Très intéressante et longue lettre adressée à l’auteur de « l’histoire du travail et des travailleurs ». Gudin informe Vinçard qu’il a bien reçu sa lettre ainsi que celle de Cyrille Bissette (l’important homme politique martiniquais, antiesclavagiste), qui lui a écrit longuement. « Oui, ainsi que vous le dites c’est à la honte de la nation française que l’esclavage subsiste encore dans nos colonies. Mais patience et courage et nous en viendrons à bout. Pour moi, je ne me reposerai que lorsque cette question sera vidée entièrement, c'est-à-dire lorsque les esclaves seront complètement émancipés et le travail réhabilité dans les colonies. ». Il lui demande de présenter à Bissette, « en mon nom et au nom de tous les abolitionnistes lyonnais ma félicitation bien sincère ». Il lui explique également que « Sa lettre m’est parvenue un peu tard pour que je m’occupe spécialement de son œuvre personnelle. D’autre part je ne sais pas jusqu’à quel point une rivalité dans cette question ne pourrait être dangereuse et nuisible à la cause de l’émancipation. Vous savez qu’il s’est formé une société qui a pris pour titre Société française de l’émancipation des esclaves dans les colonies. Présidence Odilon Barrot, député vice-présidence [Hippolyte] Passy, pair de France secrétaire Dutrône rue Taranne 12. Ce ne sont point les noms ci-dessus qui m’éblouissent par leur position mais les travaux que la société poursuit. Mr V.[ictor] Schœlcher fait partie de cette société. Depuis longtemps je corresponds avec elle et de plus j’en suis membre. Il me serait de toute impossibilité de m’occuper des cahiers que Mr Bissette m’a envoyés ; Du reste je suis porteur d’autres cahiers qui sont dans le même esprit qui réclament également l’émancipation simultanée et immédiate. Le plus d’unité possible doit aussi donner le plus de résultat. J’écris par la même occasion à Mr Bissette je lui donne quelques-unes des raisons énoncées. Soyez assez bon pour lui témoigner tout le regret que j’ai de ne pouvoir lui aider personnellement. Le but qu’il vise sera atteint et son cœur en ressentira la même satisfaction. Je ne terminerai pas la présente sans vous rappeler que nous sommes (vous et moi) en communion pour d’autres principes même que ceux de la liberté aux colonies. Il est bien des misères et des esclaves parmi nous mais je crois que l’esclavage des noirs est de droit au 1er rang. Si vous désirez savoir de quel œil j’envisage cette question, absolument et relativement, je vous prie de revoir un discours prononcé par moi au banquet commémoratif de l’anniversaire de la naissance de Fourrier [Charles Fourrier, né le 7 avril 1772], le 11 avril dernier inséré dans la réforme du 16 avril et dans la tribune lyonnaise du mois de mai… ».
Reference : 98C26
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