrement aux chapitres VII, VIII, IX, X, XI, XII, et plusieurs autres. Ces suppressions sont-elles dues à une auto-censure de l'éditeur de Leipzig ou bien un allègement du texte (pour gagner du volume ...) concernant des chapitres jugés "non essentiels". L'affaire serait à creuser et mérite toute l'attention des bibliographes à naître. Quoi qu'il en soit, il en résulte que cette édition de Leipzig présente donc un texte allégé de plusieurs chapitres et paragraphes. Difficile d'imaginer que George Sand n'ait pas eu vent de cette édition "pirate" venue de Saxe. Qu'en a-t-elle pensé ? écrit ? dit ? Peut-être sa correspondance en fait-elle mention ? Nous n'avons rien trouvé à ce sujet. Nous avons trouvé trace d'une édition de Berlin (F. Schneider, [ca 1855], 20 tomes - CCfr, B.M. Rennes, cote HP 4604/1-20), et une autre aussi à Leipzig (chez Auguste Schnee) en 11 vol. in-16 donnée comme la pré-façon (pré-originale de l'édition Lecou). Ces trois éditions de Leipzig et Berlin, trois préfaçons, montrent assez l'engouement pour ce texte dès sa publication dans La Presse. Histoire de ma vie n'est pas une biographie linéaire. C'est un choix de morceaux de la vie de George Sand. Les premiers volumes sont tout entiers consacrés à l’ascendance de bonne dame de Nohant. Sa famille, ses relations, ses émotions, sa jeunesse. Il faut d'ailleurs attendre longtemps au fil des pages avant même d'avoir la naissance de l'auteur de la Mare au diable. Les derniers volumes contiennent l'histoire de George Sand écrivain, du milieu littéraire dans lequel elle a évolué. Rédigée à partir de 1847, cette Histoire de ma vie sera reprise et abandonnée cent fois jusqu'à sa publication en 1854-1855. Ses relations avec Balzac, Sainte-Beuve, Delacroix, etc., sont l'occasion de récits vifs, enjoués et naturels. George Sand a placé en exergue de ces volumes les vers suivants : "Charité envers les autres ; Dignité envers soi-même ; Sincérité devant Dieu." On regrettera simplement que sa sincérité devant Dieu ne lui ait pas permis (autorisé) de publier quelques belles pages de ses amours tumultueuses (charité envers les autres ou dignité envers soi-même ?). "Lorsqu’en 1847 George Sand, qui a déjà fait paraître ses plus grands romans, entreprend à quarante-trois ans son Histoire de ma vie, elle définit ainsi son futur livre : « C’est une série de souvenirs, de professions de foi et de méditations dans un cadre dont les détails auront quelque poésie et beaucoup de simplicité. Ce ne sera pourtant pas toute ma vie que je révélerai. » Son modèle n’est pas Rousseau, ni d’ailleurs les Mémoires d’outre-tombe qui vont commencer à être publiés et où elle voit trop de pose et de drapé. Son ambition n’est pas d’inscrire sa vie dans le mouvement de l’Histoire, mais d’offrir le récit d’une existence de femme et d’écrivain qui côtoie rapidement Balzac et Sainte-Beuve, l’abbé de Lamennais et le socialiste Pierre Leroux – et bien sûr Musset et Chopin. [...] si d’autres femmes, avant Sand, ont écrit des mémoires, la singularité de son Histoire de ma vie est qu’on y découvre pour la première fois le récit de formation d’une jeune fille qui a voulu être artiste – mais un récit sans égotisme parce que au miroir de sa propre existence elle désire que se retrouvent tous les autres enfants du siècle : « Ecoutez ; ma vie, c'est la vôtre. »" (Brigitte Diaz, Histoire de ma vie, édition Classiques, Le Livre de Poche, 2004). Sauf erreur de notre part, aucun exemplaire de cette préfaçon (Leipzig, Wolfgang Gerhard, 1855) ne se trouve répertorié au Catalogue Collectif des Bibliothèques de France (CCfr). Ce morceau d'histoire de sa vie est un texte majeur de la littérature intimiste du XIXe siècle. Très rare édition. Bel exemplaire en agréable condition d'époque.
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Victor Lecou, Paris 1854, 13,9x22,2cm, 20 volumes reliés.
Edition originale, très rare et recherchée, de l'une des plus importantes oeuvres autobiographiques de l'histoire de la littérature française, chef-d'oeuvre de George Sand. Reliures en demi veau fauve, dos à quatre nerfs sertis de guirlandes dorées ornés de filets dorés et noirs, frises dorées en têtes et en queues des dos, plats de papier marbré, couvertures et dos conservés pour chacun des volumes, élégantes reliures pastiches. Une habile restauration de papier à la page 209 du premier volume, une petite déchirure marginale sans manque à la page 241 du cinquième tome, un cahier roussi en marge dans le douzième volume, premier plat de couverture restauré dans le tome 16 ainsi que quelques taches marginales en fin de ce même volume. Provenance : de la bibliothèque Pierre Boutellier avec son ex-libris encollé sur un contreplat du premier volume. Précieux envoi autographe signé de George Sand sur la page de faux-titre du premier volume, à son plus grand ami [François] Rollinat, intime de Nohant et père du poète Maurice Rollinat, prénommé comme le fils de George. Agréable et rarissime exemplaire, de surcroît enrichi d'un envoi autographe signé de George Sand, quasi exempt de toute rousseur et établi dans une reliure uniforme pastiche romantique. Quelques taches marginales sans atteinte au texte. «Notre amitié, c'est l'infini. Tout le reste c'est le temps, la terre, et la vie humaine.» Celui qu'elle surnommait affectueusement Pylade, n'est pas un des meilleurs amis de George Sand, il est, comme elle l'écrira plus tard à Flaubert, « [son] double en cette vie». L'amitié exceptionnelle qui l'unit à François Rollinat inspira à George Sand quelques unes des plus belles pages d'Histoire de ma vie, réunies sous le titre, «Mon chapitre de l'amitié moins beau mais aussi senti que celui de Montaigne» qui occupe les pages 211 à 246 du tome 16 de l'édition originale. Quelques volumes plus tard, elle justifiera cette longue mais exceptionnelle mise en exergue de son discret ami : «Je ne compte pas entretenir le public de tous mes amis. Un chapitre consacré à chacun d'eux, outre qu'il blesserait la timidité modeste de certaines natures éprises de recueillement et d'obscurité, n'aurait d'intérêt que pour moi et pour un fort petit nombre de lecteurs. Si j'ai parlé beaucoup de Rollinat, c'est parce que cette amitié type a été pour moi l'occasion de dresser mon humble autel à une religion de l'âme que chacun de nous porte plus ou moins pure en soi-même.» «Je sus l'apprécier à première vue, et c'est par là que j'ai été digne d'une amitié que je place au nombre des plus précieuses bénédictions de ma destinée. Outre les motifs d'estime et de respect que j'avais pour ce caractère éprouvé par tant d'abnégation et de simplicité dans l'héroïsme domestique, une sympathie particulière, une douce entente d'idées, une conformité, ou, pour mieux dire, une similitude extraordinaire d'appréciation de toutes choses, nous révélèrent l'un à l'autre ce que nous avions rêvé de l'amitié parfaite, un sentiment à part de tous les autres sentiments humains par sa sainteté et sa sérénité. Il est bien rare qu'entre un homme et une femme, quelque pensée plus vive que ne le comporte le lien fraternel ne vienne jeter quelque trouble, et souvent l'amitié fidèle d'un homme mûr n'est pour nous que la générosité d'une passion vaincue dans le passé. (...) Quant à Rollinat, il n'est pas le seul de mes amis qui m'ait fait, du premier jour jusqu'à celui-ci, l'honneur de ne voir en moi qu'un frère. Je leur ai toujours avoué à tous que j'avais pour lui une sorte de préférence inexplicable. D'autres m'ont, autant que lui, respectée dans leur esprit et servie de leur dévouement, d'autres que le lien des souvenirs d'enfance devrait pourtant me rendre plus précieux: ils ne me le sont pas moins; mais c'est parce que je n'ai pas ce lien avec Rollinat, c'est parce que notre amitié n'a que vingt-cinq ans de date, que je dois la considérer comme plus fondée sur le choix que sur l'habitude. C'est d'elle que je me suis souvent plu à dire avec Montaigne: «Si on me presse de dire pourquoy je l'aime,je sens que cela ne se peut exprimer qu'en respondant: Parce que c'est luy, parce que c'est moy. Il y a au-delà de tout mon discours et de ce que j'en puis dire particulièrement, je ne sçay quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être veus et par des rapports que nous oyïons l'un de l'autre qui faisoient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports. Et à notre première rencontre, nous nous trouvâmes si pris, si cognus, si obligez entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Ayant si tard commencé, nostre intelligence n'avoit point à perdre tems et n'avoit à se reigler au patron des amitiés régulières auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation.» (...) J'étais pourtant blessée au cur du mépris que mon cher Montaigne faisait de mon sexe quand il disait: «À dire vray, la suffisance ordinaire des femmes n'est pas pour respondre à cette conférence et communication nourrisse de cette sainte cousture: ny leur âme ne semble assez ferme pour soustenir restreinte d'un nud si pressé et si durable.» (...) Que la femme soit différente de l'homme, que le cur et l'esprit aient un sexe, je n'en doute pas. Le contraire fera toujours exception même en supposant que notre éducation fasse les progrès nécessaires (je ne la voudrais pas semblable à celle des hommes), la femme sera toujours plus artiste et plus poète dans sa vie, l'homme le sera toujours plus dans son uvre. Mais cette différence, essentielle pour l'harmonie des choses et pour les charmes les plus élevés de l'amour, doit-elle constituer une infériorité morale? (...) J'allais donc nourrissant le rêve des mâles vertus auxquelles les femmes peuvent s'élever, et à toute heure j'interrogeais mon âme avec unenaïve curiosité pour savoir si elle avait la puissance de son aspiration, et si la droiture, le désintéressement, la discrétion, la persévérance dans le travail, toutes les forces enfin que l'homme s'attribue exclusivement étaient interdites en pratique à un cur qui en acceptait ardemment et passionnément le précepte. Je ne me sentais ni perfide, ni vaine, ni bavarde, ni paresseuse, et je me demandais pourquoi Montaigne ne m'eût pas aimée et respectée à l'égal d'un frère, à l'égal de son cher de la Béotie. En méditant aussi ce passage sur l'absorption rêvée par lui, mais par lui déclarée impossible, de l'être tout entier dans l'amor amicitiæ, entre l'homme et la femme, je crus avec lui longtemps que les transports et les jalousies de l'amour étaient inconciliables avec la divine sérénité de l'amitié, et, à l'époque où j'ai connu Rollinat, je cherchais l'amitié sans l'amour comme un refuge et un sanctuaire où je pusse oublier l'existence de toute affection orageuse et navrante. De douces et fraternelles amitiés m'entouraient déjà de sollicitudes et de dévouements dont je ne méconnaissais pas le prix: mais, par une combinaison sans doute fortuite de circonstances, aucun de mes anciens amis, homme ou femme, n'était précisément d'âge à me bien connaître et à me bien comprendre, les uns pour être trop jeunes, les autres pour être trop vieux. Rollinat, plus jeune que moi de quelques années, ne setrouva pas différent de moi pour cela. Une fatigue extrême de la vie l'avait déjà placé à un point de vue de désespérance, tandis qu'un enthousiasme invincible pour l'idéal le conservait vivant et agité sous le poids de la résignation absolue aux choses extérieures. Le contraste de cette vie intense, brûlant sous la glace, ou plutôt sous sa propre cendre, répondait à ma propre situation, et nous fûmes étonnés de n'avoir qu'à regarder chacun en soi-même pour nous connaître à l'état philosophique. Les habitudes de la vie étaient autres à la surface; mais il y avait une ressemblance d'organisation qui rendit notre mutuel commerce aussi facile dès l'abord que s'il eût été fondé sur l'habitude: même manie d'analyse, même scrupule de jugement allant jusqu'à l'indécision, même besoin de la notion du souverain bien, même absence de la plupart des passions et des appétits qui gouvernent ou accidentent la vie de la plupart des hommes; par conséquent, même rêverie incessante, mêmes accablements profonds, mêmes gaîtés soudaines, même innocence de cur, même incapacité d'ambition, mêmes paresses princières de la fantaisie aux moments dont les autres profitent pour mener à bien leur gloire et leur fortune, même satisfaction triomphante à l'idée de se croiser les bras devant toute chose réputée sérieuse qui nous paraissait frivole et en dehors des devoirs admis par nous comme sérieux; enfin mêmes qualitésou mêmes défauts, mêmes sommeils et mêmes réveils de la volonté. Le devoir nous a jetés cependant tout entiers dans le travail, pieds et poings liés, et nous y sommes restés avec une persistance invincible, cloués par ces devoirs acceptés sans discussion. D'autres caractères, plus brillants et plus actifs en apparence, m'ont souvent prêché le courage. Rollinat ne m'a jamais prêché que d'exemple, sans se douter même de la valeur et de l'effet de cet exemple. Avec lui et pour lui, je fis le code de la véritable et saine amitié, d'une amitié à la Montaigne, toute de choix, d'élection et de perfection. Cela ressembla d'abord à une convention romanesque, et cela a duré vingt-cinq ans, sans que lasainte cousturedes âmes se soit relâchée un seul instant, sans qu'un doute ait effleuré la foi absolue que nous avons l'un dans l'autre, sans qu'une exigence, une préoccupation personnelle ait rappelé à l'un ou à l'autre qu'il était un être à part, une existence différente de l'âme unique en deux personnes. D'autres attachements ont pris cependant la vie tout entière de chacun de nous, des affections plus complètes, en égard aux lois de la vie réelle, mais qui n'ont rien ôté à l'union tout immatérielle de nos curs. Rien dans cette union paisible et pour ainsi dire paradisiaque ne pouvait rendre jalouses ou inquiètes les âmesassociées à notre existence plus intime. L'être que l'un de nous préférait à tous les autres devenait aussitôt cher et sacré à l'autre, et sa plus douce société. Enfin, cette amitié est restée digne des plus beaux romans de la chevalerie. Bien qu'elle n'ait jamais rienposé; elle en a, elle en aura toujours la grandeur en nous-mêmes, et ce pacte de deux cerveaux enthousiastes a pris toute la consistance d'une certitude religieuse. Fondée sur l'estime, dans le principe, elle a passé dans les entrailles à ce point de n'avoir plus besoin d'estime mutuelle, et s'il était possible que l'un de nous deux arrivât à l'aberration de quelque vice ou de quelque crime, il pourrait se dire encore qu'il existe sur la terre une âme pure et saine qui ne se détacherait pas de lui. (...) C'est un droit qu'il faut reconnaître à l'amitié dans les conditions ordinaires de la vie et qu'elle regarde souvent comme un devoir; mais là où ce droit n'a pas été réservé, pas même prévu par une confiance sans limites, là où ce devoir disparaît dans la plénitude d'une foi ardente, là seulement est la grande, l'idéale amitié. Or, j'ai besoin d'idéal. Que ceux qui n'en ont que faire s'en passent. Mais vous qui flottez encore entre la mesure de poésie et de réalité que la sagesse peut admettre, vous pour qui j'écris et à qui j'ai promis de dire des choses utiles, à l'occasion, vous me pardonnerez cette longue digression en faveur de la conclusion qu'elle amène et que voici. Oui, il faut poétiser les beaux sentiments dans son âme et ne pas craindre de les placer trop haut dans sa propre estime. Il ne faut pas confondre tous les besoins de l'âme dans un seul et même appétit de bonheur qui nous rendrait volontiers égoïstes. L'amour idéal...... je n'en ai pas encore parlé, il n'est pas temps encore, l'amour idéal résumerait tous les plus divins sentiments que nous pouvons concevoir, et pourtant il n'ôterait rien à l'amitié idéale. L'amour sera toujours de l'égoïsme à deux, parce qu'il porte avec lui des satisfactions infinies. L'amitié estplus désintéressée, elle partage toutes les peines et non tous les plaisirs. Elle a moins de racines dans la réalité, dans les intérêts, dans les enivrements de la vie. Aussi est-elle plus rare, même à un état très imparfait, que l'amour à quelque état qu'on le prenne. Elle paraît cependant bien répandue, et le nom d'ami est devenu si commun qu'on peut diremes amisen parlant de deux cents personnes. Ce n'est pas une profanation, en ce sens qu'on peut et doit aimer, même particulièrement, tous ceux que l'on connaît bons et estimables. Oui croyez-moi, le cur est assez large pour loger beaucoup d'affections, et plus vous en donnerez de sincères et de dévouées, plus vous le sentirez grandir en force et en chaleur. Sa nature est divine, et plus vous le sentez parfois affaissé et comme mort sous le poids des déceptions, plus l'accablement de sa souffrance atteste sa vie immortelle. N'ayez donc pas peur de ressentir pleinement les élans de la bienveillance et de la sympathie, et de subir les émotions douces ou pénibles des nombreuses sollicitudes qui réclament les esprits généreux; mais n'en vouez pas moins un culte à l'amitié particulière, et ne vous croyez pas dispensé d'avoirun ami, un ami parfait, c'est à dire une personne que vous aimiez assez pour vouloir être parfait vous-même envers elle, une personne qui vous soit sacrée et pour qui vous soyez également sacré. Le grand but que nous devons tous poursuivre,c'est de tuer en nous le grand mal qui nous ronge, la personnalité. Vous verrez bientôt que quand on a réussi à devenir excellent pour quelqu'un, on ne tarde pas à devenir meilleur pour tout le monde, et si vous cherchez l'amour idéal, vous sentirez que l'amitié idéale prépare admirablement le cur à en recevoir le bienfait.» Etat de fraîcheur exceptionnel, provenance extraordinaire, l'un des plus désirables exemplaires d'Histoire de ma vie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Stock, 1949, in-12, 345 pp, préface de Jérôme et Jean Tharaud, reliure demi-basane fauve, dos à 6 larges nerfs, titres dorés, couv. illustrée conservée (rel. de l'époque), bon état
George Sand (1804-1876) avait eu le projet d'écrire ses mémoires dès 1835-1836, mais elle les commença en 1847 et les abandonna un an plus tard. Ce n'est qu'en 1855 qu'elle les reprit pour les achever. Somme méconnue, cet incontestable chef-d'œuvre raconte comment Aurore Dupin est devenue écrivain sous le nom de George Sand. Si la romancière fait parfois preuve de mystérieuses réserves dans la confidence, n'évoquant guère ses amours, elle s'y livre avec beaucoup d'esprit et de liberté. On trouvera reproduits dans ce volume les plus beaux passages de Histoire de ma vie. La plupart se rapportent à son extraordinaire enfance, dominée par la formidable personnalité de sa grand-mère, fille du maréchal de Saxe. La petite Aurore Dupin suit son père, officier des armées de Napoléon, jusqu'à Madrid, en pleine guerre d'Espagne. Puis elle connaît à Nohant, propriété de sa grand-mère dans le Berry, une vie libre, proche de la nature, dont le souvenir habitera ses meilleurs livres. Après quelques années de couvent où la sauvageonne tente de se transformer en jeune fille du monde, c'est le mariage, qui se solde vite par un échec, et le départ pour Paris où George Sand fait ses débuts d'écrivain. Elle y côtoie les plus grands artistes de son époque - Balzac, Sainte-Beuve, Delacroix... Débordant d'humour, de gaieté et du courage tranquille d'une femme qui avait su prendre sa vie à bras-le-corps, Histoire de ma vie décrit le parcours familial et intellectuel d'un des écrivains majeurs du XIXe siècle. Plus qu'une autobiographie véritable, le roman d'une vie et d'une femme d'exception.
DOSSIERS DE L'ARCHEOLOGIE. 1976. In-4. Broché. Bon état, Couv. convenable, Dos satisfaisant, Intérieur frais. 112 pages - nombreuses illustrations en couleurs et en noir et blanc dans et hors texte.. . . . Classification Dewey : 930.1-Archéologie
Sommaire : Pour comprendre les catacombes - plan de situation des catacombes de Rome - quatre siècles d'histoire chrétienne - naissance d'un art chrétien iconographie et histoire - l'orante vie et mort d'une image - les catacombes entre la légende et l'histoire - la catacombe aux deux lauriers cimetière des Saints Pierre et Marcellin - Coemeterium Domitillae le labyrinthe de la vie Ardeatina - la nouvelle catacombe de la vie Latina musée de la peinture du IVe siècle. Classification Dewey : 930.1-Archéologie
Reference : CZC-8845
L'histoire de la vie de Louis de Bourbon, Prince de Condé, est celle d'un personnage clé de l'histoire de France au XVIe siècle. Louis de Bourbon, né le 7 mai 1530 à Vendôme et décédé le 13 mars 1569 à Jarnac, était un membre de la famille royale française et l'une des figures centrales des guerres de religion qui ont secoué le pays à cette époque. Louis de Bourbon était un prince du sang, descendant direct des rois de France. Il était le premier prince de Condé et le chef de la branche cadette de la Maison de Bourbon. Il est souvent considéré comme le fondateur de la dynastie des Condé. Condé s'est distingué sur les champs de bataille en tant que chef militaire protestant pendant les guerres de religion. Il était l'un des principaux chefs huguenots et était connu pour sa bravoure et son habileté tactique. Il a participé à de nombreuses batailles importantes, notamment à Jarnac en 1569, où il a trouvé la mort. L'histoire de la vie de Louis de Bourbon, Prince de Condé, est donc étroitement liée aux conflits religieux et politiques de l'époque. Sa participation aux guerres de religion a eu un impact significatif sur l'histoire de la France et a contribué à façonner les événements qui ont suivi. Complet en 2 tomes en un volume in12, 150x80, relié plein veau époque, frottements et accrocs, solide, bel état intérieur, bien frais, 312, 235pp, sans page de titre au tome I. Cologne, Pierre Marteau, 1694 ref/22