Superbe et très longue lettre, dévoilant une grande sensibilité et un amour bienveillant à l’égard de sa sœur. « Comme artiste, j’éprouve quelques regrets à paraître un être ordinaire près de ceux que mon cœur chéri. Delà mes appréhensions, car tu sais combien ma vénération pour toi est grande. J’ai peur que la faiblesse de mon style de Statuaire n’amoindrisse l’opinion que tu as pu concevoir du frère et de l’artiste ; mieux que personne ton esprit supérieur peut comprendre que l’affection pour conserver toute sa virilité a besoin d’être surexcité pour la haute estime, que l’on porte à ceux qui l’ont inspirée. Accorde moi, bonne sœur, toute la bienveillance, car j’ai peur en t’écrivant de me montrer au dessous de ce que tu désirerais que je fusse ; de ce que je voudrais être…. Je viens de lire Indiana, Lélia, Spiridion, [romans de George Sand] et après avoir dévoré les pages écrites par le plus grand écrivain de notre époque j’éprouve une certaine contrainte à employer le même instrument qui servit à rendre de si nobles pensées…. En effet, que sommes nous pauvres artistes (qui ne pouvons que copier une nature, souvent si dégénérée auprès de ce que Dieu l’a créa) auprès de certains ! Oh oui ! Notre mère avait bien raison quand elle disait : que la littérature était le premier des arts… Aussi je suis tenté de dire comme Victor Hugo dans les Orientales : Il n’est rien de plus beau ni de plus grand au monde !... ». Il se défend de ne pas être écrivain, et lui demande de lire sa « prose », comme il l’écrit, « c’est-à dire avec le cœur ». Il lui annonce que les discussions politiques font « diversion » à son ennui. Enfin, il terminera en proclamant : « Vive le République Démocratique.…et la Constitution ! », après avoir eu soin de lui décrire les événements de Paris et l’élection d’Eugène Sue.
Reference : 22C19
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