Curieuse et amusante lettre. « Je jure que j’ignore votre nom. Je colle votre signature sur l’enveloppe et je prie le dieu des Postes de vous porter mes regrets. (Arriveront-ils à destination) Mais vraiment en russe on ferait "Bonyançonn". Cordialement quoique dans les ténèbres – je vous serre les mains à tâtons ».
Reference : 68C25
Librairie Monogramme
Mme, M. Marie Claire et Daniel Brukarz
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France
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GONZAGUE FRICK (Louis de), poète et courriériste littéraire français, ami de Guillaume Apollinaire (1884-1953).
Reference : HCLM41
Très belle lettre. Il informe tout d’abord « son cher ami » que M. Doyon (le libraire, éditeur et écrivain René-Louis Doyon) a beaucoup apprécié ses poèmes en prose et qu’il se fera un plaisir d’en publier quelques-uns dans " La Connaissance" puis lui confirme qu’il transmettra sa pièce à ses amis de la N.R.F. pour une prochaine publication. Il poursuit en invitant son correspondant à publier sous son nom et non sous un pseudonyme, en lui donnant tous les arguments qui motivent son point de vue « Loin de moi la prétention de vous donner un conseil mais je ne pense pas qu’il faille changer votre nom ou même le modifier ultérieurement si j’ose ainsi dire ! Les souvenirs de guerre replace bien vos intimités dans les lettres et votre passé existe pour ceux qui vous affectionnent. Pourquoi donner l’illusion d’une nouvelle signe ou un nom nouveau. Continuez à signer Jacques Reboul . Il ne faut rien abandonner de vos efforts antérieurs dont nul près de moi ne reconnait la noblesse. En principe, je n’aime pas beaucoup les pseudonymes. Si je signe Le Provençal, c’est sur un journal, c’est une signature journalistique à peine un pseudonyme. Et j’aurais bien d’autres raisons à vous donner qui, toutes, militent en faveur de la conservation de votre nom… Vous savez que je suis aussi traditionaliste mais pas exactement à la façon de M. Henry Bordeaux !... (Le romancier et essayiste français) ».
[René BAZIN] DUHOURCAU (François), écrivain et historien français, lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1925 (1883-1951).
Reference : 66C29
Très belle lettre. Il le remercie tout d’abord pour sa lettre reçue à propos de son ouvrage "Une sainte de la Légende dorée. Sainte Bernadette de Lourdes", (paru en 1933 chez Bernard et Grasset), puis lui confie un précieux témoignage que René Bazin lui avait fait. « Votre lettre me touche beaucoup : elle m’apporte le compliment qui répond à ma secrète pensée et de l’écrivain qui a le plus fait pour cette restauration religieuse et morale par les Saints, comme au Moyen-Age. Elle est aussi nécessaire qu’en ce temps-là, par suite de la barbarie, en tous ordres, diffuse ou envahissante. J’aimerais à rendre Bernadette aussi populaire que Jeanne pour qu’elle boute dehors l’affreuse et inepte scientisme, comme Jeanne a bouté hors de France les Anglais. Je ne sais pas si je reviendrai à l’hagiographie (l’écriture de la vie ou de l’œuvre d’un saint) qui n’est pas mon domaine. Vous savez que je n’en aurai pas plus peur que cette fois-ci, au cas où je m’en sentirai digne et capable. Cependant, c’est peu probable. Aussi pour vous témoigner mon affection et ma gratitude, je vais vous faire un cadeau (parceque vous pourrez mieux que moi l’utiliser). Je le tiens de René Bazin […] Il était l’ami d’enfance de ma mère, et je partais chez lui à Angers quand j’étais petit. Il n’était pas mon maitre intellectuel : je proviens, à parts égales, de Barrès et de Lemaitre, que j’accorde dans mon esprit et mon cœur, mieux qu’ils ne s’accordent dans la vie. Mais j’admire et j’aime cet Angelico littéraire, que je mets très haut, comme l’autre en peinture, et je ne me prive pas de faire honte à mes amis de lettres mécréants, qui se vantent de ne pas pouvoir lire une ligne de Bazin ! A son dernier entretien, il me dit donc : " François, je vous lègue un témoignage pour qu’un jour vous vous en serviez. Ma tâche est finie. Je revenais d’Angers à Paris lorsqu’au Mans, monta dans mon wagon l’évêque de Paderborn (L'archidiocèse de Paderborn est une église particulière de l'Église catholique en Allemagne. Érigé en 799, c’est un diocèse historique de Westphalie). Une tradition plus que millénaire relie le diocèse de Paderborn à celui du Mans, parceque l’évangélisateur et le premier évêque de Paderborn (je crois – vous vérifierez –FD) était lui-même issu du diocèse du mans. L’évêque et moi liâmes conversation. Et comme je lui disais mes craintes de la déchristianisation croissante des masses populaires par l’école athée, il me répondit "Soyez sans crainte. S’il est possible qu’en Allemagne, nous ayons à l’heure actuelle une masse fidèle plus compacte, moins disloquée (ce serait à voir de près – FD), il y a une hauteur où les âmes catholiques allemandes ne vont pas : Nous ne produisons pas de Saints : cela est réservé à la France… ».
AUDEBRAND (Philibert), écrivain, journaliste français aux activités variées (1815-1906). Il fut l’auteur de vers satiriques et de romans historiques français.
Reference : 25C27
Belle lettre adressée à son confrère dans laquelle il le complimente sur ses engagements littéraires et sur son nouvel ouvrage. Il émet un constat sur les différentes revues littéraires. « Vous êtes une sentinelle vigilante. Vous montez, nuit et jour, la garde auprès du mausolée de votre maitre, en ne permettant pas qu’on égratigne le monument ni qu’on le salisse en y jetant des ordures. Il avait déjà vu avec quel sentiment de piété vous avez rabroué les cléricaux, ces profanateurs angéliques, à propos des Mémoires d’outre-tombe [l’œuvre majeure de François-René de Chateaubriand (1768-1848]. Cet opuscule, éclairé par tant de notes précieuses, a été pour moi une lecture des plus captivantes. Ces pages nouvelles sont une nouvelle preuve de votre attachement à Sainte-Beuve et de votre culte pour la vérité ». Il le questionne ensuite sur la Nouvelle Revue et finit par une conclusion des plus pragmatiques « Savez-vous qui succède à Mme Adam dans le gouvernement de la Nouvelle Revue ? Et si cette publication, jadis très prospère, a encore chance de vivre ? On me dit que ce pauvre cahier est bien malade. Si j’ai eu autrefois 5 grands articles, (la valeur d’un gros volume), il y avait alors 7,000 abonnés venus en peu de temps ; c’est un roman de Jules Vallès, grandement écrit en argot, qui a donné le signal de la dégringolade. Du reste, il y a trois ans que j’ai cessé de lire cette Revue, mais il y en désormais tant d’autres ! Et comment toutes ces brochures trouvent-elles des clients ? A la vérité, vu la diffusion des écoles de tout genre, il doit se former, chaque année 500,000 lecteurs, pour le moins. Une préparation à un monde nouveau et une nation, qui comme l’Angleterre et l’Amérique du Nord, va avoir de plus en plus besoin de papier noirci pour ne pas mourir d’ennui ou d’ignorance… ».
Très belle lettre dans laquelle il demande à son correspondant de le recommander auprès du philosophe, chef de l'école éclectique français, Victor Cousin (1792-1867). « J’ai l’honneur de vous offrir un exemplaire d’un ouvrage que j’ai consacré aux questions de physiologie les plus importantes […] Je me flatte de l’espoir qu’après la session, lorsqu’un peu de loisir vous sera rendu, vous prendrez connaissance des pensées que j’expose et j’ose présumer qu’elles vous paraitront dignes d’être répandues. J’ai demandé à Mr Cousin de m’en accorder le moyen qui, aujourd’hui serait le plus efficace. Je vous prie de lire la lettre que je lui ai adressée à ce sujet et d’appuyer auprès de lui le vœu qu’elle exprime. ». Il poursuit avec une critique de la pensée philosophique de Cousin « Il a eu toujours soin de dire que sa philosophie était éclectique, et une telle intention, dans son esprit, était judicieuse ; mais l’éclectisme en philosophie ne peut être lui-même judicieux, et conduire à la connaissance du vrai universel, qu’autant qu’il embrasse la connaissance préliminaire des faits particuliers de tous les ordres ; et Mr Cousin trop jeune encore, n’ayant pas pris le temps de les étudier, de les rassembler, d’en chercher les liens et les rapports, n’a jamais pu élever que des édifices incomplets et sans durée parce qu’ils étaient incomplets, sans harmonie, sans bases et sans unité. Dès le début de ma lettre, j’abonde, comme vous le verrez Monsieur, dans l’intention philosophique de Mr Cousin, je lui dis ensuite ce que j’ai fait pour la remplir, évitant autant que je l’ai pu, de lui faire entendre qu’il ne l’a pas remplie lui-même ; malgré ces ménagemens (pour ménagements), je dois craindre que ma réticence ne soit comprise, et qu’elle ne lui donne point, en ma faveur, des dispositions favorables. Vos droits à sa confiance, Monsieur, pourraient les adoucir, peut-être les dissiper ; ce serait un heureux résultat de votre adresse bienveillante. ». Ce constat dressé, il détaille à son correspondant sa demande, afin d’obtenir la création d’une chaise de philosophie générale, « Et une autre insinuation, de votre part pourrait être bien utile à ma cause. Puisqu’il va devenir l’arbitre unique de mon existence matérielle, ne pourrait-il pas être amené à concevoir, que la création en ma faveur, d’une chaise de philosophie générale, en obtenant des chambres le traitement ordinaire, éteindrait mes droits à la pension que, selon toute vraisemblance, et surtout d’après votre recommandation, il croira devoir me conserver dans son intégralité ? Par cet échange, il ferait, sur son budget actuel, une économie de 3000 francs et j’arriverais enfin à la position méritée, cela me semble, par mon âge et mes travaux. ». Il ajoute sous forme de confidence « Chose vraisemblable encore, mais qui, en présence de Mr Cousin, ne devrait pas être révélée, c’est que dans l’opinion des chambres, et dans l’opinion publique, la création d’une chaise de philosophie générale au Collège de France, serait plus utile, plus opportune, que celle d’une chaise de longue élève, à laquelle, je crois on prendra encore moins d’intérêt qu’à celle d’Arabe et de Persan… ». Il termine avec cette précision « Monsieur Thiers a de l’amitié pour moi et de l’estime pour mes pensées. Son intervention dans ma cause pourrait en faciliter le succès. ».
FUSTER (Charles), poète, critique littéraire et romancier suisse (1866-1929).
Reference : HCLM55
Belle lettre à propos d’une pièce de théâtre « Eh bien ! Cher Monsieur et ami, c’est une très belle chose et très émouvante, et fort bien mise à la scène. Peut-être quelques personnes vous auront-elles dit combien la première version du quatrième tableau est la meilleure ; je suis sûr que pour la représentation, elle sera rétablie et que le tableau – César pris par surprise et relâché produira une impression d’héroïsme fou, mais aussi de grandeur, superbe, qui est bien dans le caractère gaulois... ».