Curieuse lettre débutant par un « PS à ma lettre du 24 », laissant supposer qu’il aurait oublié d’apporter des précisions à sa précédente lettre, concernant le terme « ouvriers ». Pour lui, ce mot ne signifie rien. « Parler toujours dans l’abstrait (c’est plus commode) c’est parler pour ne rien dire. Ainsi quand on dit "les ouvriers" on ne dit rien. De quelle classe d’ouvriers s’agit-il ? Un neveu de Camille, chez Renault est de la première classe ; il n’a pas les titres qu’il faut pour être ingénieur ; Je vous assure que c’est un "monsieur", et qui ne manque de rien et qui ne se plaint pas de la vie. C’est aussi un "monsieur" qui vient réparer mon chauffage à mazout. La dernière classe d’ouvriers est nombreuse (italiens, arabes pour la plupart). Ils sont de la dernière classe parce qu’ils sont organiquement et à jamais des nullités. Il n’y a rien à faire. Les pauvres ont vaincu l’Abbé Pierre. De même les "clochards" ; il faut les laisser clochards. Une partie de l’humanité est à jamais désespérante ; s’adresser au créateur ; ou la recréer par la biologie. De même les fous, on perd son temps ! Sur les "riches" que de choses à dire ! ». Ainsi le président général de Pechiney, « Maury, le frère de Lucien Maury », qu’il a bien connu, n’était point riche. Le directeur de chez Grasset, « Bernard Privat, gagne 250 mille (A.F) par mois » et « Nourissier est riche aujourd’hui ; oui ». Il admet que l’on devient très riche en 30 ans, « à condition de rester mal habillé et mal logé. Il faut garder l’uniforme "ouvrier", et mettre les 200 millions dans un tiroir. Ce sujet est infini ; sur tout cela, on ne sait à peu près rien ; mais on peut toujours écrire un livre de 400 pages. Le plus souvent quand vous voyez "un riche", la prison n’est pas loin. Fabre Luce a presque perdu, au cours de sa vie, une immense fortune ; Morand est sur le chemin. La "révolution" c’est tous les jours. ». Il a reçu et lu « le Vandromme. [Pol Vandromme (1927-2009), très probablement au sujet de l’ouvrage « Jacques Chardonne c'est beaucoup plus que Chardonne, 1962 »]. C’est un belge et puis il est jeune (entre 30 et 40). Il est dans la fougue de l’âge ; Il aboie d’abord. Il aboie dans le vide, ce sont les critiques qui attrapent tout. Ce n’est pas malin ; quand on va leur adresser un livre. C’est jeune ; besoin de mordre. Il se trompe d’ailleurs… ». Il termine en précisant que les critiques ont toujours très bien parlé de ses livres. « Je ne suis pas du tout un inconnu.. ».
Reference : 30C20
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