Ed de vecchi 1976 in8. 1976. broché. Bon Etat
Reference : 6775
Livres-sur-sorgue
M. Philippe Arnaiz
04 90 26 49 32
Conformes aux usages de la librairie ancienne et moderne. Les prix sont nets auxquels il faut ajouter les frais de port. Nous acceptons la carte bancaire. LE PORT EST UNIQUE : 10.00 € PAR COMMANDE ( SUIVI )POUR LA FRANCE 15€ (livres et brochures) POUR L'ETRANGER , L' ENVOI EST RAPIDE , PAIEMENT : CB , CHEQUE , PAYPAL
Flammarion 1980 95 pages 19x13x1cm. 1980. Broché. 95 pages. 16 livres: "La peinture" (voir descriptif complet) dont: Tout Botticelli + Tout Vermeer + Tout Léonard de Vinci + Tout Raphaël + Tout Michel-Ange + Tout Géricault + Tout Greco + Tout Rubens (1622-1640) + Tout + Tout Rembrandt (1640-1669) + Tout Rubens (1597-1622) + Tout Gauguin (1890-1903) + Tout Toulouse Lautrec (18778-1890) + Tout Manet (1853-1873) + Tout Degas (1880-1908) + Tout Van Gogh (1888-1890) + Tout Toulouse Lautrec (1891-1901 ----- abondante illustrations en noir et blanc et en couleurs
Bon à très bon état de conservation circa 1980
94 cartes et LAS, auxquelles nous joignons quelques photos et quelques lettres postérieures. Belle correspondance personnelle adressée aux deux frères Charlemagne et Jean Bart par leur frère Léo Bart, du 4 janvier 1915 au 21 août 1917, adressée à Jean Bart, matelot mécanicien à la Caserne Eblé au Havre, puis marin à l’Arsenal de Cherbourg, puis embarqué à bord du sous-marin Denis-Papin. Remarquable correspondance, car non soumise à la censure militaire, d’environ 94 lettres et cartes, auxquelles nous joignons quelques photos personnelles des protagonistes.La première lettre est datée du 29 septembre 1914 de Nomain Andignies, adressée des parents Bart à leur « Cher Fils », dont ils ont appris qu’il était blessé mais peu gravement. Ils racontent le passage des allemands, la fuite des habitants de Nomains vers Douai, « et les allemands sont restés pendant 15 jours à Orchies pour préparer leurs mauvais coups il y a eu des anglais qui sont venus les dénicher alors ils sont partis pour Valenciennes [ etc… ] depuis le 24 août nous n’avons plus de courrier nous sommes obligés de faire porter nos lettres à Lille. Nous avons été tranquille jusque le 24 septembre la nous avons eu un combat à Archies les français ont pris 3 auto et dans un fossé on a trouvé un officier tué avec un ordre dans la poche que l’on devait incendier Orchies à 7 heures du soir [… ] et le lendemain ils ont mis le fin à tout Orchies [ …] A l’heur ou je t’écrit on vient de nous dire qu’il y a des Hulans qui viennent reconnaître le terrain et ce matin nous avons vu deux aéroplanes une allemande et une française qui lui a fait la chasse [etc…] ». Il s’agit de l’unique lettre de l’ensemble provenant des parents de Jean Bart, Nomain ayant ensuite été occupée par les allemands.Un frère (manifestement Léo Bart) écrit le 7 décembre 1914 « je ne travaille plus pour l’armée depuis 8 jours car en général tous les patrons parisiens se figurent que parce que nous sommes des réfugiés nous devons subir toutes leurs humiliations et faire des bassesses. J’ai fait 3 boutiques depuis mon arrivée à Paris, et je rentre demain dans la 4e comme contremaître [… ] Je me suis fait inscrire pour passer le conseil mais j’ai bien stipulé « automobiliste » mais c’est une ressource car je ferai tout ce qu’il m’est possible de faire pour me faire réformer de nouveau et si je ne puis l’être au conseil j’aurai au moins la chance de l’être en arrivant au corps ».[ … ] je suis ici avec l’oncle de Germaine, le directeur de chez Thiriez. [ … ] Il a envoyé un télégramme à Germazine « par la voie d’un consul de Hollande » [… ] « tout ce que l’on sait c’est que les Allemands ont tout organisés comme s’ils étaient chez eux à Roubaix ils ont rouvert les écoles, il font marcher les usines en autres la maison Thiriez ». Il évoque la guerre qui va durer au moins l’hiver, s’inquiète de son frère : « Et ton bras, comment va-t-il ? Fais bien attention de ne plus retourner à cette orgie sanguinaire et si les mouvements de ton bras ne sont plus complets ils ne pourront certainement pas de renvoyer au feu si tu sais te débrouiller, maintenant si à force d’insister on voulait te réformer ne te laisse surtout pas réformer n°2 il faut te faire réformer n°1 c’est-à-dire avec pension car il ne faut pas que tous ces messieurs c’en tire à si bon compte [ … ] Maintenant je voudrais bien savoir l’état exact de ton bras, car je crois que tu ne me dis pas toute la vérité [ …] ». Il lui conseille de se faire inscrire comme décolleteur.Suivent deux autres CP datées du 20 puis du 28 décembre 1914. On y apprend que leur frère Charlemagne, blessé, est à Périgueux, et que lui-même, Léo, a dû abandonner côté allemand sa femme et sa fille…Le même écrit le 4 janvier 1915 (1914 par erreur sur la lettre) à Jean, depuis le Grand Hôtel du Pont du Cher, à Saint-Florent, et l’informe qu’il s’y trouve « non comme soldat, mais comme militarisé pour monter une usine pour la fabrication des gaines d’obus. Je suis ici dans un sale patelin et on s’y fait crever à travailer je t’assure que je préfèrerais être sur le front ». Il est sans nouvelles de sa femme et de sa petite-fille, restées à Loos. Le 12 février 1915, il s’inquiète pour son frère « il paraît que chaque fois que tu sors du bois et te rends malade ce n’est pas digne d’un jeune homme tel que toi, que dirais-je moi qui ait laissé ma femme et ma petite-fille à Loos », [ …], « prends patience un grand coup se prépare et avant 1 mois soit persuadé que tous ces bandits seront chassés de chez nous ». Le 9 juin 1915, automobiliste dans le secteur Postal 63, il lui reproche d’avoir fait « de la caisse ». Il sait bien que l’on souhaiterait savoir ce qui se passe sur le front ; leur frère Charlemagne « pourrait te raconter bien des choses, mais la guerre du mois d’août dernier n’était pas celle que l’on fait en ce moment. Je puis t’en causer car ce matin encore je suis allé à 1500 mètres des tranchées boches et je t’assure que ça barde quand tu vois des chevaux coupés en deux par des éclats d’obus il faut pas demander quand cela arrive dans groupe d’hommes [ …] ». Les 11 et 15 mars 1915, Léo Bart écrit à Jean, sur papier à en-tête de l’Hôtel franco-russe à Paris. Il est désormais automobiliste et compte « monter sur le front avec une auto-mitrailleuse ou une auto-canon ou auto-projecteur. Je te conseillerai de faire une demande pour être versé comme moi au 13ème Artillerie comme automobiliste car on en demande beaucoup » [ … ] Charlemagne me dit que tu désires aller voir comment ça se passe sur le front, ne fait jamais cette bêtise là moi j’en reviens j’y ai passé 8 jours et je t’assure que ce n’est pas amusant ». Le 17 mars, Léo lui envoie une des lettres les plus émouvantes : « Je reviens du front où j’ai fait des convois de chevaux et maintenant je suis automobiliste mais malheureusement je crois que je vais repartir bientôt comme auto-mitrailleur. Enfin si jamais j’y laissai ma peau je compte sur toi pour aller voir Germaine et l’embrasser pour moi. Surtout ne dit jamais que c’est moi qui ai demandé à partir, tu me le jureras dans ta prochaine lettre [ souligné six fois !] car je le regrette amèrement ». […] « Ne te fais pas de mousse pour moi, je ne suis pas encore parti et tu sais que je suis débrouillard ». Suivent six missives plus brèves adressées à Jean et Charlemagne (lequel est arrivé au centre des Convalescents de La Force en Dordogne). Léo est désormais au service du courrier.Le 17 juillet 1915, Léo écrit qu’il lui est « arrivé une sale blague, nous étions en train de discuter dans la cour de chez nous quand arriva le lieutenant un copain cria 22, ce lieutenant a peut-être cru que c’était moi qui avait crié et depuis 8 jours je suis sur les épines [ … ] figure toi que le fautif est parti en permission, mais je dois te dire que ce lieutenant est du Midi et soit certain qu’il ne doit pas gober les gens du Nord, et il n’est pas sans savoir que les Gars du Nord détestent les mauvais soldats du Midi. Mais vois-tu la Guerre finira un jour et il faut espérer qu’on les houspillera un peu car ils n’ont rien à souffrir ils sont les bienvenus dans les hautes sphères, ils sont en communication avec les leurs enfin ils ont tou pour être heureux tandis que nous, il nous manque tout cela et non content d’être ainsi favorisé ces salauds là rient de notre malheur et nous tourne en risées [… ] Lorsque j’ai demandé ma permission pour Bergerac au bureau ont ma demandé si c’était pour aller voir Cyrano, j’aurai bien pu leur répondre que s’ils étaient un peu moins fénéants et un peu plus patriotes nous pourrions faire comme eux aller embrasser les nôtres [ … ] ».Le 19 septembre il expose la manière de correspondre avec Lille (« l’enveloppe ne doit pas être cacheté et ne pas parler de la guerre »). Le 20 septembre, Léo annonce avoir reçu des nouvelles de sa femme et de sa fille. Le 22 octobre (à Charlemagne et Jean, tous deux à Cherbourg) : « hier ont a demandé des volontaires pour la Serbie, et je vous prie de croire que si je n’avais pas femme et enfant je me serai fait inscrire car j’en ai assez de vivre au milieu de tous ces salauds là. Qu’est-ce que c’est que la guerre pour eux, ce n’est rien au contraire ils font de l’automobile toute la journée, ils ont de l’argent plein leurs poches, ils font venir leurs femmes quand ils veulent. Tu vois que ces gens là voudraient bien que la guerre dure éternellement [ …] Maintenant dans notre secteur c’est plus calme depuis quelques jours les boches attaquent plus à l’Ouest du côté de Reims mais ils ramassent la purge [ … ] ces vaches là tiennent bon quand même et quand on fait des prisonniers c’est parce qu’ils sont prix par les tirs de barrages qui empêchent les vivres d’arriver sans cela il se font tuer jusqu’au dernier même étant prisonnier ils nous engueulent encore ».Le 1er novembre 1915 puis le 6 novembre, Léo écrit, précisant que « si je t’envoie un lettre par un civil, c’est pour ne pas que ma lettre passe à la censure militaire et farceur que tu es tu mets sur ton adresse pour remettre à un militaire farceur va enfin ça y est tout est arrivé à bon port [ … ] » Dans les lettres suivantes (novembre et décembre ), il essaie d’envisager la réunion des 3 frères à Cherbourg, mais avec prudence, car les mensonger exposent aux enquêtes de gendarmerie.Le 21 janvier 1916, il indique avoir reçu une photo de sa femme dont il est resté marqué, « elle fait pitié tellement elle a maigri ».Le 20 février 1916, il s’inquiète de ne plus recevoir de nouvelles. Il a appris par son oncle que l’explosion du dépôt de munition de la Porte des postes a causé des dégâts considérables, « tout le quartier de Moulins-Lille est rasé il y a 600 immeubles de démolis, 2000 victimes civiles et 300 soldats boches, tout cela demande confirmation bien entendu mais c’est le bruit qui coure ».Le 1er avril 1916 il écrit : « nous sommes de nouveau au repos et tu as dû lire la citation de tous les automobilistes du front de Verdun ». Le 19 mai 1916 il écrit (Motocycliste 551 T. M. Convois auto B.C.M. Paris) : « Pour le moment nous sommes très surmenés avec cette sacrée bataille de Verdun qui n’en fini pas, qui est très fatiguant pour nous car il faut marcher jour et nuit pour le transport des munitions ».Nous ne détaillons pas l’intégralité de la correspondance. En juillet 1916, il raconte que des « nuées d’avions sillonnent continuellement le ciel nuit et jour et les boches ne peuvent plus monter leurs saucisses car on les abat aussitôt ». Le 216 octobre 1916 il évoque un tuyau de l’Intendance anglaise prétendant que Lille sera repris pour la fin du mois. « Contrairement à ce que je t’avais dit, au lieu d’aller dans l’infanterie, c’est pour les tracteurs d’artillerie, ou dans les « Tancks » (crème-de-menthe ») et on relèvera jusqu’à la classe 1902. En novembre « j’ai bien peut d’être expédié à Salonique, car en ce moment c’est une vraie pétaudière ». La dernière lettre du temps de guerre date du 21 août 1917
Passionnant ensemble, à analyser en profondeur. Prix de l'ensemble, non séparable.
Lot de 10 L.A.S. montées ensemble sur onglet par le destinataire Gustave Lévy, dont 7 Lettres autographes signée de François Deloncle et de 3 longues lettres autographes signées de Joseph Deloncle, adressées à et réunies par Gustave Lévy dont : 1 L.A.S. de Joseph Deloncle datée de Mayotte, 2 juillet 1889 : "A Diego Suarez je n'ai pas trouvé traces de passage de votre protégé" [ ... ] "Enfin notre campagne décline et il n'est que temps. J'en reviendrai complètement dégoutté de mon métir, ayant désappris le peu que m'avait donné mon service dans les ports et surtout mes relations avec M. Meslant. Au dégoût vient s'ajouter encore le découragement. Notre corps est mort, et il faudrait un rude coup pour le relever, l'avancement y est presque nul, aucunes compensations n'est offerte aux ennuis et aux difficultés d'un métier des plus mesquins" [ ... ] "Allons, j'entame mon antienne et vous allez me dire "Voilà Joseph qui me la refait à la Jérémie" [ ... ] Nous allons et venons tout le temps : juif errant de la côte malgache, le B. B. est partout, bien chez les Mahafales dans la baie Saint Augustin au Sud de Madagascar, aujourd'hui dans les Comores, hier arrêtant par sa formidable apparence les sauvages guerriers de sa Majesté Tompoumane de la baie St Augustin, aujourd'hui bombardant la Grande Comore où le féroce Ashimou avait élevé l'étendard de la révolte [ ... ] "Nous revenons des Comores où un sultan s'était déclaré indépendant ; il avait refusé de reconnaître l'autorité des princes que nous avions nommé, et les autres Comores menaçaient de se révolter en face de notre faiblesse. Enfin on a autorisé le concours de la force en présence des échecs diplomatiques et nous sommes allés protéger son Altesse Saïd Ali à coups de canons, victoire, triomphe, rentrée pittoresque dans la capitale. Le Saïd ali au milieu d'une multitude de gens de race arabe qui nous acclament, lancent des fantasias avec des cris à rendre sourd tout un décor d'opéra comique [ ... ] Puis nomination dans l'ordre peu connu - mais très estimé - de l'Etoile des Comores. Votre serviteur est chevalier et nous avons tous eu un sabre pris sur l'ennemi. En avant la musique !!! Tout cela aide à passer le temps et ici il faut le tuer deux fois. [ ... ] Et puis nous avions Papinaud, le tonnelier député, gouverneur Papenaud, qui a force de faire des tonneaux est devenu un foudre de guerre tout à fait réjouissant. Il voulait tout brrrûler, couper toutes es têtes, et envoyer des personnes en Calédonie, "un pays peuplé de sauvages, qui mangent les blancs, mon bon, et les prréfèrrent aux noirs encore, eh ! oui !" Quel beau Tartarin ! Brave homme, finaud comme un paysan, prometteur comme un Roumestan, et incapable de faire du mal à une mouche [ ... ] "Il est énergique, et au lieu de retenir notre commandant ce qui eut été dans l'ordre des choses, c'était lui qu'il fallait retenir" [ ... ] "je crois qu'on en ferait difficilement un ambassadeur mais comme gouverneur de Mayotte, il est très bien" [ ... ] / 1 LAS de Joseph Deloncle datée d'Obock, le 7 novembre 1891 : [ ... ]Pour moi, je continue à être content de mon sort ; ma femme et les bébés votn bien et j'ai pu faire quelque chose pendant mon intérim. On m'a un peu traité d'emballé, mais j'ai la conscience d'avoir noué avec les abyssins des rapports utiles et peu me chaut que cela ennuie l'Italie" [... ] "Mon chef M. Lagarde est un homme charmant, bien élevé, auquel je suis sincèrement dévoué, il ne me lâchera pas et je lui crois le bras long. Puis j'ai l'inspection dans deux ans" [ ... ] / 1 LAS de Joseph Deloncle datée d'Obock, le 17 mai 1892
Remarquable ensemble de lettres des frères Deloncle adressées à leur ami Gustave Lévy, dont 2 remarquables lettres de Joseph (qui fut un temps gouverneur intérimaire à Obock), dans lequel il évoque ses pérégrinations à Madagascar, ses "succès militaires" lors des événements de la Grande Comore en 1889, ses contacts avec les Abyssins lors de son séjour à Obock.
S.n., s.l. 17 août 1780, 10x16cm, 2 pages sur un feuillet.
| «Qu'on punisse tant qu'on voudra, mais qu'on ne me tue pas: je ne l'ai pas mérité [...] Ah! si l'on pouvait lire au fond de mon cur, voir tout ce qu'elle y opère cette conduite-là, je crois qu'on renoncerait à l'employer!» |<br>* Lettre autographe du Marquis de Sade adressée à sa femme. Un feuillet recto verso rédigé d'une écriture fine et serrée. Elle porte en tête la date partielle «ce jeudi 17». Deux infimes traces de pliures. La fin de la lettre a été mutilée à l'époque, probablement par l'administration carcérale qui détruisait les passages licencieux de la correspondance du Marquis. Ainsi, quelques mois plus tard, en mars 1781 sa femme lui écrit : « Tu devrais bien, mon tendre ami, réformer ton style pour que tes lettres puissent me parvenir dans leur entier. Si tu dis des vérités, cela offense, aigrit contre toi.Si tu dis des faussetés, on dit : voilà un homme incorrigible, toujours avec la même tête qui fermente, ingrat, faux, etc. Dans tous les cas, ton style ne peut que te nuire. Ainsi réforme-le.». La lettre été retrouvée telle quelle lors de l'ouverture en 1948 de la malle du Marquis conservée scellée par la famille depuis 1814 et est publiée sous cette forme amputée dans la correspondance du Marquis de Sade. Provenance : archives de la famille. Cette lettre a été rédigée le 17 août 1780,durant l'incarcération du Marquis à la prison de Vincennes. Suite à une énième altercation avec son geôlier, les promenades lui sont interdites depuis le 27 juin et ne lui seront rendues que le 9 mars de l'année suivante. La suppression des sorties affecte très fortement la santé physique et mentale du Marquis qui ne cesse de réclamer à Renée-Pélagie leur rapide rétablissement: «Je vous demande avec la plus vive instance de me faire prendre l'air: je n'y peux plus absolument tenir.» Les souffrances engendrées par ces privations sont prétexte à la mise en place d'une mécanique de culpabilité et de chantage avec sa femme: «Voilà trois jours que j'ai eu des étourdissements affreux, avec le sang qui me porte à la tête à un tel point que je ne sais comment je ne suis pas tombé sur le carreau. Quelqu'un de ces jours, on m'y trouvera mort, et vous en serez responsable, après vous avoir averti comme je le fais et vous avoir demandé les secours dont j'ai besoin pour y obvier.» Le Marquis fait ici intentionnellement jouer la corde sensible de Renée-Pélagie, mettant à rude épreuve ses valeurs chrétiennes et lui assignant le rôle de grande inquisitrice: «Vous pouvez me faire accorder ce que je demande, tout en conservant à votre signal la même force». On observe, comme dans la lettre de Tancrède, une nouvelle apparition du «signal», qui recouvre ici une toute autre sémantique encore. Composante essentielle de la pensée carcérale du Marquis, ce langage codé comme les interprétations fantasmées des lettres de ses correspondants, alimentent les hypothèses des chercheurs, philosophes, mathématiciens... et poètes biographes. Ainsi Gilbert Lely estime que, loin d'être le symptôme d'une psychose, le recours aux signaux est une «réaction de défense de son psychisme, une lutte inconsciente contre le désespoir où sa raison aurait pu sombrer, sans le secours d'un tel dérivatif». Absentes de la correspondance durant ses onze années de liberté, ces strates sémantiques sibyllines, «véritable défi à la perspicacité sémiologique» (Lever p.637), réapparaitront dans son journal de Charenton. Cette lettre est d'ailleurs l'occasion pour le Marquis de déployer son panel rhétorique, faisant s'affronter au sein d'une même phrase les antonymes sadiques. «Plaisir» rime ainsi avec «abominable», «cimetière» et «jardin» se superposent, «je souffre» se conjugue comme «je jouis» et la «douceur» côtoie la «noirceur». La pratique maîtrisée de cet exercice d'éloquence épouse le fond de la pensée sadienne: la souffrance et le plaisir sont intimement mêlés, simultanément subis, infligés et désirés. On entrevoit au travers de ces associations le manichéisme perméable de la pensée philosophique du Marquis, qui atteint son paroxysme à la fin de la lettre, parfaitement perceptible en dépit de son amputation: «Oui je conçois le mal, et je conçois qu'on le fasse; c'est une perversité de l'homme inévitable à sa nature; mais je ne conçois que, quand quelque plaisir...». Or le statut de martyr du Marquis est une véritable mise à l'épreuve de la philosophie de Sade qui légitime la souffrance d'autrui au nom d'une jouissance égoïste. En réalité, malgré la «méchanceté noire» du «sublime arrangement» qu'il subit, Sade loin de renier sa philosophie en l'éprouvant, ne réclame pas une part de plaisir indue, mais la simple considération d'un «besoin extrême». «Bien loin de demander des plaisirs», le prisonnier justifie au contraire, par une longue argumentation l'absence de satisfaction attendue : «On n'a qu'à m'accorder qu'une demi-heure et seulement trois ou quatre fois par semaine, aussi longtemps que j'aurais dû être sans en avoir, et je vous proteste que je compterai tout ce temps-là, c'est-à-dire depuis l'époque où elles m'ont été ôtées, et tout le temps qu'elles me le seront accordées qu'une demi-heure, que je compterai, dis-je, tout cet intervalle-là comme n'ayant pas dû y aller du tout.» Aussi, cette démonstration alambiquée est-elle capitale pour comprendre la psychologie du Marquis. Sous le joug de ses geôliers - et de sa femme - il se constitue victime consentante, ne réclamant que «les secours» élémentaires: «Soyez bien sûre que je ne demande qu'absolument ce qui m'est nécessaire, et que je souffre mille fois plus d'être obligé de demander que je ne jouis de ce qu'on m'accorde». La lettre dévoile ainsi une composante aussi essentielle que méconnue de la personnalité du Marquis. Il ne se contente pas- à l'instar des personnages sadiques de ses romans - d'être l'instigateur du vice, mais endosse tout aussi bien la position de la victime à laquelle ne doit être accordée que le droit - et les moyens - de vivre: «Qu'on punisse tant qu'on voudra, mais qu'on ne me tue pas: je ne l'ai pas mérité.» Cette réclamation est à mettre en parallèle avec ses romans à venir, dans lesquels les personnages vulnérables, victimes des tortures les plus inqualifiables, connaissent toujours un bref moment de répit durant lequel leurs bourreaux suspendent leur châtiment. Ces interruptions prennent la forme d'entractes philosophiques, au cours desquels les tortionnaires se font les porte étendards des idées sadiennes. Ce n'est donc pas le Sade persécuteur mais bien un captif blessé qui puisera au cur de sa souffrance carcérale pour fomenter les châtiments des 120 journées de Sodome, comme en témoigne cette fantastique confession prémonitoire: «Ah! si l'on pouvait lire au fond de mon cur, voir tout ce qu'elle y opère cette conduite-là, je crois qu'on renoncerait à l'employer!» - Photos sur www.Edition-originale.com -
WALCKENAER, Baron Charles Athanase [ Homme Politique ; Historien ; Géographe ] ; DENTU, Gabriel-André [ Imprimeur ; Editeur ]
Reference : 44282
(1811)
34 pp. manuscrites rédigées par Walckenaer, 2 pp. par Dentu et 2 pp. d'un auteur inconnu (nom indéchiffrable) Descriptif complet fourni sur demande : 1 L.A.S. du Libraire Gabriel Dentu datée du 29 Avril 1811, 2 pp. [copie par lui-même ou projet de lettre adressées à l'Empereur Napoléon Ier ] "Sire, Permettez à l'un de vos sujets de réclamer votre attention sur une affaire d'un genre tout à fait nouveau dans la République des Lettres. Le nommé Malte-Brun, Danois, accueilli en France, n'a reconnu cette hospitalité qu'en insultant les Savans français et en les dépouillant des fruits de leurs travaux. J'ai réuni dans le petit ouvrage que je remets à Votre Majesté les preuves irrécusables des nombreux plagiats de cet étranger. Je demande à votre Majesté qu'elle veuille bien lui donner l'ordre que je puisse répondre aux attaques de cet homme, dans le Journal de l'Empire. Je saisis cette occasion pour remettre à votre Majesté un exemplaire d'une nouvelle édition des Poésies d'Officier : c'est le Chantre des Braves" ... "Agréez, Sire, les sentimens respectueux du plus fidèle et du plus dévoué de vos Sujets". / 1 L.A. par Walckenaer datée du 29 Mai 1811, 2 pp. avec adresse de Dentu Libraire, rue du Pont de Lodi n°3 : "J'irai voir Mr. de Vandebourg, c'est un homme aimable et franc que j'aime beaucoup, un véritable littérateur". ... "J'espère peu de M. Guizot - voici pourquoi : il est l'entrepreneur d'une Journal d'éducation qui commence, il a besoin du Journal des Débats. Voilà la cause de la résistance que vous éprouvez dans M. Etienne. ... Mais c'est égal, réimprimez votre brochure et répandez là, elle fera tête à tous les journaux et les discréditera parce que les journaux des départements et les journaux étrangers seront pour vous. ... Il est vrai que pour faire tranquillement ma Turquie je pense à aller passer sept ou huit jours à la campagne... " / 1 L.A. par Walckenaer adressée à Monsieur Dentu, s.d., 2 pp. : "Vous êtes un étourdi et je vous renvoye encore la copie de l'Empire Birman que vous aviez pris hier. Il y a plus de trois semaines que je vous ai observé qu'il y avait une lacune. C'est probablement les feuillets moeurs langues que Mr. Langles aura gardé" ... "Je suis désolé de l'affaire de St **** une gazette aussi ridicule et un rédacteur qui l'est autant ne peut que relever votre ennemi et vous faire du tort, ainsi qu'à votre cause. Malte Brun sera enchanté de telles attaques et fera de jolies plaisanteries. Je crois à toutes les bontés du ministre pour vous excepter à celle de vous ouvrir une seule fois [ souligné ] le Journal de l'Empire, voilà bien pourquoi je me garderai bien de perdre mon tems à préparer une réponse. ... Qu'on nous ouvre seulement tous les autres journaux pour réponses, répliques et répliques de répliques ... sera beaucoup". / 1 document de 6 pp. manuscrites par Walckenaer, s.d. intitulé : "Suite du tableau des nouveaux plagiats de Malte-Brun". Document divisé en deux colonnes opposant le T. 3 du "Précis de la Géographie Universelle de Malte-Brun" au T. 5 de la traduction française de Pinkerton dans l'édition de 1804. Walckenaer y relève notamment un passage de Malte-Brun le mettant lui-même en cause pour une traduction trop ingénieuse et il commente en regard : "tout cela paraît bien curieux à imprimer". / Importante L.A. de 2 pp. et 2 lignes par Walckenaer, s.d. : "Etant aussi peu aidé que vous l'êtes par les journaux, il n'y a pas de doutes que votre brochure ne sera pas assez répandue" ... "Non seulement votre idée pour l'Empereur est bonne mais vous devriez faire une pétition au Grand Maître de l'Université pour obtenir un règlement qui exclut les écoles des livres où le plagiat est ainsi aussi évidemment constaté. Au ministre de la Police pour qu'il écrive aux Journaux de ne pas faire l'éloge de pareils livres" ... "Au Ministre de la Justice et à la Commission du Sénat pour la liberté de la Presse pour solliciter une loi à ce sujet"... "N'oubliez pas d'en envoyer à Biquet deux exempl. Tous ceux qui aiment la géographie vont chez lui. Envoyez en aussi à Monsieur le Comte Estève, à M. Daru et au Grand Chambellan qui a le département de la Bibliothèque dans la maison de l'Empereur. N'oubliez pas le Prince Berthier et sa soeur qui demeure rue Royale n° 3. Envoyez en aussi à De Wailly les autres proviseurs et les chefs de maison d'éducation à Paris. / 1 document autographe de 6 pp. par Walckenaer, s.d. intitulé : "Projet de pétition pour le Ministre de la Police". "Excellence, un des plus grands bienfaits de votre ministère est de prévenir, de punir, et d'arrêter les délits ténébreux que les lois n'ont point prévues. Qu'il me soit dont permis de dénoncer à votre Excellence un brigandage auquel elle peut seule mettre un terme..." ... "Voici les faits : Le Sieur Malte-Brun, danois, depuis six ans copie des pages et des volumes entiers d'un ouvrage que j'ai acquis et que j'ai payé. Il en a fait d'anciens ouvrages qu'il a vendu à un librairie nommé Tardieu. Il en a composé encore très rapidement et très facilement un nouvel ouvrage qu'il a vendu au Sieur Buisson. Ces fragments de livres réimprimés dans un ordre différent sont vantés dans le Journal de l'Empire et dans tous les autres journaux. L'ouvrage original au contraire, qui a été payé par moi très cher est critiqué presque tous les jours avec acharnement et ceux qui y ont travaillé sont non seulement critiqués mais même mentionnés avec des termes injurieux et méprisants. Et cependant, ce sont des Membres de l'Institut et d'autres gens de lettres aussi recommandables par leur moralité que par leurs talents". ... "Je suis ruiné pour avoir été utile à mon pays en dénonçant des délits également nuisibles à la gloire nationale..." ... "Je demande donc à Votre Excellence justice pour le passé et protection pour l'avenir". / 1 document autographe de 4 pp. par Walckenaer, s.d., [ Brouillon de lettre à Son Excellence le Duc de Rovigo, Ministre de la Police Générale ] / 1 document autographe de 4 pp. in-4 par Walckenaer : [ brouillon de lettre à une Excellence anonyme, peut-être Charles-Guillaume Etienne, Censeur général de la Police et Rédacteur du Journal de l'Empire : "Voilà ce que j'ai griffonné. Votre brochure fait effet, ne vous découragez pas. ... N'oubliez pas M. de Fortia rue de la Rochefoucauld. ... et François de Neufchateau, mon voisin..." ] "Excellence, on s'est armé d'une de vos décisions pour exclure de toutes les institutions publiques un livre qui leur avait été précédemment recommandé, mais on avoulu chercher à le flétrir sous le prétexte qu'il était désapprouvé par vous dont l'opinion est si importante et exerce un si grand empire sur tous ceux qui cultivent les lettres".... etc. / 1 L.A. par Walckenaer, s.d., 1 p. avec adresse de Dentu Libraire, rue du Pont de Lodi n°3 : "Je vous envoye votre brouillon de lettre au ministre. Vous ferez très bien d'écrire toutes ces lettres ou pétitions et de les faire appuyer. Mais tout le monde dit que pour une chose aussi bien faite et aussi décisive vous ne l'avez pas tiré en assez grand nombre et que vous n'avez pas assez répandu cela". Lettre faisant manifestement référence à l'un des brouillons décrit ci-dessus. / 1 L.A. par Walckenaer, s.d., 1 p. in-folio adressé à Dentu :"Tout le monde est d'avis, et surtout Monsieur de Se [ Sevelinges ] que vous adressiez des pétitions aux ministres et surtout à celui de la police et à celui de la justice." ... Ne vous endormez pas auprès des puissans. Tâchez s'il est possible de gagner M.r Ett. le censeur des Débats. Consultez vos almanacs pour voir si vous n'avez pas oublié d'envoyer à de certains personnes qui l'attendent lorsque d'autres du même corps ou du même rang en ont reçu"... / 1 L.A. par Walckenaer, s.d., 2 p. in-folio adressé à Monsieur Dentu Imprimeur Librairie rue du Pont de Lodi : "Ne perdez pas un instant. Ditez que si vous n'avez pas réclamé plut tôt, cela vient de ma répugnance à cet égard. Plaignez vous de moi comme un homme apathique pour tout autre choe que pour le travail et ne se souciant de rien de ce qui se passe hors de son cabinet."... / 1 L.A. par Walckenaer, s.d., 2 pp. in-12 adressé à Dentu : "Comme je ne travaille que pour vous et qu'il est instant que je finis votre abrégé, je croirai vous voler votre temps que de l'employer à une révision que tout autre peut faire mieux que moi" ... "En comparant avec le Pinkerton, il vous sera facile de trouver ces fautes. Je vous engage aussi à relever les corrections de l'errata .... comme Malte-Brun a copié un exemplaire de la première journée, ... on pourra ajouter peut-être ajouter à cela quelques petits mots où l'on observera cela ". / 1 document autographe de 3 pp. in-4 par Walckenaer : [ adressé à Dentu qu'il exhorte au combat ] : "Je vous renvoye la lettre d'Etienne et une réponse" [ voir ci-dessus ]. " ... ce qui me désole c'est que vous n'ayiez pas répandu déjà les six mille exemplaires". ... / 1 document autographe de 1 pp. in-4 par Walckenaer [ Projet de lettre pour les présidents des trois "Classes" de l'Institut, langue, histoire, beaux-arts ] / 1 lettre manuscrite d'auteur non identifié, 2 pp. 1/2, s.d., destinée aux Rédacteur du Journal de Paris : "Messieurs, Les deux lettres que je vous ai envoyées ont excité la bile de M. Malte-Brun et ont donné lieu de sa part à une réclamation insolente..."
Ce dossier est remarquable par la force du style et la précision des conseils donnés par Walckenaer au librairie Gabriel Dentu. L'affaire du plagiat par Malte-Brun de la Géographie de Pinkerton abrégée par Walckenaer et publiée par Dentu défraya la chronique littéraire et fut l'occasion de combats littéraires (Dentu imprimera notamment dans ce but les 140 pp. d'un ouvrage intitulé "Moyen de parvenir en littérature" !) et juridiques épiques. Les présents manuscrits de Walckenaer ne sont jamais signés ; mais lui seul pouvait être l'auteur de tous ces textes puissants et informés, et la vérification de sa graphie confirme l'attribution sans aucune équivoque. Les stratégies élaborées par Walckenaer pour son ami Gabriel Dentu n'obtiendront peut-être pas tout le succès espéré, mais elle révèle l'homme d'une intelligence supérieure, familier des puissants du temps et des rapports de pouvoir.