Longue lettre à sa « chère Amie ». Il a reçu ce matin sous enveloppe, une brochure « que j’ai lue, avec moins de développements, il est vrai. Je l’ai relue, et ma seconde impression a été plus forte que la première. Je trouve la chose hors ligne de toute façon. Bref, comme dirait mon professeur de rhétorique, c’est un morceau, bien que ça ne sente guère la rhétorique, Dieu merci. Je vous en dirai plus long (et même trop long) si je ne craignais que mes paroles, dans votre bonne amitié pour moi, ne fussent rapportées. Car on n’a pas envers certaines personnes toute la liberté possible. Je ne sais quoi, une fausse honte vous retient. On a peur que la vérité ne ressemble à une flagornerie, la justice à de l’intrigue et l’enthousiasme à de la bassesse. N’importe ! voilà deux crânes discours, deux protestations splendides, deux grands actes, et nous ne sommes pas au bout, espérons-le. Je suis très fier de ce qu’un pareil homme ne me serre la main quand il me rencontre. Mais ce qui m’a flatté et presque attendri, c’est le souvenir ! Avoir pensé à moi, de loin, est une amabilité charmante. Ce qui serait aimable aussi ce serait de m’écrire un peu, beaucoup, très longuement pour me donner des nouvelles de cette chère petite Jane que je baise sur les deux joues et que j’embrasse à pleins bras. Avec des ardeurs folles, telles qu’on a toujours à ses côtés et de loin. Son vieil ami. ». Jean Bruneau, dans sa correspondance (Gallimard), indique qu’il s’agit d’un autographe non retrouvé. Il indique également que cette lettre a été publiée par Auriant dans « les Secrets de la comtesse de Castiglione », précisant qu’il y est question d’un discours prononcé à Ajaccio, en mai 1865, pour l’inauguration d’un monument à la gloire de Napoléon 1er par le prince Jérôme, alors protecteur de Jeanne de Tourbey. Elle fait la connaissance de Gustave Flaubert et de Khalil-Bey, qui tombent tous deux amoureux d'elle. En 2011, l’historien Gérard Desanges reprend une autre hypothèse concernant le tableau de Gustave Courbet « L’Origine du monde », selon laquelle le modèle aurait pu être Jeanne de Tourbey (surnommée « La dame aux violettes »), qui fut la maîtresse du diplomate turc Khalil-Bey, le commanditaire de L'Origine du monde. Les auteurs précisent toutefois qu'ils ne disposent pas de témoignages de l'époque pouvant étayer cette hypothèse.
Reference : 83C29
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