Très intéressante lettre relative à son installation au Louvre, dénonçant ses tourments de voisinage, revendiquant également l’insuffisance de son espace de travail et d’habitation qui lui a été attribué. « J’ai eu l’honneur de vous adresser le 6 floréal dernier une pétition à l’effet de vous représenter que l’appartement que j’occupe au Louvre au plus haut de l’escalier des archives n’était qu’une partie de celui dont ont successivement joui en entier les C[itoyens] Van et Vanloo. Je me trouve par la distribution particulière du local précisément privé des portions de ce logement qui me seraient le plus utiles. Savoir d’un atelier pour moi propre à peindre de grands tableaux d’histoire et d’un autre pour des élèves. ». Il précise qu’il a « passé sous silence », le peu d’épaisseur des cloisons et du plancher « qui me sépare de mon voisin », occasionnant une gêne insupportable, à la fois par « les cris et par le bruit affreux et continuel que font ses enfants immédiatement au dessus de la seule pièce dont il fut possible de faire un petit atelier. Ce bruit est tel que mes toiles et les modèles que j’ai sur ma table en tremblent. Plusieurs fois de l’eau répandue dans son appartement a traversé le plancher et s’est répandue dans le mien, est tombée sur la table où je dinais, sur un tableau auquel je travaillais alors, et a mouillé toute l’encyclopédie et plusieurs dessins posés par terre. Ce jour là mon petit atelier fut inondé. Plusieurs dignes de foi peuvent attester les faits. Une autre observation est que le C[itoyen] Hubert architecte du Louvre [Auguste Cheval de St Hubert, dit Auguste Hubert, architecte né en 1755-1798] qui était ami particulier de mon voisin l’a lors du partage de ce logement entre nous, l’a mis en possession d’une petite cave qui dépendait essentiellement de ma portion d’appartement et que le grenier qui devait être divisé entre nous deux ne l’est point encore. Mon voisin en jouit seul. On lui a fait un petit escalier en bois. Le C[itoyen] Hubert se disposait cependant à m’en faire construire un semblable et à me mettre en possession de ma portion, le grenier lorsqu’il vint à mourir ». Il lui rappelle qu’avant son retour en France, « la commission exécutive de l’instruction m’avait destiné outre un appartement infiniment plus commode que celui que j’occupe aujourd’hui […] J’étais alors à Gênes où une maladie de 5 mois me retenait encore lorsque le bruit de ma mort prochaine que l’on répandit engagea la commission à disposer de mon logement et de mes ateliers en faveur d’un autre artiste… ». Il espère que le ministre prendra en considération ses observations, afin d’accueillir sa demande, « celle d’un atelier où je puisse exécuter de grands tableaux d’histoire et d’un autre, destiné à former des élèves, soit dans le palais des sciences et des arts soit dans quelque maison Nationale ou un local suffisant à cet effet se trouverait disponible… ». Il termine en le priant d’ordonner la réparation de son grenier.
Reference : 47C21
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