Ce manuscrit concerne la préface liée à l’exposition d’Yves Brayer à la Galerie de Paris en 1973. Superbe texte apologique de l’œuvre du peintre ajoutée à celle de l’homme, n’hésitant pas à établir une comparaison avec les maîtres du passé. « Dans ses écrits de l’Art comme dans son journal, Delacroix - le plus clairvoyant des peintres-critiques - n’a cessé d’élucider les rapports entre conception et exécution : "improviser c’est-à-dire ébaucher et finir dans le même temps, contenter du même jet l’imagination et la réflexion, serait pour un mortel parler la langue des dieux. Sans l’ébauche savante et calculée en vue de l’achèvement définitif, le tour de force serait impossible même à Tintoret, qui passe pour le plus fougueux des peintres même à Rubens C’est dans la conception de l’ensemble que s’est exercée la plus puissante de leurs facultés ; c’est là qu’ils ont vraiment travaillé". Et plus loin : Le comble de l’habilité n’est-ce-pas d’arriver à l’effet par la simplicité des moyens ? ». Considérant que Brayer ai pu se retrouver à se poser de tels problèmes, il poursuit. « …Comblé de dons, il avait fait montre, dès ses débuts d’une exceptionnelle adresse à saisir la couleur locale et l’animation des milieux les plus divers, les caractères dominants d’un site, d’un nu, d’un visage. Inspiré de toutes saisons et sous toutes latitudes aussi à l’aise sur de grandes surfaces que sur les petites, il s’était plu, par ailleurs, à affirmer avec autant d’ingéniosité que de goût sa personnalité à travers les textes qu’on lui demanda d’illustrer…. ». Suivra une énumération des tableaux qui ont séduit l’auteur, avec une analyse d’une grande sensibilité en particulier pour « un ensemble de paysages méridionaux allant du soixante au cent, plusieurs grands nus, et des intérieurs voisinant avec les aquarelles rapportées d’un récent séjour au Portugal. Sans rien perdre de leur élan, la couleur et le dessin de Brayer semblent obéir à des exigences nouvelles […] Ces sites préférés par lui, comme ceux de la Camargue, il les redécouvre sans cesse de ses fenêtres ou à quelques pas de sa maison (Plaine de Maussane, Les Baux au cyprès, Le Val d’Enfer, Paysage au chasseur, Chemin vers Maussane, Les Oliviers dans la plaine, La montagne rouge). Ils sont le fruit de patientes recherches comme en témoignent plusieurs études préparatoires, de dimensions moindres, exécutées toujours sur le vif. […] La même décision s’affirme dans des nus comme La Mexicaine, ailée par le grand châle indien, sur lequel se détache la fermeté de ses chairs, ou comme Hermione au Miroir, où les tons froids de la forme reflétée font écho à l’ardente beauté du modèle… ». La lettre concerne l’envoi du manuscrit en question, « les pages que j’aie eu grand plaisir à écrire au sujet de votre prochaine exposition », avec les réserves habituelles de son auteur, erreurs sur l’énoncé des œuvres, des termes usités, et « que portraitiste à mon tour, je n’ai point trahi mon modèle… ».
Reference : 105C24
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