« Donné à la Martinique le 1re avril 1785 ». Belle vignette à ses armes et qualifications. « Maréchal des camps et armées du roi, Commandant-général des isles Françoises du vent de l’Amérique, & Gouverneur Lieutenant général des isles Martinique et la Dominique ». Nomination du « Sieur Jean-Joseph–Paul de Casaubon de Monelac », pour le poste de capitaine en second « au régiment d’Enghien » qui se trouve vacant. « Le marquis de Montazet colonel commandant du dit régiment » devra le faire reconnaitre « à la dite qualité ».
Reference : 71C27
Librairie Monogramme
Mme, M. Marie Claire et Daniel Brukarz
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France
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Très intéressantes lettres relatives à la publication des mémoires de l’explorateur, mémoires demandées par l’éditeur Stock. Il lui apprend son installation définitive dans le lagon de Bora-Bora, « sur notre propre île (4 ha) » et le questionne sur leur passé. « As-tu quelques souvenirs communs à me rappeler ? Comment nous nous sommes nous rencontrés ? Quel était le groupe dont nous faisions partie ? (Ne s’appelait-il pas "les fœtus de 1914") […] Toi qui peins les pays de soleil, celui-ci manque encore à ta panoplie. N’envisages-tu pas de venir y faire un tour… ». A une réponse favorable du peintre, il se félicite de « l’ahurissant hasard » qu’a été leur rencontre, « toi et les autres peintres de ta génération », Il subsiste un certain flou. « Ce qui est certain, c’est que la période d’avant ma première expédition et en particulier celle de mes études à Paris en 1932-1933 et l’année de préparation de ma première expédition en 33-34, sont assez floues et manquent de précisions. Et pourtant, comme tu me le rappelles, cette période a été très riche pour moi ». Il le questionne de nouveau sur d’autres détails, en particulier sur une petite fête donnée en son honneur au retour de sa première expédition du Groenland. « Les Fœtus de 1914 ont donné une petite fête pour moi chez Solange. Gruber a fait un discours brillant dans lequel il comparait le Groenland à un kugelhupf (sic, pour kougelhopf)… Il y avait aussi une fillette décharnée que nous avions hissé sans peine sur une table pour qu’elle nous chante quelque chose : sa voix était rauque et gouailleuse et crois bien me souvenir qu’elle s’appelait la môme Moineau. As-tu des souvenirs plus précis sur ces points ? La môme Moineau n’est-elle pas devenue par la suite la môme Piaf ? Tu vois que ma mémoire est assez fumeuse… ». Enfin au verso de cette très longue lettre, l’explorateur ajoute de sa main : « Pourrais-tu me suggérer noms et adresses à qui je pourrai écrire dans le même but que je t’écris ? Gruber et Humblot sont morts, je sais - mais Despierre, Tauzin, Yves-Bonnat, Chesnais ? Et chez Solange ? existe toujours ? nous pourrions y faire un pèlerinage… Des souvenirs aussi, si possible du Bal des Anglais ! Les dîners du Vieux Paris… ».
MEYNIER (Octave) officier français (1874-1961), adjoint au lieutenant-colonel Jean-François Klobb pour l'exécution d'une enquête sur la mission Voulet-Chanoine, (expédition française de conquête coloniale du Tchad menée en janvier 1899 par les capitaines Paul Voulet (1866-1899) et Julien Chanoine (1870-1899). Au cours de cette mission, chargé d'intercepter les deux protagonistes responsables de nombreux massacres et atrocités sur la population locale, le colonel Klobb fut abattu le 14 juillet 1899 lors d'un affrontement, et le sous-lieutenant Meynier blessé, qui passera pour mort auprès de sa famille, épisode relaté dans un ouvrage : « A la recherche de Voulet ». Les deux capitaines furent également abattus par leurs propres troupes, les 16 et 17 juillet de cette même année.
Reference : 101C20
Importante lettre relatant précisément cette action et intervention où le colonel Klobb fut tué et Meynier blessé d’un coup de fusil dans la cuisse droite. « Lorsque vous recevrez cette lettre, vous aurez déjà certainement appris le terrible malheur qui nous est arrivé. La mort du colonel Klobb dans de si cruelles circonstances, surtout, m’a causé un chagrin énorme. Seule la vengeance terrible qui n’a pas attendu a pu me consoler. Aujourd’hui les deux auteurs principaux du crime sont morts tués par leurs soldats ; leurs bourreaux noirs, leurs conseillers sont morts aussi.(Et j’ai éprouvé un soulagement énorme tant pour mon désir de vengeance satisfait que pour le mal immense que ces deux criminels auraient pu faire à la France et à ces pauvres pays noirs … ». Après leur avoir retracé le déroulement et les circonstances de sa blessure, il tient à les rassurer. « Si j’ai couru quelques dangers, c’est fini et mon excellente santé aura vite raison de ma vilaine blessure… Mon devoir cette fois me force de continuer à marcher de l’avant. Il y a une fatalité qui me pousse, heureuse je crois, mais je ne puis plus abandonner la mission, au moment où elle a besoin d’européens solides et résolus. Je pourrais encore je crois, rendre quelques services à mon pays, et j’aime mon pays plus que tout, je vous le jure sans vouloir faire de phrases et sans prose. Le dernier cri du colonel avant de mourir, je l’entends toujours : Vive la France ! et de quelle voix, mon Dieu, où il y avait de la résignation, de la douleur, mais pas de crainte, face à ses assassins… » . Il termine cette lettre du 18 juillet, lettre qu’il avait retardé à faire partir en ajoutant une nouvelle date, celle du 12 août suivant, que son moral est excellent et que sa blessure est aujourd’hui terminée, « les deux petits trous sont fermés, et d’ici un an ne se reconnaitront plus d’avec des cicatrices de vaccin. […] J’ai trouvé à la mission en Pallier et Joalland et dans le docteur Henri, de charmants camarades avec lesquels je ne pourrai que m’entendre parfaitement. ».
MESRINE (Jacques) criminel français déclaré « ennemi public n° 1 » (1936-1979).
Reference : 80C28
« Bruno » et « Joyce » étaient les prénoms qu’ils s’étaient attribués pendant leur échange épistolaire. Belle lettre d’amour qui débute par un charmant dessin représentant un bouquet de fleurs, et qui se poursuit par une expression, dévoilant sa grande passion à l’égard de sa « Canac ». Il lui décrit son quotidien et lui donne quelques conseils « Joyce d’amour, une lettre rapide, mon ange, pour te dire que j’ai reçu ton article du Montréal matin… yaouh ! Quelle belle môme tu es…et dis-moi… tu as de quoi remplir les mains d’un honnête homme ! Tu fais réellement femme. J’adore ta coiffure… c’est de cette façon que je te désire le jour où tu viendras me voir. Oui petite Canac de mon cœur. Je te trouve très désirable… trop désirable pour un mec qui doit attendre 7 ou 8 ans ! (sic). J’ai remarqué sur la photo que ta dent, que je t’avais fait soigner à Trouville était de nouveau abimée… soignes la mon ange, car cela risquerait de s’aggraver et tu perdrais une dent de devant. Peut-être que c’est juste une impression de photo. Là je t’ai posée devant moi… oui très belle cette québécoise (j’en ai de la chance (sic)). Bertrand a été peu intelligent de mettre dans son article des choses que tu ne lui as pas dites au sujet de ce pourri de lechasseur car cela pourra t’apporter des ennuis avec tous les « capotés » qu’il fréquentait…enfin tu fais attention à toi… de toute façon Claude peut t’aider en cas de besoin. Comme cela René risque de sortir pour les fêtes… cela serait trop beau ! Moi aussi j’ai une affection de frère pour lui – l’avenir nous fera nous revoir, il peut en être certain. Quel est ce nouveau hebdo « Police Police », tu me le feras parvenir ok… et j’attends aussi tes autres photos pour être plein de toi… ok amour. Sur une de tes photos envoyées il y a un mois j’ai vu ton adorable petite chienne « Cathy », elle, était chienne à deux pattes (sic). Mon toutou « Médor » en est tombé amoureux et lui fait parvenir une lettre pour lui « aboyer » son amour !! Oui, mon ange, je suis fou !!... mais de toi. Comme cela « beau papa » rénove sa maison… tu vas vivre dans un Palace ma belle… tu as de la chance d’avoir un père aussi bon et une mère aussi adorable. Un jour petite fille… nous suivrons cet exemple. Tu veux… dis ? J’ai vu Sabrina aujourd’hui. Elle va t’écrire et est heureuse comme une folle de savoir que je t’épouse. Car elle te trouve « belle » ma douce poupée. Je te quitte pour ce soir, que le temps va être long loin de toi que j’adore. Mes lèvres se posent sur les tiennes en une douce caresse d’amour. Je t’adore Joyce et tu me manques terriblement. xxxx Ton Bruno. ».
Curieuse lettre débutant par un « PS à ma lettre du 24 », laissant supposer qu’il aurait oublié d’apporter des précisions à sa précédente lettre, concernant le terme « ouvriers ». Pour lui, ce mot ne signifie rien. « Parler toujours dans l’abstrait (c’est plus commode) c’est parler pour ne rien dire. Ainsi quand on dit "les ouvriers" on ne dit rien. De quelle classe d’ouvriers s’agit-il ? Un neveu de Camille, chez Renault est de la première classe ; il n’a pas les titres qu’il faut pour être ingénieur ; Je vous assure que c’est un "monsieur", et qui ne manque de rien et qui ne se plaint pas de la vie. C’est aussi un "monsieur" qui vient réparer mon chauffage à mazout. La dernière classe d’ouvriers est nombreuse (italiens, arabes pour la plupart). Ils sont de la dernière classe parce qu’ils sont organiquement et à jamais des nullités. Il n’y a rien à faire. Les pauvres ont vaincu l’Abbé Pierre. De même les "clochards" ; il faut les laisser clochards. Une partie de l’humanité est à jamais désespérante ; s’adresser au créateur ; ou la recréer par la biologie. De même les fous, on perd son temps ! Sur les "riches" que de choses à dire ! ». Ainsi le président général de Pechiney, « Maury, le frère de Lucien Maury », qu’il a bien connu, n’était point riche. Le directeur de chez Grasset, « Bernard Privat, gagne 250 mille (A.F) par mois » et « Nourissier est riche aujourd’hui ; oui ». Il admet que l’on devient très riche en 30 ans, « à condition de rester mal habillé et mal logé. Il faut garder l’uniforme "ouvrier", et mettre les 200 millions dans un tiroir. Ce sujet est infini ; sur tout cela, on ne sait à peu près rien ; mais on peut toujours écrire un livre de 400 pages. Le plus souvent quand vous voyez "un riche", la prison n’est pas loin. Fabre Luce a presque perdu, au cours de sa vie, une immense fortune ; Morand est sur le chemin. La "révolution" c’est tous les jours. ». Il a reçu et lu « le Vandromme. [Pol Vandromme (1927-2009), très probablement au sujet de l’ouvrage « Jacques Chardonne c'est beaucoup plus que Chardonne, 1962 »]. C’est un belge et puis il est jeune (entre 30 et 40). Il est dans la fougue de l’âge ; Il aboie d’abord. Il aboie dans le vide, ce sont les critiques qui attrapent tout. Ce n’est pas malin ; quand on va leur adresser un livre. C’est jeune ; besoin de mordre. Il se trompe d’ailleurs… ». Il termine en précisant que les critiques ont toujours très bien parlé de ses livres. « Je ne suis pas du tout un inconnu.. ».
Jolie lettre agrémentée d’une aquarelle en fin de lettre, représentant une femme qui semble surprise et étonnée. Il lui apprend qu’il était en train de lui écrire, lorsque sa lettre lui est arrivée. « Cette scène m’enchante. Il y a des effets de lumières ombrés. Il faut seulement que je sache à quel moment la maison sera fermée. Je Viendrai. Le travail sera fait même pas en une semaine. Je compte sur vous que je fasse le travail et je vous remercie que vous avez pensé à moi… ».