Curieuse et sévère lettre à l’encontre des critiques d’art à propos de l’art italien. Il félicite son correspondant pour la manière dont il aurait infligé une humiliation à Henry Lapauze. « Ce Monsieur infatué le prend de très haut et couvre son ignorance par l’aplomb […] cependant, puisqu’il a accès dans la Revue des Deux mondes, dans le Correspondant et ailleurs sans doute. Je l’ai attrapé dans une simple affaire de statistique et pour faire passer ma copie, j’ai dû avoir recours à un journal presqu’ignoré. Je suis honteux lorsque je lis dans nos grandes revues des articles ineptes sur les arts d’Italie, de ce Lapauze, du belge Fierens-Gevaert et d’autres. Je ne parle pas des appréciations mais seulement des erreurs inadmissibles. Et cependant les paradoxes font ici de l’effet. Par exemple dans le livre de l’Abbé Broussolle la jeunesse du Perugin, Huysmans a fait une préface où il a écrit « l’odieux Raphaël » et personne en France n’a protesté à ma connaissance du moins. Il y a plus, le volume a été couronné par l’Académie française ; il est clair que le rapporteur ne l’a pas lu car il est absolument sans valeur. La maison Firmin Didot a publié un volume d’un nommé (Marcel) Niké, un pseudonyme certainement, Florence historique, artistique, monumentale. C’est inepte, à chaque page des erreurs énormes ». Il poursuit en lui citant un exemple. « Niké parlant de la Madone du Grand Duc écrit : "ce petit chef d’œuvre exécuté pour le grand duc Ferdinand, fut considéré comme une sorte de palladienne dans la famille de Médicis, delà lui vient son surnom de la Vierge du grand duc". Or jamais les Médicis n’ont possédé ce tableau et c’est le grand duc Ferdinand III de la maison de Lorraine qui l’a acheté en 1799 ! Et il y en a bien d’autres de ce calibre dans le volume ; j’ai tenté d’en faire la critique dans deux journaux de Paris ; l’un ne m’a pas répondu, l’autre m’a écrit qu’il était trop bien avec la maison Didot pour insérer mon article alors je l’ai mis dans une petite revue italienne comme protestation […] Chaque fois depuis 10 ans que j’ai voulu rectifier dans la revue et les journaux français, on m’a mis au panier et cependant que d’inexactitudes j’observai. Et croyez bien que je suis armé par des voyages d’Italie commencés il y a 36 ans et une résidence de 10 ans à Florence ! J’ai relevé des erreurs de fait dans Taine, Bourget, A[natole]. France et bien d’autres et que de sottises dans les discours, les banquets et les conférences ! Dernièrement encore [Hector] d’Espouy, ancien prix de Rome d’architecture a fait sur la technique de sa fresque une conférence à l’Ecole des Hautes Etudes, vraiment on ne dirait pas qu’il a passé 5 ans en Italie ; il ne sait même pas ce que c’est que la tempera dans la pratique de la peinture murale, il suffisait cependant de lire [Giorgio] Vassari… ».
Reference : 18C22
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