‎FILLON (Benjamin) grand collectionneur et numismate français. Il fut également un archéologue de grande renommée et un érudit poitevin (1819-1881) ‎
‎Lettre autographe signée [au bibliographe et archiviste français Maurice Tourneux]. La Court de Saint-Cyr, 28 mai 1879. 4 pp. in-8. ‎

‎Superbe lettre sur l’art. Il veut apporter une précision à son confrère, au sujet de sa demande auprès de Philippe Burty. « Je tiens à ce que vous sachiez bien que Burty m’avait offert les renseignements biographiques que je lui ai demandé ; autrement je me fusse adressé naturellement à vous. J’étais loin de me douter qu’ils me vinssent de cette source si bien approvisionnée. Cela me donne toute garantie sur leur exactitude [......] Vous avez l’étrange image qu’à fait de moi Meryon. Pauvre grand artiste, il m’a vu avec des yeux d’hallucinés ; mais la gravure n’en est pas moins curieuse comme compréhension de traits d’un homme qui n’a rien d’un rodeur de grands chemins….il a mis sur mes traits ce qu’il supposait dans l’âme. Une revue de mes brochures anciennes sera faite à votre intention. Voici le catalogue des artistes et compositeurs de musique bientôt imprimé. Charavay vous a-t-il remis les bonnes feuilles ? Vous trouverez là dedans, toute mon esthétique. Elle est de nature a soulever bien des protestations surtout de la part des amateurs passionnés de l’art du XVIIIème siècle auquel je rends justice dans la nature du possible pour un homme de mon tempérament. Wateau (sic) est un fantaisiste qui me plait infiniment ; Est-ce une raison pour me pâmer devant Pater et Lancret ? Latour et Chardin ont toutes mes sympathies ; Dois-je pour cela, faire de Boucher le rival de Raphaël, et regarder Baudouin et Moreau comme des artistes de premier ordre ? Les aimables Goncourt sont des charmeurs qui ont oblitéré les vues bien douces et servi le peu de jugements qu’il y avait dans les cervelles d’un tas de niais. Quand je vois ces farceurs et admirations devant les gaudrioles des décorateurs de boudoirs de ce temps là ; quand j’en vois d’autre, en……émotions devant les scrofuleuses de Clodion, je suis pris de pitié pour ces jeunesses séniles et rêver volontiers aux maitres de l’art. Le XVIIIe siècle français est assez bien partagé sous d’autres rapports pour qu’on ne nous empruntasse pas de ces drôleries. Doit-on me taxer de curieux rococo. Je ne fais cas du Pompadour qu’en fait de meubles capitonnés. Je m’arrête…». ‎

Reference : 15C22


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